Histoire de l'éducation des filles en France

L’éducation se définit comme les valeurs transmises par les parents. C’est notre culture mais aussi l’apprentissage pour vivre en communauté. Le mot éducation vient du verbe latin e-ducere, qui signifie « tirer de » « extraire de » « faire sortir de » « conduire hors de ». Plus généralement, l’éducation est le phénomène d’amener un individu à son plein développement et à son accomplissement. Cette action est transmise d’une génération à l’autre afin de permettre l’intégration de cet individu dans la société.[réf. nécessaire]

Antiquité

Dans l’Antiquité, les filles et les garçons recevaient la même éducation jusqu’à l’âge d’environ 12 ans ; à l'époque les filles faisaient des études plus courtes que les garçons. Le père décide du moyen d’éducation de sa fille : soit elle va à l’école et apprend avec le maître (magister), soit elle reçoit un enseignement à la maison par un précepteur (praeceptor).

De 3 à 6 ans, les enfants subissent une sorte d’entraînement physique, morale et esthétique. Cette éducation sera surveillée par les parents ou des tuteurs. Il faut apprendre à danser et chanter des œuvres de poèmes. Pour Platon, cette éducation de base exerce une influence sur le reste de la vie.

De 6 à 10 ans, les enfants sont séparés (filles/garçons) mais l’éducation reste la même pour les deux. Les garçons : apprennent à se tenir à cheval, à tirer à l’arc, à se servir du javelot. Les filles : Si les filles refusent l’entraînement, on leur apprendra au moins la théorie.

De 10 à 13 ans, les enfants apprennent la lecture et l’écriture.

À partir de 12-13 ans, les filles arrêtent l’école et restent dans la maison familiale pour apprendre avec leur mère à cuisiner, à s’occuper de la maison et à devenir de futures mères de famille. Les garçons, eux, apprenaient à l’extérieur à combattre et protéger la ville pour devenir des guerriers.

[réf. nécessaire]

Moyen Âge

Geoffroi de La Tour Landry enseignant à ses filles, enluminure d'un manuscrit du Livre pour l'enseignement de ses filles, un traité didactique du XIVe siècle écrit à l'intention des jeunes filles nobles.

Dans l'Europe médiévale occidentale, les principes de vertu, de piété et de bienséance que l'on tentait d'inculquer aux filles se retrouvent, entre autres, dans le Livre pour l'enseignement de ses filles de Geoffroi de La Tour Landry, un traité didactique écrit par un noble français pour ses filles dans le dernier tiers du XIVe siècle. Les filles sont principalement destinées au mariage et à la maternité.

Le Moyen Âge est dominé par une vision théocentrique. Cette période a été influencée par le christianisme et la doctrine s’inspirait directement du droit divin. Ainsi, les filles suivent une éducation surtout religieuse. Les curés, les moines et tout autre membre du clergé sont considérés comme des instructeurs. Toutes les pratiques, les manières de penser, de se comporter et d’agir se reportent à Dieu.

À cette époque, les filles ont un accès différent à l'éducation selon leur milieu social. Dans les campagnes, les filles de paysans restent travailler à la ferme pour aider leurs parents. Elles sont moins exposées au danger du fait qu’elles exercent leurs tâches domestiques et agricoles autour du domicile, dans le poulailler, dans le jardin ou encore la cuisine. Parfois, elles vont travailler dans les champs. Les filles sont éduquées auprès de leur mère qui leur apprend la couture, les prières principales et la broderie.

Les filles de milieu bourgeois apprennent avec leurs parents ou partent dans des couvents.

Enfin, les filles de classe noble suivent une éducation en monastère, ou par un tuteur directement au château. Elles apprennent à lire et à écrire mais également des notions médicales et musicales (par le chant et les instruments). Toutes doivent savoir lire et écrire et connaître leurs prières. De plus, elles apprennent à devenir des épouses modèles.

