Antoine Bénézet

Antoine Bénézet, ou Anthony Benezet en anglais, né le à Saint-Quentin et mort le à Philadelphie, est un enseignant philanthrope et abolitionniste américain, il fonde la première société abolitionniste du monde la Pennsylvania Abolition Society en 1775.

Pour les articles homonymes, voir Bénézet.

Jeunesse

Il était issu d'une famille protestante de commerçants de Saint-Quentin en Picardie, chassée de France par la révocation de l'édit de Nantes[1],[2],[3]. Jean-Étienne de Bénézet, sa femme Judith de la Megenelle[4] et leurs quatre enfants, fuient aux Pays-Bas en 1715, puis s'établissent à Londres. Antoine Bénézet est alors âgé de deux ans[5]. C'est là qu'il fait la connaissance des quakers, il devient membre de la Société religieuse des Amis (quakers) vers 1727. La famille Bénézet émigre en 1731 aux États-Unis, à Philadelphie. Antoine se marie en 1736 à Joyce Marriott.

Pédagogue

Après plusieurs années passées sans succès dans le commerce, Antoine Bénézet trouve sa voie en 1739 : il devient enseignant, d'abord à Germantown, puis il dirige de 1742 à 1754 une section de l'école supérieure de garçons fondée par William Penn. Il fonde une école supérieure pour les filles en 1755, la première école publique pour filles aux États-Unis. L'attention et la gentillesse qu'il porte à chacun contraste avec la sévérité des écoles de l'époque. Il est également un précurseur en ce qui concerne l'instruction des sourds-muets.

Il fut un des premiers défenseurs de la cause des noirs[6] et crée une école du soir en 1750 puis, avec l'aide de la Société des Amis, la Negro School en 1770. Il enseigne dans ces écoles presque jusqu'à sa mort.

Philanthrope

Opposant déclaré de l'esclavage, il publie des articles puis des livres, travaille à convaincre les quakers[7] de Philadelphie d'affranchir leurs esclaves, s'adresse directement aux puissants – à la manière quaker – dont l'archevêque de Cantorbéry. Son pamphlet Some Historical Account of Guinea, écrit en 1771, a une grande influence autant aux États-Unis qu'en Europe. En 1775, il fonde avec d'autres quakers et des membres de diverses Églises protestantes la Pennsylvania Abolition Society, première société abolitionniste du monde. Il prépara le terrain pour les abolitionnistes, mais fut lui-même pragmatique et ne demanda pas immédiatement l'affranchissement général des esclaves. Il travailla à des libérations individuelles et à l'amélioration de leurs conditions de vie.

Pacifiste, il écrivit en 1776 des Pensées sur la nature de la guerre et s'adressa aux souverains.

En 1756, il fonde une Association amicale pour rétablir et maintenir la paix avec les Indiens par des mesures pacifiques. Il intervient en 1763 alors qu'une campagne contre les Amérindiens est préparée à New York. Il lutte contre l'alcoolisme.

Il participa également à l'accueil des Acadiens déportés, et relaya leurs plaintes auprès du roi d'Angleterre[8].

Personnalité

Son biographe Robert Vaux (autre abolitionniste de Philadelphie) le décrit comme un homme petit, avec un visage rayonnant d'une vive bonté. On le dit très humble[9].

Lors de ses funérailles, des gens de toutes classes sociales étaient présents : les officiels de la ville, des commerçants et représentants de diverses professions, de diverses Églises, ainsi que des centaines de noirs[10].

