François Perrier (artiste)


François Perrier, né à Pontarlier vers 1594 et mort à Paris le , est un peintre et graveur franc-comtois, actif en Italie, à Lyon et à Paris, cofondateur de l'Académie royale de peinture et de sculpture.

Pour les articles homonymes, voir François Perrier et Perrier.

Biographie

Famille

François Perrier est né à Pontarlier[n 1], en Franche-Comté alors en terre d'Empire, vers 1594 : l’acte de décès du indique qu’il est « âgé de cinquante cinq ans » à sa mort[1],[n 2]. Il a un frère, Guillaume Perrier, également peintre[2].

Il se marie en 1648, a un fils.

Il meurt subitement en novembre 1649[3],[n 3].

Formation

Il apprend le dessin auprès de son père orfèvre et part vers 1620 à Lyon, où il se forme dans l'atelier d'Horace Le Blanc[3],[4].

En 1624, il part pour Rome, où il entre dans l'atelier du peintre Giovanni Lanfranco, grand décorateur baroque. Il commence à travailler à fresque pour le dôme de l'église San Andrea della Valle, mais il est très difficile de savoir ce qui lui revient dans les œuvres de Lanfranco de cette époque. Il est possible qu'il ait alors vécu dans la maison de Simon Vouet, où se trouvaient également Charles Mellin et Claude Mellan[3].

Début de carrière lyonnaise et parisienne

De retour en France, il travaille à Lyon en 1629 sous la direction d'Horace Le Blanc et Jacques Sarrazin au décor de la Chartreuse, en particulier dans le petit cloître les fresques représentant la vie de saint Bruno[4],[5] (ces fresques ont aujourd'hui disparu). Il reste un tableau de Perrier dans le chœur de l'église : Saint Anthelme ressuscitant un mort[6].

Au début de 1630, il rejoint Paris où il est chef assistant de Simon Vouet. Il travaille avec lui à de nombreux chantiers dont celui du château de Chilly pour Antoine Coëffier de Ruzé, marquis d'Effiat où il peint une Apothéose de saint Antoine pour le plafond de la chapelle[3],[7]. Il forme lui-même des élèves, dont Charles Le Brun et Charles-Alphonse Du Fresnoy[3]. Il pratique l'estampe et essaie d'y introduire la couleur avec Le Temps coupe les ailes de l'Amour (vers 1633-1634).

Séjour prolongé à Rome

À la fin de 1634 ou au début de 1635, il retourne à Rome et demeure dix ans en Italie. Il devient peintre indépendant, à la fois à l'huile et à fresque, et travaille pour les familles Spada, d'Este, Peretti. Le cardinal Bernardino Spada lui passe commande en 1642 de La Forge de Vulcain[8] ; il décore en collaboration avec Giovanni Francesco Grimaldi les plafonds de la galerie du palais Peretti-Almagia sur le Corso[9], ainsi que les palais Sacchetti et Giustiniani[10]. Il peint à Tivoli un cycle de fresques consacré à la vie de saint Dominique dans le couvent de San Biagio[11]. Il est également actif dans le commerce de l'art[3].

Retour en France

À la fin de 1645 ou au début de 1646, il est de retour à Paris, où il est un peintre recherché. Il reçoit de nombreuses commandes pour des autels, à Paris (une Crucifixion vers 1645 pour le maître-autel de l’église parisienne Sainte-Geneviève des Ardens, détruite en 1747[12]) et à Lyon, des peintures de cabinet ou de plus vastes décorations. Il réalise ainsi la décoration de la seconde chambre des enquêtes du parlement de Paris, et celle du château du Raincy pour Jacques Bordier[13]. Il peint la voûte de la Galerie dorée de l'hôtel de La Vrillière, l'actuelle Banque de France, où il représente des sujets mythologiques : Le Triomphe d’Apollon ; L’Aurore ; La Nuit ; Junon et Éole ; Neptune et Amphitrite ; Jupiter et Sémélé ; Pluton et Proserpine. L’œuvre originale n’existe plus : lors de la restauration de la galerie de 1865 à 1869, les peintures de Perrier, en mauvais état, sont remplacées par des copies exécutées par les peintres Paul et Raymond Balze et les frères Denuelle[1]. Il décore également le cabinet des Muses de l'hôtel Lambert, aux côtés d’Eustache Le Sueur[3].

Il participe, en 1648, à la fondation de l'Académie royale de peinture et de sculpture, dont il est l'un des douze membres[3]. Il est aussi membre de l'Académie de Saint-Luc à Paris, où il professait.

