Paix et Liberté

Paix et Liberté est un mouvement anticommuniste français de la Quatrième République (1951-1956).

Naissance

En réponse à l'appel de Stockholm, Jean-Paul David, député-maire radical de Mantes et secrétaire général du RGR, crée dès 1951 l'organisation « Paix et Liberté », à laquelle il alloue un but : répondre à la propagande diffusée par le PCF auprès des Français. Cette propagande, décidée depuis Moscou, faisait de la paix un axe central de la propagande communiste internationale afin, note l'historien Bernard Ludwig de « "diviser" et "immobiliser" le monde non-communiste, pour instaurer, à terme, une pax sovietica »[1].

Au contraire, Paix et Liberté entendait mettre en avant à travers des affiches ironiques le caractère guerrier du bloc communiste, le « démasquer » et dénoncer le fait qu'il cachait cela derrière une propagande pacifiste mensongère instrumentalisant l'aspiration humaine à la paix. En ce sens, Paix et Liberté essayait de se réapproprier l'idéal pacifiste[1].

Cette organisation de propagande disposait d'un apport de fonds américains considérable[2]. « Paix et Liberté » était l'une des organisations de « l'appareil anti-communiste » en pleine expansion au cours de la Guerre froide. Elle entrait en effet dans le cadre d'une coopération transnationale qui s'appuyait sur les valeurs communes occidentales (notamment la liberté), opposées de manière binaire à celle du bloc de l'Est[1].

L'organisation obtient le soutien du président du Conseil René Pleven, ainsi que de nombreux hommes politiques de l'époque. Pourtant, l'expérience s'arrêta en 1956, en raison du dégel des relations internationales[1].

Il existait un réseau d'associations anticommunistes Paix et Liberté en Europe, regroupées dans le Comité européen Paix et Liberté : en Allemagne de l'Ouest la Ligue populaire pour la paix et la liberté (Volksbund für Frieden und Freiheit ou VFF), en Italie Pace e Libertà, aux Pays-Bas Vrede in Vrijheid et en Belgique le comité Paix et Liberté[1].

Propagande

« Paix et Liberté » publia, distribua et placarda des centaines de milliers d'affiches dans la France des années 1950. Ces affiches, reproduites sous formes de vignettes, dénonçaient le régime stalinien et la propagande communiste, mais visait aussi le PCF et ses dirigeants, présentés comme des agents au service de l'URSS, tels Maurice Thorez ou Jacques Duclos.

Jean-Paul David utilise également la radio, avec son émission Les causeries au coin du feu (qui ne duraient que quelques minutes), inaugurée le .

Les affiches

Ainsi en 1951, « La colombe qui fait BOUM » (300 000 exemplaires), première d'une longue série (en moyenne 3 par mois entre 1951 et 1956) parodiait l'affiche de Picasso (la colombe de la paix) qu'Aragon avait choisie pour le Congrès mondial des partisans de la paix qui se tint à Paris en . Sur cette image, la colombe devenait un char soviétique[1].

En référence à l'appel de Stockholm est réalisée l'affiche « La pelle de Stockholm », qui creuse la tombe des pays d'Europe de l'Est.

Une autre fameuse affiche intitulée « Jojo la colombe » représentait Joseph Staline au coin d'une rue, brandissant un panneau « Paix » et une colombe en laisse, tenant dans l'autre main un fléau d'armes[1].

Plus constructives, d'autres affiches mettaient en avant l'idéal d'une Europe unie, forte et prospère. Elles visaient à défendre le projet d'une construction européenne qui se ferait contre le bolchevisme[1].

Notes et références

  1. Bernard Ludwig, « La paix et l'Europe dans la propagande anticommuniste du réseau Paix et Liberté », Matériaux pour l’histoire de notre temps, no 108, , p. 39-45 (DOI 10.3917/mate.108.0039, lire en ligne).
  2. Frédéric Charpier, La CIA en France : 60 ans d'ingérence dans les affaires françaises, Paris, Seuil, , 364 p. (ISBN 978-2-02-081881-0).

Annexes

Liens externes

Bibliographie

  • René Sommer, « Paix et Liberté : la Quatrième République contre le PC », L'Histoire, n° 40.
  • Torben Gülstorff: Warming Up a Cooling War: An Introductory Guide on the CIAS and Other Globally Operating Anti-communist Networks at the Beginning of the Cold War Decade of Détente (Cold War International History Project Working Paper Series #75), Washington 2015.
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