Gaston Berthe

Gaston Berthe (1889-1952) est un homme politique français membre de la résistance intérieure française pendant la seconde guerre mondiale. Né et mort à Calais, dans le Pas-de-Calais, appartenant à une famille de fabricants de tulle et de dentelles, résistant de la première heure, déporté résistant en camp de concentration, il est maire de Calais de 1947 à 1952, et conseiller général du Pas-de-Calais de 1949 à 1952[1].

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Biographie

Gaston Victor Berthe nait à Calais le [2]. Il est le fils d'Henri Berthe, fabricant de tulle et de Henriette Marie Sophie Rossignol[3].

Toute sa vie se déroule dans sa ville natale. Gaston Berthe reprend la profession de son père : fabricant de tulles et de dentelles[4].

Il épouse à Calais le Delrue Élise[3].

Le couple a un fils prénommé Gaston lui aussi, né le et une fille Denise, née le . Comme l'ensemble de la famille, Denise participera à l'action de résistance de son père et recevra à ce titre la Croix de guerre 1939-1945[5].

En 1932, Gaston Berthe fonde la société philanthropique "L'Entr'Aide" de Calais[4].

En 1944, Gaston Berthe est membre du comité de la "Chambre syndicale des fabricants de tulles et de dentelles de Calais"[4].

Il meurt à Calais le , lors de son second mandat de maire, d'une crise cardiaque, à l'âge de 63 ans[3],[6]. Ses funérailles rassemblent une foule immense, encore plus considérable que celle présente en 1910 pour rendre hommage aux victimes du naufrage du sous marin Pluviôse (Q51)[6].

Résistant

Gaston Berthe s'est déjà illustré pendant la première guerre mondiale : engagé à l'hôpital militaire 27 de Calais de 1914 à 1918, ce qui lui vaut de recevoir une distinction à ce titre (voir ci-dessous)[4].

Dénommé « Le père tranquille de la Résistance » par Les Échos du Pas-de-Calais[6], pour sa conduite pendant la seconde guerre mondiale, Gaston Berthe s'engage très tôt dans l'action de résistance intérieure française. Calais, comme toute la région Nord-Pas-de-Calais, est directement occupée par les Allemands et administrativement rattachée à la Belgique. Gaston Berthe refuse l'armistice de 1940[6]. Toute la famille, depuis sa femme jusqu'à ses enfants, va s'impliquer dans les actions de résistance [7].

En 1940, il ravitaille des réfugiés cachés chez sa belle-sœur et aide un ménage qui cache 4 soldats anglais. En , il ramène chez lui un aviateur australien de la Royal Air Force[7].

Il s'engage dans divers mouvements de résistance : « Alibi Jean de Vienne », « Capitaine Michel », « Pat O'Leary »[6] ou « Prat »[8].

Ce dernier réseau récupère les aviateurs alliés abattus dans le Calaisis pour leur faire retrouver l'Angleterre[6].

En , les Allemands interrogent la famille, sans conséquences directes, la famille ne cachant pas de réfugiés à ce moment là[9].

Gaston Berthe participe activement à des actions dangereuses[6].

Les Allemands infiltrent et démantèlent le réseau faisant gagner l'Angleterre à des aviateurs alliés, en faisant passer un pseudo aviateur canadien. En février ou , Gaston Berthe est arrêté à Balinghem où il réside, sa maison de Calais, rue Descartes, ayant été réquisitionnée par un officier allemand dès le début de l'occupation[8]. Il est emmené à la prison de Loos près de Lille et passe en jugement en . Il est condamné à huit ans de travaux forcés[10]. Sa femme et ses enfants peuvent lui rendre visite tous les 15 jours jusqu'en [11]. Gaston Berthe est ensuite envoyé en déportation[12]. Il est d'abord mené à la prison Saint-Gilles à Bruxelles[11].

La famille reste sans nouvelles pendant un an jusqu'à une carte postale de la Croix-Rouge, datée d'[13]. Gaston Berthe rentre de déportation le , très diminué et souffrant physiquement[12] après avoir pu envoyer un télégramme depuis Paris annonçant son retour[13]. Il ne pèse plus que 43 kilos, ce qui ne l'empêche pas de déclarer avec un humour sarcastique « Ils ont eu la graisse mais pas la peau »[13]. Il porte les mêmes vêtements que le jour de son arrestation. Il revient du camp de Nieder-Roden-Rodgau, camp pour politiques[14], dépendant de Buchenwald, délivré par l'armée américaine du général Patton[13].

Son attitude pendant cette période lui vaudra de recevoir la Légion d'honneur « pour services exceptionnels de guerre et de résistance »[15].

En 1945, il est président de la section de Calais de la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes. Il est également la même année président d'honneur de l'Amicale des Anciens de la Résistance[4].

Carrière politique

Gaston Berthe siège d'abord au conseil municipal de Calais en tant que conseiller municipal puis se présente en tant que tête de liste (sous l'étiquette S.F.I.O) aux élections municipales de 1947.

