Gare de Saint-Hippolyte (Haut-Rhin)

La gare de Saint-Hippolyte (Haut-Rhin), parfois surnommée « gare du Kaiser » ou « gare du Château du Haut-Kœnigsbourg », est une gare ferroviaire française de la ligne de Strasbourg-Ville à Saint-Louis, située sur le territoire de la commune de Saint-Hippolyte, dans la collectivité européenne d'Alsace (département du Haut-Rhin), en région Grand Est. La gare se trouve à proximité du Château du Haut-Kœnigsbourg qu'elle desservait.

Saint-Hippolyte (Haut-Rhin)

La gare, le 7 juin 2015.
Localisation
Pays France
Commune Saint-Hippolyte
Adresse 3, rue de la Gare
68 590 Saint-Hippolyte
Coordonnées géographiques 48° 13′ 18″ nord, 7° 24′ 08″ est
Code UIC 87182261
Caractéristiques
Ligne(s) Strasbourg-Ville à Saint-Louis
Voies 2
Quais 2
Altitude 182 m
Historique
Mise en service
Fermeture 2002
Architecte Félix Fries
(Bâtiment de 1840)
Ludwig Kriesche
et Bodo Ebhardt
(Bâtiment de 1903)
Protection  Inscrit MH (1997)

Elle est mise en service en 1840 par la Compagnie du chemin de fer de Strasbourg à Bâle et fermée par la Société nationale des chemins de fer français (SNCF).

L'ancien bâtiment voyageurs, vendu par la SNCF et réaménagé en habitation privée, est classé monument historique en 1997. Il est ruiné par un incendie en février 2010.

Situation ferroviaire

Établie à 182 mètres d'altitude, la gare de Saint-Hippolyte (Haut-Rhin) est située au point kilométrique (PK) 48,460 de la ligne de Strasbourg-Ville à Saint-Louis, entre la gare ouverte de Sélestat la gare fermée de Ribeauvillé[1].

Histoire

Gare de troisième classe - 1840

La « station de Saint-Hippolyte » est mise en service officiellement le 1840 par la Compagnie du chemin de fer de Strasbourg à Bâle, lorsqu'elle ouvre à l'exploitation la section de Benfeld à Colmar[2]. Elle est établie sur le territoire du ban communal de Saint-Hippolyte, qui compte 2 239 habitants[3].

C'est une « petite station » qui n'était pas prévue sur le projet d'origine de la ligne, mais qui a été ajoutée sur les études définitives du fait des avis exprimés lors des enquêtes préalables au tracé final[4]. C'est une station de troisième classe (la plus basse et la plus courante sur la ligne), la superficie de son emprise, en dehors de celle de la ligne, est de neuf ares. Peu différentes de la gare d'Ebersheim, elle dispose : d'une cour des voyageurs avec des massifs de fleurs et d'arbustes ; d'un bâtiment principal, du à l'architecte Félix Fries, disposant au rez-de-chaussée d'une salle d'attente, d'un petit magasin et du bureau du receveur et à l'étage d'un logement pour le receveur qui fait également office de garde-barrière ; d'une cour avec le bâtiment de service ; de deux quais long de cinquante mètres, large de 1,5 m et d'une hauteur au-dessus des rails de 15 cm à 20 cm et d'un potager[5].

Du 1841 au 1842 la station de Saint-Hippolyte délivre des billets à 4 892 voyageurs pour une recette de 5 453,30 francs, auquel s'ajoute 111,30 francs pour le service des bagages et marchandises[6].

Le 1854, la Compagnie des chemins de fer de l'Est succède à la Compagnie du chemin de fer de Strasbourg à Bâle.

En 1855, Hippolyte-Jules Demolière signale que la station est la plus proche du Haut-Koenigsbourg[7] et dans les années 1860, Adolphe Joanne l'a situe, à environ trois kilomètres du village par un bon chemin vicinal, près de la montagne du « Hohenkœnigsbourg » et ses ruines[8], les touristes venant de Strasbourg descendent à la station de Saint-Hippolyte pour en faire l'ascension[9].

En 1871, la gare entre dans le réseau de la Direction générale impériale des chemins de fer d'Alsace-Lorraine (EL) à la suite de la défaite française lors de la guerre franco-allemande de 1870 (et le traité de Francfort qui s'ensuivit).

Gare du « Kaiser » Guillaume II - 1903

Au début du XXe siècle, l'empereur Guillaume II décide la restauration du Château du Haut-Kœnigsbourg, proche de la gare, les travaux débutent en 1901, dirigés par l'architecte Bodo Ebhardt.

Réception de l'empereur à la gare en 1905.

Cette reconstruction nécessite de nombreux matériaux amenés par le chemin de fer et l'empereur prévoit de venir régulièrement pour suivre le chantier. La gare est réaménagée et un nouveau bâtiment voyageurs est construit de 1903 à 1907 selon les plans de l'architecte Ludwig Kriesche datant de 1901[10]. Réalisé par Bodo Ebhardt, il est conçu pour permettre à Guillaume II d'y résider lors de ses visites. Important édifice en pierre de taille, il comporte une tour accolée au corps central et deux ailes. À l'étage une chambre avec deux fenêtres est réservée à l'empereur qui est accueilli par les enfants du village lors de ses visites[11].

