Jean-Marie Musy

Jean-Marie Musy, né le , à Albeuve et mort le à Fribourg, est une personnalité politique suisse, membre du Parti démocrate-chrétien. Il est notamment conseiller fédéral de 1920 à 1934. Il est le père du pilote de Grand Prix moto et auto Benoît Musy et du bobeur et cavalier Pierre Musy.

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Jean-Marie Musy

Jean-Marie Musy.
Fonctions
Conseiller national

(4 ans et 1 jour)
Législature 30e

(4 ans, 11 mois et 23 jours)
Législature 23e à 25e
49e conseiller fédéral

(14 ans, 3 mois et 29 jours)
Élection 11 décembre 1919
Réélection 14 décembre 1922
17 décembre 1925
13 décembre 1928
17 décembre 1931
Prédécesseur Gustave Ador
Successeur Philipp Etter
Chef du DFD

(14 ans, 3 mois et 29 jours)
Prédécesseur Giuseppe Motta
Successeur Albert Meyer
Président de la Confédération suisse

(1 an)
Réélection 5 décembre 1929
Prédécesseur Robert Haab
Successeur Heinrich Häberlin

(1 an)
Élection 4 décembre 1924
Prédécesseur Ernest Chuard
Successeur Heinrich Häberlin
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Albeuve (Suisse)
Origine Grandvillard et Albeuve
Date de décès
Lieu de décès Fribourg (Suisse)
Nationalité Suisse
Parti politique PCP
Diplômé de Université de Fribourg
Profession Avocat
Conseillers fédéraux de Suisse
Présidents de la Confédération suisse

Biographie

Originaire de Grandvillard et Albeuve, bourgeois d’honneur de Fribourg en 1920, il est le fils de Jules, agriculteur et aubergiste, et de Louisa Thédy, fille d’un commerçant. Petit-fils du notaire Pierre Musy, qui fut conseiller d’État (1846–1848) sous la Régénération, puis préfet du district de la Gruyère et député, il suit ses études au Collège Saint-Michel, puis au Collège de Saint-Maurice avant de décrocher une licence en droit à l'Université de Fribourg en 1901, complétée en 1904 par une thèse de doctorat. Il approfondit ses connaissances juridiques et son savoir en matière d’économie et de finances par des semestres à Munich, Leipzig, Berlin et Vienne.

L’intervention directe de Georges Python lui permet d’être nommé substitut du procureur général en 1901, poste qu’il occupe jusqu'en 1905. Il obtient ensuite son diplôme d'avocat en 1906, année de son mariage avec Juliette, fille de Jules de Meyer, officier au service du pape, puis commandant de la gendarmerie cantonale. La même année, il ouvre alors une étude à Bulle (1906–1911) et exerce jusqu'à sa nomination comme directeur de l'établissement bancaire du Crédit Gruérien. Le , Musy accède au Grand Conseil sur les listes du Parti conservateur du district de la Gruyère. Le suivant, soit à peine un mois plus tard, il est porté au Conseil d'État fribourgeois, fort de l’appui de Python, où il assume la direction des finances. Il succède à Alphonse Théraulaz (1912–1919), afin d’assainir les comptes du canton et de restaurer le crédit de la Banque de l’État.

Cette tâche le confronte aux montages financiers élaborés par Python et débouche sur une opposition entre les deux hommes forts de l’exécutif. Python, affaibli par les révélations et par la maladie, cède le pas et Musy prend rapidement de l’ascendant au Gouvernement. Le camp « musyste » devient majoritaire à la suite d'élections complémentaires qui voient successivement entrer au Conseil d'État son ami Emile Savoy (1913), Marcel Vonderweid (1914), puis Joseph Chuard (1914). Membre du Conseil d’administration de la Banque de l’État dès 1912, Musy dénonce les graves manquements dans la gestion de l’établissement ainsi que les combinaisons de Python, sans toutefois attaquer directement le « chef de l’État » pour éviter d’affaiblir inutilement le régime.

La situation alarmante des finances est péjorée encore par la guerre. Dans ce contexte, Musy prend diverses mesures tendant à équilibrer le budget. Il participe à l’élaboration de la loi sur les EEF (1915) devant procurer à l’État des ressources indispensables. L’année suivante, il réorganise le fonds d’amortissement de la dette publique (1916). Il accroît les revenus de l’État par la révision de certaines dispositions fiscales (1916), puis par une nouvelle loi sur l’impôt (1919). Ces ressources sont complétées en 1919 par une hausse du taux de l’enregistrement, ainsi qu’une augmentation du prix du sel. Pour pallier les effets de la guerre sur les prix, Musy améliore le traitement des fonctionnaires et des employés de l’État (1919). Les effets de sa politique trouvent leur concrétisation dans le succès de l’emprunt de 12 millions lancé la même année, dont les souscriptions atteignent les 20 millions et témoignent de la restauration du crédit du canton. Il préside le Conseil d'État en 1915.

