Izis

Izis, de son vrai nom Israëlis Bidermanas, né à Mariampol (aujourd'hui Marijampolė) dans le gouvernement de Suwałki, partie de l'Empire russe (aujourd'hui en Lituanie) le , mort à Paris le , est un photographe et photojournaliste français d'origine lituanienne.

Il fut, aux côtés d'Édouard Boubat, de Robert Doisneau, de Willy Ronis et de Sabine Weiss, l'un des principaux représentants du courant de la photographie humaniste parisienne française.

Biographie

À sa naissance, dans la Lituanie sous domination russe, il est déclaré sous le nom d'« Izraël Biderman », transformé en « Israëlis Bidermanas » à la suite de l'indépendance en 1918. Il suit l'enseignement de l'école hébraïque où il est surnommé « le rêveur »[1].

Émigré à Paris en 1930, dans le but de fuir les persécutions antisémites et avec le désir de devenir peintre. Il travaille comme clandestin dans des laboratoires photographiques jusqu'à ce qu'il soit recruté par le studio Arnal spécialisé dans les portraits d'acteurs de théâtre[2].

À partir de 1933, il est responsable du studio de photographie traditionnelle, dans le 13e arrondissement. en 1934 il épouse Anna, la fille de son employeur. Son travail, en particulier ses photos de bébés et enfants, lui vaut un certain succès. Mais, lors de la guerre le studio, classé commerce juif, est confié à un autre gérant. Il se réfugie, avec sa femme et son fils, à Ambazac dans le Limousin en 1941[3] où il travaille pour des photographes locaux. Arrêté et torturé par les Nazis, puis libéré par la Résistance, il entre dans le maquis et photographie ses compagnons de lutte, parmi lesquels le colonel Georges Guingouin. Robert Giraud, poète résistant et journaliste est avec René Rougerie l'un des premiers à parler d'Izis dans l'hebdomadaire « Unir », issu de la Résistance.

Revenu à Paris après la guerre, il se lie d'amitié avec Jacques Prévert[4] qui l'a décrit comme un « colporteur d'images » et rencontre d'autres artistes ou hommes de lettres : Brassaï, Aragon, Vercors. Il travaille comme pigiste pour Regards, hebdomadaire du Parti communiste.

En 1947 il acquiert la nationalité française. En 1949 il entre à Paris-Match qui vient d'être créé. Devenu reporter dès son premier numéro[3], il y publie de nombreuses reportages, de Grace Kelly aux mineurs de Montceau-les-Mines, de Roland Petit à la Casbah d'Alger, ainsi que Jean Cocteau, Colette, Gina Lollobrigida, Édith Piaf, Orson Welles ou Arman… Il y fera plusieurs reportages : en Israël, en Angleterre, au Portugal et en Algérie… À l'occasion d'un reprotage il rencontre Marc Chagall avec qui se nouent des liens d'amitié.

Son premier livre, Paris des rêves, édité par la Guilde du Livre, sort en 1950. Sur l'incitation de Willy Ronis il achète une maison à Gordes où il se rend régulièrement.

Ses liens avec Marc Chagall lui permettent d'être, en 1963-1964[3], le seul photographe autorisé, avec Hélène Jeanbrau, photographe officiel habilitée par le Ministère des Arts et des lettres, à suivre l'exécution du nouveau plafond de l'Opéra Garnier réalisée notamment dans les Ateliers des Gobelins et Meudon . En 1968 Chagall et Izis réalisent ensemble un livre d'art : Le monde de Chagall.

Il meurt dans le 13e arrondissement de Paris le [5] et est inhumé au cimetière parisien de Bagneux.

Expositions

Les photographies d'Izis ont fait l'objet d'expositions dans l'après-guerre : par exemple, l'exposition Five French photographers du Museum of Modern Art (Musée d'Art moderne) de New-York en 1951[3].

Après une longue traversée du désert, son œuvre revient au premier plan dans les années 2000 : en 2007, une exposition « Izis, à travers les archives photographiques de Paris Match (1949-1969) » s'est tenue à la Maison de la photographie Robert Doisneau, à Gentilly. Cette exposition est reprise en 2012 à Angers, conjointement à la Galerie 5 et à la Galerie Dityvon.

En 2007, une autre exposition, « Izis, photographe de l'instant », a été présentée à Limoges, puis en Lituanie.

Une exposition « Izis » a eu lieu de janvier à à l'Hôtel de ville de Paris. Elle est ensuite présentée à Berlin.