En 1947, Vincent Auriol socialiste est élu président de la quatrième République. La section SFIO de Calais cherche une tête de liste pouvant mener la bataille des élections municipales. Gaston Berthe se laisse convaincre d'en prendre la tête afin de rassembler au nom de l'intérêt et de l'avenir de Calais. Sa liste arrive en tête et il devient maire. Au conseil municipal siègent trois anciens maires : Léon Vincent, Jacques Vendroux, ami de la résistance mais opposant politique, Hubert Defachelles[6].

Calais est sortie de la deuxième guerre mondiale sinistrée : détruite à 73 % (voir Histoire de Calais), la tâche est donc immense et les besoins considérables. Gaston Berthe se consacre totalement, malgré les souffrances endurées pendant la déportation[12], à la reconstruction de la ville, à la renaissance de celle-ci en remettant en ordre les services municipaux. Il travaille en collaboration étroite avec les services préfectoraux pour rétablir le fonctionnement normal de la cité et de la vie démocratique[12].

Au sein du conseil municipal, les tensions politiques sont fortes, la marge de manœuvre du maire étroite. En , le budget est refusé, le conseil des ministres dissout le conseil municipal et provoque de nouvelles élections. Les électeurs choisissent quasiment les mêmes personnes, Gaston Berthe retrouve son fauteuil de maire, qu'il garde jusqu'à sa mort en 1952[6].

Il est membre de la commission administrative des hospices en qualité de délégué préfectoral en 1947[4].

En , Gaston Berthe préside l'association des anciens maires du Pas-de-Calais[4].

Il occupe encore la fonction de conseiller général socialiste du Pas-de-Calais, canton de Calais, de 1949 à 1952, année de sa mort[1].

Gaston Berthe avait su se gagner la sympathie de ses administrés, ils le surnommaient affectueusement « Gastounet »[6].

Distinctions

La ville de Calais a rendu hommage à son ancien maire en donnant son nom à une importante rue de la ville : Digue Gaston Berthe.

Au moins, deux expositions ont été organisées en hommage à Gaston Berthe à Calais, en avec la collaboration très impliquée de son petit-fils, à la salle du Minck, [19] et en au musée Mémoire du parc Saint-Pierre, première exposition de l'année pour ce site, en présence de descendants du résistant[20].

Portrait

Une photographie de Gaston Berthe figure en page 18 des Échos du Pas-de-Calais[6] et en page 2 de Commission féminine des guerres 14-18/39-45 des Amis du Vieux Calais[21].

Articles connexes

Bibliographie

Notes et références

  1. Nicolas Bué, cité dans la bibliographie
  2. Et donc enregistré dans l'état-civil de Calais à l'année 1890
  3. « Etat civil Calais 1890 », sur Archives départementales du Pas-de-Calais.fr, p. 3
  4. Base Léonore, citée dans la bibliographie, document 9
  5. Commission féminine des guerres 14-18/39-45 des Amis du Vieux Calais, cité dans la bibliographie, page 6
  6. Les Échos du Pas-de-Calais, cité dans la bibliographie
  7. Le film des vies des résistantes de Calais et des alentours, option citée, page 2
  8. « L'ancienne usine de Gaston Berthe a été détruite en 1982 », sur Calais avant-hier
  9. Commission féminine des guerres 14-18/39-45 des Amis du Vieux Calais, option citée, page 3
  10. Robert Chaussois, Calais au pied du mur, (lire en ligne), p. 24 et
  11. Commission féminine des guerres 14-18/39-45 des Amis du Vieux Calais, option citée, page 4
  12. Base Léonore, option citée, document 10
  13. Commission féminine des guerres 14-18/39-45 des Amis du Vieux Calais, option citée, page 5
  14. « Liste des camps établie par le Service Information des Crimes de Guerre. »
  15. Base Léonore, option citée, document 8
  16. Gaston Berthe avait déjà fait l'objet d'une nomination de chevalier de la Légion d'honneur en tant que Président de l'Association des anciens maires du Pas-de-Calais, sur le rapport du Ministère de l'Intérieur : décret du 4 février 1949, J.O. du 9 février 1949. Cette nomination a été annulée pour prendre en considération son rôle dans la Résistance, voir Base Léonore, option citée, documents 12 et 13. Ce type de double nomination, à la fois à titre civil et à titre militaire illustre le parcours peu ordinaire de Gaston Berthe
  17. Base Léonore, citée dans la bibliographie, document 1
  18. Base Léonore, option citée, documents 4-5
  19. « L'exposition consacrée à Gaston Berthe à découvrir encore aujourd'hui », sur Calais Photo Nostalgie
  20. « Gaston Berthe, première exposition de l'année au musée Mémoire », sur Calais Photos Nostalgie
  21. Commission féminine des guerres 14-18/39-45 des Amis du Vieux Calais, option citée, page 2
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