Jacques Chevallier (homme politique)
Jacques Chevallier, né le à Bordeaux (France) et mort le à El Biar (Algérie), est un industriel et homme politique franco-algérien.
Pour les articles homonymes, voir Jacques Chevallier et Chevallier.
Jacques Chevallier | |
Fonctions | |
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Député 1946-1951 puis 1952-1955 | |
Gouvernement | IVe République |
Groupe politique | RI |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Bordeaux (France) |
Date de décès | |
Lieu de décès | El Biar (Algérie) |
Nationalité | Français, Algérien |
Parti politique | Parti social français, RPF |
Résidence | Algérie |
Biographie
Jacques Chevallier est le fils d’Étienne Chevallier (1879-1957) et de son épouse, née Corinne de La Bédoyère Huchet de Kernion (1877-1934). C'est par sa famille paternelle [1] qu'il est rattaché à l'Algérie : son grand-père paternel, Charles, après une première tentative infructueuse en 1884, s'installe à Alger où il fait rapidement fortune dans la tonnellerie (l'entreprise deviendra la première entreprise de tonnellerie de France). C'est à l'occasion d'un voyage d'affaires à la Nouvelle-Orléans pour le compte de l'entreprise paternelle qu'Étienne Chevallier rencontre celle qui, en 1906, deviendra sa femme : Corinne de La Bédoyère Huchet de Kernion, d'ascendance évidemment bretonne, mais de nationalité américaine. Le couple s'installe en 1909 à Bordeaux pour raison d'affaires . C'est là qu'ils donnent naissance en 1910 à un premier fils, Georges, puis, en 1911, à un second, Jacques. Ce dernier commence sa scolarité à Bordeaux. En 1919, avec toute sa famille, il s'installe à la Nouvelle-Orléans. Parfaitement bilingue, il y reçoit une éducation américaine. En 1921, la famille retourne s'installer à Alger après la mort du patriarche, Charles. Jacques fait toute sa scolarité chez les jésuites, sauf la dernière année qu'il accomplit au grand lycée d'Alger. Son baccalauréat en poche, il s'inscrit à la faculté de droit d'Alger. En 1931, il devance l'appel et fait son service militaire dans le 9e régiment de zouaves cantonné à Alger. En 1932, son service accompli, il reprend ses études de droit et se marie le avec Renée Missé, fille d'une famille installée en Algérie depuis plusieurs générations (ils auront ensemble sept enfants).
Catholique, il adhère aux idées du colonel de la Rocque. En 1934, il milite aux Volontaires Nationaux, mouvement dépendant des Croix de feu[2]; en 1939, il préside la fédération d’Alger du Parti social français. En 1941, le gouvernement de Vichy le nomme maire d’El Biar (une fonction qu'il occupera jusqu'en 1943) et membre de la Commission financière de l’Algérie.
En 1944, le gaulliste Jacques Soustelle l’envoie en Amérique du Nord réorganiser le contre-espionnage de la France libre pour le compte du BCRA (Bureau central de renseignements et d'action) ; pendant deux ans il est le chef des services de liaison du contre-espionnage français en Amérique. Il se lie avec l’intellectuel anti-stalinien Boris Souvarine et devient l’un des fondateurs du mouvement Paix et Liberté. Anticommuniste, mais ni gaulliste ni compromis avec le régime de Vichy, il restera un homme de rassemblement soucieux des questions sociales.
En 1945, il est élu conseiller général d'Alger (et le restera jusqu'en 1956). Il se présente aux élections législatives de sur la liste du Rassemblement républicain et d'union algérienne ; élu, il exerce son mandat jusqu'en 1951 : le 5/, hostile au statut adopté pour l'Algérie en 1947, il donne sa démission de député pour siéger à l'Assemblée algérienne sous l'étiquette RPF. En 1951, il fonde à l'Assemblée algérienne l'intergroupe des libéraux qui rassemble quarante délégués des deux collèges. Il ne siège toutefois qu'un an à l'Assemblée algérienne : le , à la suite d'une élection partielle, il revient à l'Assemblée Nationale, où il siège sous l'étiquette républicain-indépendant (CNI) jusqu'en 1955. Il s’y occupe en particulier des questions nord-africaines et préconise une politique évolutive pour l’Algérie.