L’école est ouverte à l’ensemble des milieux sociaux mais favorise l’éducation des petits garçons. Entre les XIIIe et XIVe, elles ont le droit de fréquenter les cours des petites écoles tenues par des maîtresses.

Renaissance

À la Renaissance, l’école était avant tout un instrument d’éducation religieuse, elle devait être mise en œuvre pour éviter l’ignorance de la société.

Une éducation avant tout religieuse

Au XVIe siècle, l'éducation des filles se borne avant tout à un point de vue religieux. La religion est très importante dans l’éducation et même les autres apprentissages sont en lien avec elle, par exemple la lecture est enseignée pour pouvoir lire la Bible. On apprend aux filles les travaux domestiques et le catéchisme pour qu'elles puissent ensuite élever leurs enfants chrétiennement. La religion passe par la femme et se transmet de mère en fille. Très peu de femmes sortent de cette éducation religieuse. Celle-ci montre la place encore très importante de l'Église, mais aussi le rôle de la femme, qui est uniquement vue comme mère et épouse.

La diversification sociale de l’instruction des filles

À cette période, l’instruction des filles est différente selon leur statut social. En effet, si elles appartiennent à une bonne famille, elles peuvent entrer dans des établissements payants où sont enseignés : la religion et la piété catholique, la lecture, l’écriture et un apprentissage aux ouvrages intellectuels.

Si elles appartiennent à une famille plus modeste, elles entrent dans des écoles externes gratuites, elles sont formées à la lecture et l’écriture, à la foi, et à gagner leur vie.

La diversification des scolarisations masculines et féminines

À la Renaissance, on observe des différences entre le cursus des filles et celui des garçons. La principale cause est la durée de scolarisation. Celle-ci est en effet beaucoup plus courte pour les filles ce qui induit des différences dans les apprentissages et les capacités acquises. Par exemple, pour les filles, la scolarisation en pensionnat pouvait durer deux à quatre ans, alors que pour les garçons cette scolarisation durait trois à huit ans.

Le parcours scolaire des filles était, par conséquent, rapide, compliqué, décalé et saccadé. En effet, elles devaient aussi faire leur baptême, communions et autres actes de la religion chrétienne qui les obligeait parfois à s'absenter du pensionnat. Les garçons, eux, avaient un parcours scolaire long, complet, suivi et ordonné.

Dans la pratique : couvents et écoles élémentaires

Il y a deux lieux précis où a lieu l'éducation des filles :

  • les couvents : c'est la forme d'éducation la plus répandue dans la noblesse. Les filles y apprennent le catéchisme, la lecture et l'écriture. Quelques couvents rares, comme les moniales de Tarascon, permettent l'apprentissage du latin. Les filles décident ensuite elles-mêmes de rester au couvent ou de se marier. La qualité de cet enseignement monastique féminin est réelle et ne cesse de croître au cours du XVIe puis du XVIIe siècle ;
  • les écoles élémentaires : des écoles mixtes sont très courantes dans le nord de la France. Elles concernent des filles de la noblesse pauvre et de la petite bourgeoisie des campagnes. Mais elles ont été condamnées par l'Église comme par le courant humaniste du fait de leur mixité, et leur nombre ne fait que diminuer au cours du XVIIe siècle.

Il existe également : des écoles paroissiales, des petites écoles externes (souvent gratuites), des maisons d’éducation et des pensionnats.

On connaît en outre quelques rares cas d'autodidactes : Marguerite de Navarre, sœur de François Ier, comprenait le latin et parlait plusieurs langues. Elle représente l'idéal de la culture féminine de la Renaissance. Elle entretient une petite cour d'artistes et d'intellectuels renommés. Il en est de même pour Marguerite de Valois, qui parlait couramment le latin.

