Jean-Charles de Borda

Jean-Charles, chevalier de Borda, né le à Dax et mort le à Paris, est un mathématicien, physicien, politologue et navigateur français. Il a donné son nom à plusieurs vaisseaux écoles des XIXe et XXe siècles, sur lesquels étaient embarqués les élèves de l'École navale.

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Biographie

Fils benjamin de Jean-Antoine Borda, seigneur de Labatut, et de Marie-Thérèse de la Croix, Jean-Charles de Borda est issu d'une famille de militaires : Brantôme cite un capitaine Borda[1] qu'il juge digne de passer à la postérité.

Son père, dont les deux fils aînés avaient déjà embrassé la carrière des armes, souhaitait que Jean-Charles reprenne la charge d'un oncle, Jacques-François de Borda d'Oro, président au parlement de Bordeaux. Après quelques années passées au collège Henri-IV de La Flèche, le jeune Borda commença l'étude du droit mais, grâce à sa mère et un de ses professeurs, il put fléchir son père et obtenir d'entrer lui aussi dans l'armée[2]. Son goût pour les sciences le portait vers le génie militaire : il fut admis à l’École royale du génie de Mézières[3]. En 1753, à peine âgé de vingt ans, il remit à d'Alembert un mémoire sur une question de géométrie[4]: à la suite de cette communication, Réaumur le recrute comme membre correspondant de l'Académie des sciences. En 1756, il rédige un Mémoire sur le mouvement des projectiles, produit de ses études en tant qu'ingénieur militaire : ce travail, où il examine le cas d'une résistance de l'air proportionnelle au carré de la vitesse du projectile, lui attire l'éloge de Clairaut et de Bouguer, et lui vaut sa promotion au rang d'adjoint-géomètre de l'Académie. Lorsque son arme exige qu'il quitte la capitale, il sollicite son transfert aux chevau-légers pour pouvoir demeurer à Paris.

Lorsqu’éclate la guerre de Sept Ans, son régiment est stationné à Dunkerque. Borda est affecté comme aide de camp du général de Maillebois, académicien comme lui, et assiste en cette qualité au combat d'Hastenbeck[2] le 26 juillet 1757.

En 1763, Borda est réintégré dans le génie militaire avec dispense de tout examen. Il publie alors plusieurs mémoires sur l'hydraulique et la résistance des fluides, dont un Mémoire sur l’Écoulement des Fluides par les Orifices des Vases (Mém. Ac. Sci.,1766, p. 579-607) et un Mémoire sur les roues hydrauliques (Mém. Ac. Sci., 1767 (1770), p. 270–287), considéré comme l'une des premières études théoriques des roues hydrauliques, moteur de certains navires mais aussi source d'énergie dans les manufactures.

Jean-Charles Borda mesurant le Pic a Tenerife.

En 1767, Borda entre au service actif de la marine en tant qu'ingénieur du génie maritime. En 1771, il est placé sous les ordres de Verdun de La Crenne à bord de la frégate la Flore. Ce navire partait pour les îles Canaries, puis les Antilles, avec pour mission d'essayer de nouveaux modèles de montres et chronomètres de marine, au nom de l'Académie des sciences. En 1776, Borda est envoyé aux îles Canaries et chargé d'en déterminer la position avec exactitude ; à cette époque, la plupart des nations d'Europe comptaient les longitudes à partir de l'île de Fer. Entre 1777 et 1778, il participe à la guerre d'indépendance des États-Unis sous les ordres du comte d'Estaing, en qualité de major général.

En 1778, Borda publie, en collaboration avec Verdun de La Crenne et Pingré, le Voyage fait par ordre du roi en 1771 et 1772, en diverses parties de l'Europe et de l'Amérique, pour vérifier l'utilité de plusieurs méthodes et instruments servant à déterminer la latitude et la longitude, etc. Et en 1787, Description et usage du cercle de réflexion, avec différentes méthodes pour calculer les observations nautiques (Paris, Didot fils aîné, 1787. In-4 de 87-(1)-33 p, 3 pl.) qui décrit l'utilisation du cercle de réflexion.

