Gymnasiarchie

En Grèce antique, la gymnasiarchie (γυμνασιαρχία / gymnasiarkhía) est une magistrature ou une liturgie[1]. Le gymnasiarque est chargé de la bonne tenue des compétitions. La fonction varie selon les époques et les cités ; les textes anciens présentent le gymnasiarque comme le responsable du gymnase, mais à Athènes il est le simple organisateur des lampadédromies, courses de flambeaux pendant les fêtes religieuses. Il faut distinguer le gymnasiarque de l'époque classique de celui de l'époque hellénistique et romaine.

Dans le monde grec en général

À l'exception d'Athènes, le terme gymnasiarque désigne dans le monde grec le magistrat chargé de la direction du gymnase. Cette fonction est en général assumée par un notable en vue. Le gymnasiarque, supérieur du pédonome, est responsable de l'entretien, de l'aménagement et de l'approvisionnement du gymnase. Il veille au respect du règlement par les usagers du lieu, les pédotribes, les professeurs qui y dispensent cours ou conférence, ainsi bien sûr que les éphèbes et les membres de la classe d'âge immédiatement supérieure, les néoi. Le gymnasiarque est particulièrement chargé des éphèbes : il a autorité sur eux et « doit veiller à leur bonne tenue, à leurs efforts dans les exercices physiques, au sérieux de leur préparation militaire et, éventuellement, de leurs études intellectuelles »[2]. Enfin, c'est lui qui célèbre la fête du dieu ou du héros éponyme du gymnase, les Hermaia le plus souvent.

Au cours la période hellénistique, cette magistrature a tendance à se muer en liturgie, sans doute l'une des plus coûteuses pour son titulaire. Le gymnasiarque fait souvent preuve d'une grande générosité d'une part pour entretenir (réparations, voire nouvelles constructions) et décorer (statues ou hermès pour rendre hommage aux dieux) le bâtiment, d'autre part pour fournir de l'huile aux usagers du gymnase, voire du vin à l'occasion des banquets célébrant les Hermaia. Il peut même « se soucier de développer les capacités des jeunes gens en instituant des concours et en offrant des prix pour les vainqueurs »[3].

Lampadédromie. Œnochoé du Fat Boy Group, IVe siècle av. J.-C. Musée du Louvre.

À Athènes

Sous la domination macédonienne, à Athènes, le gymnasiarque a pour tâche de surveiller la jeunesse dans les gymnases. Dans l'Athènes classique, la gymnasiarchie désigne une liturgie civile assumée ailleurs par le lampadarque. Le gymnasiarque a la charge d'organiser et de financer une équipe d'athlètes au nom de sa tribu pour les lampadédromies au programme de plusieurs fêtes :

Hérodote mentionne une course de flambeaux durant la fête de Pan instituée pendant les Guerres médiques[5], mais on n'en sait pas davantage sur cet événement à l'époque classique, et on ignore si la course est financée par des gymnasiarques[6].

Les gymnasiarques sont choisis par l'archonte roi dans une liste présentée par les tribus[7]. Concrètement, leur tâche consiste à sélectionner des athlètes de leur tribu et un entraîneur, à les entretenir pendant leur entraînement et à leur fournir le matériel. Si son équipe remporte le concours, il doit dédier un monument aux dieux. La gymnasiarchie requiert donc des fonds non négligeables. Au Ve siècle av. J.-C., les riches Alcibiade[8], Nicias[9] et Andocide[10]assument la liturgie. Au IVe siècle av. J.-C., un gymnasiarque dépense douze mines pour les Prometheia[11]. Isée mentionne cette liturgie comme étant l'une des plus chères[12].

Gymnase en Macédoine

Le gymnase en Macédoine était un lieu d’entrainement pour des exercices physiques et sportives. C’est également un centre local d’entrainement militaire comme le lancer de javelot à pied ou à cheval ou encore du tir à l’arc, ou encore de la course. On retrouve des concours annuels de prestance, de discipline et d’endurance. C’est le gymnasiarque qui décerne les prix puisqu’il s’agit du magistrat en charge du gymnase. On peut dire que c’est sur le principe des Jeux Olympiques mais avec un but militaire et disciplinaire.