La pensée humaniste

En 1523, Jean Louis Vivès écrit De l'institution de la femme chrétienne. Cette œuvre est beaucoup lue dans les milieux humanistes européens. La nécessité est alors reconnue d'éduquer les filles, mais la question reste entière : que leur apprendre ? La première vertu pour Vivès est la pudicité, qui correspond à la vision d'une femme réservée. Mais il demande aussi une certaine culture, pour former la future épouse et la future mère. Celle-ci doit pouvoir :

  • se rendre agréable à son mari par ses charmes et sa conversation ;
  • l'aider dans le gouvernement des affaires domestiques ;
  • savoir élever chrétiennement ses enfants.

Vivès préconise donc un enseignement de la lecture et de l'écriture, mais ne néglige pas les travaux domestiques : tenir l'aiguille et faire la cuisine, même pour les princesses. Mais il distingue quand même les travaux aristocratiques (broderie, dentelle) des travaux plus populaires (filer, coudre). Il recommande aussi la séparation des filles et des garçons. Enfin, dans le débat théorique qui consiste à savoir si les femmes doivent apprendre le latin, Vivès est assez réservé. Il préconise l'étude des lettres pour les filles nobles qui s'y montrent aptes.

XVIIe et XVIIIe siècles

Dans son Traité de l'éducation des filles (qui ne fut publié qu’en 1687), Fénelon (1651-1715), combat les idées exprimées sur l’éducation féminine au cours du XVIIe siècle, il les contredit en disant qu’il ne suffit pas pour la femme de savoir diriger son ménage et obéir à son mari sans réfléchir, que l’éducation des filles est aussi nécessaire et importante pour le bien public que celle des garçons et se doit également d'être réglée. Il affirme en résumé que les femmes bien élevées contribueraient au bien, qu'elles sont aussi responsables de la valeur de l’éducation des hommes car c’est la mère qui influence les mœurs, les vertus, le mode de vie d’un garçon, ainsi que les femmes qui l’accompagneront plus tard dans sa vie d'homme.

En 1684, Madame de Maintenon crée la Maison royale de Saint-Louis.

En 1691, La Congrégation des Sœurs de Saint-Thomas de Villeneuve ouvre un pensionnat et une école à Saint-Germain-en-Laye[1].

En 1786-1788, Pauline Pinczon du Sel fonde un pensionnat à Lambesc.

Première moitié du XIXe siècle

Madeleine-Sophie Barat et les sœurs du Sacré-Cœur créent un pensionnat de jeunes filles à Amiens en 1801 puis à Grenoble en 1805, puis dans de nombreuses villes de France.

Le , Napoléon Ier crée par décret les maisons d'éducation de la Légion d'honneur.

En 1807-1812, Marie-Thérèse-Félicité Binart, chanoinesse de la congréation de Notre-Dame fonde à Paris un pensionnat qui sera connu sous le nom de couvent des Oiseaux[2].

En 1820, David Lévi Alvarès inaugura à Paris les Cours d'éducation maternelle qu'il dirigea jusqu'en 1868. Son fils Théodore devait lui succéder de 1868 à 1891. Ces cours s'adressaient aux fillettes et aux jeunes filles de 7 à 20 ans.

L’historien et homme politique, François Guizot légalise en 1823 les écoles privées et oblige toute commune de plus de 500 habitants à avoir une école publique de garçons.

Le , l'ordonnance Pelet incite chaque commune à avoir au moins une école primaire pour filles. La loi Falloux (1850), à l’initiative du comte Frédéric Alfred Pierre de Falloux, instaure la liberté de l’enseignement secondaire entre le privé et le public. Celui-ci revient également sur les lois parues auparavant (Loi Guizot et Loi Pelet) en imposant aux communes de plus de 800 habitants d'ouvrir une école de filles.

Second Empire

Le Second Empire est le théâtre de plusieurs avancées dans le domaine de l'éducation des femmes. Sous la IIe République, la loi Falloux avait fixé en l'objectif d'une école primaire pour filles dans chaque commune de plus de 800 habitants[3]. La loi Duruy de 1867 aligne ce seuil sur les standards masculins en le fixant à 500[4].

