Giovanni II Crispo
Giovanni II Crispo fut Duc de Naxos de 1418 à 1437.
Il succéda à son frère Giacomo Ier Crispo et son fils Giacomo II Crispo lui succéda.
Famille
Les Crispi étaient probablement originaires de Vérone. Francesco Ier Crispo, le fondateur de la dynastie était seigneur de Milos, donc vassal du Duc de Naxos et son cousin par alliance, ayant épousé une petite-fille du duc Guglielmo Sanudo. Il s'empara du trône de Naxos après avoir assassiné le duc légitime Niccolo III dalle Carceri[1]. Son fils Giacomo Ier Crispo accentua sa légitimité en épousant lui aussi une Sanuda : Fiorenza Sanuda-Sommaripa, la petite fille de la duchesse homonyme Fiorenza Sanudo et du duc par alliance Niccolo Sanudo Spezzabanda. À la fin de son règne, Giacomo partit en Occident tenter de lever des fonds pour la défense de son duché, en première ligne face à la menace ottomane. Il mourut à Ferrare à l'automne 1418. Il n'avait eu que deux filles et la famille Crispo avait décidé d'appliquer la loi salique. Ce fut donc son frère Giovanni II Crispo, seigneur de Milos et Kimolos, qui lui succéda[2].
Duc de Naxos
Ses frères conservèrent leurs apanages (Niccolo : Syros et Santorin, Marco : Ios et Guiglielmo : Anafi) et un rôle dans le gouvernement du duché : on trouve leur signature en bas de décisions de justice, parfois aussi peu importante que la possession disputée d'un moulin. À moins que venir siéger au tribunal ait été un moyen de s'occuper[3].
En plus du duché, Giovanni II hérita de son frère (et de son père) le conflit juridique à propos d'Andros. Maria Sanuda-Sommaripa (demi-sœur du dernier duc Sanudo assassiné) avait reçu l'île en apanage. Andros faisait donc aussi partie de l'héritage de Fiorenza Sanuda-Sommaripa, épouse de Giacomo Ier Crispo et donc belle-sœur de Giovanni. Francesco Ier Crispo avait fait de son gendre Pietro Zeno le seigneur de l'île. Venise insistait sur le fait que l'île faisait partie de ce qui lui avait été alloué lors du Partitio Terrarum de 1204 et donc que le duché de Naxos n'avait aucun réel droit dessus. La Sérénissime exigea alors que les droits de Maria Sanuda et sa fille Fiorenza fussent définitivement reconnus. Elle menaçait même de mettre le blocus devant le port de Naxos. Cependant, la République ne pouvait mettre sa menace à exécution. Si Giovanni II était mis en danger au point d'abdiquer, son frère Niccolo lui succéderait alors et il avait épousé une Génoise. L'équilibre entre les deux cités serait alors menacé. Pour tenter de régler le différend, Giovanni fut invité à venir s'expliquer devant les tribunaux à Venise. Il refusa et expulsa même les deux femmes de leur résidence pariote[2]. Il accepta finalement de se rendre à Venise en juin 1425 : il demanda et obtint un sauf-conduit pour lui et vingt personnes de sa suite. Un compromis fut alors trouvé. Giovanni accepta de verser immédiatement 1 000 pièces d'or puis une rente annuelle à Fiorenza Sanuda, réfugiée en Eubée à titre de compensation pour la perte d'Andros. Il obtint un délai de huit mois pour réunir les fonds[4].
L'année suivante, Giovanni et son frère Niccolo demandèrent au Sénat vénitien l'autorisation de signer un traité de paix avec le sultan Murad II. Le Duché avait besoin, disaient-ils, d'une période de paix garantie pour reprendre des activités commerciales et donc survivre financièrement. Le Sénat donna son accord à condition que les Ottomans ne puissent pas venir ravitailler leurs navires dans les ports du Duché. Cette demande prouve que le Duché qui avait été créé hors du pouvoir vénitien au temps de Marco Sanudo était de plus en plus lié, voire dépendant, de la Sérénissime. En fait, l'accord conclu avec les Ottomans ne respecta pas les promesses faites à Venise. Le Duché aidait la flotte ottomane et, comme Venise s'en plaint en 1430, ne prévenait même plus les puissances chrétiennes des mouvements de la flotte ottomane. Une lettre de la République menaça Giovanni des pires représailles s'il continuait à accueillir, approvisionner et renseigner les galères turques et ne reprenait pas les feux d'avertissement prévenant de l'arrivée de la flotte ennemie[4].
La santé de Giovanni déclina sur la fin de sa vie et il gouverna de moins en moins. Son fils Giacomo II Crispo lui succéda en 1437[4].
Arbre généalogique
Famille Sanudo | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Fiorenza Sanuda | Francesco Ier 1383 - 1397 | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Fiorenza Sommaripa | Giacomo Ier 1397-1418 | Giovanni II 1419-1437 ∞ Francesca Morosini | Marco (apanages de Ios et Therasia) | Guiglelmo II 1453-1463 ∞ Elisabetha da Pesaro | Niccolo (apanage de Syros et Santorin) | Pietro | Pétronille ∞ Pietro Zéno (Andros en dot) | Agnese ∞ Dragonetto Clavelli (seigneur de Nissyros) | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
deux filles | Giacomo II 1437-1447 ∞ Ginevra Gattilusio | Adriana et Caterina | Francesco | Fiorenza | Francesco II 1463 ∞ Petronilla Bembo | trois fils et sept filles | Giovanni | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Gian Giacomo 1447-1453 | Giacomo III 1463-1480 ∞ Caterina Gozzadini | Giovanni III 1480-1494 ∞ une Morosini | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
une fille ∞ Domenico Pisani (Santorin en dot) | Francesco III 1500-1510 ∞ Taddea/Caterina Loredano | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Giovanni IV 1510-1564 ∞ Adriana Gozzadini | Catherine ∞ Gianluigi Pisani (seigneur de Chios) | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Caterina ∞ Niccolo III Gozzadini (seigneur de Sifnos et Kythnos) | Francesco ∞ Fiorenza Gozzadini | Giacomo IV 1564-1566 ∞ Cecilia Sommaripa | Thaddea Crispo ∞ Gianfrancesco Sommaripa (seigneur d'Andros) | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
trois fils et trois filles | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Notes et références
- C. Frazee, op. cit., p. 42.
- C. Frazee, op. cit., p. 68.
- C. Frazee, op. cit., p. 70.
- C. Frazee, op. cit., p. 69.
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Charles A. Frazee, The Island Princes of Greece. The Dukes of the Archipelago., Adolf M. Hakkert, Amsterdam, 1988. (ISBN 9025609481)
- (en) Paul Hetherington, The Greek Islands. Guide to the Byzantine and Medieval Buildings and their Art, Londres, 2001. (ISBN 1-899163-68-9)
- Jean Longnon, L'Empire latin de Constantinople et la Principauté de Morée., Payot, 1949.
- Père Robert Saulger, Histoire nouvelle des Ducs de l'Archipel., Paris, 1699. (repris par Louis Lacroix, Îles de la Grèce, 1853 et Ernst Curtius)
- B. J. Slot, Archipelagus Turbatus. Les Cyclades entre colonisation latine et occupation ottomane. c.1500-1718., Publications de l'Institut historique-archéologique néerlandais de Stamboul, 1982. (ISBN 9062580513)
Liens externes
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