Livres et catalogues d'exposition

  • Paris des rêves, Lausanne, Éditions Clairfontaine ; Paris, Éditions Mermoud, 1950. Réédition : 2009, Flammarion.
  • Grand Bal du printemps, Lausanne, Éditions Clairfontaine, 1951 (textes de Jacques Prévert). Réédition : Paris, Le Cherche midi, 2008. (ISBN 9782749111346)
  • Charmes de Londres, Lausanne, Éditions Clairfontaine, 1952. Réédition : Éditions de Monza, 1999. Textes de Jacques Prévert.
  • Gala Day London, Harvill Press, 1953. Texte de John Betjeman.
  • The Queen's People, [London], Harvill Press, [1953]. Texte de John Pudney.
  • Paradis terrestre, Lausanne, Éditions Clairfontaine, 1953. Texte de Colette.
  • Izis, Chicago, Art Institute of Chicago, 1955.
  • Israël, Lausanne, Éditions Clairfontaine, 1955. Préface d’André Malraux, Jaquette de Marc Chagall.
  • Israel, New York, Orion Press, 1958.
  • Le Cirque d'Izis, Monte Carlo, André Sauret, 1965. Texte de Jacques Prévert. Illustré de 4 compositions originales couleurs de Marc Chagall.
  • The World of Marc Chagall, London, Aldus, 1968 (ISBN 0490001009). Garden City, N.Y., Doubleday, 1968.
  • Le Monde de Chagall, Paris, Gallimard, 1969.
  • Izis (Israel Biderman), octobre-, [Tel Aviv], Musée de Tel-Aviv, 1972.
  • Paris des poètes, Paris, Nathan, 1977.
  • Izis, Toulouse, Galerie municipale du Château d'eau, 1978.
  • Rétrospective Izis : -, Hôtel de Sully, Paris, Caisse nationale des monuments historiques et des sites, 1988 (ISBN 2858220794)
  • Izis, photographies, Paris, Éditions du Désastre, 1988 (ISBN 2877700003)
  • Les Amoureux du temps retrouvé, Treville, 1989.
  • Les Enfants du temps perdu, Treville, 1989.
  • Izis : photos 1944-1980, Paris, Éditions de la Martinière, 1993 (ISBN 2732420166)
  • Izis, Captive Dreams: Photographs 1944–1980, Londres, Thames & Hudson, 1993 (ISBN 0-500-54185-X)
  • Izis, Paris des rêves Catalogue de l'exposition à l'Hôtel de Ville de Paris, janvier-, publié par Flammarion, et l'exposition en ligne sur Paris.fr avec images hautes définitions et vidéos][6],[7].
  • Izis 100 photos pour la liberté de la presse, Paris : Reporters sans frontières, 2011, (ISBN 978-2-362200-00-7)

Films sur Izis

  • Izis, réalisation Annie Anzie dans la série La Chambre noire d’Albert Plécy et Michel Tournier, ORTF, 1965, 28 min
  • Izis ou le Regard habité, Marc Wilmart et Yves Kovacs, ORTF Limoges, 1975, 30 min 53 s

Éléments personnels

  • Izis est inhumé au cimetière parisien de Bagneux (division 55)[8].
  • Son fils, Manuel Bidermanas, est un photographe reconnu qui travaille pour L'Express, Le Point et de nombreuses agences de presse.
  • Il a une fille d'un second mariage, Lise Bidermanas, née en 1948, décédée des suites d'un cancer en 1993. Après des études d'histoire de l'art, elle et devenue orthophoniste. Mariée à un psychanalyste.

Notes et références

  1. Le Figaro du 23 janvier 2010 : Paris révèle Izis, un photographe oublié
  2. Gérard Lebouchet, Gordes. Le temps des artistes, C'est-à-dire Editions, , 396 p., p. 200-205
  3. Vanessa Monteil, « À Ambazac, Izis ne se cache plus... », Le Populaire du Centre, 14 mars 2011, p. 3
  4. Grand bal du printemps ! Quand Prévert et Izis réveillent Paris
  5. Archives en ligne de Paris, 13e arrondissement de Paris, année 1980, acte de décès no 1296, cote 13D 497, vue 1/31
  6. Izis et onirisme
  7. Article sur IZIS, Paris des rêves à l'Hôtel de Ville de Paris, Artistik Rezo, Julien Brossard, 2 février 2010.
  8. Collectif Sarka-SPIP, « BAGNEUX (92) : cimetière parisien 3/5 : divisions 31 à 60 - Cimetières de France et d'ailleurs », sur www.landrucimetieres.fr (consulté le )

Liens externes

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