François de Fontanges (1740-1822)

François, vicomte de Fontanges (1740-1822) est un officier de l'armée française qui accomplit la plus grande partie de sa carrière dans l'armée coloniale de Saint-Domingue. Émigré en 1793 à la Jamaïque, puis en Espagne, il est rentré en France en 1808. Il est promu au grade de lieutenant-général en 1814.

Pour les articles homonymes, voir François de Fontanges (1744-1806) et Fontanges.

Le vicomte de Fontanges est connu pour avoir participé à la Guerre d'indépendance américaine, en 1779, comme chef d'état-major de l'amiral d'Estaing, au siège de Savannah.

Biographie

Famille

François de Fontanges est né le au château de la Fauconnière, à Gannat, (Allier) et mort le à Montluçon. Il est issu de la famille de Fontanges, originaire d'Auvergne, dans l'actuel département du Cantal[1],[2]. Il est le fils d'Hugues de Fontanges (1716-1747), aîné de la branche de La Fauconnière, et de Marie-Gasparde de Boissieu. Son frère aîné, Amable de Fontanges, est capitaine dans un régiment d'infanterie : il est resté sans alliance ni postérité. Son frère cadet, à qui leurs parents ont également donné le prénom de François, François de Fontanges (1744-1806), est aumônier et confesseur de la reine Marie-Antoinette à Versailles, puis successivement archevêque de Toulouse, de Nancy et évêque d'Autun.

François de Fontanges épouse le une jeune fille d'origine créole, Caroline Lefebvre (1767-1847), fille de feu Étienne Lefebvre, décédé en 1772. En succédant à son père, elle devient propriétaire de la plantation Lefebvre des Gonaïves[3], dont le vicomte de Fontanges devra assurer la gestion par intermittence entre ses missions militaires[4].

Carrière

Le vicomte de Fontanges, dangereusement blessé lors du siège de Savannah, obtient un congé le 30 novembre 1779 afin de rentrer en France pour rétablir sa santé.
  • 1780 : Le 23 janvier 1780, il reçoit un ordre du roi Louis XVI daté de Versailles, pour remplir la place de major-général des troupes et milices de Saint-Domingue, avec rang de colonel.
  • 1784 : le 16 janvier 1784 il reçoit un brevet du roi qui le promeut au grade de maréchal de camp. Il est nommé commandant du régiment du Cap.
  • 1785 : Par brevet du 21 juillet 1785, il est nommé commandant de la partie sud de Saint-Domingue. Puis, le 22 novembre 1785, il reçoit le commandement en second de la partie nord.
  • 1791 : Il signe, le 23 octobre, un concordat avec les affranchis, à La Croix-des-Bouquets, pour leur accorder des droits civiques, à égalité avec les colons. Cette mesure avait été votée par l'Assemblée constituante au mois de mai et repoussée par les autorités régionales siégeant à Port-au-Prince[6].
Lors de la signature de ce pacte, le vicomte de Fontanges dénonce l'infamie des juges de Port-au-Prince qui ont condamné à mort le mulâtre, son ancien compagnon d'armes du siège de Savannah, Jean-Baptiste Chavannes, partisan de l'égalité des droits pour les libres.
  • 1792 : Il ratifie un deuxième pacte de reconnaissance des droits en faveur des affranchis[7]. Les autorités de Port-au-Prince entament des représailles[8] - [9].
  • 1793 et années suivantes : Sa tête est mise à prix. Le vicomte de Fontange se réfugie dans la zone espagnole de l'Île, puis s'exile à la Jamaïque, pour enfin aboutir en Espagne, où il reprend du service auprès du roi d'Espagne. Arrêté par l'armée française en 1808, il est libéré à Paris et s'engage dans l'armée du Ier Empire. Rallié au roi Louis XVIII, sous le régime de la Restauration, il est promu en 1814 au grade de lieutenant-général.
  • 1816 : le roi Louis XVIII, considérant les relations amicales que le vicomte de Fontanges a entretenu avec ses anciens camarades de combat du Siège de Savannah, l'envoie en mission à Haïti pour se joindre à la délégation diplomatique chargée de négocier la reprise des relations économiques du royaume de France avec le nouvel empereur Pétion: les négociations échouent et seront reprises sous le règne de Charles X[10].
  • Les années de retraite à Montluçon : le vicomte de Fontanges prend sa retraite à Montluçon. Il est mort le , entouré des siens.

