Geoffroi de Villehardouin

Geoffroi de Villehardouin (vers [1] - entre et [2]) est un chroniqueur et chevalier français croisé. Il a notamment participé à la conquête de Constantinople (1203-1204) pendant la quatrième croisade et à la formation de l’Empire latin d’Orient avec Baudouin VI de Hainaut. Il a été nommé maréchal de Champagne puis de Romanie, c’est-à-dire de l'Empire latin d'Orient.

Biographie

Chronique de la Quatrième croisade, édition de 1585 avec le texte original et traduction en français du XVIe siècle.

Il est un fils cadet de Vilain, seigneur de Villehardouin, dans le comté de Champagne et dans l'actuel département de l'Aube. Il naît à une date inconnue, vers 1150[3].

Il s'élève au poste de maréchal de Champagne, à partir de 1185, et entre au conseil de la régente Marie de France[1]. Il accompagne son suzerain Henri II de Champagne à la troisième croisade au cours de laquelle il est capturé en pendant le Siège d'Acre, mais il réapparaît en Champagne à partir de 1194[1]. Ses qualités personnelles ainsi que ses fonctions de maréchal l'ont amené à participer à beaucoup d'affaires administratives et politiques : il remplit à plusieurs reprises l'office de médiateur et d'arbitre, réglant entre autres, de compagnie avec l'archevêque de Sens, le différend qui opposait en 1198 le comte Thibaud, son seigneur, et le chapitre de la cathédrale de Troyes[4]. En , le comte de Champagne rend hommage au roi de France, et Geoffroi de Villehardouin figure alors parmi les garants qui jurent fidélité[5].

En , il se croise à l'appel de Foulques de Neuilly lors du Tournoi d'Écry[4]. En , quelques mois avant la mort de son suzerain, il est chargé par Thibaut III de Champagne de préparer et négocier le transport des croisés vers l'Égypte auprès de la République de Venise[6]. Dans la séance solennelle de l'assemblée du peuple vénitien, c'est lui qui prend la parole pour exposer les intentions des croisés[6], ainsi qu'il le raconte dans sa chronique[7]. Cette croisade, partie à l'origine pour délivrer Jérusalem, devait aboutir à la prise de Constantinople et à la fondation de l'Empire latin de Constantinople. Tout au long de la croisade, Villehardouin joue un rôle de premier plan. Il participe en 1204 à la prise de la ville et reçoit du nouvel empereur Baudouin Ier de Flandre le titre de maréchal de « l’empire de Romanie » (c'est-à-dire de l'ancien territoire de l'empire byzantin). Après la défaite de la bataille d'Andrinople en 1205 il montre ses talents de stratège en sauvant l'armée croisée[8]. En 1207, Boniface de Montferrat, roi de Thessalonique, lui donne le fief de Messinople. Il se distingue encore par son courage et sa sagesse lors de l'expédition de l'empereur Henri contre les Bulgares, de mai à [8].

Son fils Érard ayant pris, en 1213, le titre de seigneur de Villehardouin, certains ont pensé que Geoffroi serait mort cette année-là dans son fief de Messinople (Mosynopolis), en Thrace[9] ; cependant le délai très court entre la dernière attestation de Geoffroi vivant (il est témoin d'un acte daté du , à Halmyros en Thessalie), et le premier acte connu dans lequel Érard prend le titre de seigneur de Villehardouin (), moins de deux mois au maximum, écarte cette hypothèse pour Jean Longnon, compte tenu du temps nécessaire à la transmission de cette nouvelle entre la Grèce et la Champagne. L'existence de cinq fondations d'anniversaire groupées au cours de l'année 1218 pourrait quant à elle indiquer que sa mort était alors récente, mais sans certitude, et il ne semble donc pas possible de préciser davantage[2].

Geoffroi de Villehardouin eut un neveu et un petit neveu portant son prénom, soit respectivement Geoffroi Ier de Villehardouin et Geoffroi II de Villehardouin, princes d'Achaïe.

Le sceau de Geoffroy.

Œuvre

De 1207 à 1213 il rédige en ancien français une histoire de la quatrième croisade, intitulée De la Conquête de Constantinople, décrivant les événements survenus entre 1198 et 1207, dans un style remarquable. Néanmoins, sa bonne foi ou sa perspicacité ont été mises en doute à partir du XIXe siècle par certains historiens modernes qui expliquent le détournement de la croisade de son but initial par l'existence d'un complot prémédité (généralement vénitien ou germanique) que Villehardouin n'aurait pas souhaité révéler ou qu'il n'aurait pas décelé. D'autres auteurs, rejetant la théorie d'un complot, ne remettent pas en doute sa sincérité.

Éditions

  • Geoffroy de Villehardouin, La Conquête de Constantinople, édition de Paulin, Paris, 1838 Lire en ligne ;
  • Geoffroy de Villehardouin (trad. de l'ancien français (842-1400) par Edmond Faral), La Conquête de Constantinople, t. Ier (1199-1203), Paris, Les Belles Lettres, , 2e éd., 240 p.
  • Geoffroy de Villehardouin (trad. de l'ancien français (842-1400) par Edmond Faral), La Conquête de Constantinople, t. II (1203-1207), Paris, Les Belles Lettres, , 2e éd., 378 p.
  • Geoffroy de Villehardouin, La Conquête de Constantinople, édition Flammarion, collection Garnier Flammarion, no 214, 1969, 192 pages ;
  • Geoffroy de Villehardouin, La Conquête de Constantinople, Flammarion, 2004, (ISBN 2080711970).

Notes et références

  1. Longnon 1978, p. 26.
  2. Longnon 1978, p. 32.
  3. Edmond Faral 1961, p. VI de l'Introduction.
  4. Edmond Faral 1961, p. VII de l'Introduction.
  5. Longnon 1978, p. 26-27.
  6. Edmond Faral 1961, p. VIII de l'Introduction.
  7. G. de Villehardouin, La Conquête de Constantinople, § 12 à 27.
  8. Edmond Faral 1961, p. X de l'Introduction.
  9. Edmond Faral 1961, p. XII de l'Introduction.

Voir aussi

Bibliographie

  • Geoffroy de Villehardouin, un chevalier à la croisade, L'histoire de la conquête de Constantinople (suivi de) De ceux qui se croisèrent et comment le marquis de Montferrat devint leur seigneur par Robert de Cléry, Texte établi et présenté par Jean Longnon, librairie Jules Tallandier, 1981, 274 p. (ISBN 2-235-01078-4) ;
  • Jean Longnon, Les Compagnons de Villehardouin : Recherches sur les croisés de la quatrième croisade, Genève, Droz,

Articles connexes

Liens externes

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