Francis Daniel Pastorius

Francis Daniel Pastorius, né le à Sommerhausen, en Franconie (aujourd'hui en Bavière) et mort entre le et à Germantown (dans l'État actuel de la Pennsylvanie), est un juriste, enseignant, mandataire, écrivain et abolitionniste connu pour avoir fondé, à l'âge de 32 ans, la ville de Germantown, aujourd'hui incluse dans le comté Philadelphie. Piétiste et converti au quakerisme lors de son arrivée dans les colonies anglaises et il fait partie des premiers anti-esclavagistes au sein des colonies de l'Empire britannique en Amérique du Nord.

Pour les articles homonymes, voir Pastorius.

Biographie

Jeunesse et formation

Maison de Francis Daniel Pastorius à Germantown

Francis Daniel Pastorius est le fils unique de Melchior Adam Pastorius et de Magdalena Dietz, une famille prospère luthérienne. Melchior Pastorius était un fonctionnaire municipal local q occupé diverses fonctions publiques dans la ville impériale de Windsheim. Francis Daniel Pastorius suit ses études secondaires au Gymnasium de Windsheim, puis, de 1668 à 1675 il entreprend des études de droit dans plusieurs universités : l'université de Strasbourg, l'université de Bâle, l'université d'Iéna, l'université d'Altdorf et enfin l'université de Nuremberg, d'où il sort avec un doctorat en droit. En 1676. Il ouvre et dirige un cabinet d'avocats à Windsheim jusqu'en 1679 où il ouvre un nouveau cabinet à Francfort-sur-le-Main. À Francfort il fait la connaissance du théologien, le docteur Johann Heinrich Horb (de)[1] qui va lui faire découvrir le piétisme. Grâce à au Dr Johann Heinrich Horb, Pastorius devient le précepteur d'un jeune noble, Johann Bonaventura von Bodeck, de 1680-1682, qu'il accompagnera dans une tournée européenne : Allemagne, Angleterre, France, Suisse, Hollande[2],[3].

Carrière

En 1683, un groupe de Mennonites, de piétistes luthériens, et de Quakers de la ville de Francfort qui ont fondé la Frankfort Land Company[3] demande à Pastorius d'être l'agent de la compagnie pour acheter de la terre en Pennsylvanie en vue de s'y installer. Pastorius part pour Philadelphie à bord de l'America, une fois arrivé le , il négocie l'achat de 15000 acres (61 km²) auprès de William Penn, propriétaire de la colonie, et il fonde ainsi l'implantation pour le compte de la Frankfort Land Company qu'il baptise Germantown. Au contact de William Pennn il se convertit à la doctrine des Quakers[4],[5].

Le , les premiers colons envoyés par la Frankfort Land Company et venant de la ville de Krefeld débarquent du Concord, ils ne sont que trente trois, ils sont accueillis par William Penn qu'ils ont connu lors de ses tournées en Allemagne en 1677[5],[6]. Pour attirer des colons, en 1684, Pastorius écrit un récit de son voyage de sur l'attractivité de Germantown : Positive Information From America, concerning the Country of Pennsylvania by a German who Traveled There[7].

Membre actif de Germantown où il vivra jusqu'à sa mort, il occupera différentes fonctions, dans un premier temps il est le représentant des propriétaires fonciers de la Frankfort Land Company, et supervise l'essor économique de la jeune colonie. Mais les nouveaux colons souvent des anciens tisserands avaient du mal à s'adapter à la vie agricole et aux métiers du bâtiment pour subvenir à leurs besoins, mettant en situation délicate Pastorius en tant que percepteur des loyers, qui demande dès 1685 à être déchargé de cette mission ; sa requête est refusée par la compagnie, il restera son représentant jusqu'en 1700. En plus de son poste de mandataire, il est enseignant à la Friends School of Philadelphia, l'actuelle Friends Select School (en), et plus tard à la Germantown Friends School (en), il est également maire, huissier de justice et greffier du tribunal[8],[2].

Pastorius écrit sur des sujets très variés comme une description géographique détaillée de la Pennsylvanie (1700), la Young Country-Clerks Collection compilation de modèles et d'exemples de documents juridiques, A New Primmer ou Methodical Directions to Atain the True Spelling, Reading, and Writing of English qui est une initiation à la langue anglaise des poèmes, des documents religieux, des guides sur l'agriculture et l'apiculture, et des articles sur divers sujets. Il a également écrit sur des sujets plus personnels. Il a écrit un récit de sa vie en Allemagne et de son voyage en Pennsylvanie, et a rassemblé ses diverses connaissances dans son Bee-Hive, un recueil de conseils, d'informations et de sagesse destinés à ses fils[2],[3].