Notes et références

  1. D'Hozier, Armorial général ou Registre de la noblesse française Reg. II, 1re partie, éd. 1741.
  2. Régis Valette, Catalogue de la noblesse française, Robert Laffont, Paris, 2007, p. 85.
  3. Publication : Colons de Saint-Domingue: « Titre des inventaires; " Colons sans propriété, héritiers des anciens propriétaires de Saint-Domingue, no 4736/LEFEBVRE Caroline (1767-1847), veuve du vicomte de Fontanges, créole de Saint-Domingue, - Sucrerie-Guildvirie" ».
  4. Jean-Baptiste Bouillet, Nobiliaire d'Auvergne, Perol, Clermont-Ferrand, 1848, t. III, p. 85.
  5. Cahiers d'Haïti-25 avril 1944: 165e anniversaire du départ du corps des chasseurs volontaires haïtiens qui s'en allèrent aux États unis d'Amérique dans leur lutte pour l'indépendance. « Ici se sont réunis les chasseurs volontaires de ce pays en instance de départ sous les ordres du comte d'Estaing pour la campagne de Géorgie. Plaque offerte par le comité du rapprochement haïtiano-américain ».
  6. Beaudoin Ardouin, Étude sur l'Histoire d'Haïti, ed. Dezobry et E. Magdeleine, 1853, T-1, p.367. « 4000 mulâtres à la Croix-des-Bouquets, réclament le bénéfice du décret du 15 mai 1791 de la Constituante accordant l'égalité des droits aux libres. »
  7. Michel Placide Justin, Histoire politique et statistique de l'île d'Hayti, Saint-Domingue, Paris, Brière, 1832, p. 232 : « Le maréchal de camp de Fontanges, commandant le cordon de l'Ouest, se hâta de reconnaître l'ancien pacte fédératif de Saint-Marc et de La Croix-des-Bouquets, et épargna par cette démarche le petit nombre de colons qui avaient échappé aux premiers massacres. Les chefs militaires de la colonie et toutes les paroisses de l'Ouest, à l'exception de Port-au-Prince, suivirent l'exemple de ce chef »
  8. Général Pamphile de Lacroix, La Révolution de Haïti, Paris, 1995, réédition annotée par Pierre Pluchon, (index biographique. Page 475)
  9. JUSTIN,, p.233 ibidem: « L'Assemblée coloniale, après avoir fait emprisonner tous ceux des officiers qui refusaient d'obéir aux ordres, fit marcher sur la Croix-des-Bouquets toute la garnison qui se trouvait dans la place et arriva le 23 mars dans le bourg... »
  10. Jean-Baptiste G. Wallez, Précis historique entre la France et Saint-Domingue, Paris, Ponthieu, 1826, p. 212. Citation:« Votre vieux, votre ancien général, le vicomte de Fontanges, celui sous les ordres duquel vous et vos compatriotes avez défendu avec honneur la cause du roi, est le chef de cette mission toute pacifique. Il n'a consulté ni son âge, ni ses infirmités; il n'a pas hésité à passer encore une fois les mers, pour venir porter à des hommes qu'il a longtemps aimés et défendus , les intentions et les bienfaits du roi. (message de la délégation française du 2 octobre 1816 au président Pétion) »

Article connexe

Honneurs

  • Commandeur de l'ordre de Saint-Louis
  • Membre de l'ordre de Cincinatus
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