Grand Aven du Mont Marcou

Le Grand Aven du Mont Marcou est un gouffre situé sur le territoire de la commune de Saint-Geniès-de-Varensal, dans la montagne de Marcou, département de l'Hérault. La cavité s'ouvre dans le parc naturel régional du Haut-Languedoc, elle est mondialement connue pour ses concrétions d'aragonite de couleur verte.

Spéléométrie

Le développement[N 1] de la cavité est de 1 800 m pour une dénivellation[N 2] de 345 m[1].

Géologie

L'aven s'ouvre dans les calcaires dolomitiques du Cambrien inférieur.

Histoire des explorations

En 1930, Robert de Joly découvre l'aven et atteint la profondeur de -65 m en 1931[2]. Le terminus a été facilement identifié, il s'agit d'un énorme bloc suspendu au-dessus d'un passage étroit. Cette configuration est suffisante pour justifier le commentaire de l'explorateur qui juge la cavité dangereuse.

En 1948, le Spéléo-club de Montpellier lève une topographie de la cavité cotée à -73 m[3].

En 1962, le Clan du Grand Cèdre des Éclaireurs de France de Castres découvre la salle Robert de Joly et atteint la cote -120 m.

En 1963, le même groupe explore l'aven n° 2 du Mont Marcou jusqu'à la profondeur de -25, -30 m[4].

En 1964, les Éclaireurs de France de Castres et de Carmaux et la Société de Recherches Spéléologiques et Archéologiques de Sorèze (Tarn) atteignent la margelle du grand puits qu'il nomme « puits du Grand Cèdre » en hommage au clan scout qui avait oeuvré dans cette cavité les années précédentes (cf. supra). Ils le sondent et estiment sa profondeur entre 170 et 200 mètres[4].

En 1965, les Éclaireurs de France et un collectif tarnais atteignent le fond du grand puits de 165 mètres de verticale absolue, à la cote -325 m[2] grâce à l'emploi d'un treuil pneumatique. Le compresseur étant installé à l'extérieur, 400 mètres de tuyaux sont nécessaires pour relier le treuil installé au sommet du puits, à la cote -155 m[5].

En 1966, une deuxième descente est réalisé à l’échelle par le Spéléo-club de la Montagne Noire et de l'Espinouse (SCMNE) et le Spéléo-club de l'Aude (SCA).Le chef d’expédition est Claude Raynaud ; des observations sont faites par Alain Mangin (CNRS Moulis) ; Claude Bou lève la topographie du puits du Grand Cèdre[6].

En 1968, un drame survient avec le décès de Jean Varailhes (19 ans), fauché par une lame rocheuse dès la première descente du puits du Grand Cèdre. Les spéléologues de Béziers, Bédarieux et Valros, qui ont pourtant installé un treuil de conception plus légère, renoncent définitivement à la poursuite des opérations. L'accident mortel porte un coup d'arrêt à l'enthousiasme des premières années d'exploration du grand puits.

En 1977, des spéléologues du Spéléo-Club Alpin Languedocien (SCAL) de Montpellier et d'autres clubs locaux (Spéléo-clubs de Cournonterral et de Frontignan) organisent un camp au fond du puits du Grand Cèdre. Ils approfondissent la cavité pour porter sa cote définitive à - 345 mètres. Par ailleurs, leur obstination conduit à la découverte du réseau de la Grande Diaclase[6].

En 1978, lors d'une séance de topographie, qui impose généralement un relevé minutieux de tous les recoins d'une cavité, la « géode des vertes » est enfin découverte.

En 1979, l'exploration du réseau de la Grande Diaclase se poursuit jusqu'à la cote -247 m.

En 1985, une équipe du CRASP (Club de recherche archéologique et spéléologique de Pignan) découvre un petit réseau au fond du puits du Grand Cèdre, qu'ils baptisent « réseau Marion » du nom de la fille d'un de ses membres, récemment venue au monde[réf. souhaitée].

En 2012, le Spéléo-club de Montpellier relie l'aven n° 2 au n° 1 (grand aven du Mont Marcou) après d'importants travaux de désobstruction[4].

Mesures de protection

Vers 1985, le Club de Recherches Archéologique et Spéléologique de Pignan installe une grille de plusieurs mètres de hauteur équipée d’une porte, afin de protéger l'accès à la géode[6].

Mais le contexte est peu favorable, car les spéléologues n'admettent pas la fermeture de cavités, quels qu'en soient les motifs. La période, appelée « la guerre des boulons » (envois réciproques des boulons de portes aux « clubs propriétaires »), voit la destruction systématique des portes de protection. Celle du Mont Marcou ne résiste pas longtemps et pendant dix ans le site reste sans protection. La géode subit immanquablement des dégradations.

