Jean Ier de Brandebourg

Jean Ier, né vers 1213 et mort le , régna de façon collégiale en tant que margrave de Brandebourg avec son frère Othon III le Pieux (1215-1267) de 1220 à sa mort. Issus de la maison d'Ascanie, leur règne fut consacré à la colonisation germanique des anciens territoires slaves, notamment les plateaux de Teltow et de Barnim, les confins d'Uckermark, le fief de Stargard et le pays de Lebus ainsi que des premiers endroits sur la rive Est du fleuve Oder (la future Nouvelle-Marche). C'est également de cette époque que date la première mention documentale de Berlin en 1237.

Jean Ier de Brandebourg

La double statue des margraves-frères Jean Ier et Othon III par Max Baumbach (1900), une partie de l'ancienne allée de la Victoire (Siegesallee) à Berlin, aujourd'hui dans la citadelle de Spandau.
Fonctions
Margrave de Brandebourg
avec son frère Othon III
Prédécesseur Albert II
Successeur Othon III
Biographie
Dynastie Maison d'Ascanie
Date de naissance vers 1213
Date de décès
Père Albert II de Brandebourg
Mère Mathilde Wettin
Conjoint (1) Sophie de Danemark
(2) Jutta de Saxe

Biographie

Jean était le fils aîné du margrave Albert II de Brandebourg († 1220) et de son épouse Mathilde, fille du margrave Conrad II de Lusace, un membre de la maison de Wettin. À la mort de leur père, Jean et son frère cadet Othon sont encore mineurs ; l'empereur Frédéric II a chargé l'archevêque Albert de Magdenbourg et le prince Henri d'Anhalt, cousin d'Albert II, de leur garde. Toutefois, les jeunes margraves doivent repousser des attaques de leurs parents ascaniens en Saxe. Après la mort de leur mère en 1225, les frères ont pû exercer la suprématie intégrale sur la marche de Brandebourg, fondée par leur arrière-grand-père Albert l'Ours en 1157.

Le règne des deux margraves est marqué par la colonisation des marches de l'Est, qui rattacha au Saint-Empire les derniers territoires de l'ancienne marche de l'Est saxonne jusqu'aux confins du royaume de Pologne qui à ce temps subit une période de « démembrement territorial ». C'est ainsi qu'ils fondèrent plusieurs bourgs, se consacrant particulièrement au développement des deux villes jumelles de Cölln et Berlin sur la Spree. Ils firent de la forteresse d'Ascanie, édifiée sur la colline voisine de Spandau, leur résidence favorite. Après de longs et pénibles conflits, les frères conquirent les forteresses de Köpenick et de Mittenwalde, anciennes propriétés des margraves Wettin de Lusace au sud.

En 1253, Jean concéda des droits urbains à Francfort-sur-l'Oder ; quatre ans plus tard, il fonda la ville de Landsberg au bord de la Warta face à la forteresse polonaise de Santok. En 1261, Jean et Othon rachetaient aux Templiers la ville de Soldin qui devient le chef-lieu de la Nouvelle-Marche à l'Est. Néanmoins, l'extension envisagée de leurs territoires jusqu'à la côte Baltique n'est pas réussie.

Les margraves parvinrent à asseoir durablement le poids politique et le rayonnement du Brandebourg dans le Saint-Empire : à la mort de leur beau-frère Henri de Brunswick en 1227, ils soutiennent la succession de son neveu Othon l'Enfant en Brunswick-Lunebourg. En 1235, les margraves ont participé à la diète de Mayence où l'empereur Frédéric II a proclamé ses capitulations impériales. Pendant le Grand Interrègne, à la suite du renversement de Henri le Raspon et la mort de Conrad IV de Hohenstaufen, la puissance de Brandebourg permit au frère de Jean, Othon III, de briguer la couronne impériale en 1256. L'année suivante, les frères ont pris part à l'élection d'Alphonse de Castille ; l'électorat de Brandebourg a été confirmé par la Bulle d'or cent ans plus tard.

L'église de Chorin.

Vers l'an 1258, à la suite du mariage de Jean avec Jutta (Brigitte), fille du duc Albert Ier de Saxe, les frères décidèrent d'un commun accord de partager la marche de Brandebourg entre leurs deux lignées, la lignée johannique et la lignée othonienne. Jean et ses descendants ont reçu les territoires de l'Altmark autour de Stendal, le pays de la Havel et l'Uckermark, alors qu'Othon possédait les forteresses de Brandebourg-sur-la-Havel, Spandau et Salzwedel, ainsi que les pays de Barnim, Lebus et Stargard. En même temps, les margraves fondèrent le monastère cistercien de Chorin sous le nom de Mariensee puisque le monastère maternel de Lehnin, tombeau ancestral des margraves de la maison d'Ascanie, allait échoir désormais à la lignée othonienne. À l'extinction de cette dernière lignée, en 1317, les deux fiefs ascaniens furent réunifiés sous la couronne du petit-fils de Jean Ier, le margrave Valdemar de Brandebourg.

Le pape Clément IV songeait à confier à Jean de Brandebourg la direction de la croisade en préparation, quand celui-ci mourut le [1]. À la mort de Jean, son frère Othon III assuma seul le gouvernement du Brandebourg en 1266 ; toutefois, il lui-même mourut en 1267 et le fils aîné de Jean Ier, à savoir Othon mit dem Pfeil à la Flèche »), devint margrave sous le nom de Othon IV.

Mariages et descendance

Le groupe sculptural de l'Allée des victoires s'orne de la double statue en pied des margraves-frères Jean Ier et Othon III. Les personnages secondaires sont le prieur Siméon de Cölln (à gauche), et Marsile de Berlin (à droite).

Jean Ier épousa en premières noces la princesse Sophie de Danemark (1217–1247), fille du roi Valdemar II de Danemark et de Bérengère de Portugal, en 1230, dont :

  • Jean II (1237 (?)–1281), corégent de la Marche de Brandebourg
  • Othon IV à la Flèche (né vers 1238–1308), margrave de Brandebourg
  • Conrad Ier (né vers 1240–1304), corégent de la Marche de Brandebourg
  • Éric (ca. 1242–1295), archevêque de Magdebourg de 1283 à 1295
  • Hélène (1241/42 –1304), qui épousa le margrave Thierry de Landsberg, (1242–1285) en 1258
  • Hermann (?–1291), fait évêque d'Havelberg en 1290

Après la mort de Sophie de Danemark, Jean Ier se remarie en 1255 avec Jutta (Brigitte) († 1266), fille du duc Albert Ier de Saxe et d'Agnès d'Autriche, dont :

Jean Ier retint prisonnier le roi danois Éric V de 1261 à 1264. Ce dernier épousa sa fille Agnès en 1273.

Ascendance

Notes

  1. Jean Richard, La croisade de 1270, premier « passage général » ? », dans Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 133e année, no 2, 1989, p. 515 note 25.

Source

  • Anthony Stokvis, Manuel d'histoire, de généalogie et de chronologie de tous les États du globe, depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, préf. H. F. Wijnman, éditions Brill Leyde 1890-1893, réédition 1966, volume III, chapitre VIII « Généalogie des Margraves de Brandebourg. Maison d'Ascanie » . Tableau généalogique n° 7.


  • Portail du Moyen Âge central
  • Portail du Saint-Empire romain germanique
  • Portail de la monarchie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.