Gaspard-Séverin Duchastel

Gaspard-Séverin Duchastel, né le à Cersay et mort guillotiné le , place de la Révolution, à Paris, est un député girondin, à la Convention nationale.

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Gaspard-Séverin Duchastel
Blason des Duchastel
Nom de naissance Gaspard Séverin Duchastel
Naissance
Cersay (Deux-Sèvres)
Décès
Place de la Révolution à Paris
Nationalité Française
Profession
L’un des administrateurs des Deux-Sèvres
Chef de légion des gardes nationaux de Thouars
Député des Deux-Sèvres,
Autres activités

Biographie

Sa famille

Il est le fils de François Duchastel (1734-1788), sieur de La Pinarderie, est pourvu dès le de l’office anoblissant de président trésorier de France au bureau des finances de Poitiers qu'il exerce jusqu'en 1781[1].

Les Duchastel, du Châtel ou bien encore du Chastel sont une ancienne famille de Chouzé-sur-Loire. Il est le cousin de Louis Claude du Chastel, un officier d'armée qui fait toutes les guerres de la Révolution et les guerres de l’Empire.

Sa jeunesse

Gardes du corps de Louis XVI.

Duchastel fait des études à Poitiers. Il est ensuite admis, en 1786, dans les gardes du corps du roi.

Alphonse de Lamartine a fait une sorte de portrait de Gaspard Séverin Duchastel : « L'élévation de sa taille, l'attitude martiale de son corps, la grâce et la noblesse de sa figure attiraient tous les yeux. Carra, député de Saône-et-Loire à la Convention, était assis à côté de du Chastel. L'expression commune et désordonnée de sa physionomie, son corps courbé, sa tête grosse et lourde, ses habits négligés, qui rappelaient le costume de Marat, contrastaient avec la stature et avec la beauté de du Chastel[2] ». Charles Nodier parle de « sa belle et longue chevelure livrée aux valets du bourreau Sanson »... « Il étoit avec Jacques Pierre Agricol Mainvielle le plus beau des accusés[3] ». Louvet évoque aussi « la rare beauté de ces formes et de sa figure apolloniennes ».

Son père, François Duchastel meurt le et il se retrouve sieur de La Pinarderie, de La Serre et de la seigneurie de Bouillé-Saint-Paul avec ses dépendances : Rochefou et le clos de La Relandière. Dès ce décès il démissionne et vient habiter à Cersay pour s’occuper d’agriculture.

La Révolution

Le , Gaspard-Séverin Duchastel est élu pour siéger au directoire du département des Deux-Sèvres et administrateur des Deux-Sèvres. Il est nommé chef de la légion des gardes nationaux de Thouars.

Les premiers troubles ayant éclaté dans le nord du département, annonçant ce qui l’année suivante sera le début des guerres de Vendée, il part en mission en , comme commissaire pour organiser la lutte contre les insurgés. Le , il est à la tête des patriotes qui devant Bressuire, remportent la victoire. Le , il est élu député des Deux-Sèvres à la Convention nationale.

Il va rapidement sympathiser avec les girondins, qui se retrouvent à la droite de la Convention nationale. Il est l’un des treize membres du Comité d'aliénation des domaines nationaux.

La Convention dite girondine, car dominée par les députés qui seront au XIXe siècle baptisés girondins, doit juger le roi.

Le procès du roi

Le , Louis XVI fait son entrée dans la salle de la Convention nationale, où il va être jugé. Dans les discussions préalables au procès du roi, Gaspard-Séverin Duchastel a déjà laissé entendre, qu’à son avis, la Convention n’avait le droit que d’exiger l’abdication du monarque et son bannissement.

Alors que l’appel nominal sur la peine à appliquer au roi est terminé, Duchastel tombe très gravement malade. Il ne peut donc aller à la Convention lors des deux premiers votes. Il se fait porter, en bonnet de nuit, devant la tribune pour voter le bannissement lors du troisième et dernier vote. L’Assemblée, malgré l’opposition de Duhem et de quelques autres Montagnards lui permet de voter malgré son retard. Un décret formel déclare d'ailleurs que le vote de Duchastel sera compté. Mais, il ne se présente pas le lendemain pour voter sur l'éventualité d'un sursis, étant toujours malade.

