Jacqueline François
Jacqueline François est une chanteuse française, née Jacqueline Guillemautot le à Neuilly-sur-Seine et morte le à Courbevoie.
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Nom de naissance | Jacqueline Guillemautot |
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Naissance |
Neuilly-sur-Seine, France |
Décès |
Courbevoie, France |
Genre musical | Chanson française |
Années actives | 1945 - 1992 |
Labels | Sofradi, Polydor, Philips, Triumph (au Canada), Vega, Arion, Vox et Columbia aux USA |
Biographie
Issue d'une famille bourgeoise et conservatrice, elle reçoit une éducation stricte avec cours de piano. Aînée de cinq enfants, elle doit montrer l'exemple. La guerre survient lorsqu'elle n'est qu'une jeune fille, mais déjà le spectacle l'intéresse. Elle écoute beaucoup de disques, Léo Marjane et Jean Sablon sont ses idoles. Pendant les années sombres de l'occupation, elle fait de la figuration au cinéma. Elle chante aussi, mais uniquement dans le cadre familial. Ce n'est qu'après la Libération qu'elle décide de se lancer dans la chanson. Le climat de l'époque s'y prête, les Parisiens ont envie de se distraire après toutes les privations de la guerre. Si bien que Jacqueline, qui a choisi « François » comme nom de scène, ne connait guère le chômage. Les maisons de disques mettent pourtant du temps avant de s'intéresser à elle.
Charles Trenet a dit d'elle :
« La rencontre de Jacqueline François et du microphone est une date dans l'histoire du disque, ils étaient faits l'un pour l'autre comme deux amants qui se cherchaient et de cette rencontre, de ces amants, naissent les plus jolies phrases qui aient jamais caressé une chanson. »
C'est une des grandes interprètes de la chanson française, tant au disque qu'à la scène, une personnalité forte, passionnée[non neutre]. Beaucoup de pays à travers le monde, de la France à l'Amérique du Nord et à l'Amérique du Sud, en passant par la Russie et le Japon, ont applaudi Mademoiselle de Paris. Cette chanson, un de ses premiers succès, a été et reste sa signature musicale. Grande musicienne, Jacqueline François l'a enregistrée plusieurs fois avec, selon la mode, des arrangements différents.
Jacqueline François adorait le jazz, elle a enregistré avec Claude Bolling, Michel Legrand, Ivan Julien et a repris en français des standards américains comme Shiny Stockings, Lullaby Of Birdland, The Lady Is a Tramp, Too Close for Comfort. Elle a toujours apporté un soin extrême dans le choix et la qualité de ses accompagnateurs et des enregistrements des œuvres qu'elle interprète[1].
Ça n'était pas original
En 1945 elle se présente à une audition pour passer à la radio. Elle est retenue, et pour son premier passage est accompagnée par une grande formation. Cela ne lui pose pas de problème : elle bénéficie de l'« oreille absolue » et s'en sort plutôt bien. Dans l'orchestre, un guitariste, Louis Gasté, la remarque car elle a un phrasé remarquable. Il a sa propre maison d'édition et lui propose d'enregistrer deux titres : Gentleman et Ça n'était pas original, qui connaissent le succès. Jacqueline François donne alors dans le genre réaliste, comme c'était la mode à l'époque. Elle enregistre en 1947 deux 78 tours chez Sofrad, selon elle plutôt mauvais.
Printemps, C'est le printemps
Lors d'une tournée, elle fait la connaissance du chanteur Henri Decker, qui allait devenir son mari et le père de son unique enfant, François ; il lui fredonne sans cesse une mélodie, Printemps, que Jacqueline trouve plutôt jolie ; Henri Decker, lui présente l'auteur, Paul Durand.
Paul Durand avait composé Seule ce soir pour Léo Marjane durant la guerre ; il a un grand orchestre. Il est convaincu après la première audition, trouve un deuxième titre, C'est le printemps (reprise d'une chanson de Richard Rodgers et Oscar Hammerstein — It Might As Well Be Spring), convainc Jacques Canetti, et fait enregistrer ces deux chansons par la jeune femme chez Polydor. Après écoute du test, elle éclate en sanglots : elle n'est pas convaincue, elle est fichue ! Elle ne pleure pas longtemps : les ventes du disque décollent très vite et il remporte le « Grand prix du disque 1948 » ! Paul Durand avait vu juste : elle est crooneuse, chanteuse de charme. Très professionnelle (Jacques Canetti la considère comme la chanteuse « la plus organisée »), plutôt accorte, mais aussi très intuitive (elle n'a suivi aucun cours de chant et ne répète pratiquement pas ses chansons, les interprétant au « feeling »), elle ne néglige rien, elle est ponctuelle, et ne rechigne pas à la tâche. Comme Gasté l'avait pressenti, son phrasé est remarquable, sa voix est naturellement posée et très agréable. Le public l'adopte d'emblée et ses disques connaissent pratiquement tous le même succès. Elle sera une « locomotive » pour Polydor. En 2002, elle s'amusait en repensant à une audition où le directeur artistique lui avait dit « Mademoiselle, vous chantez très bien, mais votre voix n'est pas faite pour le disque ».