Œuvres (sélection)

  • (en-US) A short account of that part of Africa, inhabited by the negroes : with respect to the fertility of the country; the good disposition of many of the natives, and the manner by which the slave trade is carried on (...), Philadelphie, (réimpr. 1762 with additions, 1768 London), 56 p. (lire en ligne)
    Traduit en allemand dès 1763
  • (en) A caution and warning to Great Britain and her colonies, in a short representation of the calamitous state of the enslaved Negroes in the British dominions (...), Philadelphie, H. Miller, (réimpr. 1767, 1784, 1785), 35 p.
  • (en) Some historical account of Guinea, its situation, produce and the general disposition of its inhabitants. With an inquiry into the rise and progress of the slave-trade, its nature and lamentable effects (...), Philadelphie, Joseph Crukshank, (réimpr. 1772 London, 1788, 1968), 144 p. (lire en ligne)
  • Observations sur l'origine, les principes, et l’établissement en Amérique, de la société connue sous la dénomination de Quakers ou Trembleurs (...), Philadelphie, Chez Joseph Crukshank, (réimpr. 1783 Philadelphie & Londres, 1816 New York, 1817 Londres, 1822 Paris), 36 p.
  • (en-US) Some observations on the situation, disposition, and character of the Indian natives of this continent, Philadelphie, Joseph Crukshank, , 59 p. (lire en ligne)

Biographies

  • (en) Robert Vaux, Memoirs of the life of Anthony Benezet, Philadelphie, J. P. Parke, , 136 p. (lire en ligne)
    Une édition complétée par Wilson Armistead est publiée à Londres et Philadelphie en 1859
  • (en) Quaker biographies : a series of sketches, chiefly biographical, concerning members of the Society of Friends,from the seventeenth century to more recent times ; with illustrations, Philadelphie, Friends' Book Store, 1909-1914
    Article sur "Anthony Benezet" dans le vol. 3.
  • Jacques Pannier, Antoine Bénézet (de Saint-Quentin) un Quaker français en Amérique, Toulouse, Société d'édition de Toulouse, , 44 p.
    Conférence faite en 1923, résumé et adaptation des deux éditions de sa biographie en anglais de 1817 et 1859.
  • (en) Nancy Slocum Hornick, Anthony Benezet : eighteenth century social critic, educator and abolitionist, , 483 p.
    Thèse à l'Université de Maryland
  • (en) Irv A. Brendlinger, To be silent-- would be criminal : the antislavery influence and writings of Anthony Benezet, Lanham, Md., Scarecrow Press : Center for the Study of World Christian Revitalization Movements, , 229 p. (ISBN 978-0-8108-5765-0)
    Irv A. Brendlinger is Professor of Church History and Theology at George Fox University, Newberg, Oregon
  • (de) Claus Bernet, « Antoine Bénézet » dans Biographisch-Bibliographisches Kirchenlexikon (BBKL), vol. 29, Nordhausen, (ISBN 978-3-88309-452-6), col. 146–157

Notes

  1. (en) « Anthony Benezet | American educator », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  2. (en-US) « Anthony Benezet », sur www.quakersintheworld.org (consulté le )
  3. (en-US) « Anthony Benezet | Encyclopedia.com », sur www.encyclopedia.com (consulté le )
  4. (en-US) « An Abstract of the Life of Anthony Benezet », sur www.gwyneddmeeting.org (consulté le )
  5. (en-US) Annie E. Duncan, « Anthony Benezet », Negro History Bulletin, Vol. 6, No. 4, , p. 94-95 (3 pages) (lire en ligne)
  6. (en-US) C. G. Woodson, « Anthony Benezet », The Journal of Negro History, Vol. 2, No. 1, , p. 37-50 (14 pages) (lire en ligne)
  7. (en-US) Roger A. Bruns, « A Quaker's Antislavery Crusade : Anthony Benezet », Quaker History, Vol. 65, No. 2, , p. 81-92 (12 pages) (lire en ligne)
  8. (en-US) J. P. Malcolm, « Anthony Benezet and the Acadians », Bulletin of Friends Historical Association, Vol. 31, No. 2, , p. 96-97 (2 pages) (lire en ligne)
  9. A small man with a face "that beamed with benignant animation."
  10. Robert Vaux, p. 135

Voir aussi

Liens externes

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