Couvent des Oiseaux

Le couvent des Oiseaux, situé 84 rue de Sèvres à Paris[1], était un hôtel particulier utilisé comme prison pendant la Terreur durant la Révolution française, puis comme pensionnat de jeunes filles de 1818 à 1904.

Couvent des Oiseaux
Localisation
Pays France
Région Île-de-France
Ville Paris
Coordonnées 48° 50′ 49″ nord, 2° 19′ 01″ est
Géolocalisation sur la carte : Paris
Installations
Type Maison d'arrêt puis pensionnat de jeunes filles

Hôtel particulier

À l'origine, le bâtiment est un hôtel particulier datant de 1775[2].

Prison

C'était un Eden de captivité. Rien n’y manquait que le droit d’en sortir. C’était la maison des Oiseaux - un propriétaire avait établi, dans le jardin, d’immenses volières peuplées d’oiseaux exotiques. Sa position à l’encoignure du boulevard des Invalides, le jardin profond et calme comme un parc, donnaient à la société qui y était détenue une apparence de liberté.

Un refuge dans la tourmente

Pendant la Terreur, cette geôle, communément appelée Les Oiseaux était presque de tout repos, si bien que Jules Michelet a pu écrire qu'elle était « une des prisons agréables de Paris, dont le séjour était une assurance contre la guillotine »[3]. Pendant plus de six mois, sur 160 personnes qui y étaient renfermées, deux seulement avaient été exécutées. Cette prison était très recherchée et regorgeait de suspects riches ; on les y écrouait par faveur et moyennant finances ; les prix étaient d’ailleurs exorbitants. La section en tirait de jolis profits. Le comité choyait, gardait son petit troupeau, faisait le silence autour des incarcérés et cachait leurs noms aux oreilles indiscrètes.

Des hôtes choyés

Pendant longtemps, l’accusateur public Fouquier-Tinville chercha la princesse de Chimay[Laquelle ?] dans toutes les geôles. Un beau jour, par inadvertance, le commis-greffier Ducret, en parlant du beau domaine de la princesse, à Issy (devenu Issy-les-Moulineaux), laissa échapper que la propriétaire était encagée aux Oiseaux. « Aux Oiseaux, s’écria Fouquier, assis dans un coin, et dire que je la cherche depuis trois mois ! »

Pensionnat de jeunes filles

Marie-Thérèse-Félicité Binart, en religion « mère Marie-Euphrasie » chanoinesse de la congrégation de Notre-Dame, fonde à Paris un pensionnat installé faubourg Saint-Jacques en 1807[4]. Il déménage rue des Bernardins en 1812, puis en 1818 mère Marie-Euphrasie loue l'« hôtel des Oiseaux » de la rue de Sèvres[4]. À cette occasion, mère Marie-Euphrasie reprend en les adaptant les règlements des sœurs du Sacré-Cœur utilisés dans leur pensionnat d'Amiens[5].

Vendu par le bureau du Domaine national de Paris, le domaine est acquis par la Congrégation de Notre-Dame le .

L'architecte Jean-Baptiste-Antoine Lassus y réalise un vestibule d'accès en forme de galerie de cloître de style néogothique[1].

À la veille de la révolution de 1848, l'établissement compte 240 pensionnaires, encadrées par 118 religieuses et seize professeurs étrangers. Le prix de la pension est alors de 1800 francs par an, mais les sœurs donnent aussi une instruction gratuite aux enfants pauvres dans un bâtiment séparé. Les pensionnaires disposent de cent pianos [6].

En 1854, pour faire face à une hausse des effectifs, les deux classes comprenant les enfants les plus jeunes sont transférées à Issy, dans un établissement nommé alors « Les Oiseaux d'Issy »[7].

L'opérette Mam'zelle Nitouche, créée en 1883, met en scène un couvent des Hirondelles qui s'inspire du couvent des Oiseaux[8].

Le pensionnat de la rue de Sèvres ferme à la suite de la loi du 7 juillet 1904 relative à la suppression de l'enseignement congréganiste. La dernière supérieure, Mère Cœur-de-Jésus (Henriette Bourbon), s'exile en Angleterre dans le Kent. Finalement, elle acceptera la sécularisation et continuera son activité d'éducatrice à Orbec (Calvados). Elle y mourra en .

