Emile Savoy

Emile Savoy, né le à Attalens dans le district de la Veveyse, et mort le à Fribourg, est un homme politique suisse, membre du parti conservateur.

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Biographie

Il est originaire d’Attalens et catholique. Ses parents sont Basile Savoy, facteur d’orgues et organiste, et Antoinette Perroud. Il épouse Gabrielle Pierlot, de Bertrix (Belgique), fille d’un important industriel.

Emile Savoy commence ses études au Collège Saint-Michel, où il se lie d’amitié avec Jean-Marie Musy. Il suit durant deux semestres les cours de droit à l’Université de Fribourg (1900), puis poursuit ses études à l' Université de Louvain (1901–1904). Il y obtient un doctorat en droit (1903) et une licence en sciences politiques et sociales (1904). Il soutiendra dans cette dernière matière une seconde thèse de doctorat (1910) portant sur l’apprentissage en Suisse. Durant son séjour en Belgique, il est engagé comme secrétaire particulier du vice-président de la Chambre des Représentants. Il donne également des cours d’économie politique à l’École industrielle de Bertrix et collabore à divers journaux. Emile Savoy gardera un attachement profond pour la Belgique, ainsi que des relations durables dans les milieux politiques et intellectuels catholiques. Il était membre de l'Union internationale d'Etudes Sociales[1], fondée à Malines, (Belgique) en 1920.

De retour à Fribourg, il occupe successivement les charges d’inspecteur des apprentissages (1904), de juge au Tribunal de la Sarine (1905), de préfet de la Glâne (1905) et de préfet de la Gruyère (1907). Il est élu le 8 avril 1913 au Conseil d’État, avec l’appui de Musy et contre le candidat de Georges Python, le syndic de la ville de Fribourg Ernest Weck. Il succède à Louis Weck à la Direction de la Police et de la Santé publique (1913-1916) et s’attelle en particulier à la réforme du système pénitentiaire (1915). L’établissement pénitentiaire agricole de Bellechasse devient alors le centre pénitentiaire cantonal, son administration et sa structure sont réorganisées pour favoriser par un travail progressif la rééducation des détenus.

Durant la guerre, Emile Savoy gère le ravitaillement du canton. En dehors de ses fonctions, il fonde et préside le Comité fribourgeois de secours aux réfugiés belges. Mais ses liens avec la Belgique lui valent des accusations d’espionnage (1916) : au dire des Allemands, il aurait sous couvert des activités du Comité de secours servi d’intermédiaire entre la Belgique et la France. Cette « affaire Savoy », sans qu’il soit aisé d’en déterminer les tenants et aboutissants dans un contexte de guerre et de fossé moral, prend une ampleur nationale.

Pour apaiser les esprits, Savoy profite de la démission de Fernand Torche pour passer le 23 mai 1916 à la Direction de l’Intérieur, de l’Agriculture, du Commerce et de l’Industrie. Il se consacre au développement de l’agriculture, qu’il envisage comme le fondement de toute économie saine. Convaincu que l’instruction est le meilleur gage de progrès, il fonde par la loi sur l’enseignement agricole (1919) l’Institut agricole de Grangeneuve, ainsi que l’École ménagère agricole. Il s’engage personnellement dans l’unification et la restructuration du monde paysan en présidant la Fédération des sociétés fribourgeoises d’agriculture et la Fédération des syndicats agricoles. Il fonde Le paysan fribourgeois (1920), journal conservateur centré sur les intérêts des agriculteurs. S’il est considéré comme le père de l’agriculture fribourgeoise moderne, ses conceptions sont parfois empreintes d’un certain passéisme, notamment par leur attachement à des idées d’autarcie et de travail à domicile. Savoy s’engage en faveur des agriculteurs aux niveaux romand (Fédération des sociétés romandes d’agriculture), fédéral (Comité directeur de l’Union suisse des paysans) et international (Commission internationale d’agriculture).

