Henry Jacques Le Même
Henry Jacques Le Même (, Nantes - , Paris) est un architecte français surtout connu pour ses réalisations à Megève (Haute-Savoie).
Biographie
Inscrit à l'École des beaux-arts de Nantes (1915-1917), il fut élève de Jean-Louis Pascal, puis d’Emmanuel Pontremoli à l’École nationale supérieure des beaux-arts. Il eut, entre autres, pour condisciple et ami Pol Abraham avec lequel il réalisa plusieurs projets, notamment les grands sanatoriums du Plateau d'Assy sur la commune de Passy en Haute-Savoie. Lauréat en 1923 du prix Rougevin il devient collaborateur de Pierre Patout et de Jacques-Émile Ruhlmann. Ce dernier lui apportera beaucoup dans la connaissance de son métier. Il sera membre de l'association créée pour la commémoration de l'œuvre de Jacques-Émile Ruhlmann et lui rendra hommage le dans une conférence à l'institut"Mes années chez Ruhlmann 1923 - 1925"[1]. Architecte en chef de la reconstruction et de l'urbanisme pour le département de la Savoie (1945-1950), il est nommé architecte des bâtiments civils et palais nationaux (BCPN)en 1951. Il meurt le dans sa centième année.
Carrière
En 1925, il vint vivre et ouvrir son agence à Megève qu’il refusa toujours de quitter pour s’installer à Paris, malgré les projets qui l’appelaient de plus en plus souvent en dehors de sa Haute-Savoie adoptive. En 1925, il est recommandé par l'industriel Adolphe Beder auprès de la baronne Noémie de Rothschild qui lui commande un chalet à Megève. En 1926, lui passe donc la commande d'« Un chalet qui ressemble aux fermes du pays mais avec un intérieur très confortable, avec de grandes fenêtres ouvertes sur les paysages, une vraie cheminée, un porche abrité des tempêtes et un ski-room pour farter les skis. »[2]. Celui-ci réalise un chalet-skieur, avec un sous-sol réservé aux domestiques avec un ski-room, un rez-de-chaussée accueillant les pièces de service, un 1er étage avec les pièces à vivre, souvent accessible depuis l'extérieur, et dans les combles, les chambres. L'intérieur s'inspire du style art déco. C'est un succès. En 1927, il travaille pour la Société française des hôtels de montagne et dresse la même année les plans du chalet de la princesse Angèle de Bourbon sur le mont d'Arbois, toujours sur la commune de Megève[3]. Le Même est associé par Pol Abraham à la conception du sanatorium de Plaine-Joux (non réalisé), et collabore avec Lucien Bechmann au sanatorium de Praz-Coutant, en 1930[4].
En 1929, il obtient son diplôme d'architecte pour un projet de chalet à Megève et construit sa propre maison : située chemin du Calvaire, elle est reconnaissable avec sa silhouette pure ocre-rouge et son inclinaison résolument contemporaine, en hommage à Le Corbusier[5]. Il est aussi l'architecte de l'hôtel Albert 1er, toujours à Megève[6],[7], du sanatorium du Roc-des-Fiz (1929), de celui de Guébriant (1932) et du sanatorium Martel de Janville (1932-37), tous trois construits sur le plateau d'Assy à Passy, qui sont des œuvres conçues en collaboration avec Pol Abraham[8]. Par leur rationalité et leur modernité sans compromission, ces équipements de santé comptent parmi les jalons majeurs de l'architecture contemporaine en France et participent activement à la définition des grands ensembles de logements de l’après-guerre. Dans la perspective de l'Exposition internationale des arts et des techniques dans la vie moderne de 1937 à Paris, Le Même se voit confier par le service des Eaux et Forêts la construction très remarquée du pavillon du Bois français et des pavillons de la Savoie, pour lequel il recevra le « Prix d'Architecture régionale »[9].
Dans l’Entre-deux-guerres, il est un des inventeurs d’une nouvelle villégiature de montagne, inventant et développant une nouvelle relation entre le villégiateur et la vie montagnarde, sans copier l'ancien. Son terrain de prédilection et de création fut Megève, où il bâtit sa maison (1928), Inscrit MH (1995)[10]. Celle-ci est de facture Le Corbusier[7]. Son œuvre, extrêmement féconde, faite d'élégance et de sensibilité[réf. souhaitée], se confond de fait avec le développement de l'architecture en montagne. Entre la fin des années 1930 et le lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Le Même reçoit de nombreuses commandes de chalets et d'hôtels à Megève, dont il contribua à façonner la physionomie paysagère. Il est l'architecte de plus de deux cents chalets dont celui du peintre Georges Gimel en 1934 et dont le dernier date de 1982, pour Marcel Dassault[11]. Son œuvre a grandement contribué à donner au village une identité visuelle.