Œuvre

Tableaux

Les tableaux de Perrier sont appréciés en Europe. Orphée devant Pluton et Proserpine a fait partie des collections du roi de France Louis XIV ainsi que l’Acis et Galatée se dérobant au regard de Polyphème, offert au roi par Le Nôtre[1]. Vénus vient prier Neptune d’être favorable à Enée faisait partie des collections de peintures des princes de Salm confisquées lors de la Révolution française et conservées au musée départemental d'art ancien et contemporain d'Épinal. Le Triomphe de Neptune ou l'apothéose du Dauphin, tableau d'apparat, se trouvait dans le cabinet de curiosités de Joseph Dorat, seigneur de Noisy-le-Grand et sieur de la Barre[14].

Œuvres datées
Dates non documentées

Gravure

Groupe du Laocoon gravé au début des Segmenta Nobilium Signorum et Statuarum (1638).

En 1638, François Perrier publie un recueil de cent planches à l'eau-forte, Segmenta Nobilium Signorum et Statuarum…, figurant les statues de Rome [27] puis, en 1645, Icones et segmenta… quae Romae adhuc extant…, recueil de 55 planches reproduisant des bas-reliefs romains[28]. Les commentaires de ce deuxième ouvrage sont écrits par Giovanni Bellori. Ces deux recueils de gravures, qui représentent les sculptures antiques que l'on pouvait voir à Rome au début du XVIIe siècle dans les palais et chez les collectionneurs, sont d'une importance fondamentale pour l'histoire de l'art gréco-romain ; ils ont servi de répertoires visuels des modèles classiques pour plusieurs générations d'artistes et d'amateurs européens[29]. Perrier est cité à ce titre en 1662 dans le Het Gulden Cabinet de Cornelis de Bie[30]. Ses estampes sont signées « Franciscus Perrier Burg. (ou Burgund.) », c’est-à-dire Burgundus : le Bourguignon[n 4].

Il publie aussi des eaux-fortes d'après les fresques de Raphaël à la villa Farnesina.

Dessins

  • Moïse et Aaron faisant tomber la grêle sur l'Egypte, pierre noire, plume, encre brune, lavis brun et d'encre de Chine avec rehauts de blanc sur papier crème. H. 0,184 ; L. 0,275 m[31]. Paris, Beaux-Arts de Paris. Ce dessin est une illustration scrupuleuse du chapitre IX de l'Exode (versets 23 à 25) et date des années 1640-1645. Il n'est pas mise au carreau et sa facture est très synthétique[32].