Le programme obligatoire comprend, l'apprentissage de la lecture, de l'écriture, des rudiments du calcul, une éducation morale et religieuse et pour les filles, les « travaux d'aiguille ». Deux tiers des filles sont scolarisées[5],[6].

Les programmes restent définis en fonction des rôles sociaux assignés aux femmes (y figurent les travaux ménagers et la puériculture) ; les couvents et congrégations prennent majoritairement en charge l’éducation des jeunes filles. La mobilisation pour l’éducation des femmes trouve appui dans l’opposition libérale au régime, notamment dans les milieux saint-simoniens.

Julie-Victoire Daubié sollicite avec le soutien de François Barthélemy Arlès-Dufour, un influent capitaine d’industrie saint-simonien, l’autorisation de se présenter à l’épreuve du baccalauréat qu’elle obtient à Lyon le à l’âge de 37 ans. Madeleine Brès doit quant à elle son inscription en faculté de médecine à sa pugnacité et à l’intervention de l’impératrice Eugénie et du ministre de l'instruction publique Victor Duruy. Ces pionnières restent toutefois encore isolées : la deuxième bachelière française, Emma Chenu, obtient son diplôme en 1863, deux ans après Daubié[7]. L’amélioration de l’enseignement des femmes reste un leitmotiv des féministes françaises : en 1866, André Léo crée ainsi une association dédiée spécifiquement à cette question[8].

La première école professionnelle pour jeunes filles, une école de couture créée par Élisa Lemonnier, ouvre le .

Le , la Loi Duruy réorganise le programme de l'enseignement primaire féminin qui devient national.

En 1868, Emma Chenu devient la première à obtenir une licence en France, elle est licenciée en sciences.

Les féministes de l'époque sont d'accord sur la nécessaire éducation des filles. En 1862, Élisa Lemonnier crée la Société pour l'enseignement professionnel des femmes et ouvre plusieurs écoles professionnelles (commerce, couture, arts industriels de luxe, musique) pour les jeunes filles, par exemple au 23 rue de Turenne (on en compte cinq en 1870 ; elles sont payantes donc peu accessibles aux couches populaires). D'autres écoles, plus petites, sont ouvertes par des femmes républicaines[9].

Le Siège de Paris

Quelques mois avant la déclaration de la Guerre franco-allemande de 1870, Jules Ferry alors député républicain déclarait lors d'une conférence :

« Réclamer l'égalité d'éducation pour toutes les classes, ce n'est faire que la moitié de l'œuvre, que la moitié du nécessaire, que la moitié de ce qui est dû ; cette égalité, je la réclame, je la revendique pour les deux sexes… La difficulté, l'obstacle ici n'est pas dans la dépense, il est dans les mœurs[10]. »

En 1870 pendant le siège de Paris ; les maires de Paris, Étienne Arago puis Jules Ferry réunissent une commission mixte de l'enseignement. Cette commission examine entre autres les questions de gratuité, et les réformes à apporter à l’enseignement primaire et secondaire des filles et des garçons. À cette commission siègent les deux premières femmes bachelières de France, Julie-Victoire Daubié et Emma Chenu[11]. Les travaux de cette commission ont été publiés sous le titre : Rapport présenté au nom de la commission des dames: suivi d'un appendice par Fanny Ch. Delon[12] en 1871.

