Ibis (Ovide)

L’Ibis, ou Contre Ibis, est un libelle du poète latin Ovide, écrit durant ses années d’exil à Tomis sur les bords de la mer Noire. C’est « un flot continu d'insultes graves mais érudites[3] », dans la veine du poème de même titre de l’auteur alexandrin Callimaque.

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Contre Ibis

« La Mort elle-même armera mes mânes contre tes mânes[2]. » ; Johann Heinrich Schönfeld, Les Scythes au tombeau d'Ovide, vers 1640

Auteur Ovide
Pays empire romain
Genre élégie
Version originale
Langue latin
Titre Ibis
Date de parution entre 9 et 12
Version française
Traducteur Jacques André
Éditeur Les Belles Lettres
Collection des universités de France
Lieu de parution Paris
Date de parution 1963

Sujet du poème

« L’Ibis d’Ovide, pièce artificielle et de circonstance, n'est guère agréable à lire ; mais elle reste intéressante en ce qu'entre autres, elle montre la propension de l'écrivain à évoluer sur plusieurs plans de réalité à la fois. Le poème exprime trois façons différentes de réagir à un même outrage ; le premier est ce qu'on pourrait appeler le mode réaliste, le second le mode romantique, et le troisième le mode grotesque. »

 Hermann Fränkel, Ovid: A Poet between Two Worlds[4]

La victime de cette agression verbale reste une énigme : le poète n'y fait référence que sous le pseudonyme d'« Ibis », et il n'y a pas d'unanimité quant à la cible contre laquelle le poète a craché son fiel. Ce pourrait être Titus Labienus, Caninius Rebilus, ou même l'ami de jeunesse d'Ovide, Sabinus, mais le portrait extravagant d'Ibis paraît composite[5].

Puisant dans le savoir encyclopédique dont il avait fait montre dans les Métamorphoses et ses autres œuvres, Ovide menace son ennemi de « toutes sortes de destins cruels et d'ailleurs incompatibles[6] » qui ont accablé divers personnages mythologiques et historiques. Il déclare que même s'il doit mourir en exil, son fantôme se lèvera pour déchirer les chairs d’Ibis[7].

Composition et style

Ce poème de 644 vers, comme toutes les œuvres d'Ovide parvenues jusqu'à nous, à l'exception des Métamorphoses[8], est écrit en distiques élégiaques. C'est là un exemple inhabituel, quoique non isolé dans la poésie de l'Antiquité, d’emploi du vers élégiaque dans le blâme et l'invective (plutôt que le sénaire iambique ou l’hendécasyllabe)[9]. Le caractère incantatoire des malédictions de l’Ibis a parfois été rapproché du style qu'on trouve dans les tablettes de défixion , bien que les expressions d'Ovide soient d'une toute autre tenue littéraire[10].

Postérité

L’Ibis a suscité un grand nombre de gloses, et il était très diffusé et cité parmi les lettrés de la Renaissance[11]. Dans sa traduction annotée (1577), Thomas Underdown voit dans l’Ibis un répertoire de « toutes les perversions châtiées, de toutes les insultes réparées, de tous les méfaits vengés[12] ». Un traducteur anglais a remarqué que « l'annotation de toutes les allusions contenues dans ce court poème ferait un petit livre[13]. »

Notes et références

  1. vers 140
  2. vers 140
  3. D’après Oliver Taplin, Literature in the Greek and Roman Worlds: A New Perspective, Oxford University Press, , p. 437
  4. Hermann Fränkel, Ovid: A Poet between Two Worlds (University of California Press, 1956), p. 152.
  5. D’après Martin Helzle et Peter E. Knox (dir.), Ibis, A Companion to Ovid', Blackwell, , p. 185
  6. D’après E.J. Kenney, Latin Literature, Cambridge University Press, (réimpr. 1996), p. 454.
  7. John Kerrigan, Revenge Tragedy: Aeschylus to Armageddon (Oxford University Press, 1996), p. 129
  8. Les Métamorphoses sont écrites en hexamètre dactylique ; cependant, la première partie d'un distique élégiaque est un hexamètre dactylique, si bien que les Métamorphoses ne sont pas vraiment une exception au plan de la métrique dans l’œuvre d'Ovide, du moins telle que nous la connaissons ; car sa tragédie perdue intitulée Médée utilisait sans doute un autre mètre.
  9. Helzle, "Ibis," p. 184.
  10. D’après Gareth D. Williams, On Ovid's Ibis: A Poem in Context, Oxford University Press, coll. « Oxford Readings in Ovid », , p. 447, note 12
  11. Cf. R. Ellis, « On the Ibis of Ovid », Journal of Philology, no 7, , p. 244–255.
  12. Kerrigan, Revenge Tragedy, p. 131. Texte original : all manner of vices punished, all offences corrected, and all misdeedes reuenged...
  13. D'après Henry T. Riley, The Fasti, Tristia, Pontic Epistles, Ibis, and Halieuticon of Ovid, Literally Translated into English Prose, Londres, , « The Invective Against the Ibis », p. 475 et suiv..

Bibliographie

Éditions

L’editio princeps des œuvres complètes d'Ovide, y compris l’Ibis, a été publiée en Italie en 1471.

Études

  • Ettore Paratore, Storia della letteratura latina, Florence, éd. Sansoni, , p. 765, 770-771, 861, 860-861, 959-960.
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