Dans la ligne de la doctrine sociale de l’Église, Savoy se voue également à la protection des plus nécessiteux. Il élabore une loi sur l’assistance et la bienfaisance (1928) et une loi sur l’assurance-chômage (1928, révisée en 1932). Il rédige encore un projet de loi sur l’organisation corporative des professions (1934) adopté par le Grand Conseil, mais jamais promulgué.

À la suite du déclin de Python et de la démission de Musy, Savoy s’impose comme l’homme fort du Conseil d’État. Il en assume la présidence à quatre reprises (1916, 1920, 1926, 1933) et œuvre pour une centralisation accrue en matière d’administration et de politique. Il siège en tant que député de la Veveyse au Grand Conseil (1915–1921) jusqu'à l’interdiction du cumul. Mais Savoy exerce un autre double mandat politique, puisqu'il est élu au Conseil des États (1920–1935) pour succéder à Python. Il préside cette Chambre en 1928. A Berne, il se profile sur les questions agricoles et sociales. Savoy est également présent dans les instances dirigeantes du parti conservateur à différents niveaux : il est vice-président du comité cantonal et membre du comité directeur du parti conservateur populaire suisse. Il est membre de la Nouvelle société helvétique.

Davantage que par son sens oratoire, Savoy s’impose par sa capacité de travail et la maîtrise de ses sujets. De nombreuses conférences et publications témoignent de son intérêt et de ses connaissances dans les divers domaines dont il s’est occupé. Il est ainsi l’auteur, entre autres publications, de L’ouvrier chocolatier à Broc en 1908 (1913), Essai de politique agraire fribourgeoise (1919), et Paupérisme et bienfaisance (1922). Au moment de sa mort, il rédigeait une vaste histoire de L’agriculture à travers les âges.

Emile Savoy décède à Fribourg en 1935, âgé de 57 ans, sans avoir démissionné de ses fonctions politiques.

Publications

  • "Léon XIII et son enseignement," Arlon, (1904)
  • "Le repos dominical", Bruxelles, Schepens, (1904)
  • "Le régime électoral de la Belgique," Bâle, (1905)[2]
  • "L'ouvrier ardoisier du bassin d'Herbeumont." Monographie Le Play Série 3, La Réforme Sociale, Paris, 1905.
  • "Les conflits du travail et le contrat collectif du travail," Rapport à l'association populaire catholique Suisse, Fribourg, (1907)
  • "La formation de l'ouvrier" Fribourg, (1910)
  • "L'Apprentissage en Suisse" Louvain, Peeters; Paris, Larose & Tenin, (1910)
  • "L'ouvrier chocolatier de la fabrique de chocolat au Lait F-L Cailler à Broc." Collection Le Play, Réforme Sociale, Paris (1913)
  • "La Réforme pénitentiaire dans le canton de Fribourg" Fribourg, Franière (1914)
  • "Essai de politique agraire fribourgeoise" Fribourg, Franière (1919)
  • "Paupérisme et bienfaisance" Fribourg, Franière (1922)
  • "L'agriculture à travers les âges", Boccard, Paris. tome I et II (1935)

Sources

  • Georges Andrey, John Clerc, Jean-Pierre Dorand et Nicolas Gex, Le Conseil d’Etat fribourgeois : 1848-2011 : son histoire, son organisation, ses membres, Fribourg, Éditions de la Sarine, (ISBN 978-2-88355-153-4)
  • Floriane Gasser, « 1916 un espion au Gouvernement de Fribourg ? L'affaire Emile Savoy" », Annales Fribourgeoises, vol. 69, , p. 71-86
  • Michel Charrière, Fribourg, un canton, une histoire, , p. 113
    Avec photographie
  • Michel Charrière, « Savoy, Emile » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .

Notes et références

  1. Journal La Liberté du 28 janvier 1935, page 3..
  2. (Pour sept entrées de cette bibliographie) Journal La Liberté Edition du 28 janvier 1935, p.3 Consultée en ligne le 6 novembre 2020.
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