Élèves

Notes et références

Notes
  1. Son lieu de naissance a prêté à discussion : il serait né à Salins (Jura) ou à Saint-Jean-de-Losne (Côte-d'Or) selon André Félibien, ou encore à Mâcon (Saône-et-Loire) selon Georges Guillet de Saint-George. En 1993, Jacques Thuillier publie son contrat de mariage où il est indiqué : « François Périer paintre de Sa Majesté natif du Pontarlier en la Franche Comté ».
  2. Les sources d'autorité donnent plutôt la date de 1590, mais l'indication sur l'acte de décès semble l'information à privilégier.
  3. Les sources d'autorité donnent plutôt la date de 1650, mais l'indication sur l'acte de décès semble l'information à privilégier.
  4. Il utilise également le monogramme FPB : « Franciscus Perrier Burgundus ».
Références
  1. Thuillier 1993
  2. L. Lex et P. Martin, Guillaume Perrier peintre et graveur mâconnais du dix-septième siècle, Plon et Nourrit, (lire en ligne). Plusieurs tableaux de Guillaume Perrier sont conservés au musée des Ursulines de Mâcon.
  3. Clark 2001.
  4. Daniel Ternois, « François Perrier et Lyon », dans Mélanges offerts Georges Canton, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 1981, p. 222-235.
  5. Bibliothèque municipale de Lyon, Fonds Coste, Ms 265 : Description des tableaux peints à l'huile ou à fresque par François Perrier, dit le Bourguignon, dans la Chartreuse de Lyon, 8 dans l'église et 13 dans le cloître, 4 ff.
  6. « Eglise Saint-Bruno-les-Chartreux » (consulté le ).
  7. Vouet : Exposition, Galeries nationales du Grand Palais, Paris, 6 novembre 1990-11 février 1991, Réunion des Musées Nationaux, , p. 45.
  8. Schleier 1972, p. 42.
  9. (it) Laura Bartoni et Stefano Pierguidi, « Gli affreschi di Giovanni Francesco Grimaldi e François Perrier nel salone di palazzo Peretti a Roma », dans Storia dell'arte, n° 99, mai-août 2000, p. 94-105.
  10. (it) Eric Schleier, « Affreschi di François Perrier a Roma », Paragone, no 217, , p. 42-54
  11. (it) Almamaria Tantillo, « François Perrier a Tivoli », dans L'idéal classique : les échanges artistiques entre Rome et Paris au temps de Bellori 1640-1700, Paris, Somogy, 2002, p. 234-251.
  12. Frédéric Cousinié, Le saint des saints : Maîtres-autels et retables parisiens du XVIIe siècle, Presses universitaires de Provence, (lire en ligne), p.241-243.
  13. « Françoise de la Moureyre, Le goût artistique d'un grand financier au XVIIe siècle : Jacques Bordier », sur www.latribunedelart.com (consulté le ).
  14. Edmond Bonnaffé, Dictionnaire des amateurs français du XVIIe siècle, Paris, 1884, p. 79.
  15. Poussin, Watteau, Chardin, David… Peintures françaises dans les collections allemandes XVIIe-XVIIIe siècles : Exposition, Grand Palais, Paris, Réunion des Musées Nationaux, , p. 402.
  16. Notice no 03110005023, base Joconde, ministère français de la Culture
  17. « Analyse du tableau », sur www.cndp.fr (consulté le )
  18. Didier Ryckner, « Un tableau de François Perrier pour Montréal », sur La Tribune de l'art, (consulté le ).
  19. Notice no 000PE002162, base Joconde, ministère français de la Culture
  20. Notice no 00000075336, base Joconde, ministère français de la Culture.
  21. Jacques Thuillier, « Un chef-d'œuvre de François Perrier au musée des Beaux-arts de Rennes : Les Adieux de saint Pierre et de saint Paul », Bulletin des amis du musée de Rennes, , p. 52-65.
  22. Notice no 01370003516, base Joconde, ministère français de la Culture
  23. Notice no 01370003525, base Joconde, ministère français de la Culture
  24. Notice no 000PE002163, base Joconde, ministère français de la Culture
  25. Notice no 000PE002164, base Joconde, ministère français de la Culture
  26. Notice no 04400001284, base Joconde, ministère français de la Culture
  27. Robert-Dumesnil, VI, p. 176. Consulter en ligne sur le site de l'Institut national d'histoire de l'art.
  28. Robert-Dumesnil, VI, p. 189.
  29. Laveissière 2011.
  30. (nl) Cornelis de Bie, Het Gulden Cabinet, 1662, p. 143.
  31. « Moïse et Aaron faisant tomber la grêle sur l'Egypte, François Perrier », sur Cat'zArts
  32. Brugerolles, Emmanuelle, Le Dessin en France au XVIIe siècle dans les collections de l’Ecole des Beaux-Arts, Paris, Ecole nationale supérieure des beaux-arts éditions, 2001, p. 216-221, Cat. 54.

Annexes

Bibliographie

  • Erich Schleier, « Quelques tableaux inconnus de François Perrier à Rome », Revue de l’art, no 18, , p. 39-46.
  • Gilles Chomer, « Les Perrier à Lyon : nouvelles données », dans Simon Vouet (Actes du colloque international, Paris, Galeries nationales du Grand Palais, 5-7 février 1991), Paris, La Documentation française, , p. 509-529.
  • Jacques Thuillier, « Les dernières années de François Perrier (1646–1649) », Revue de l’art, no 99, , p. 9-28 (lire en ligne).
  • Dominique Brême, « François Perrier, le plus romain des peintres classiques », L'Estampille-L'Objet d'Art, no 310, , p. 33-39.
  • Alvin L. Clark, François Perrier. Reflections on the earlier Works from Lanfranco to Vouet / Les Premières œuvres, de Lanfranco à Vouet, Paris, galerie Eric Coatalem, , 235 p. (ISBN 978-2-9517507-0-8).
  • Sylvain Laveissière, « L’Antique selon François Perrier. Les “Segmenta nobilium signorum” et leurs modèles », dans Poussin et la construction de l’antique (actes du colloque, Rome, Académie de France, 2009), Paris, Somogy, , p. 49-57.

Liens externes

  • Portail du baroque
  • Portail de la peinture
  • Portail de la gravure et de l'estampe
  • Portail du royaume de France
  • Portail de l’histoire de l’art
  • Portail de la Franche-Comté
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.