Mademoiselle de Paris
La jeune chanteuse bénéficie du soutien de sa maison de disques : on mise sur elle. Par ailleurs, ses tenues de scène très soignées et le grand orchestre de Paul Durand sont du meilleur effet sur le public, qui peut également la découvrir au cinéma dans quelques films, ou dans des films promotionnels où elle chante. En 1948, Henri Contet et Paul Durand lui écrivent une chanson à partir du contre-chant de Bal de nuit. C'est Mademoiselle de Paris. Le succès est mondial, et Jacqueline François est toute sa vie associée à ce titre.
Elle est appelée pour enregistrer à son tour Trois fois merci de Pierre Dorsey et Michel Elmer, créé par Renée Lebas. Le succès est énorme. Idem pour Tu n'peux pas t'figurer de Paul Misraki (à l'origine créé par Suzy Delair) ou plus tard Les Lavandières du Portugal, dont elle fait un « tube » et pour lequel un nouveau Grand Prix du Disque lui est décerné en 1955. Elle a aussi largement popularisé Les Feuilles mortes, avec Yves Montand, y compris dans la langue de Shakespeare.
En 1953, elle atteint un record historique, vendre un million de disques. Pour fêter cela, Paul Durand lui offre la salle Pleyel, accompagnée par 62 musiciens.
Consécration aux États-Unis
Jacques Canetti était à la recherche d'une voix anglo-saxonne, qu'il trouve avec Jacqueline François. En 1950, elle fait son premier voyage aux États-Unis. Mademoiselle de Paris, La Seine et Les Feuilles mortes ont été remarqués là-bas. Elle part chanter ces trois titres en direct sur ABC, accompagnée par Percy Faith. C'est le premier de ses nombreux voyages aux États-Unis. Trois disques 33 tours 25 cm Vox Records sont pressés là-bas dès 1950. Elle est également très populaire au Brésil, où ses disques l'ont précédée. Très vite la jeune femme a une carrière de dimension internationale. Aux États-Unis, le label Columbia édite plusieurs de ses albums, dont un en anglais (The Sweet Language Of Love en 1957)[2].
Répertoire
- Ce n'était pas original, 1945
- Gentleman, 1945
- C'est le printemps (It Might As Well Be Spring), 1947
- La Seine, 1948
- Mademoiselle de Paris, 1948
- Bal de nuit, 1948
- Boléro, 1948
- La Mer, 1948
- Ma douce vallée, 1948
- C'est merveilleux, 1948
- Panama, 1948
- Pour lui, 1948
- Printemps,, 1948
- Rengaines, 1948
- Musique à personne, 1948
- Nature Boy, 1948
- Si tu partais, 1948
- Si vous m'aimiez autant, 1948
- Doucement, 1948
- L'heure est venue, 1948
- Octobre, 1948
- Est-ce ma faute ?, 1949
- Ma rue et moi, 1949
- Les Feuilles mortes, 1949
- Maître Pierre, 1949
- Main dans la main, 1950
- Trois fois merci, 1950
- Tu n'peux pas t'figurer, 1950
- J'ai peur de l'automne, 1950 tiré du film Les Amants de Capri
- L'Air de Paris, 1950
- La Complainte des infidèles, 1951
- Perdue, 1951
- Le Manège aux souvenirs, 1953
- La Marie-Vison, 1954
- Lola ou La Légende du pays aux oiseaux, 1954
- Les Lavandières du Portugal, 1955
- L'âme des poètes, 1955
- On ne sait jamais, 1956
- Que sera, sera (Whatever Will Be, Will Be), 1956
- Moi, je dors près de la Seine, 1958
- Les Mains du vent, 1959
- Les Boutons dorés, 1962
- Les Comédiens, 1962
- Où vont les fleurs ? (adaptation de Where Have All the Flowers Gone? de Pete Seeger), 1962
- Le Chant des moissons, 1962
- Nossa samba (Notre samba), 1963
- Vous qui passez sans me voir, 1964
- L'Orange, 1964
- La Fille d'Ipanema (A Garota de Ipanema), 1964
- La valse des lilas, 1964
- J'aime Paris au mois de mai, 1970
- Viens à Paris, 1971
- Quand on est une femme, 1974
- Central park, 1984
- Jésus pardonne à nos péchés, 1961 (info CD Polygram Distr. 836 165-2, 1988)
- En avril à Paris, 1953 (Polydor 576.000 - 1re série)
Bibliographie
- Gianni Lucini, Luci, lucciole e canzoni sotto il cielo di Parigi - Storie di chanteuses nella Francia del primo Novecento), Novara, Segni e Parole, 2014, 160 p. (ISBN 978-88-908494-4-2)
Notes et références
- Daniel Ringold, extrait du livret du CD Solitaires 1999. Disques Yvon Chataigner 141522
- Jérôme Collet, extrait des livrets Jacqueline François chante ses grands succès vol 1 (MCF 0012) et vol 2 (MCF 0017)
Liens externes
- Place Jacqueline-François dans le 17e arrondissement de Paris.
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