Harriet Howard

Harriet Howard, née Elizabeth Ann Haryett (13 août 1823 – 19 août 1865), est une actrice et femme du monde britannique.

Ne doit pas être confondu avec Henrietta Howard.

Maîtresse de Louis-Napoléon Bonaparte, elle fut son principal soutien financier avant qu'il ne devienne le premier président de la République française.

Biographie

Londres

Elizabeth Ann Haryett est la fille d'un maître bottier-cordonnier et la petite-fille du propriétaire du Castle Hotel à Brighton. À quinze ans, elle s'enfuit avec Jem Mason, un jockey bien connu, pour vivre avec lui à Londres. Étant sa maîtresse et une actrice débutante, elle prit le nom de scène d'Harriet Howard, et fut connue sous le nom de Miss Howard. À dix-huit ans, son amant suivant fut le Major Mountjoy Martyn, un homme marié du régiment des Life Guards. Miss Howard lui donna un fils, Martin Constantin Haryett, né à Londres le [1], qui, à son baptême, fut présenté comme le fils de ses parents à elle. Reconnaissant, le major Martyn les place sur son testament, léguant sa fortune à elle et à leur fils.

Au cours d'une réception donnée par Lady Blessington en 1846, Miss Howard rencontre Louis-Napoléon Bonaparte, prétendant au trône de France, mais à l'époque exilé à Londres. Ils habitent ensemble. Avec sa fortune, elle finance ses efforts et ses conspirations pour retourner en France. Napoléon emmène avec lui ses deux fils (Alexandre Louis Eugène et Louis Ernest Alexandre, nés d'une relation lorsqu'il était emprisonné au fort de Ham), et ils furent éduqués avec Martin, le fils de Miss Howard.

Paris

Après la Révolution de 1848, Louis-Napoléon Bonaparte retourne en France où il se fait élire député puis président de la République, sa campagne ayant été financée par sa maîtresse[2]. Miss Howard et les trois garçons déménagèrent rue du Cirque, une rue adjacente au palais de l'Élysée, où, en tant que maîtresse, elle resta dans l'ombre. Elle eut une ennemie jurée en la personne de la cousine de Napoléon, la princesse Mathilde, à qui il fut fiancé auparavant (1836), et qui lui apportait elle aussi un soutien financier. Miss Howard continua à soutenir ses aspirations à devenir empereur et finança en grande partie son coup d'État du 2 décembre 1851[3]. Un an plus tard, à la suite d’un plébiscite, il devient Napoléon III, empereur des Français. Bientôt, il se met à la recherche d'une épouse qui puisse devenir impératrice, et Miss Howard se retrouva mise de côté. Napoléon, après avoir été rejeté par la princesse Caroline de Vasa, fille du prétendant au trône de Suède - et donc de sang royal - mais aussi cousine de Napoléon III étant une petite-fille de la grande-duchesse de Bade Stéphanie de Beauharnais, puis par d’autres membres de la noblesse, choisit une Espagnole, Eugénie de Montijo. Lorsque Napoléon annonça son mariage, Miss Howard fut envoyée préalablement au Havre pour une soi-disant mission en Angleterre. En son absence, des sbires de la police saccagèrent son logement et emportèrent toutes les lettres personnelles que Louis-Napoléon lui avait écrites[4].

Comtesse de Beauregard

Le château de Beauregard, à La Celle-Saint-Cloud, photographié en 1872 alors qu'il était la propriété du baron Maurice de Hirsch.

La fortune de Miss Howard est rebâtie lorsque Napoléon, devenu empereur sous le nom de Napoléon III, lui rembourse ses dettes. Elle reçoit le titre de comtesse de Beauregard du nom du château de Beauregard qu’elle possède sur les hauteurs de La Celle-Saint-Cloud[5]. Après six mois de mariage, Napoléon reprend sa relation avec elle. Mais l'impératrice, vraisemblablement rebutée par l'amour physique[6], lui interdit de la revoir. Il doit renoncer à cette relation pour se consacrer à sa femme dans le but d'engendrer un héritier[3].

En 1854, Miss Howard se marie au capitaine Clarence Trelawny, un éleveur de chevaux qui utilisa son argent pour ses affaires. Les deux fils de Napoléon qu'elle avait élevés retournent avec leur mère. Cependant, le mariage de Harriet et Clarence fut difficile et ne dura pas – ils divorcèrent en 1865 et elle meurt en son château la même année[7], le [8] à 6 heures 30 du soir.

Sa relation avec son fils Martin fut aussi difficile, ainsi à son 21e anniversaire, il lui demande publiquement, « Maintenant que je suis adulte, Mère, ne me diras-tu pas qui était mon père ? »[9] Martin reçoit plus tard le titre de comte de Béchevet de la part de Napoléon III[10]. Il se marie en 1867 dans la noblesse hongroise avec Marianne Caroline Joséphine Csúzy de Csúz et Puszta-Szent-Mihály, et a quatre enfants, Anne Haryett de Béchevet (1867), Gisèle Charlotte Haryett de Béchevet (1868), Richard Martyn Haryett de Béchevet (1870), et Roland Haryett de Béchevet (1871). Lorsque Martin meurt le , son fils Richard hérite de son titre[7],[11]. Face à de lourds soucis financiers, Martin avait hypothéqué puis vendu à la duchesse de Bauffremont le domaine de Beauregard en , pour la somme de 784 000 francs-or[1].

Elle est enterrée, aux côtés de son fils, au cimetière du Chesnay, situé à moins de 900 mètres de son château, aujourd'hui presque totalement détruit.

Notes et références

  1. Philippe Loiseleur des Longchamps, « Monographie des voies de Beaureagard : Bechevet », Nationale 331a, no 79, , p. 16
  2. « Louis-Napoléon Bonaparte : présidents de la République, leur vie privée », linternaute.com, .
  3. (en) David Baguley, Napoleon III and His Regime. An Extravaganza, Louisiana State University Press (2000) (ISBN 9780807126240).
  4. Jean-Michel Normand, « Sexe et pouvoir  : Miss Howard, maîtresse et bienfaitrice du futur Napoléon III », Le Monde, (lire en ligne)
  5. Ne pas confondre avec le château de Beauregard, bâti aux XVIe et XVIIe siècles près de Chambord, occupé sous le Second Empire par le comte de Cholet.
  6. Quoi ?
  7. (en) Melville H. Ruvigny, « The Nobilities of Europe », Google Books, Adamant Media Corporation, (consulté le )
  8. Archives Départementales des Yvelines.
  9. (en) Betty Kelen, The Mistresses. Domestic Scandals of 19th-Century Monarchs, Random House, New York (1966)
  10. Béchevet est le nom d'une partie du domaine de Beauregard.
  11. (en) « Imperial Love Tale Recalled in Court », New York Times, The New York Times Company, (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Betty Kelen, The Mistresses. Domestic Scandals of Nineteenth-Century Monarchs, New Yprk, Random House, 1966.
  • (en) Simone André Maurois, Miss Howard and the Emperor, Knopf, 1958.
  • Philippe Loiseleur des Longchamps Deville, La Celle Saint-Cloud, cellule d'histoire, Pontoise, Graphédis, , 254 p.

Liens externes

  • Portail du Royaume-Uni
  • Portail de la France au XIXe siècle
  • Portail du Second Empire
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.