Hector Giacomelli

Hector Giacomelli, né à Paris le et mort à Menton le , est un aquarelliste, graveur et illustrateur français, connu surtout pour ses peintures d'oiseaux et la précision de ses dessins de végétaux. Il a été l'illustrateur de Jules Michelet, André Theuriet, François Coppée, Alfred de Musset

Pour les personnes ayant le même patronyme, voir Giacomelli (homonymie).

Biographie

Né à Paris d'un père italien, professeur de chant, il est d'abord graveur avant de devenir dessinateur pour l'orfèvrerie et les bijoux[1].

Il a un fils, Georges Giacomelli (1855-1950), qui épousera de Marie Lecoq, fille de Félix Lecoq, inspecteur général des écoles vétérinaires de France et nièce d'Henri Lecoq.

Vers l'âge de trente ans, une maladie grave le force à s'éloigner de Paris.
Il se met alors à dessiner et à peindre les plantes, les insectes et les oiseaux (petits passereaux notamment) autour de sa maison de campagne.

Revenu à Paris, il se passionne pour l'œuvre d'Auguste Raffet, dont il publie le catalogue raisonné en 1862.

Son épouse Adèle Popelin meurt le au château de L'Oradou, (Clermont-Ferrand), où dans le parc, Hector Giacomelli s'était fait construire un chalet.

Giacomelli illustrateur

Giacomelli se fait notamment connaitre par l'illustration du texte de La Sainte Bible selon la Vulgate, parue en 1866 chez Mame, qu'il produit avec Gustave Doré.

Dans le domaine de l'illustration naturaliste, avec un soucis du détail apprécié des éditeurs et des lecteurs, il travaille pour L'Oiseau et L'Insecte de Jules Michelet en produisant des images, qui en feront un illustrateur recherché jusqu'aux États-Unis.

Il contribue par ses dessins et aquarelles (reproduites par divers graveurs) à plusieurs journaux, tels que Le Monde illustré, Le Magasin pittoresque, L'Illustration ou encore La Nature, un périodiques de vulgarisation spécialisés dans les sciences[2].

À l'époque, ces journaux, et notamment le journal La Nature auquel Giacomelli a contribué de 1879 à 1886 par 21 illustrations ; « compositions inédites » figurant surtout des oiseaux, exigeait de ses illustrateurs qu'ils marient un talent de vulgarisation scientifique à l'émotion esthétique voire au pittoresque (qui conduit à des attitudes souvent exacerbées des oiseaux, placés dans un décor souvent esthétisé), ainsi qu'une certaine modestie, puisque contrairement aux articles, les illustrations n'étaient que rarement signées[2]. Dans la revue La Nature, Giacomelli est cependant particulièrement apprécié et mis en valeur : ses illustrations sont toutes publiées en pleine page, ce qui est exceptionnel[2]. Et ce sont ses dessins qui semblent inspirer la logique des séries de textes publiés (série des nids d'oiseaux, correspondant à 12 illustrations livrées par l'artiste, accompagnant douze textes, plus fournis que d'habitude, et tous écrits par Émile Oustalet alors considéré comme ornithologue de premier plan)[2]. Hormis pour la première de ces illustrations (gravée par Fortuné Méaulle qui ne travaille qu'épisodiquement avec La Nature), ce sont Smeeton-Tilly puis E. A. Tilly, comptant parmi les meilleurs graveurs attitrés de la revue, qui transformeront la plupart de ses dessins gouachés et/ou aquarellés en gravures prêtes à être publiées[2].

Il illustre aussi à titre privé les livres que lui apportent les bibliophiles fortunés. Il est l'un des organisateurs de l'Exposition des estampes du siècle de 1887 et de la section rétrospective des beaux-arts de l'Exposition universelle de Paris de 1889.

Hector Giacomelli a illustré entre autres :

La série des saisons : produite pour la revue La Nature, de la fin de premier semestre 1882 au début du premier semestre 1883, il s'agit de 4 œuvres à caractère principalement esthétiques bien qu'accompagnées par un article de vulgarisation scientifique (aquarelles reproduites en gravure dans la revue qui les présente comme offertes au lecteurs). La première est légendée : « Le Printemps. Lilas, aubépine et papillons blancs ; Composition inédite de M. Giacomelli[16]. Elle est suivie de « L'Été ; rose et Lucane cerf-volant. [17] ; « L'Automne. – Branches de vigne et colimaçons.[18] ; L'Hiver. – Le grillon domestique[19].

Giacomelli collectionneur

Giacomelli est également un collectionneur réputé : « il possède, écrit Henri Beraldi, la plus belle collection connue d'estampes du XIXe siècle. C'est un passionné, un délirant, un enragé. Qui n'a pas vu l'œil de Giacomelli regardant une gravure de qualité supérieure n'a rien vu. »[20].

Après sa mort seront dispersés de nombreux tableaux, dessins et aquarelles notamment signés Bertrand, Bigand, Bodmer, Daubigny, Delacroix… Raffet ainsi que des sculptures (ex. : bronze de Barye). Sa collection a été dispersée (vendue) en 1905[21].