À la fin des années 1940, il écrit dans L'Écho d'Alger, journal appartenant à l'industriel Jean Duroux. Il est conseiller général et maire d’Alger de au . Il confie à l'architecte Fernand Pouillon le soin de la construction de HLM.
Il est secrétaire d’État à la Guerre[3] du au , puis ministre de la Défense nationale du au dans le gouvernement Pierre Mendès-France. Il prend les premières mesures militaires après le début de la guerre d'Algérie en .
Pendant la guerre d’Algérie, entre 1954 et 1958, il est considéré comme un libéral, dialoguant avec certains élus nationalistes du PPA-MTLD (mouvement de Messali Hadj) partisans d’un compromis et appelés « centralistes ». En 1956, il est le fondateur de la Fédération des libéraux d'Algérie, avec Jean Scotto, futur évêque de Constantine et favorable à l'indépendance de l'Algérie. Cette même année, il a également joué un rôle dans la tentative de trêve civile inspirée par Camus.
Lors de la crise du 13 mai 1958 son nom est conspué par la foule et il est évincé de la mairie et de la vie politique par l’Armée. Il publie l’ouvrage Nous, Algériens dans lequel il expose des propositions fédéralistes. Il se retire de la vie politique et s'installe à Paris.
En 1962, tandis que le terrorisme de l’OAS d'un côté, et du FLN de l'autre, frappe aveuglément et que commence l’exode des pieds-noirs, il sert d'intermédiaire à la tentative de compromis entre l’OAS (Jean-Jacques Susini) et le FLN (Abderrahmane Farès) pour mettre fin à la violence. La négociation tourne court.
Nommé vice-président du port autonome (1963-1964) et de la chambre de commerce d'Alger (1963-1966) par la nouvelle République algérienne, il est en 1964 l’un des premiers et rares Français[réf. souhaitée] à acquérir la nationalité algérienne après l’indépendance du pays[4]. En 1965, avec l'aide d'Abdelaziz Maoui, ministre du Tourisme, et en association avec Fernand Pouillon, il fonde - et gère - la Société pour l'aménagement et l'équipement du tourisme en Algérie (AETA).
Il meurt des suites d'un cancer du poumon le dans sa résidence à El-Biar, que son arrière-grand-père Louis acheta en 1842 à la famille de Hussein Dey.
Il est le père de l’historienne et romancière franco-algérienne Corinne Chevallier, qui vit toujours à Alger.
Notes et références
- Sa famille paternelle est une famille d’ancienne noblesse, les Chevallier, anciennement Chevallier Saint-Jacques (la seconde partie du nom fut abandonnée sous la Révolution française).
- À partir de 1933, l'engagement politique des Croix-de-feu algériens est sensiblement différent de celui des métropolitains ; par exemple de La Rocque a du mal à réprimer les penchants antisémites de ses adhérents algériens, cf Millman Richard, « Les croix-de-feu et l'antisémitisme », in: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°38, avril-juin 1993. pp. 47-61.
- Pierre Mendès France avait d'abord proposé cette fonction à Georges Blachette très lié à Chevallier cf http://www.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche.asp?num_dept=838
- https://www.cairn.info/revue-confluences-mediterranee-2014-3-page-175.htm.
Annexes
Bibliographie
- Corinne Chevallier, Une attitude libérale pendant la guerre l'Algérie : Jacques Chevallier, maire d'Alger, mémoire de maîtrise, université Paris X-Nanterre, 1988
- Corinne Chevallier, "Jacques Chevallier, l’Algérien", Confluences Méditerranée, 2014/3 (no 90), (ISBN 9782343045627), L’Harmattan, (Lire en ligne)
- Alain Herbeth, Jacques Chevallier. Les fidélités successives du dernier maire d'Alger, (ISBN 978-2-343-15274-5), Paris, L’Harmattan, 2018
- José-Alain Crayon, Jacques Chevallier. L'homme qui voulait empêcher la guerre d'Algérie (ISBN 978-2-213-65609-0), Fayard 2012
Articles connexes
Liens externes
- http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/biographies/IVRepublique/chevallier-jacques-15111911.asp
- http://miages-djebels.org/IMG/pdf/Nous_algeriens_par_Jacques_Chevallier_13_aout_2012.pdf
- http://www.salan.asso.fr/Biographies/chevalier.htm
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