Jasminum sambac

Jasminum sambac ou jasmin d'Arabie ou jasmin sambac est un arbuste de la famille des Oleaceae, originaire des régions himalayennes d'Inde (Etats de l'Uttarakhand et d'Himachal Pradesh). Il est largement cultivé dans les régions chaudes du monde pour ses fleurs très parfumées qui peuvent servir dans les cérémonies religieuses ou à parfumer le thé.

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Jasmin sambac "fel" (Tunisie)

Histoire

Linné décrit dans Species plantarum (1753) un jasminum arabicum venant d'Inde, sous le nom de Nyctanthes sambac[1]. L'espèce fut transférée dans le genre Jasminum en 1789 par William Aiton (Hortus Kewensis, 1:8, 1789).

Le terme de sambac est un emprunt phonétique du sanskrit campaka (चम्पक, prononcé tʃaɱpaka) « fleur du Magnolia champaca » qui sert à former des vocables dans diverses langues de l'Inde, désignant des plantes au parfum entêtant comme Magnolia champaca, divers Plumeria ou l' Ylang-Ylang.

Description

Jasminum sambac est un arbuste sarmenteux de 1 à 3 m de haut. Sa croissance rapide lui permet de former des haies épaisses. Son feuillage est persistant.

Les feuilles simples sont opposées (parfois verticillées par trois). Chaque feuille est entière, elliptique à sub-orbiculaire et de taille très variable, jusqu'à 9 × 6 cm, glabre et brillante sur sa face supérieure.

Les fleurs blanches et parfumées sont groupées par 3 à 12, en cymes terminales. Chaque fleur est formée d'un calice cupulaire avec 5 à 9 dents, pubescent et d'une corolle blanche, simple ou double, composée d'un tube de 1 cm de long terminé par 5 à 9 lobes oblongs (orbiculaire en culture). A La Réunion et aux Antilles, la floraison s'étale plus ou moins sur toute l'année et particulièrement en saison humide.

Le fruit est une baie, globuleuse, noire à maturité, de 6 mm de diamètre, entourée des dents du calice.

Écologie

Jasminum sambac est originaire d'Inde[2],[3], probablement des vallées himalayennes. Aujourd'hui, il est très répandu dans son pays d'origine excepté une partie du nord est de l'Inde et de l'Éétat du Jammu et Cachemire.

C'est une plante très largement cultivée ailleurs dans le monde tropical et subtropical[4] (Chine, Pakistan, Inde, Myanmar, Philippines, Indonésie, Iran, Turquie etc.). Elle aurait été introduite en Égypte dès l'antiquité puis se serait répandue dans les régions chaudes du bassin méditerranéen.

Culture

Bien qu'une plante tropicale, le jasmin sambac peut être cultivé en extérieur dans le sud de la France. Peu rustique, il gèle en dessous de −5 °C.

Sinon, il doit être cultivé en bac en véranda et sorti à partir de mai.

Il apprécie une situation ensoleillée ou à demi-ombragée.

Cultivars de Jasminum sambac
'Pucelle d'Orléans'
'Grand duc de Toscane'

De nombreux cultivars de J. sambac ont été sélectionnés :

  • 'Pucelle d'Orléans' (maid of Orleans), ce cultivar très populaire a des fleurs simples, blanches avec de gros pétales ovales, extrêmement parfumées
  • 'Belle de l'Inde', originaire d'Inde, ce cultivar possède des fleurs mi-double, blanches avec des pétales simples ou doubles de forme allongé, utilisées pour les cérémonies religieuses et le thé
  • 'Mysore Mulli', cultivar très vigoureux ressemblant à la 'Belle de l'Inde' avec des pétales plus courts, des feuilles claires, à la floraison abondante
  • 'Grand-duc de Toscane', originaire d'Iran, ce cultivar à croissance lente, produit des fleurs multipétales, blanches, en forme de rose, moins parfumées que les autres variétés.

Utilisations

  • Ornementale, rituelle
Guirlandes de fleurs de jasmin (Gao, Inde)

Hormis ses usages ornementaux, le jasmin sambac a de multiples usages rituels traditionnels.

En Asie, la culture du jasmin vise surtout à produire des fleurs pour les cérémonies religieuses[5]. En Inde, le jasmin sambac est le jasmin le plus cultivé mais le Jasminum auriculatum est le plus important. Ses fleurs sont enfilées pour former des guirlandes très parfumées, où elles sont associées parfois avec des fleurs de chrysanthèmes pompons jaunes et de roses. Ces guirlandes, vendues au mètre aux bords des rues, sont déposées en offrandes dans les temples pour honorer les divinités hindoues. La variété 'Pucelle d'Orléans' du jasmin sambac est symbole de pureté, humilité et force. La 'Belle de l'Inde', à fleurs doubles, est une fleur sacrée pour Vishnou. Et 'Grand-duc de Toscane' est une autre variété qui fut introduite en Europe par le duc de Toscane[6] en 1691. Les femmes élégantes et les filles aiment se parer la chevelure de guirlandes de fleurs de jasmin.

Mariée Javanaise parée de ses guirlandes de jasmin

Aux Philippines, le jasmin sambac, appelé sampaguita, est symbole d'honneur et de dignité[7]. Les fleurs fraîches servent à faire des guirlandes pour honorer les invités ou bien sont placées sur les statues religieuses, les autels ou les photographies d'anciens disparus.