Œuvre

Les oiseaux et le printemps ; œuvre datée de 1883.
Oiseaux réfugiés sous une rose de Noël par temps de neige, avec quelques perce-neige.

Le peintre des oiseaux

« Il a son domaine à lui ; il s'y tient résolument, habilement, en homme de talent et d'esprit, n'y a point d'égal. Giacomelli est le Van Huysum des petits oiseaux, des oiseaux expressifs, tendres et ravissants, qui ont l'air d'en penser bien long. L'oiseau est à Giacomelli comme le chat est à Lambert. Un oiseau qui se respecte ne peut être que de Giacomelli ; un oiseau qui n'est pas de Giacomelli est un faux oiseau[20]. »

« M. Giacomelli a des finesses exquises. Imaginez la légèreté des gravures anglaises, moins la sécheresse et la dureté. Il dessine avec une aiguille, mais avec une aiguille qui a toute la vigueur et toute l'ampleur du pinceau. C'est fin et gras tout à la fois, très souple et très ferme, admirablement fini et cependant très large. M. Michelet ne pouvait choisir un meilleur artiste pour illustrer l'Oiseau. Il a trouvé dans cet artiste les qualités rares que demandait cette tâche difficile[22]. »

« L'Oiseau Giacomelli nous est arrivé ce matin, c'est une vraie merveille, et sublime parfois[22]. »

L'une des pièces les plus souvent reproduites de Giacomelli est intitulée Passereaux alignés sur une tige de bois[23]. On y voit vingt-quatre passereaux de couleurs variées, serrés les uns contre les autres et regardant dans toutes les directions.

Illustration (aquarelle et crayon de bois) de Hector Giacomelli, représentant 24 passereaux dont la pose et la couleur varient, perchés alignés sur un même bâton de cage.
Autre version du même thème (1880).

Fin de vie

Médaillon d'Hector Giacomelli, cimetière Montmartre.
Tombe d'Hector Giacomelli, cimetière Montmartre.

Hector Giacomelli s'éteint à Menton le 1er décembre 1904.

Son corps est transporté à Paris et inhumé au cimetière Montmartre dans la 32e division, avenue Saint-Charles (4e ou 5e ligne), dans une tombe ornée d'un petit médaillon de bronze le représentant. Il y repose avec :

  • sa mère Anne Rebours, (1801-1875),
  • sa femme Adèle Popelin, (1821-1895),
  • son fils Georges, et ses petits-fils ;
  • Félix Giacomelli (1893-1916), aviateur, mort pour la France, sous-lieutenant de l'escadrille C39.

Son père Joseph Giacomelli, maître de chapelle (selon le décès d'Hector à Menton), ne repose pas à Montmartre, du moins son nom ne figure pas sur la stèle.

Notes et références

  1. Éléments biographiques d'après Joseph Uzanne, Album Mariani, Librairie Henri Floury, Paris, vol. III, 1897, p. 117-119 et Henri Beraldi, Les Graveurs du XIXe siècle, vol. VII, 1888, p. 105-108.
  2. Axel Hohnsbein, « Les illustrateurs de La Nature : Hector Giacomelli », La science en mouvement, (ISSN 2729-4161, HAL hal-02292282, lire en ligne).
  3. La Nature, deuxième semestre 1879, p. 269
  4. La Nature, deuxième semestre 1879, p. 349
  5. La Nature premier semestre 1880, p. 9
  6. La Nature p. 137
  7. La Nature, premier semestre 1880, p. 313
  8. La Nature, deuxième semestre 1880, p. 41
  9. La Nature, deuxième semestre 1880, p. 201
  10. La Nature, premier semestre 1881, p. 41
  11. La Nature, premier semestre 1881, p. 345
  12. La Nature, deuxième semestre 1881, p.89
  13. La Nature, deuxième semestre 1881, p. 185
  14. « Les sauterelles », La Nature, deuxième semestre 1883, p. 40)
  15. « Les sauterelles » ; La Nature, premier semestre 1885, p. 298
  16. Composition inédite de M. Giacomelli », la Nature, premier semestre 1882, p. 313
  17. H Giacomelli (1882), L'Été. – Rose et Lucane Cerf-volant ; La Nature, deuxième semestre, p. 73.
  18. H Giacomelli (1882) L'Automne. – Branches de vigne et colimaçons. ; La Nature, deuxième semestre, p. 265
  19. H Giacomelli (1882) « L'Hiver. – Le grillon domestique. – Composition inédite de M. Giacomelli », La Nature, premier semestre 1883, p. 41
  20. Henri Beraldi, op. cit.
  21. « Catalogue des tableaux dessins et aquarelles, œuvres de Bertrand, Bigand, Bodmer, Daubigny, Delacroix… Raffet etc., portrait par Mme Vigée Le Brun, bronze de Barye, Mêne et Cain… objets divers le tout composant la collection de feu H. Giacomelli, artiste-peintre », (consulté le )
  22. Cité par Joseph Uzanne, op. cit.
  23. Notice no 50350037534, base Joconde, ministère français de la Culture

Liens externes

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