En 1781, Borda reçoit le commandement de plusieurs vaisseaux de la flotte militaire française, chargés d'escorter un corps expéditionnaire à destination de la Martinique. Le , il est capturé par les Britanniques. Libéré sur parole, il retourne en France peu de temps après. Il reprend son poste d'ingénieur dans la marine française, où il conçoit des améliorations des systèmes de pompage. Avec Pierre Méchain et Jean-Baptiste Delambre, il est chargé par l'Académie des sciences de déterminer la longueur de l'arc de méridien de Dunkerque à Barcelone, et il s'occupe en particulier de tout ce qui se rattache aux expériences de physique. Il invente, pour mesurer la longueur du pendule, un appareil, le pendule de Borda, composé d’une sphère très lourde en platine suspendue par un fil long de 1 m environ, dont le poids n’est qu’une fraction négligeable de celui de la sphère[5]. On lui doit les Tables trigonométriques décimales et les Tables des logarithmes, des sinus, sécantes et tangentes, suivant la division du quart de cercle en 100 degrés, revues, augmentées et publiées par Jean-Baptiste Delambre en 1801.

Considérant que « Pour qu’une forme d’élection soit bonne, il faut qu’elle donne aux électeurs le moyen de se prononcer sur le mérite de chaque sujet, comparé successivement aux mérites de chacun de ses concurrents »[6], Borda inventa un système de vote, connu sous le nom de méthode Borda[7] (1781), qui est resté populaire parmi les réformateurs des systèmes électoraux du monde entier, en particulier parmi les promoteurs du jugement majoritaire qui s'inscrit dans la même filiation philosophique. Contemporain de Nicolas de Condorcet, il s'est engagé dans de nombreux débats concernant les mérites respectifs des différents systèmes de vote. Sous la Terreur, il se réfugie prudemment avec son collègue Charles-Augustin Coulomb dans la région de Blois, abandonnant ses biens à Paris.

Hommages

Cercle répétiteur.

Notes et références

  1. Maire de Dax : cf. le récit Sommaire du massacre fait en la ville et cité Dacqs située entre la ville de Bayonne et celle de Saint-Sever en la seneschaussee des Lames, cité dans Philippe Tamizey de Larroque, « XII. Sur la Saint-Barthélémy à Dax. », Revue de Gascogne : bulletin mensuel du Comité d'histoire et d'archéologie de la province ecclésiastique d'Auch, vol. 13, , p. 346.
  2. D'après Maurice d'Ocagne, Hommes et choses de science, Vuibert, , « Le chevalier de Borda », p. 71-83
  3. Etienne Taillemite, « Un savant en son temps : Gaspard Monge (1746-1818) », Bill. de la SABIX, no 41, , p. 129-139 (DOI 10.4000/sabix.159)
  4. Voir la « Lettre de Clairaut (Paris) à Jacquier », .
  5. Edmond Marie Léopold Bouty, Cours de physique de l’École polytechnique : Instruments de mesure. Hydrostatique. Physique moléculaire. Gravitation universelle. Électricité statique., t. 1, Paris, Gauthier-Villars, , 3e éd. (lire en ligne), p. 110.
  6. Michel Balinski et Rida Laraki, « Jugement majoritaire versus vote majoritaire », Revue française d'économie, (lire en ligne)
  7. Mémoire original : Jean-Charles de Borda, « Mémoire sur les élections au scrutin », Histoire de l'Académie royale des sciences, Paris, .
  8. https://www.minorplanetcenter.net/iau/lists/NumberedMPs175001.html
  9. « L'École navale imagine une statue de Borda », sur Le Télégramme, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Ludovic de Contenson, La Société des Cincinnati de France et la guerre d'Amérique (1778-1783), éditions Auguste Picard, Paris, 1934, p. 142-143 (lire en ligne)
  • Jean Mascart, La vie et les travaux du chevalier de Borda, 1733-1799 : épisodes de la vie scientifique au XVIIIe siècle, Presses de l'Université de Paris-Sorbonne, 2000.
  • Michel Vergé-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'Histoire maritime, Paris, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1508 p. (ISBN 2-221-08751-8)
  • Étienne Taillemite, Dictionnaire des marins français, Paris, éditions Tallandier, (réimpr. nouvelle édition revue et augmentée), 573 p. (ISBN 2-84734-008-4)
  • Jean Meyer et Martine Acerra, Histoire de la marine française : des origines à nos jours, Rennes, éditions Ouest-France, , 427 p. (ISBN 2-7373-1129-2)
  • Rémi Monaque, Une histoire de la marine de guerre française, Paris, éditions Perrin, , 526 p. (ISBN 978-2-262-03715-4)
  • Martine Acerra et André Zysberg, L'essor des marines de guerre européennes : vers 1680-1790, Paris, SEDES, coll. « Regards sur l'histoire » (no 119), , 298 p. [détail de l’édition] (ISBN 2-7181-9515-0, notice BnF no FRBNF36697883)

Articles connexes

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