En Indonésie, le jasmin sambac, nommé melati putih, est une fleur sacrée symbolisant la pureté, la grâce, la simplicité et la sincérité. Traditionnellement, la mariée Javanaise porte une couronne de fleurs de jasmin avec une tresse de fleurs descendant sur le côté.

Le jasmin sambac est la fleur nationale de l'Indonésie et des Philippines.

En Chine, la fleur de jasmin molihua 茉莉花 sert à parfumer le thé vert. Le jasmin molihua est principalement cultivé pour ses fleurs dans la province du Guangxi (la production du district de Hengxian représente 80 % de la production nationale de molihua[8]), du Guangdong et du Fujian[9].

La première occurrence du terme molihua[10],[11] pourrait être dans un texte du début du IVe siècle, le Nanfang cao mu zhuang 南方草木状 « Description des plantes méridionales » de Ji Han 嵇含 (+306). Celui-ci était un haut fonctionnaire répertoriant les produits des régions méridionales envoyés à la capitale du nord Xiangyang. Il décrit deux jasmins aux fleurs blanches très parfumées venant d'une région à l'ouest de Canton, occupées par une population Hu (胡人) non sinisée[N 1]. Un de ces jasmins s'appelait molihua 末莉花, l'autre yeximing 耶悉茗. Apparemment, yeximing est un emprunt phonétique au pehlevi[12] (moyen-perse) yasmin « jasmin » et correspond au Jasminum officinale aux feuilles composées. Et le molihua serait un emprunt au sanskrit mallikā, désignant un arbuste au feuillage persistant dont les fleurs sont blanches et les feuilles simples, soit le Jasminum sambac[11], actuellement nommé d'une manière non ambiguë shuangban moli 双瓣茉莉.

En Chine, une chanson folklorique, écrite sous l'empereur Qianlong (1711-1799), célèbre le parfum du jasmin molihua[13].

  • Médicinale, aromathérapique

Les fleurs s'épanouissent la nuit et sont cueillies au petit matin pour l'extraction de l'huile essentielle.

En Chine, les racines de jasmin sambac sont utilisées comme sédatif[4]. Les fleurs sont traditionnellement prescrites pour le traitement des diarrhées, les douleurs abdominales, les conjonctivites et les dermatites. Les feuilles et les racines sont prescrites pour la diarrhée, la fièvre et comme analgésique[14].

Au Cambodge, Laos et Vietnam, on utilise traditionnellement le jus exprimé des feuilles pour traiter l'inflammation des yeux.

En Inde, le jasmin est traditionnellement utilisé comme analgésique, anti-inflammatoire, antiseptique, sédatif et aphrodisiaque[15].

Composition chimique

L'absolu obtenu des fleurs de jasmin sambac[16], utilisée dans le thé au jasmin chinois, contient du linalol (développant une note florale), du méthyle anthranilate, du 4-hexanolide (note de douceur), 4-nonanolide (douceur), (E)-2-hexenyl hexanoate (verte), and 4-hydroxy-2,5-dimethyl-3(2H)-furanone (doux) [4].

Notes

  1. “那悉茗花与茉莉花,皆胡人自西域移植南海,南人怜其芳香,竟植之”

Références

  1. BHL
  2. (en) Référence GRIN : espèce Jasminum sambac
  3. (en) Référence Flora of China : Jasminum sambac
  4. (en) Christophe Wiart, Medicinal Plants of China, Korea, and Japan : bioresources for tomorrow's drugs and cosmetics, CRC Press Inc, , 454 p.
  5. (en) Marlia Alias, Aromatherapy formulation from the organic volatiles of jasminum sambac flowers, Thesis, Universiti Teknologi Malaysia,
  6. (en) sir Ghillean Prance, Mark Nesbitt, The cultural history of PLANTS, Routledge,
  7. Fernando C. Sanchez, Dante Santiago, Caroline P. Khe, « Production management practices of jasmine (Jasminum sambac Aiton) in the Philippines », J. ISSAAS, vol. 16, no 2, (lire en ligne)
  8. baike茉莉花
  9. (en) Shiu-ying Hu, Food Plants of China, The Chinese University Press,
  10. (en) Joseph Needham (Auteur), Lu Gwei-Djen (Avec la contribution de), Huang Hsing-Tsung (avec la contribution de), Science and Civilisation in China: Volume 6, Biology and Biological Technology, Part 1, Botany, Cambridge University Press, , 756 p.
  11. 胡秀英敎授, 秀苑擷英, thèse, 論文集, voir molihua
  12. (en) Berthold Laufer, Sino-Iranica, Ch'eng-wen publishing company, 1919 (or.)
  13. youtube à écouter
  14. YING-JUN ZHANG, Yu-QING LIU, XIANG-Yu Pu, CHONG-REN YANG, « IRIDOIDAL GLYCOSIDES FROM JASMINUM SAMBAC », Phytochemistry, vol. 38, no 4,
  15. Sulaiman C.T, Soudha V., Deepak M., Indira Balachandran, « Comparative Phytochemical Studies and Evaluation of Radical Scavenging Activity in Selected Jasminum Species », International Journal of Pharmacognosy and Phytochemical Research, vol. 4, no 4, (www.ijppr.com)
  16. Yuriko Ito, « Identification of Potent Odorants in Chinese Jasmine Green Tea Scented with Flowers of Jasminum sambac », Journal of Agricultural and Food Chemistry, vol. 50, no 17, , p. 4878-4884 (ISSN 0021-8561, DOI 10.1021/jf020282h, lire en ligne, consulté le )
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