Le , la gare entre dans le réseau de l'Administration des chemins de fer d'Alsace et de Lorraine (AL), à la suite de la victoire française lors de la Première Guerre mondiale. Puis, le , cette administration d'État forme avec les autres grandes compagnies la SNCF, qui devient concessionnaire des installations ferroviaires de Saint-Hippolyte. Cependant, après l'annexion allemande de l'Alsace-Lorraine, c'est la Deutsche Reichsbahn qui gère la gare pendant la Seconde Guerre mondiale, du jusqu'à la Libération (en 1944 1945).

La gare de Saint-Hippolyte a servi de décor pour une scène du film La Décade prodigieuse de Claude Chabrol[12].

Le guichet est fermé en février 1976 par la Société nationale des chemins de fer français (SNCF)[13]. Néanmoins un arrêt est maintenu sous forme d'une halte ferroviaire sans personnel[14].

La gare de Saint-Hippolyte a vraisemblablement fermé en 2002, en même temps que les gares voisines d'Ostheim - Beblenheim et de Bennwihr.

Patrimoine ferroviaire

Le bâtiment en ruines en 2015.

Le bâtiment voyageurs de la gare, édifié entre 1903 et 1907, ainsi que les quais font l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques par arrêté du 1997[15].

L'ancien bâtiment voyageurs, devenu habitation privée, est ravagé par un incendie le 2010[16],[17]. En 2012, le bâtiment en ruine est adjugé 45 000 euros à un particulier lors d'une « adjudication forcée ». La commune de Saint-Hippolyte fait valoir son droit de préemption urbaine et rachète ce bien pour au minimum le sécuriser et agir pour sa préservation[18],[19]. En 2017, la situation du bâtiment est bloquée en raison d'un imbroglio juridique entre la commune et les occupants[20].

En 2020, les occupants entreprennent la restauration du bâtiment. Un financement participatif a été lancé pour soutenir le projet[21].

Notes et références

  1. Reinhard Douté, Les 400 profils de lignes voyageurs du réseau français : lignes 001 à 600, vol. 1, Paris, La Vie du Rail, , 239 p. (ISBN 978-2-918758-34-1), « [115/1] Strasbourg - Colmar », p. 65.
  2. François Palau et Maguy Palau, Le rail en France : Les 80 premières lignes 1828-1851, Palau, , 217 p. (ISBN 2-9509421-0-5), « 2.10 Benfeld-Colmar », p. 75-77
  3. J. Duplessy, Le guide indispensable des voyageurs sur les chemins de fer de l'Alsace : ouvrage rédigé sur des documents authentiques, et contenant la description de tous les lieux parcourus, V. Levrault, (lire en ligne), p. 87 et 91
  4. Pierre-Dominique Bazaine, Chemin de fer de Strasbourg à Bâle : notes et documents (lire en ligne)
  5. Pierre-Dominique Bazaine et Paul-Romain Chaperon, Chemins de fer d'Alsace : leur description complète, trace, terrassements, travaux d'art, voies en fer, stations de toute classe, ateliers, matériel de locomotion : ouvrage formant un ensemble de détails pratiques pour la construction et l'exploitation des chemins de fer : Légende explicative des planches : Planches 30 et 56, Carilian-Goeury et Vve. Dalmont, (lire en ligne), p. 61-63 et 117-118
  6. J. Duplessy, Le guide indispensable des voyageurs sur les chemins de fer de l'Alsace, (lire en ligne), p. 18-19
  7. Hippolyte-Jules Demolière, De Paris à Strasbourg et à Bâle : avec les embranchements de Reims, de Saint-Dizier (Gray), de Thionville et de Forbach : De Schlestadt à Colmar, Hachette, (lire en ligne), p. 25
  8. Adolphe Joanne, Itinéraire général de la France : Vosges et Ardennes : De Strasbourg à Bâle, Hachette, (lire en ligne), p. 122
  9. Adolphe Joanne, Trains de plaisir aux bords du Rhin : itinéraire descriptif et historique, Libr. de L. Hachette et Cie., (lire en ligne), p. 44
  10. « Histoire », sur saint-hippolyte-alsace.fr (consulté le )
  11. 2010, « La gare du Kaiser Guillaume II », sur lalsace.fr (consulté le )
  12. « L'ancienne gare de Saint-Hippolyte », sur le blog Parimoine 68.
  13. Philippe HOFMANN, « La page de Philippe HOFMANN », sur train.modele.free.fr (consulté le )
  14. « Les cigognes n° 34 » [PDF], sur cities.reseaudescommunes.fr, (consulté le ), p. 8
  15. « Gare du Kaiser », notice no PA68000014, base Mérimée, ministère français de la Culture
  16. AFP, « Un incendie ravage une ancienne gare classée monument historique et perturbe le trafic SNCF », sur http://www.lepoint.fr/, Le Point, (consulté le )
  17. « Alsace : une ancienne gare incendiée », sur lefigaro.fr (consulté le )
  18. municipalité, « Ancienne gare : droit de préemption urbain », Les Cigognes : bulletin communal de Saint-Hippolyte, no 36, , p. 8 (lire en ligne, consulté le )
  19. « La ville achète l’ancienne gare », sur dna.fr, (consulté le )
  20. « La ruine du Kaiser », article des Dernières Nouvelles d'Alsace du 4 août 2017.
  21. « L’ancienne gare veut renaître », article des Dernières Nouvelles d'Alsace du 14 mai 2020.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Portail du chemin de fer
  • Portail du Haut-Rhin
  • Portail des monuments historiques français
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.