Commune de Paris

Au moment de la Commune, il n'y a pas de réel problème de scolarisation à Paris, la plupart des garçons et des filles de 7 à 13 ans allant à l'école (même si les progrès d'éducation sont plus notables dans la capitale qu'en province, où l'éducation des filles est encore très cléricale). Pour les Communards, le souci réside davantage dans la nécessité de laïciser l'éducation : deux tiers des filles scolarisées le sont dans des écoles publiques appartenant aux congréganistes, le reste étant dans des écoles dites « libres », le plus souvent laïques, où les professeurs ne prêtent pas un serment d'obéissance à l'Empire. Édouard Vaillant, le délégué à l'Instruction publique, s'attache alors à laïciser les institutrices républicaines au travers d'une commission où siègent notamment André Léo et Anna Jaclard, même si les résultats diffèrent selon les arrondissements. Jules Allix ouvre une « école nouvelle » de filles au 14 rue de la Bienfaisance. Le est créée la Société de l'Éducation nouvelle (comptant plusieurs femmes) qui propose à la Commune une refonte générale des programmes et de nouvelles méthodes pédagogiques. Le , cette organisation et le Comité des femmes de la Commune sociale de Paris participent à une réunion pour « une communication sur prévoyance sociale et éducation ». On compte aussi la Société des amis de l'enseignement, animée par Maria Verdure, laquelle souhaite créer un enseignement professionnel gratuit qui prépare à la vie active. Au 38 rue de Turenne ouvre un « atelier école » pour filles, ouvrières et intellectuelle, poursuivant les initiatives d'Élisa Lemonnier dans les années 1860. Rue Dupuytren rouvre gratuitement (survivance des écoles payantes ouvertes par Élisa Lemonnier de la fin du Second Empire) une école de dessin pour filles le , établissement qu'avait par le passé dirigé Rosa Bonheur[9].

Troisième République

Enseignement primaire

Sous l’impulsion de Jules Ferry, les lois scolaires de 1881-1882 et le Décret de 1924 institue également pour les filles, le même enseignement secondaire que les garçons. Elles transforment l’école publique, en instituant au niveau élémentaire la gratuité, l’obligation de 6 à 13 ans et la laïcité, sans établir de différence entre les filles et les garçons[13]. Ces mesures législatives ont pour effet d’inculquer les bases du calcul, de l’écriture, de la lecture à l’ensemble des filles. On estime ainsi qu’à Paris le tiers des ouvrières des années 1920 n’est pas scolarisé jusqu’à la limite imposée de 13 ans[13]. La mixité est prohibée même si la loi Goblet du , motivée avant tout par des impératifs économiques, en ouvre la possibilité pour les communes de moins de 500 habitants, sous condition d'autorisation du Conseil départemental[14].

Le , la loi Paul Bert fait obligation à chaque département de créer une école normale de filles, comme une école normale de garçons d'ailleurs, c'est-à-dire une école pour former des institutrices.

  • Loi Goblet 1886 : L’homme politique, René Goblet autorise les écoles mixtes à classe unique dans les hameaux ou les communes de moins de 500 habitants.

Enseignement secondaire

En 1879, Camille Sée expose ainsi les principes d’un enseignement qui ne doit plus être de la seule responsabilité de l’Église : « La France n’est pas un couvent, la femme n’est pas dans ce monde pour être religieuse. Elle est née pour être épouse, elle est née pour être mère »[15]. Précédant de peu la réforme de l’enseignement primaire, la loi Camille Sée du institue les lycées de jeunes filles. Le premier de ces nouveaux types d'établissement, connu aujourd'hui sous le nom de lycée Georges-Clemenceau, s’ouvre à Montpellier en 1881 à la suite du décret pris par le maire Alexandre Laissac en mars de la même année. On en compte vingt-trois en 1888 et trente six en 1893. Les programmes, qui ne sont pas alignés sur ceux des garçons, ne visent pas à préparer les filles au baccalauréat mais à un simple diplôme de fin d’étude, le diplôme d'études secondaires, ou au brevet supérieur[16]. Le grec est absent et le latin n’est proposé que dans certains établissement dans le cadre de formation accélérée à destination des élèves désireuses de se présenter au baccalauréat[16].