Une école de peinture, avant la destruction

Durant les années 1908 et 1909, Henri Matisse y dirige une école d'art, où l'on compte de nombreuses jeunes femmes, bientôt appelée l'« Académie Matisse ». Elle est fondée avec l'aide de Michael et Sarah Stein et, grâce aux efforts d'Hans Purrmann, qui en devient le premier responsable. L'Académie doit ensuite migrer à l'hôtel de Biron (où Rodin à son atelier de présentation) pour finir à Issy-les-Moulineaux : elle ferme ses portes en 1911[9].

Les bâtiments de la rue de Sèvres sont rasés à la fin de l'année 1909 et remplacés par un lotissement haussmannien (rue de Sèvres, boulevard des Invalides, avenues Daniel-Lesueur et Constant Coquelin).

D'autres lieux

Un externat secondaire ouvre par la suite[Quand ?] rue de Ponthieu en conservant le nom de « Couvent des Oiseaux ». Françoise Sagan y fait une partie de sa scolarité, Marie-Madeleine Fourcade également. L'établissement déménage rue Michel-Ange en 1960[10], où il est connu aujourd'hui sous le nom de « collège privé Notre-Dame-des-Oiseaux ».

Une autre pensionnat ouvrit en 1929[11] dans une propriété de Verneuil-sur-Seine. Il est connu aujourd'hui sous le nom d'Ensemble scolaire Notre-Dame « Les Oiseaux ».

Bibliographie

  • Lucien Lambeau, « L'ancien couvent des Oiseaux, situé rue de Sèvres 84 », Procès-verbal de la séance de la Commission du Vieux Paris, .
  • Mémoires de deux détenus des Oiseaux :
    • Renée Caroline Victoire de Froullay, marquise de Créquy, 1714-1803 (mémoires apocryphes).
    • A. M. F. de Dompierre d’Hornoy, arrêté le 20-4-1794, libéré le 14-10-1794.

Notes

  1. Jean Michel Leniaud, « Jean-Baptiste Lassus: (1807-1857). Ou le temps retrouvé des cathédrales », Volume 12 de Bibliothèque de la Société Française d'Archéologie, Librairie Droz, 1980, (ISBN 2600046135), p. 178-179
  2. Le Couvent des Oiseaux
  3. Cité par Maddy Ariès, Emmanuel Bréon, Marguerite Cardon: Au temps de la Révolution, 1789-1794: bourgs et villages des Hauts-de-Seine, Editions du Griot (lire en ligne
  4. Saint-Jérôme (chanoinesse de la Congrégation Notre-Dame ; 1810-1868), « Vie de la révérende mère Marie-Anne-Maria de La Fruglaye », Clermont-Ferrand, Bellet, 1865, p. IX-X
  5. Marie-France Carreel, Le plan éducatif fondateur de la Société du Sacré-Cœur de Jésus et ses formes actuelles, thèse de doctorat, université Lyon 2, 10 septembre 2001
  6. Thomas William Allies, « Journal d'un voyage en France, et lettres écrites d'Italie », Paris, Casterman 1857, p.257-258
  7. Saint-Jérôme (chanoinesse de la Congrégation Notre-Dame ; 1810-1868), « Vie de la révérende mère Marie-Anne-Maria de La Fruglaye », Clermont-Ferrand, Bellet, 1865, p.XII
  8. Vincent Giroux, « Couvents et monastères dans le théâtre lyrique français sous la Troisième République (1870-1914) », in « Opéra et religion sous la IIIe république : Actes du colloque organisé dans le cadre du 8e festival Massenet de l'opéra théâtre de Saint-Étienne, 10 et 11 novembre 2005 », Université de Saint-Étienne, 2006, p.47
  9. Migrations et identités. L'exemple de l'Allemagne aux XIXe et XXe siècles, par Jean-Paul Cahn et Bernard Poloni, Lille, Presses universitaires du Septentrion, page 151 — extrait en ligne.
  10. Alain Gagnieux, « Clair de lune, d'un ciel à l'autre: Itinéraire d'une Vietnamienne au gré de l'Histoire », L'Harmattan, 2013, p.66
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