Hexagone (France)

L'Hexagone est une locution désignant la partie continentale de la France métropolitaine, rappelant que sa forme géographique s'inscrit dans un hexagone presque régulier (trois côtés terrestres et trois côtés maritimes). Par extension, elle est fréquemment utilisée comme une métaphore pour désigner le pays proprement dit.

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Le territoire continental de la France métropolitaine s'inscrit dans un hexagone.

Le recours à cette forme prend sa source dans l'enseignement de la géographie à la fin du XIXe siècle, donnant lieu par la suite à une métonymie désignant le pays, qui a subi plusieurs inversions de valeurs au gré des époques. En plus du langage, elle est utilisée dans de nombreux symboles graphiques représentant la France.

Histoire

L'octogone concave d'Élisée Reclus (1877).

Les hussards noirs représentent dans les années 1880 la France en un hexagone, cette simplification pédagogique sur les cartes scolaires étant mise en avant par les réformateurs de l'enseignement de la géographie tels que Pierre Émile Levasseur et Pierre Foncin[1]. Les géographes Emmanuel de Martonne et Théophile Lavallée privilégient le pentagone, Élisée Reclus l'octogone[2], mais la forme hexagonale s'impose d'autant plus après la guerre franco-allemande de 1870 qui voit la perte de l'« Alsace-Lorraine »[3].

La métonymie par laquelle l'Hexagone désigne la France date des années 1960. Cette symbolique est d'autant plus accentuée après la politique de l'aménagement du territoire initiée par Charles de Gaulle, l'ouverture des frontières à la suite du traité de Rome en 1957 et la décolonisation concrétisée par les accords d'Évian en 1962. La figure hexagonale est ainsi une manière de définir la France métropolitaine réduite à sa dimension européenne après la décolonisation[4].

La métaphore de l'hexagone n'a pas toujours été évidente et a subi plusieurs inversions de valeurs : elle a été le symbole de la puissance française sous de Gaulle mais à l'inverse l'image des métropolitains frileux pour les Pieds-noirs et enfin le reflet du francocentrisme[5],[6],[7],[2],[8].

Usages

L'avers de la pièce de 1 franc de Gaulle (1988) représente la France sous la forme d'un hexagone.

L'expression Hexagone est fréquemment utilisée pour désigner la partie continentale de la France métropolitaine, par opposition à la France d'outre-mer[9], voire à la Corse. Ainsi, la déclinaison du second pilier de la politique agricole commune (PAC), qui concerne le développement rural, se fait via le PDRH : programme de développement rural hexagonal (la Corse et l'outre-mer ayant en effet leur propre déclinaison).

Par extension, le terme est aussi utilisé pour désigner le pays proprement dit. Par exemple, le chanteur Renaud a écrit une chanson qui porte le titre Hexagone, dans laquelle il décrit le pays, assez sombrement.

Cependant, la référence à l'hexagone ne se fait pas seulement dans le langage, mais aussi sous la forme de représentations graphiques. Ainsi, cette forme géométrique est tracée sur des pièces de monnaies françaises : sur l'avers de la pièce de 1 franc de Gaulle (1988, gravée par Émile Rousseau) et sur les faces nationales des pièces de 1 euro et 2 euros (gravées par Joaquin Jimenez).

De plus, certaines sociétés ou fédérations françaises utilisent à des fins de communication ou de publicité cette figure géométrique dans leur logo pour rappeler la France. On peut citer : l'Assemblée des Français de l'étranger, la Direction générale de la Sécurité extérieure[10], l'Association des maires de France (ancien logo), les Assurances générales de France, l'association des Plus Beaux Villages de France, la Fédération française de football, le Parti radical, les chambres de commerce et d'industrie (ancien logo) ou encore le Centre Pompidou de Metz.

Depuis 2014, les institutions de la Défense nationale sont réunies à Paris sur l'hexagone Balard, un bâtiment qui dessine un hexagone en son centre, sur le modèle du Pentagone aux États-Unis.

Notes et références

  1. Olivier Kempf, Géopolitique de la France : Entre déclin et renaissance, Paris, Technip, coll. « Géopolitique », , 311 p. (ISBN 978-2-7108-1000-1, lire en ligne), p. 23.
  2. Robic 1989.
  3. Laurence Turetti, Quand la France pleurait l'Alsace-Lorraine : Les “provinces perdues” aux sources du patriotisme républicain, 1870-1914, Strasbourg, La Nuée bleue, , 204 p. (ISBN 978-2-7165-0709-7), p. 56.
  4. Jean-Luc Bœuf et Yves Léonard, La République du Tour de France, Paris, Seuil, , 268 p. (ISBN 2-02-058073-X), p. 75.
  5. Smith 1969.
  6. Weber 1985.
  7. Weber 1986.
  8. Lefort 1992.
  9. Michèle Lenoble-Pinson et Paul Martens (collab.) (préf. Guy Canivet), Dire et écrire le droit en français correct : Au plaisir des gens de robe, Bruxelles, Bruylant, , 2e éd., 854 p. (ISBN 978-2-8027-6047-4).
  10. Franck Bulinge, « Logos et insignes dans le monde du renseignement : Entre nécessité de se taire et besoin de le dire », Hermès, , p. 116–120 (lire en ligne).

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Nathaniel B. Smith, « The Idea of the French Hexagon », French Historical Studies, vol. 6, no 2, , p. 139–155 (JSTOR 286162).
  • Eugen Weber, « La formation de l'hexagone républicain », dans François Furet (dir.), Jules Ferry fondateur de la République (actes du colloque organisé par l'EHESS), Paris, EHESS, coll. « Civilisations et sociétés » (no 72), , 256 p. (ISBN 2-7132-0839-4), p. 223–241.
  • Eugen Weber, « L'Hexagone », dans Pierre Nora (dir.), Les Lieux de mémoire, vol. II : La Nation - 2. Le territoire, l'État, le patrimoine, Gallimard, coll. « Bibliothèque illustrée des histoires », , 610 p. (ISBN 2-07-070659-1), p. 97–116.
  • Marie-Claire Robic, « Sur les formes de l'hexagone », Mappemonde, no 4, , p. 18–23 (lire en ligne).
  • Isabelle Lefort, La lettre et l'esprit : Géographie scolaire et géographie savante en France, 1870-1970, Paris, Éditions du CNRS, coll. « Mémoires et documents de géographie », , 257 p. (ISBN 2-222-04666-1), « La figure de l'hexagone », p. 66–69.
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