En 1882, Jules Ferry définit les missions de l’école, dans une annexe des programmes des écoles primaires publiques consacrée à l’éducation physique et à la préparation à l’éducation professionnelle : « L’école primaire peut et doit faire aux exercices du corps une part suffisante pour préparer et prédisposer en quelque sorte les garçons aux futurs travaux de l’ouvrier et du soldat, les filles aux soins du ménage et aux ouvrages de femme. » Distinct du travail manuel des garçons, qui est fondé sur l’acquisition de la dextérité, de la rapidité et préparant au dessin industriel, celui des filles est ainsi décrit : ... de leur faire acquérir les qualités sérieuses de la femme de ménage et de les mettre en garde contre les goûts frivoles ou dangereux »[17].

Le livre L'Enseignement secondaire des filles d'Octave Gréard parait en 1883.

Au début du XXe siècle, plusieurs établissements privés mettent sur pied des préparations spécifiques menant au fameux diplôme, sésame indispensable pour entrer dans l’enseignement supérieur. La Première guerre mondiale en accentue encore la demande. Le décret Léon Bérard prend acte de cette évolution, en instituant en 1924 un enseignement facultatif qui permet aux filles d’aborder l’épreuve finale dans les mêmes conditions que les garçons[16]. C'est alors en 1924 que le baccalauréat est ouvert aux filles.

Les programmes ne se recoupent toutefois pas encore entièrement ; l’économie domestique, les « travaux à l’aiguille », le dessin, la gymnastique et la musique, obligatoires pour les filles, ne sont pas dispensés aux garçons, ou seulement de manière facultative pour la dernière matière[16].

Créée en 1881 et dirigée par Julie Favre, l'École normale supérieure de jeunes filles vise à former les enseignantes de ces établissements. Certaines sont agrégées.

Enseignement universitaire

L'accession aux filles et aux femmes à l'université était généralement impossible puisqu'il fallait pour cela obtenir un diplôme qui requérait la connaissance de matières enseignées uniquement (comme le latin) dans le cursus secondaire masculin.

Ve République

Le décret « Capelle-Fouchet » de 1963 rend les collèges d'enseignement secondaire (CES) mixtes dès leur création.

Par le grand mouvement social de 1968, la généralisation de la mixité a lieu, pour des raisons matérielles plus que pédagogiques. On peut parler de cohabitation plus que d’une véritable mixité[17]. Ainsi, au cours des années 70 : la mixité s'étend dans les lycées. Les lycées publics de filles deviennent dès lors comme les lycées de garçons, « les lycées mixtes » pour ensuite être tout simplement des « lycées » et pour finir des « lycées régionaux » qui comprennent pratiquement tous les trois voies : générale, technologique et professionnelle.

En 1969, la mixité est imposée à l’école primaire.

La Loi Haby du rend la mixité scolaire obligatoire. Cette mixité a été d’autant moins interrogée dans ses principes et ses effets que la vision républicaine et universaliste propre à l’école française tend à occulter les différences, qu’elles soient liées à l’appartenance sociale, culturelle ou sexuelle[17]. La mixité ne s'applique pas aux maisons d'éducation de la Légion d'honneur[18] qui sont des internats publics de filles, ni aux quelque 10 000 élèves que comptent en 2008 les internats privés non mixtes de filles ou de garçons[19].