En 1688, affligé par la condition des Noirs réduits à l'esclavage, avec trois autres quakers ( Garret Hendericks, Derick op den Graeff, and Abraham op den Graeff (en)) Pastorius signe le tout premier manifeste anti-esclavagiste à être publié au sein des colonies anglaises du Nouveau Monde ; ce manifeste sera dans un premier temps rejeté par la Réunion Annuelle des Quakers de Philadelphie, mais il fait son chemin, presque un siècle plus tard, sous l'impulsion des quakers Antoine Bénézet et John Wollman, se créée la première société antiesclavagiste sur le sol des jeunes États-Unis, la Pennsylvania Abolition Society à Philadelphie le 14 avril 1775. L'historien britannique Brycchan Carey (en), auteur de From Peace to Freedom: Quaker Rhetoric and the Birth of American Antislavery, 1658-1761, dit que ce manifeste fut un événement décisif pour le développement de la pensée abolitionniste des Quakers[9],[10],[11],[12],[13].

Vie personnelle

Le , il épouse Ennecke Klostermanns. Ils ont deux fils : Johann Samuel Pastorius (1690-1722) et Heinrich Pastorius (1692-1726)[2].

Pastorius meurt vers ou . Sa vie a inspiré le poète quaker John Greenleaf Whittier qui a écrit The Pennsylvania Pilgrim.

Francis Daniel Pastorius repose au Germantown Preparatory Meeting of Friends Cemetery (cimetière des Quakers) de Germantown dans le comté de Philadelphie[14].

Archives

Les archives de Francis Daniel Pastorius sont déposées et consultables à la bibliothèque de l,Historical Society of Pennsylvania (en) au 1300 Locust Street, Philadelphie[2],[15].

Œuvres

Une sélection de poèmes de Pastorius sont éditées récemment :

  • Harrison T. Meserole, American Poetry of the Seventeenth Century, Penn State University Press, 1 janvier 1985, rééd. 1 novembre 2001, 580 p. (ISBN 9780271004198, lire en ligne), p. 293-304,

Une anthologie de ses principaux texte a été publiée en 2019 :

  • The Francis Daniel Pastorius Reader: Writings by an Early American Polymath, Pennsylvania State University Press, , 480 p. (ISBN 9780271083285).

Le récit de Pastorius de son voyage sur l’America est consultable sur le site de The American Yawp Reader[16].

Bibliographie

Dictionnaires et encyclopédies

  • Dictionary of American biography, Scribner, , 649 p. (ISBN 9780684141442, lire en ligne), p. 290-291,
  • American Council Of Learned Societies, Concise Dictionary of American Biography: Complete to 1970, New York, Charles Scribner's Sons, , 1536 p. (ISBN 9780684191881, lire en ligne), p. 862,
  • The dictionary of national biography. From the earliest times to 1900, volume 15, New York, Oxford University Press, , 1355 p. (ISBN 9780198651031, lire en ligne), p. 453-454,
  • Henry Warner Bowden, Dictionary of American Religious Biography, Westport, Connecticut, Greenwood Press, 1977, rééd. 28 avril 1993, 581 p. (ISBN 9780837189062, lire en ligne), p. 355-356,
  • Jeffrey H. Gray, James McCorkle & Mary Balkun, The Greenwood Encyclopedia Of American Poets And Poetry, Greenwood, , 1409 p. (ISBN 9780313330124, lire en ligne), p. 1226-1227,

Essais

  • (en-US) Marion Dexter, The Life of Francis Daniel Pastorius, the Founder of Germantown, Scholar's Choice, , 506 p. (ISBN 9781296003180),

