Jean Leroy

Jean Leroy, né le à Charmois-l'Orgueilleux (Vosges) et mort le à Golbey (Vosges), est un homme politique français et une figure du monde des anciens combattants. Il est notamment député des Vosges de 1936 à 1940.

Pour les articles homonymes, voir Leroy et Jean Leroy (homonymie).

Jean Leroy
Fonctions
Député
[alpha 1]
Circonscription Mirecourt (Vosges)
Groupe politique Gauche indépendante
Biographie
Nom de naissance Marie Henri Jean Joseph Leroy
Date de naissance
Lieu de naissance Charmois-l'Orgueilleux
Date de décès
Lieu de décès Golbey

Biographie

Jean Henri Marie Léon Leroy est issu d'une famille d'agriculteurs du village vosgien de Saucenot (commune de Harol). Orphelin à neuf ans, il est élevé par sa grand-mère maternelle, très pieuse. Il est envoyé au séminaire de Saint-Dié. Il découvre à 14 ans un mouvement catholique, le Sillon de Marc Sangnier et milite à partir de 1905 au Sillon lorrain. Il participe ensuite à la fondation de la Ligue de la jeune République, fondée par Sangnier en 1912, et devient un confident de ce dernier[2].

Agriculteur, il exploite une petite ferme de 25 hectares à Harol[3].

Mobilisé en 1914 en tant qu'officier subalterne, il est durant la Première Guerre mondiale quatre fois cité et deux fois blessé, notamment à Soyécourt dans la Somme. Il est soigné par une infirmière qu'il épouse le , Marguerite Gaume. Il obtient la croix de chevalier de la Légion d'honneur en 1920, à titre militaire[4].

Cet ancien combattant accède à la présidence de l'Union vosgienne des associations indépendantes des mutilés et anciens combattants (UV), fondée en 1927, qui n'est affiliée à aucune des grandes fédérations nationales d'anciens combattants[5]. Il démissionne de la présidence de l'UV au début de l'année 1936, à la veille des élections législatives, et est remplacé par André Maurice, de Xertigny[6]. Devenu président d'honneur de l'UV, il participe à ses congrès, en 1936 et 1937[7], aux côtés de ministres du Front populaire.

Il est élu conseiller municipal de Harol en 1925 et il se présente comme candidat aux élections législatives de 1936 à Mirecourt. Candidat du Parti de la Jeune République qui rassemble les catholiques de gauche, il bénéficie de l'appui du député radical-socialiste Marc Rucart. Il bat au second tour le député sortant Louis Guillon, du Parti républicain agraire et social, soutenu par la presse de droite, grâce au bon report des voix de la gauche, dans le contexte du Front populaire, et devient ainsi député le [8]. Il adhère alors au groupe progressiste de la Gauche indépendante. Il est élu secrétaire de la Chambre des députés en 1939 et 1940.

Mobilisé en 1939 comme commandant de réserve, il est fait prisonnier par les Allemands, ce qui l'empêche de prendre part au vote des pleins pouvoirs au maréchal Pétain le 10 juillet 1940[9]. Il reste officiellement député jusqu'au , à la suite d'un décret de juillet 1939 qui proroge le mandat des députés jusqu'à cette date. Il est libéré en 1941 en tant qu'ancien combattant. Il entre ensuite en contact avec les résistants vosgiens. À la Libération, il refuse un poste de préfet proposé par le ministre de l'intérieur et milite à nouveau à la Jeune République[10],[11].

Il participe au 21e congrès de ce parti, en septembre 1945[12] et se présente aux cantonales le même mois, à Bruyères, mais il est battu dès le premier tour. En octobre 1945, il figure à la deuxième place sur une liste comprenant des membres de la Jeune République et des radicaux, à l'élection législative constituante mais aucun candidat de cette liste n'est élu[13],[14].

Il participe à la relance de la Jeune République en 1959. Ce petit parti s'oppose à la Ve République gaullienne[15]. Vice-président du parti en juin 1963, il le préside de novembre 1963 à 1974[16].

