Franciszek Ksawery Branicki

Franciszek Ksawery Branicki (en français : François Xavier Branicki), armoiries Korczak (1730-1819), est un aristocrate polonais, staroste de Halicz et hetman de la Couronne.

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Un des principaux leaders de la Confédération de Targowica, qui favorisa l'intervention russe contre la Pologne en 1792, il fut considéré comme un traître à la nation, jugé et condamné à mort (par contumace).

Biographie

Jeunesse

Il est issu d'une famille de la noblesse polonaise, les Branicki armoiries Korczak (une autre branche utilisait les armoiries Gryf), castellans de Cracovie.

Son père, castellan de Bratslav, lui laisse une grande fortune qu'il dilapide rapidement. Il fait ensuite son Grand Tour, durant lequel il s'engage comme officier dans l'armée française contre la Prusse, puis chez le jeune duc de Courlande, Charles-Christian de Saxe, qu'il accompagne dans la guerre de Sept Ans.

Il tente ensuite de nouveau sa chance en France, où il se rend à Versailles pour chercher un nouvel emploi militaire, mais est finalement rappelé par le duc de Courlande qui l'envoie à son ambassade à Saint-Pétersbourg, alors que l'ambassadeur de Pologne est à ce moment le prince Stanislas Poniatowski. Il se fait apprécier du futur roi de Pologne et son ascension débute. Il parle plusieurs langues et il est à la mode auprès de la jeunesse aristocratique et à la cour. Il est nommé colonel. Il est aussi proche de la grande-duchesse Catherine, la future impératrice, alors dans un relatif isolement.

Au service de Stanislas II

Lorsque Stanislas Poniatowski est élu roi de Pologne en 1764, il le nomme dès le lendemain adjudant-général, puis lieutenant-général, puis général d'artillerie de l'armée de Lituanie.

En 1765, le roi l’envoie comme représentant à Berlin. n , il le nomme chevalier de l'ordre de Saint-Stanislas, en décembre chevalier de l'ordre de l'Aigle blanc et en envoyé extraordinaire du roi.

Branicki doit sa faveur à la protection qu'il assure au roi contre l'influence des Czartoryski, que Stanislas-Auguste craignait. Il se rapproche de la Russie dans les années 1767-1768, approuvant la loi du en faveur des dissidents religieux prise par la Diète sur la pression des ambassadeurs prussien et russe (Nicolas Repnine).

Branicki est ensuite nommé à la tête d'un corps d'armée combattant les confédérés de Bar, aux côtés des généraux russes Apraxine et Kretchetnikov. C'est cette date que les historiens polonais modernes retiennent pour estimer qu'il se met ainsi au service de la Russie.

En 1772, il est envoyé par Stanislas en mission à Versailles pour demander son intervention, alors que la question de la partition de la Pologne est envisagée par la Prusse, l'Autriche et la Russie, mais c'est un échec, et le premier partage a lieu dès cette année.

En 1774, il est nommé hetman et reçoit l'énorme domaine de Biała Cerkiew en Ukraine.

1774-1788 : dans l'opposition

Portrait de Franciszek Branicki

Branicki se rend alors compte que les marges de manœuvre du roi Stanislas sont limitées. Par opportunisme, il se sépare de lui et se range dans le parti de ses adversaires, les Czartoryski et les Potocki. En même temps, il rêve paradoxalement d'un retour à un hetmanat indépendant. Il est à la tête du parti d'opposition et établit une correspondance avec le prince Potemkine, alors favori de Catherine II.

En 1781, il se marie avec la nièce de ce dernier, Alexandra von Engelhardt (en), et rompt officiellement avec le roi, son ancien ami[1].

Lors de la diète de 1782, il prend le parti d'une opposition dure, provoquant des discussions houleuses et des désordres. Jusqu'à la diète de 1788, l'opposition est partagée en deux tendances, celle des Czartorycki, des Potocki et des Sapieha, plutôt favorable à l'influence prussienne et celle du comte Stanislas Potocki et des Rzewuski, qui se tournent vers la Russie. C'est à cette tendance qu'il adhère, en devenant l'un des porte-parole.