En 1994, le  Club de Recherches Archéologique et Spéléologique de Pignan propose de signer une convention, mais qui restera lettre morte. Le sujet est régulièrement abordé en réunion départementale, mais faute d'accord et de volonté aucune mesure de protection n'est prise.

En 1996, l’Assemblée générale des spéléologues de l'Hérault ratifie un document qui réglemente les visites, mais cette convention n'est pas appliquée. La situation n'évolue pas pendant quatre ans. Puis, les photographes, plus sensibles, donnent l'alerte et dénoncent les dégradations évidentes du site. Ces photographes, qui viennent de toute la France et parfois de l'étranger, sont simplement choqués par l'absence de protection du site.

En 2000 et 2001, une soixantaine de spéléologues de l'Hérault et du Tarn décident de passer outre et prennent l’initiative de réaliser des travaux de sauvegarde. Le système de fermeture est consolidé avec l’aide du Comité départemental de spéléologie de l’Hérault.

En 2002, l'Association Mont Marcou (AMM) voit le jour[7]. Aujourd'hui, cette association gère l'accès et la protection du site avec l'accord du propriétaire du terrain[6].

L'ensemble formé par l'aven du Mont Marcou (sol et sous-sol) est classé par arrêté le parmi les sites du département de l'Hérault.

Classement

En 1999 un dossier de 18 sites et 24 grottes à concrétions du sud de la France est proposé pour une inscription sur la liste indicative du patrimoine mondial naturel, antichambre de la liste du patrimoine mondial[8],[9]. En un avis défavorable est émis par l'union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Fin 2005, l'état Français pense représenter une demande d'inscription. En 2007 le projet est retiré et l'association de valorisation des cavités Françaises à concrétions (AVCFC) regroupant 23 cavités du sud de la France est créée [10].

Bibliographie

  • Laurès Maurice (1949) - Camp spéléologique dans la région de Saint-Gervais-sur-Mare (Hérault). Annales de spéléologie, n° 3, pp. 135-142.
  • Bou Claude (1970) - Le grand aven du Mont Marcou. Spelunca, n° 3, pp. 135-142.
  • Association Mont Marcou (2005) - Grand nettoyage. Spéléoscope, n° 26, pp. 16-19.
  • Association Mont Marcou (2012) - L'association Mont Marcou : protection, valorisation et étude du grand aven, Saint-Geniès-de-Varensal (Hérault). Spelunca, n° 126, pp. 15-18.
  • Salmon Jean-Michel ( 2013) - Hérault, jonction des avens du Mont Marcou n° 1 et n° 2. Quand le rêve devient réalité... Spéléo Magazine, n° 83, pp. 14-19.
  • Association Mont Marcou, « Grand Aven du Mont-Marcou: les vertes », Spéléo, Corenc, Spéléo magazine, nos 97-98, , p. 64-67 (ISSN 1629-1573).

Notes et références

Notes

  1. En spéléologie, le développement correspond à la longueur cumulée des galeries interconnectées qui composent un réseau souterrain.
  2. En spéléologie, les mesures négatives ou positives se définissent par rapport à un point de référence qui est l'entrée du réseau, connue, la plus élevée en altitude.

Références

  1. Bigot Jean-Yves, « Spéléométrie de la France. Cavités classées par département, par dénivellation et développement. », Spelunca Mémoires n° 27, , p. 160 (ISSN 0249-0544).
  2. Bou Claude (1970) - Le grand aven du Mont Marcou. Spelunca, n° 3, pp. 135-142.
  3. Laurès Maurice (1949) - Camp spéléologique dans la région de Saint-Gervais-sur-Mare (Hérault). Annales de spéléologie, n° 3, pp. 135-142.
  4. Salmon Jean-Michel (2013) - Hérault, jonction des avens du Mont Marcou n° 1 et n° 2. Quand le rêve devient réalité... Spéléo Magazine, n° 83, pp. 14-19.
  5. « Et si Marcou m'était conté », sur le site perso de Fred Boutier (consulté le )
  6. Association Mont Marcou, « Le grand aven du Mont Marcou, gouffre mythique en Languedoc. », sur associationmontmarcou.fr (consulté le )
  7. Association Mont Marcou (2005) - Grand nettoyage. Spéléoscope, n° 26, pp. 16-19.
  8. UICN – Union mondiale pour la nature, « Évaluation UICN des propositions d’inscription de sites naturels et mixtes sur la Liste du patrimoine mondial », sur whc.unesco.org, (consulté le ).
  9. « Ensemble de grottes à concrétions du Sud de la France », sur whc.unesco.org (consulté le ).
  10. Roger Parzybut, « Une canditature pour figurer au patrimoine mondial de l'humanité-Un projet ambitieux. », Spéléo, Corenc, Spéléo magazine, nos 97-98, (ISSN 1629-1573).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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