En parallèle, il milite encore dans l'univers des anciens combattants : il préside de 1953 à 1964[17] l'Union française des associations de combattants et de victimes de guerre (UFAC) des Vosges. L'UFAC, fondée en 1945, est une confédération rassemblant les grandes fédérations d'anciens combattants, seule habilitée par l’État pour intervenir auprès des pouvoirs et administrations publics[18].

Il meurt le à Golbey (Vosges)[19].

Notes et références

Notes

  1. De facto, puisque durant la période de l'Occupation, le Parlement n'est pas dissous, mais le Sénat et la Chambre des députés sont « ajournés jusqu'à nouvel ordre », seul le chef de l'État pouvant les réunir. Le Parlement ne se réunit plus durant cette période, entérinant dans les faits le caractère autoritaire du régime de Vichy[1].

Références

  1. « Acte constitutionnel no 3 du 11 juillet 1940 », sur mjp.univ-perp.fr (consulté le ).
  2. Jean-Paul Rothiot, op. cit., p. 520
  3. Ibid., p. 522
  4. Ibid., p. 521
  5. L'Est républicain, , p. 2, Ibid., , p. 6, Notice de la BNF
  6. L'Express de l'Est, 23 mai 1936
  7. L'Express de l'Est, 14 juin 1937
  8. Jean-Paul Rothiot, op. cit., pp. 524-525, L'Express de l'Est, 4 mai 1936, Ibid., 27 avril 1936, Ibid., 21 avril 1936 (candidats), Ibid., 17 avril 1936 (profession de foi). Il devance au premier tour un candidat radical, un candidat socialiste SFIO et un candidat communiste.
  9. Revue d'histoire moderne et contemporaine, Jean-François Kesler, La Jeune République, de sa naissance au tripartisme, 1912-1947, janvier-mars 1978, p. 81
  10. Jean-Paul Rothiot, op. cit., p. 533
  11. La Jeune République, avril 1945
  12. L'Aube, , La Jeune République, 22 septembre 1945
  13. Jean-Paul Rothiot, p. 534
  14. La Jeune République, 13 octobre 1945, Ibid., 27 octobre 1945
  15. Le Monde, , "La Jeune République : Ne pas consolider la monocratie" : « Le parti de la Jeune République, qu'animent notamment MM. Claude-Roland Souchet, secrétaire général, Jean Leroy et Philippe Serre, anciens députés, estime qu'en transférant ses pouvoirs à un président de la République élu au suffrage universel le peuple aliénerait totalement sa souveraineté. Il s'oppose au fond même du projet qui consoliderait la monocratie actuelle et engendrerait un régime monarchique ou dictatorial, alors que la démocratie doit évoluer dans le sens d'une participation toujours plus active et plus directe des citoyens et notamment des travailleurs au gouvernement de la nation. »
  16. Jean-Paul Rothiot, op. cit., pp. 536-539
  17. La Légion vosgienne, décembre 1964
  18. Site de l'UFAC
  19. Archives départementales des Vosges, commune de Charmois-l'Orgueuilleux, année 1887, acte de naissance no 10, vues 8-9/21 (avec mention marginale de décès)

Annexes

Bibliographie

  • « Jean Leroy », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960
  • Jean-Paul Rothiot, « Jean Leroy, agriculteur, ancien combattant, député et militant de la Jeune République », Le Pays de Dompaire, Fédération des Sociétés savantes, 2012, p. 519-540
  • Jacques-Olivier Boudon (dir.), La Jeune République. Histoire et influence, 1912 à nos jours, Paris, Champion, Bibliothèque d'études des mondes chrétiens, 2017
  • Bertrand Munier, Le Grand Livre des élus vosgiens, 1791-2003, Haroué, Gérard Louis, 2003

Liens externes

  • Portail des Vosges
  • Portail de la politique française
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.