Entre 1942 et 1970, il est conseiller technique du ministère de l'Éducation nationale pour les constructions scolaires et sportives en Savoie et en Haute-Savoie et il construit à ce titre de nombreux établissements, qu'il s'agisse des lycées de Briançon (1958-1960), d'Évian (1961-1963, en collaboration) ou encore ceux de Gap (1966-1968) et de Cluses (1966-1968). Son œuvre devait profondément marquer la définition de l'habitation individuelle en montagne dans la première moitié du XXe siècle. Alors que les grandes stations se multiplient dans les années 1960-1970, Megève demeure le symbole de l'art de vivre en montagne d'une société brillante à laquelle Le Même offrit son identité architecturale.
Références
- Mes années chez Ruhlmann 1923-1925 - Les cahiers de l'académie de l'architecture - rétrospective 1984 1987 Bibliothèque Forney
- Chantal Bourreau, Avoriaz : l'aventure fantastique, La Fontaine de Siloé, , 351 p. (ISBN 978-2-84206-389-4), p. 249.
- Bernard Haumont et Catherine Bruant, Architecture moderne en province, Éditions Parenthèses, (ISBN 978-2-86364-824-7), p. 79.
- Giorgio Pigafetta et Antonella Mastrorilli, Paul Tournon architecte (1881-1964) : le moderniste sage, Éditions Mardaga, , 195 p. (ISBN 978-2-87009-842-4), p. 161.
- Françoise Véry, Pierre Saddy et Jean-Jacques Servan-Schreiber, Henry Jacques Le Même architecte à Megève, Éditions Mardaga, , 239 p. (ISBN 978-2-87009-331-3), p. 57.
- Françoise Véry, Pierre Saddy et Jean-Jacques Servan-Schreiber, Henry Jacques Le Même architecte à Megève, Éditions Mardaga, , 239 p. (ISBN 978-2-87009-331-3), p. 40.
- Paul Guichonnet, Nouvelle encyclopédie de la Haute-Savoie : Hier et aujourd'hui, La Fontaine de Siloé, , 399 p. (ISBN 978-2-84206-374-0), p. 188.
- Jean-Claude Vigato, L'architecture régionaliste : France, 1890-1950, Éditions Norma, , 390 p. (ISBN 978-2-909283-11-1), p. 187.
- Jean-Claude Vigato, L'architecture régionaliste : France, 1890-1950, Éditions Norma, , 390 p. (ISBN 978-2-909283-11-1), p. 243.
- « Maison de Monsieur Henri-Jacques Le Même », notice no PA00135663, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Marc Boyer, Le tourisme de l'an 2000, Presses universitaires de Lyon, , 265 p. (ISBN 978-2-7297-0629-6), p. 127, note de bas de page.
Bibliographie
- Delorme Franck. Architecture d'Henry Jacques Le Même. Inventaire des archives de l'architecte. CHambéry : Assemblée des Pays de Savoie, 2005.
- CULOT Maurice et LAMBRICHS Anne. Megève 1925-1950. Architectures d’Henry Jacques Le Même. Paris: IFA, éditions Norma, 1999, 238 p.
- Very Françoise et SADDY Pierre. Henry Jacques Le Même, architecte à Megève. Liège: Pierre Mardaga, 1988, 239 p.
- VIGATO, Jean-Claude. L'Architecture régionaliste. France 1890-1950. Paris : Institut Français d'Architecture, éditions Norma, 1994, 390 p.
- Very Françoise et PRAX Michèle. « Naissance d'une station, Henry Jacques Le Même, architecte à Megève ». Les Cahiers de la Recherche Architecturale. Architecture moderne en province, 1er et 2e trim. 1989, no 24-25, p. 77-84.
- Brusson Jean-Paul. « L’invention du chalet. Henry Jacques Le Même, architecte à Megève ». Revue de géographie alpine, 1996, no 3, p. 41-50.
- Manin Mélanie et Very Françoise. " Henry Jacques Le Même, architecte ". portrait, CAUE de Haute-Savoie, , 163 p.
Liens externes
- Fonds d’archives (conservé aux Archives départementales de la Haute-Savoie), sur ArchiWebture, base de données du Centre d'archives de l'Institut français d’architecture, Cité de l'architecture et du patrimoine.
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