Irène Frain

Irène Frain, née Irène Le Pohon, le à Lorient (Morbihan), est une femme de lettres française, romancière et journaliste. Elle est membre fondatrice du Women's Forum for the Economy and Society.

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Biographie

Née dans une famille encore très proche du milieu rural et de son dénuement, Irène Frain s’est d’abord signalée par un ouvrage historique sur l’âge d’or de la Bretagne maritime, Quand les Bretons peuplaient les mers (1979).

Après avoir étudié au lycée Dupuy-de-Lôme (Lorient)[1], elle obtient l'agrégation de lettres classiques en 1972[réf. souhaitée]. De 1972 à 1978 elle enseigne les lettres classiques successivement aux lycées de Lagny-sur-Marne, de Champigny-sur-Marne et enfin Jacques Decour à Paris. De 1975 à 1981 elle enseigne le latin et la littérature latine à l'université Sorbonne-Nouvelle à Paris[2].

Elle consacre son premier roman à René Madec, petit mousse breton devenu nabab en Inde. Cette fresque épique de l’Inde du XVIIIe siècle, Le Nabab (1982) connaît un succès foudroyant et les romans suivants consacrent le talent d’Irène Frain : sens aigu de l’intrigue, écriture tantôt sèche tantôt flamboyante, don de faire vivre le lecteur en empathie avec ses personnages, humour certain, imagination foisonnante.

De roman en roman — Modern Style (1984), Désirs (1986), Secret de famille (1989), Histoire de Lou (1990), Devi (1992), L'Homme fatal (1995), Les Hommes, etc. (2003), Au royaume des femmes (2007), Les Naufragés de l’île Tromelin (2009) —, l’intérêt des lecteurs pour ses écrits et l’originalité de sa personne ne se sont jamais démentis.

On note dans l’œuvre d’Irène Frain deux courants profonds : une passion pour les enjeux inhérents à la condition féminine et une prédilection affirmée pour l’Orient — les deux se recoupant souvent. Son ouvrage, Beauvoir in love (2012) fondé sur une enquête aux États-Unis et à l’Université de Columbus, dans l'Ohio, a éclairé un pan mal connu de la passion du « Castor » pour l’écrivain américain Nelson Algren. Elle a ainsi pu mettre en scène des épisodes inconnus du parcours de Simone de Beauvoir et éclairer des traits de sa psychologie jusqu’ici ignorés, retouchant ainsi le portrait souvent biaisé, voire négatif que Beauvoir fit de son amant américain après leur rupture. Elle y souligne aussi le rôle d’Algren dans la genèse du Deuxième Sexe. Grande voyageuse, la romancière attribue son goût de l’Asie à sa naissance à Lorient, ancien port de la Compagnie des Indes, autrefois orthographié L’Orient.

Plusieurs de ses récits de voyage illustrent cette prédilection : Quai des Indes (1992) relatant son enquête sur la célèbre femme-bandit indienne Phoolan Devi, La Vallée des hommes perdus (1995), en collaboration avec le dessinateur de BD André Juillard, Pour que refleurisse le monde (2002) avec Jetsun Pema, sœur du 14e dalaï-lama, et, après son voyage en Chine et au Tibet sur les traces du célèbre explorateur américain Joseph Rock, Au royaume des femmes (2006) et À la recherche du royaume (2007) avec des photos de François Frain.

Sa passion de l’enquête peut aussi se manifester dans La Guirlande de Julie (1991) sur la naissance du langage des fleurs et de la civilité amoureuse en France, L’Inimitable (1998) biographie historique de Cléopâtre, Gandhi, la liberté en marche (2007) ou La Forêt des 29 (2011), qui relate le parcours de Jamboji, fondateur de la communauté des Bishnoïs.

Admiratrice de Julien Gracq, Irène Frain lui a consacré en 2001 un court essai : Julien Gracq et la Bretagne.

On note aussi son intérêt pour l’art de vivre : Le Bonheur de faire l’amour dans sa cuisine et vice-versa (2004) et, dès le début de son parcours, un goût affirmé pour les contes : Contes du Cheval bleu les jours de grand vent (1980), republié et réaménagé sous le titre Le Navire de l'homme triste et autres contes marins (2010), La Fée chocolat (1995), Le Roi des chats (1996).

Irène Frain a relaté une partie de son enfance bretonne dans La Côte d’amour (2001) avec des photos de Christian Renaut et dans La Maison de la source (2000). Dans Un crime sans importance (2020), elle aborde le meurtre de sa sœur aînée Denise assassinée le 8 septembre 2018 dans son pavillon de banlieue dans l'Essonne.

Dans La Forêt des 29 (2011), elle met en scène sous forme de docufiction l'itinéraire de Jamboji, fondateur au XVe siècle de la communauté Bishnoï en Inde. Elle y relate également le massacre-immolation qui eut lieu en 1730 à Khejarli, près de Jodhpur. 363 hommes, femmes et enfants y donnèrent leur vie pour protéger les arbres d'une forêt appartenant à la paysanne Bishnoï Amrita Devi.

Elle collabore régulièrement à l'hebdomadaire Le 1 sous la direction d'Éric Fottorino, qui a publié ses articles dans plusieurs recueils (Il me fallait de l'aventure, Éditions de l'Aube, 2018 et Les nouveaux combats des femmes, Éditions de l'Aube, 2018).

Elle est membre du comité d’honneur de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité[3].

Irène Frain participe régulièrement à des actions favorables à la cause tibétaine[4]. Elle est ambassadrice de l’association Aide à l'enfance tibétaine[5] et de La Voix de l'enfant.

En 2018, elle est nommée membre du conseil de l'ordre national du Mérite.

Œuvres

Décorations

Références

Liens externes

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