Conseiller national de 1914 à 1919, Jean-Marie Musy se fait remarquer pour son fédéralisme, son antisocialisme et ses compétences financières (Conseil d’administration de la BNS depuis 1913, de la Rentenanstalt depuis 1917). Son action est marquée par le goût d'un pouvoir fort, attaché au maintien de l'ordre[réf. nécessaire]. Dans une intervention parlementaire, il stigmatise la conduite de chefs socialistes alliés ou complices d'agitateurs soviétiques, dont il réclame l'expulsion [réf. nécessaire]. Son intervention appuyée du à la tribune de la Chambre basse dénonçant la grève générale et la nécessité d’un Gouvernement fort est un jalon dans son parcours politique. Il est également au Conseil d'administration de la banque nationale suisse depuis 1913, où il siège jusqu'en 1919.

Le , il est élu au Conseil fédéral et prend la tête du Département des finances et des douanes (DFD). À ce poste, il subit la crise de la fin des années 1920 qui le met dans une position difficile, malgré les succès enregistrés pendant l'embellie qui va de 1924 à 1930. Soucieux de rétablir l'équilibre budgétaire[réf. nécessaire] et de ne pas désarmer fiscalement les cantons et ne pas entraver l'initiative économique[réf. nécessaire], il tente de freiner les dépenses sociales[réf. nécessaire] en favorisant la fiscalité indirecte et en relevant les droits de douane. Cela a pour effet le report de l'instauration d'assurances sociales, Jean-Marie Musy préférant en garantir le financement avant de les introduire[réf. nécessaire]. Il instaure un nouveau statut des fonctionnaires (1927) leur interdisant le droit de grève. Sur le plan international, il s’oppose à toute reprise des relations avec l’URSS. Il préside la Confédération en 1925 et 1930. À la suite du rejet par le peuple de la loi sur la protection de l’ordre public en 1934, Musy menace de démissionner s’il n’obtient pas des garanties sur son programme politique. Son ultimatum échouant, il se retire du Conseil fédéral le .

À partir de 1929, la crise va l'obliger à s'engage sur tous les fronts pour maintenir l'équilibre budgétaire. Sa politique devient cependant intenable face à la baisse des recettes douanières et fiscales.

Lorsque, le peuple rejette la loi sur l'ordre public du , il propose alors que le Conseil fédéral démissionne en bloc. Devant le refus de ses collègues, il monnaye son maintien contre l'adoption par l'exécutif d'un programme financier et économique précis et démissionne finalement pour la fin du mois d'avril 1934.

À la suite de son départ du Conseil fédéral, il est à nouveau élu au Conseil national de 1935 à 1939. Il poursuit sa lutte contre le communisme. Il s’engage au sein d’organisations nationalistes et anticommunistes, dont l’Action nationale suisse contre le communisme, par le biais de laquelle il entre en contact avec Himmler et des dirigeants nazis. S’il était favorable à l’Entente durant la Première Guerre mondiale, son anticommunisme et son attrait pour les régimes autoritaires l’amènent à se tourner vers le IIIe Reich. Durant la Seconde Guerre mondiale, alors qu’il a perdu son siège de conseiller national, Musy se montre ouvertement favorable à l’Axe et à l’ordre nouveau annoncé par ses succès militaires. Le tournant de la guerre lui impose de réorienter ses actions dans un sens humanitaire. En 1944, sollicité par une organisation juive, il use de ses liens personnels avec Himmler pour obtenir la libération de déportés juifs du camp de camp de concentration de Theresienstadt. Cette démarche, devant contribuer à dédouaner sa personne ainsi que des dignitaires nazis, aboutit en 1945 à l’entrée en Suisse d’un convoi de 1200 Juifs. Jean-Marie Musy abandonne tout engagement politique après la guerre. Il poursuit son activité dans différentes institutions bancaires et se rend en Irak en 1949 pour réorganiser les finances du royaume. Très isolé, il décède en 1952, âgé de 76 ans.

Bibliographie

  • Urs Altermatt, Le Conseil fédéral - Dictionnaire biographique des cent premiers conseillers fédéraux, Yens-sur-Morges, Cabedita, (lire en ligne) [détail des éditions]
  • Nos Excellences à Berne, Morges, Éditions de Peyrollaz
  • Georges Andrey, John Clerc, Jean-Pierre Dorand et Nicolas Gex, Le Conseil d’Etat fribourgeois : 1848-2011 : son histoire, son organisation, ses membres, Fribourg, Éditions La Sarine, (ISBN 978-2-88355-153-4)
  • Valérie de Graffenried, « La démission surprise de Jean-Marie Musy », Le Temps, (lire en ligne).
  • Daniel Sebastiani, Jean-Marie Musy (1876-1952) : Un ancien conseiller fédéral entre rénovation nationale et régimes autoritaires (Thèse de doctorat présentée devant la Faculté des Lettres de l’Université de Fribourg, en Suisse), (lire en ligne [PDF])

Liens externes

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