Notes et références

  1. Notre histoire
  2. Saint-Jérôme (chanoinesse de la Congrégation Notre-Dame ; 1810-1868), « Vie de la révérende mère Marie-Anne-Maria de La Fruglaye », Clermont-Ferrand, Bellet, 1865, p. IX-X
  3. Riot-Sarcey, Histoire du féminisme, La Découverte, 2008, p. 50.
  4. Yvette Delsaut, La place du maître : une chronique des écoles normales d'instituteurs, L'Harmattan, 1992, p. 38.
  5. Raymond Grew, Patrick Joseph Harrigan, L'école primaire en France au XIXe siècle, p. 159, ed. de l'école des hautes études en sciences sociales, 2002, (ISBN 2713214149).
  6. Claude Lelièvre, Francis Lec, Les profs, l'école et la sexualité, p. 42, ed. Odile Jacob, 2005, (ISBN 273811623X)
  7. Carole Lécuyer, « Une nouvelle figure de la jeune fille sous la IIIe République : l'étudiante », Clio, numéro 4-1996.
  8. Riot-Sarcey (2008), p. 52.
  9. Jacques Rougerie, « 1871 : la Commune de Paris », in Christine Fauré (dir.), Encyclopédie politique et historique des femmes, PUF, 1997, pp. 405-431.
  10. De l'égalité d'éducation : conférence populaire faite à la Salle Molière le 10 avril 1870 par M. Jules Ferry, éd. Société pour l'instruction élémentaire, Paris, 1870.
  11. Véronique Durupt, La première bachelier : Julie Victoire Daubie, Fontenoy-le-Château, les Amis du Vieux Fontenoy, , 119 p. (ISBN 978-2-746-63362-9), p. 70-72
  12. Clarisse Coignet, Rapport présenté au nom de la commission des dames: suivi d'un appendice par Fanny Ch. Delon, éd. Impr. administrative de Paul Dupont, Paris, 1871
  13. Christine Bard, Les femmes dans la société française au 20e siècle, Armand Colin, Paris, 2001, p. 65.
  14. Voir texte de la loi Goblet. Titre II, article 11.
  15. « égalite_filles-garcons », sur education.gouv.fr
  16. Christine Bard (2001), p. 77.
  17. « http://cache.media.education.gouv.fr/file/2013/14/0/2013-041_egalite_filles-garcons_263140.pdf », sur education.gouv.fr
  18. Carine Bobbera, « https://www.defense.gouv.fr/actualites/articles/diaporama-maison-d-education-de-la-legion-d-honneur-entre-tradition-et-modernite », sur defense.gouv.fr,
  19. Véronique Soule, « La mixité à l'école écornée en douce », Libération, 22 mai 2008

Annexes

Bibliographie

  • Véronique André-Durupt, Julie-Victoire Daubié : la première bachelière, Les Amis du Vieux Fontenoy, 2011.
  • Christian Baudelot, Roger Establet, Allez les filles !, Éditions du Seuil, 2006 (1re édition, 1992)
  • Linda L. Clark, Schooling the daughters of Marianne : textbooks and the socialisation of girls in modern French primary schools, State university of New York press, 1984
  • Sharif Gemie, Women and schooling in France, 1815-1914 : gender, authority and identity in the female schooling sector, Keele university press, 1995
  • Françoise Lelièvre, Claude Lelièvre, Histoire de la scolarisation des filles, Nathan, 1991
  • Théodore Lévi Alvarès, D. Lévi Alvarès, sa vie - sa méthode - son enseignement, Librairie Léopold Cerf, Paris, 1909
  • Marie-Françoise Lévy, De mères en filles : l'éducation des Françaises : 1850-1880, Calmann-Lévy, 1984
  • Martine Sonnet, L'Éducation des filles au temps des Lumières, Éditions du Cerf, 1987
  • Françoise Mayeur, L'éducation des filles en France au XIXe siècle, Perrin, 2008 (1re édition Hachette, 1979)
  • Françoise Mayeur, L'enseignement secondaire des jeunes filles sous la Troisième République, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1977
  • Rebecca Rogers, Les bourgeoises au pensionnat : l'éducation féminine au XIXe siècle, préface de Michelle Perrot, Presses universitaires de Rennes, DL 2007
  • Rebecca Rogers, Françoise Thébaud, La fabrique des filles : l'éducation des filles de Jules Ferry à la pilule, Textuel, 2010
  • Yves Verneuil (dir.), L'enseignement secondaire féminin et l'identité féminine enseignante : hommage à Françoise Mayeur : actes de la journée d'études organisée le au centre IUFM de Troyes / IUFM de Champagne-Ardenne, Reims : CRDP de Champagne-Ardenne, 2009
  • Nicole Hulin, Les femmes et l’enseignement scientifique, Paris, PUF, 2002.

Revues

Articles connexes

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