Le , Duchastel vote pour la mise en accusation de Marat. Le , il vote pour que le décret qui avait cassé la Commission des Douze, la veille, soit rapporté. Un décret du le désigne pour occuper les fonctions de commissaire à l’armée du Nord. Il est élu par la majorité des députés. Mais attaqué par Collot d'Herbois qui l’accuse d’avoir voulu sauver le tyran, il répond : « J’ai donné mon opinion contre la mort de Louis Capet au président qui ne put la lire je me rendis quoique malade à l’Assemblée. Au surplus puisque je n’ai pas la confiance de ces Messieurs, je n’accepte pas la commission ».

Duchastel n’est pourtant pas proscrit comme les autres Girondins après le et le commencement de la deuxième phase de la Terreur. Toutefois, il juge plus prudent de quitter Paris pour rejoindre des fugitifs à Caen.

En fuite

Les Girondins à la prison de la Force après leur arrestation. Gravure de 1845.

Le , sur rapport de Berlier au nom du Comité de salut public, Duchastel est accusé d'avoir déserté son poste et entretenu une correspondance criminelle avec les chefs des rebelles de Vendée. En effet, une lettre trouvé sur un chef des rebelles montre qu'il est en correspondance avec eux. Le , il est remplacé par son suppléant Chauvin-Hersant.

Duchastel passe à Nantes, puis à Quimper, d’où il parvient à atteindre Bordeaux. Il est prêt à s'embarquer pour Philadelphie, lorsqu'il est dénoncé et arrêté par le représentant Ysabeau, le . Il est conduit de Bordeaux à Paris garrotté par ses gardiens qui craignent qu’il ne s’évade. Il est jeté dans un cachot à la Conciergerie[4].

Duchastel est incarcéré à la Conciergerie, le avec les vingt autres chefs girondins. Ils sont ensuite traduits devant le tribunal révolutionnaire.

L’accusateur public reproche à Duchastel d’avoir comploté avec Pétion et envoyé Charlotte Corday tuer Marat. Il le dit aussi à l’origine de l’insurrection fédéraliste. Duchastel lui réplique que quand il a rencontré Pétion, Marat était déjà mort. Il lui répond aussi qu’il ne peut être déclaré coupable de conspiration contre l'unité et l'indivisibilité de la république car, quand il est arrivé dans le Calvados, l’insurrection fédéraliste était déjà commencée. Le principal reproche qui lui est fait est d'avoir voté contre la mort du roi.

Il est condamné à mort le , et exécuté le lendemain. Tous les accusés sont condamnés sans exception, et si la plupart accueillent leur sentence par un « Vive la République ! », Duchastel se contente de rester méditatif[5].

Sa mort

En allant de leur prison à la Place de la Révolution, le , des hurleurs leur crient : « Mort aux traîtres ! ». Gaspard Duchastel est dans la première charrette avec Armand Gensonné, Jean-Louis Carra et Marc David Lasource.

Duchastel meurt heureux et il se dit fier d’avoir défendu la cause des innocents enfants des émigrés[6]. Il meurt en même temps qu'Armand Gensonné, Jacques Pierre Agricol Mainvielle et Jean-Baptiste Boyer-Fonfrède.

Duchastel s'était trompé en prédisant que la Terreur et la misère s'étendraient à tout le pays et même aux donneurs d'ordre de ses bourreaux. Deux ans plus tard, des députés demandent qu'une fête soit organisée pour commémorer ce funeste événement[7]. Il sera inhumé à la chapelle expiatoire à Paris.

Sources

Notes et références

  1. Bulletin de la Société des antiquaires de l'Ouest et des musées de Poitiers, de Frank W. Tober Collection - Poitiers, 2001, p. 366.
  2. Alphonse de Lamartine, Histoire des Girondins, p. 30.
  3. Charles Nodier, Souvenirs de la Révolution et de l'Empire, p. 192.
  4. Conte Arthur, Sire, ils ont voté la mort, p. 387.
  5. Charles Nodier, Souvenirs de la Révolution et de l'Empire, p. 200.
  6. Souvenirs de la Révolution et de l'Empire, de Charles Nodier, p. 192.
  7. Arnault, Antoine Vincent (1766-1834), Dictionnaire historique et raisonné de tous les hommes qui, depuis la Révolution française, ont acquis de la célébrité par leurs actions, leurs écrits, leurs erreurs ou leurs crimes, soit en France, soit dans les pays étrangers, p. 104-105.

Voir aussi

Articles connexes

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