Gilbert Duprez

Gilbert-Louis Duprez est un ténor français, né le à Paris où il est mort le [1].

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Gilbert Duprez
Gilbert Duprez d'après un dessin de Carolus-Duran (1871)
Naissance
Paris (Empire français)
Décès (à 89 ans)
Paris (République française)
Activité principale Chanteur
Ténor
Style
Opéra
Activités annexes Professeur de chant
Maire de Valmondois
Lieux d'activité Théâtre de l'Odéon
Opéra-Comique
Teatro San Carlo
Opéra de Paris
Formation Institution royale de musique classique et religieuse
Enseignement Conservatoire de Paris
Élèves Caroline Duprez
Marie Battu
Caroline Miolan-Carvalho
Fredrika Stenhammar
Marie Battu
Mademoiselle Monrose
Descendants Caroline Duprez
Léon Duprez

Il est célèbre pour avoir été le premier chanteur à émettre en scène un contre-ut (do4) en voix de poitrine, lors de la première reprise italienne de Guillaume Tell de Gioachino Rossini, à Lucques, en 1831. Cette technique « forcée »[2] aurait usé prématurément sa voix, ce qui expliquerait la retraite du ténor à seulement 43 ans.

Biographie

Caricature de Duprez parue dans Le Trombinoscope de Touchatout en 1874.

Après des études à l'Institution royale de musique classique et religieuse dirigée par Alexandre-Étienne Choron, il fait ses débuts au théâtre de l'Odéon dans Le Barbier de Séville de Rossini en 1825, puis passe à l'Opéra-Comique, mais sa prestation dans La Dame blanche de Boieldieu ne convainc guère[3]. Il part alors perfectionner sa technique en Italie, où il accède à la notoriété, notamment dans des reprises d'Otello, Le Barbier et Guillaume Tell de Rossini.

Précédé d'une réputation flatteuse, il rentre en France en 1837 et est engagé à l'Opéra de Paris comme premier ténor, emploi tenu par Adolphe Nourrit qui préfère démissionner (il se suicidera deux ans plus tard). Le , Duprez débute dans Guillaume Tell de Rossini, où il lance pour la première fois en France le contre-ut de poitrine[2] qui l'a rendu célèbre en Italie. Ses exploits vocaux dans La Muette de Portici de D.-F.-E. Auber, Les Huguenots et Robert le Diable de Giacomo Meyerbeer suscitent l'enthousiasme du public parisien, avide de nouveauté. Au cours des dix années qui suivent, il crée entre autres les rôles principaux de Benvenuto Cellini d'Hector Berlioz, Le Lac des fées d'Auber (1839), Guido et Ginevra (1838), La Reine de Chypre (1841) et Charles VI (1843) de Jacques Fromental Halévy, La Favorite, Les Martyrs (1840), Jérusalem de Giuseppe Verdi, ainsi que plusieurs opéras de Gaetano Donizetti, dont Parisina (1833), Rosmonda d'Inghilterra (1834), Dom Sébastien, roi de Portugal (1843) et surtout Lucia di Lammermoor au teatro San Carlo de Naples en 1835.

Il fait également représenter — sans succès — plusieurs opéras (La Cabane du pêcheur en 1826 à Versailles ; La Lettre au bon Dieu en 1953 à l'Opéra-Comique ; Samson, 1857 ; Juanita en 1862 au Théâtre-Lyrique ; Jeanne d'Arc en 1865 au Théâtre-Parisien), et rédige des ouvrages théoriques (L'Art du chant, 1845).

épitaphe de Gilbert Duprez sur sa tombe au cimetière de Montmartre

En 1849, la détérioration de sa voix l'incite à se retirer de la scène. Il quitte l'année suivante le Conservatoire de Paris, où il avait été nommé professeur en 1842, pour fonder sa propre école de chant dotée d'une salle de concerts de 300 places, rue Turgot dans le 9e puis 40 rue Condorcet, où il forme de nombreux élèves parmi lesquels sa fille Caroline Duprez, Marie Battu, Marie Marimon et Caroline Miolan-Carvalho, qui feront carrière comme cantatrices. Il publie deux recueils de mémoires : Souvenirs d'un chanteur en 1880 et Récréations de mon grand âge en 1888.

Maire de Valmondois de 1853 à 1870 et chevalier de la Légion d'honneur, il meurt en 1896, à près de 90 ans, en son domicile parisien, rue de la Tour, dans le quartier de Passy (16e)[4]. Il est inhumé au cimetière de Montmartre[5]. Sur la stèle, on peut lire cette épitaphe[1].

« Ci-gît un brave artiste, auteur, compositeur
poète quelque peu, mais surtout grand chanteur
Il conduit dans son art une place d'honneur »

Vie privée

tombe de Gilbert Duprez au cimetière de Montmartre (12e division)

Fils de Nicolas-Marie Duprez et de Julie Person, Gilbert Duprez a deux frères :

  • Édouard, (1804-1879), acteur et librettiste ;
  • Bernard-Bonaventure (1808-1888), musicien, dont la fille Pauline-Maria Lacombe-Duprez (1842-1898) deviendra cantatrice.

Gilbert Duprez épouse le à Paris la cantatrice Alexandrine Duperron (Nantes, - Bruxelles, ). De cette union naissent :

  • Caroline-Alexandrine-Léopoldine-Marie (1832-1875) ; soprano, elle épousera Amédée-Ernest-Léopold Van den Heuvel, premier violon de l'Opéra le à Paris.
  • Gilbert-Denis-Léon (1838-1928) ; chanteur et professeur de chant au Conservatoire, il dirigera l’École spéciale de chant créée par son père. Il épousera Jeanne-Marie-Marguerite Tinel le à Paris 2e.

Morte à 66 ans, Alexandrine Duperron est enterrée au cimetière de Montmartre dans la même sépulture que son mari.

« Elle passa sur cette terre
Elle aujourd'hui qui n'est plus rien
Elle y passa mais pour faire
Le bien, le bien, toujours le bien »

L'auteur-compositeur, arrangeur, producteur, chanteur et chef d'orchestre français contemporain Olivier Toussaint est son arrière-petit-fils.

Notes et références

  1. « Nécrologie », Le Temps, 25 septembre 1896, lire en ligne sur Gallica
  2. Les aigus masculins étaient jusqu'alors émis en falsetto ou en « voix mixte ».
  3. « Courrier des théâtres », Le Figaro, 24 septembre 1896, lire en ligne sur Gallica
  4. Et non à Poissy comme le laisse penser une coquille du Dictionnaire de la musique en France au XIXe siècle.
  5. Liste des personnalités inhumées au cimetière Montmartre.

Voir aussi

Sources

  • Damien Colas, « Gilbert Duprez », Dictionnaire de la musique en France au XIXe siècle, Joël Marie Fauquet (dir.), Fayard, 2003, p. 412 (ISBN 2-213-59316-7)
  • Pierre Girod, L'Art du chant de Gilbert Duprez. Voix perdue ou voies oubliées ?, Paris, CNSMDP, 2011.

Liens externes

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