Il faut absolument être citoyen pour pouvoir être au gymnase et accéder à cette éducation. Par ailleurs, les gymnases étaient des associations privées jusqu’à l’arrivée du roi Philippe V. En effet, les gymnases ont été mis sous tutelle de la cité dès son règne.

Les Lois Gymnasiarchiques de Béroia

Les lois gymnasiarchiques de Béroi est une application locale du diagramma d’Amphipolis sur la cité de Béroia. Cette loi a été retrouvée sur la stèle en 1949 par les frères Karatoumani, cette stèle est composée de deux faces : A et B, chacune de ces deux faces ont une inscription différente.  

Béroia est une cité grecque située au centre de la Macédoine appelée Véria, actuellement.

Ces lois montrent le fonctionnement de ces institutions régi par la loi, certainement écrite vers la fin du règne de Philippe V (238-179 av. J-C). Dans cette loi, ce n’est pas le roi Philippe V qui introduit directement les nouvelles dispositions comme on peut le voir dans le diagramma mais ce sont les autorités locales compétentes qui s’en occupent.

Dans la loi gymnasiarchique, le gymnasiarque est élu est doit prêter serment pour pouvoir exercer ses fonctions. Selon la loi gymnasiarchique, le gymnasiarque prenait ses fonctions le 1er Dios (octobre) après avoir prêter serment. Le gymnasiarque doit avoir trente ans pour exercer cette fonction, il a également le statut de magistrat.

Notes

  1. service public assumé par un riche particulier
  2. Claude Vial, Lexique de la Grèce ancienne, Armand Colin, 2008, p.  112.
  3. Claude Vial, Lexique de la Grèce ancienne, Armand Colin, 2008, p. 113.
  4. Davies, p. 36.
  5. Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne], VI, 105-103.
  6. Davies, p. 40.
  7. Aristote, Politique (lire en ligne), 57, 1 ; lecture de P.J. Rhodes, A Commentary of the Aristotelian Athenaion Politeia, Oxford, 1981, p. 624 et 639-638.
  8. Isocrate, XVI = Sur l'attelage, 35.
  9. Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Nicias, 3, Comparaison de Nicias et Crassus, 4.
  10. Andocide, I = Sur les mystères, 132. Dans le même discours (144), Andocide se décrit comme « riche, très riche même » à ce moment-là.
  11. Lysias, Défense d'un anonyme, 3.
  12. Isée, VI = Sur l'héritage de Philoctémon, 60.

Bibliographie

  • Pierre Pellegrin (dir.), « Politiques », dans Aristote, Œuvres complètes, Flammarion, (ISBN 978-2-0812-1810-9). 
  • Pierre Pellegrin (trad. du grec ancien), Aristote. Les Politiques : Traduction inédite, introduction, bibliographie, notes et index, Paris, Flammarion, , 2925 p. (ISBN 978-2-08-127316-0). 
  • Pierre Chambry (dir.) (trad. Pierre Chambry), Xénophon. Œuvres complètes : : Cyropédie - Hipparque - Équitation - Hiéron - Agésilas - Revenus., t. I, Garnier-Flammarion, (1re éd. 1967), p. 504. 
  • Gustave Glotz, « Gymnasiarchia » dans Charles Daremberg et Edmond Saglio, Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines, Hachette, Paris, 1877-1919, tome II, vol. 2, p. 1675-1684 [lire en ligne]
  • (en) J. K. Davies, « Demosthenes on Liturgies: A Note » dans The Journal of Hellenic Studies, vol. 87 (1967), p. 33-40.
  • Ph.GAUTHIER- M.B HATZOPOULOS, La loi gymnasiarchique de Beroia, Athènes, 1993. J.P THUILLIER, Dictionnaire de l’antiquité grecque et romaine, Hachette supérieur, Paris, 2002. J. LECLANT (dir.), Dictionnaire de l’Antiquité, Puf, Paris, 2005.

Articles connexes

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