Articles

  • (en-US) Oswald Seidensticker, « William Penn's Travels in Holland and Germany in 1677 », The Pennsylvania Magazine of History and Biography, Vol. 2, No. 3, , p. 237-282 (46 pages) (lire en ligne),
  • (en-US) Samuel W. Pennypacker, « The Settlement of Germantown, and the Causes Which Led to It », The Pennsylvania Magazine of History and Biography, Vol. 4, No. 1, , p. 1-41 (41 pages) (lire en ligne),
  • (en-US) Townsend Ward & Pl. Caduche, « Germantown Road and Its Associations », The Pennsylvania Magazine of History and Biography, Vol. 5, No. 2, , p. 121-140 (22 pages) (lire en ligne),
  • (en-US) Townsend Ward & James T. Mitchell, « The Germantown Road and Its Associations (continued) », The Pennsylvania Magazine of History and Biography, Vol. 5, No. 3, , p. 241-258 (22 pages) (lire en ligne),
  • (en-US) « Articles of Agreement between the Members of the Frankfort Company, 1686 », The Pennsylvania Magazine of History and Biography, Vol. 15, No. 2, , p. 205-211 (7 pages) (lire en ligne),
  • (en-US) Samuel W. Pennypacker, « The Pennsylvania Dutchman, and Wherein He Has Excelled », The Pennsylvania Magazine of History and Biography, Vol. 22, No. 4, , p. 452-457 (6 pages) (lire en ligne),
  • (en-US) Beatrice Pastorius Turner, « William Penn and Pastorius », The Pennsylvania Magazine of History and Biography, Vol. 57, No. 1, , p. 66-90 (26 pages) (lire en ligne),
  • (en-US) Ira V. Brown, « Pennsylvania's Antislavery Pioneers, 1688–1776 », Pennsylvania History: A Journal of Mid-Atlantic Studies, Vol. 55, No. 2, , p. 59-77 (19 pages) (lire en ligne),
  • (en-US) Katharine Gerbner, « 'We are against the Traffik of Men-body" : The Germantown Quaker Protest of 1688 and the Origins of American Abolitionnism », Pennsylvania History: A Journal of Mid-Atlantic Studies, Vol. 74, No. 2, , p. 149-172 (24 pages) (lire en ligne),
  • (en-US) Katherine Gerbner, « Antislavery in Print: The Germantown Protest, the "Exhortation," and the Seventeenth-Century Quaker Debate on Slavery », Early American Studies, Vol. 9, No. 3, , p. 552-575 (24 pages) (lire en ligne),

Divers

En dépit des convictions pacifistes caractérisant les Quakers, le nom de Pastorius sera utilisé de façon abusive par les nazis en 1942 pour nommer l'« opération Pastorius », un projet manqué d'attaque contre les États-Unis dont Philadelphie était une cible[17],[18].

Hommages

  • En 1917 la ville de Philadelphie érige un monument à la mémoire de Francis Daniel Pastorius, une statue réalisée par Albert Jaegers (en)[19].

Notes et références

  1. (de) Deutsche Biographie, « Horb, Heinrich - Deutsche Biographie », sur www.deutsche-biographie.de (consulté le )
  2. (en-US) « Francis Daniel Pastorius papers 0475 », sur www2.hsp.org (consulté le )
  3. (en) « Francis Daniel Pastorius | German educator », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  4. (en-US) « Francis Daniel Pastorius », sur www.ushistory.org (consulté le )
  5. (en-US) « Pastorius and the Founding of Germantown », sur WMAN, (consulté le )
  6. (en-US) Oswald Seidensticker, « William Penn's Travels in Holland and Germany in 1677 », The Pennsylvania Magazine of History and Biography, Vol. 2, No. 3, , p. 237-282 (46 pages) (lire en ligne)
  7. « “Compare the Ship that bore them hither with Noah's Ark: Francis Daniel Pastorius Describes his impressions of Pennsylvania, 1683 », sur historymatters.gmu.edu (consulté le )
  8. (en-US) « Encyclopedia of Greater Philadelphia | Francis Daniel Pastorius », sur philadelphiaencyclopedia.org (consulté le )
  9. (en-US) « Quaker Protest Against Slavery in the New World, Germantown (Pa.) 1688 [with enhanced contrast] :: Quakers and Slavery », sur triptych.brynmawr.edu (consulté le )
  10. (en) Thomas E. Drake, Quakers and slavery in America, Yale University Press, 1950, rééd. 1965, 249 p. (lire en ligne), p. 10-15
  11. (en) « The Hidden History of the Fight Against Slavery », sur OZY, (consulté le )
  12. (en-US) « Pennsylvania Abolition Society Papers | Historical Society of Pennsylvania », sur hsp.org (consulté le )
  13. (en) History com Editors, « First American abolition society founded in Philadelphia », sur HISTORY (consulté le )
  14. (en) « Francis Daniel Pastorius (1651-1720) - Mémorial... », sur fr.findagrave.com (consulté le )
  15. « Encyclopedia of Greater Philadelphia | Historical Society of Pennsylvania », sur philadelphiaencyclopedia.org (consulté le )
  16. (en-US) « Francis Daniel Pastorius Describes his Ocean Voyage, 1684 | The American Yawp Reader » (consulté le )
  17. (en) David A. Taylor, « The Inside Story of How a Nazi Plot to Sabotage the U.S. War Effort Was Foiled », sur Smithsonian Magazine (consulté le )
  18. (en-US) Kennedy Hickman, « Sabotage on the Home Front: Operation Pastorius », sur ThoughtCo, (consulté le )
  19. (en-US) « Philadelphia Public Art: Pastorius Monument », sur www.philart.net (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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