Cette partie de l'opposition se caractérise par le conservatisme de ses membres, grands seigneurs terriens dans leur majorité, qui ne veulent pas de changements décidés par la Diète. Ils s'opposent en particulier à la petite noblesse sans terre et à toute tentative de mettre fin au liberum veto.

La Confédération de Targowica et le second partage

Il est donc surprenant de constater que Branicki accepte dans un premier temps la constitution du 3 mai 1791 et lui prête serment. Il est même chargé de réorganiser le ministère de la Guerre.

En sa qualité d'hetman, il préfère ne pas affronter directement le nouveau pouvoir, mais reprend les contacts avec la Russie, où on comprend rapidement que les confédérés de Targowica, qui se réunissent en pour défendre leurs anciens droits, peuvent servir les intérêts de l'Empire russe. Les confédérés, à la tête desquels se trouve le comte Stanislas Potocki, n'attendent que Branicki pour commencer à diriger les troupes insurgées.

Le , Catherine II proclame qu'elle prend la confédération de Targowica sous sa protection, et le jour même des colonnes stationnées en Bessarabie font irruption en Pologne. Les troupes polonaises sont vaincues et le roi Stanislas; reconnaissant le fait accompli, déclare abolie la constitution de 1791.

La Prusse et la Russie procèdent alors au deuxième partage de la Pologne. Branicki participe à la diète de Grodno, rassemblée du au , qui donne son accord à cette opération.

L'insurrection de 1794 et le troisième partage

Pendant l'insurrection de Kościuszko, il est jugé par la Cour pénale suprême, qui, le , le déclare traître et le condamne à mort par pendaison, mais sans effet puisqu'il se trouve en territoire russe (une cérémonie symbolique de pendaison en effigie a cependant lieu).

Après la défaite de l'insurrection, la Russie, la Prusse et l'Autriche procèdent au troisième partage (1795), qui met fin à l'existence de l'État polonais (Varsovie se trouve alors en territoire prussien). Le roi Stanislas II abdique le .

Après le troisième partage

Les domaines des Branicki se situent désormais en territoire russe. On lui donne le rang de général de l'armée russe.

Il se retire sur ses terres (aujourd'hui Bila Tserkva en Ukraine[2]).

Il ne se montre pas à Saint-Pétersbourg, sans doute de crainte de rencontrer Stanislas Poniatowski[3].

Il ne quitte plus ses terres à partir de 1798, s'occupant de leur gestion et de sa famille. Il meurt dans son château en 1819, et est enterré dans l'église du bourg.

Famille

Portrait de la comtesse Branicka épouse du comte, avec portrait de Catherine II sur la poitrine, et ruban de l'ordre de Sainte-Catherine

De son épouse, Alexandra von Engelhardt, Branicki a eu cinq enfants, deux fils et trois filles.

L'une d'elles, Élisabeth, secret amour de Pouchkine, épouse le comte puis prince Vorontsov.

Son fils Ladislas (1782-1843) devient sénateur de l'Empire et son titre de comte est confirmé par oukaze le .

Son petit-fils, Xavier Branicki échappe aux châtiments promis par le tsar Nicolas Ier et s'exile en France où il fera fortune, deviendra une personnalité et sera lié avec Napoléon III.

Notes

  1. Il existe une théorie selon laquelle Alexandra Engelhardt était en réalité la fille illégitime de Catherine II et de Potémkine, ce qui pourrait expliquer l'immense fortune qu'elle apporta en dot lors de son mariage avec Branicki et l'attention portée par la suite aux Branicki par les Tsars.
  2. Ce qui signifie Église Blanche, en russe Bielaïa Tserkov ; ce village a aussi porté le nom de Iouriev.
  3. Après son abdication, l'ex-roi de Pologne réside à Saint-Pétersbourg, au palais de Marbre

Liens externes

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