Fort de la Crèche

Le fort de la Crèche est une batterie de côte de type Séré de Rivières dont la construction a été achevée en 1879. Il se situe au sud de Wimereux, dans le Pas-de-Calais, sur la pointe de la Crèche. Il fait suite à un système de défense napoléonien constitué du fort de Terlincthun, aujourd'hui détruit, et d'un fort en mer, à l'extrémité de la pointe, dont il ne reste que les fondations.

Fort de la Crèche
Description
Type d'ouvrage batterie de côte
Dates de construction 1879
Ceinture fortifiée place forte de Boulogne
Utilisation défense de la rade
Utilisation actuelle visite par une association
Propriété actuelle Conservatoire du littoral
Garnison ?
Armement de rempart ?
Armement de flanquement ?
Organe cuirassé néant
Modernisation béton spécial non réalisée
Programme 1900
Dates de restructuration non réalisée
Tourelles -
Casemate de Bourges -
Observatoire -
Garnison ?
Programme complémentaire 1908 non réalisé
Coordonnées 50° 44′ 55″ nord, 1° 36′ 04″ est
Géolocalisation sur la carte : Pas-de-Calais
Géolocalisation sur la carte : France

Camp napoléonien de Boulogne

Le fort de Terlincthun était une simple levée de terre ceinturée d'un mur de pierre construit par Napoléon Ier entre 1806 et 1808. Il n'en reste rien aujourd'hui.

Devant la pointe de la Crèche (Wimereux, Pas-de-Calais), se devinent encore les fondations du fort en mer, identique au fort de l'Heurt, édifié en 1803.

Batterie française

Façade de la caserne construite en 1879

.

En 1879 est achevé sur le site de la Crèche un fort type Séré de Rivières. Il ferme au nord un système de quatre forts avec :

Elles sont toutes bâties sur le même schéma (un casernement, un magasin à poudre, deux ou trois abris sous traverse, trois à six plateformes pour canon et un puits) et sont entourées d'un mur de pierre et d'un fossé sec. Ensemble, elles protègent le port de Boulogne-sur-Mer.

Pendant la Première Guerre mondiale, le fort est opérationnel pour défendre le port qui joue un rôle stratégique dans le ravitaillement et l'évacuation des blessés.

Entre les deux guerres, la batterie de la Crèche est modernisée. L'armement est remplacé par quatre canons de 194 mm modèle 1902 ayant chacun deux soutes à munitions. Le mur d'enceinte est partiellement démoli pour leur faire place. Un poste de contrôle de tir dans une casemate bétonnée est construit sur la pointe, en haut de la falaise.

Pendant la bataille de France, le fort est le théâtre de violents combats. La batterie est alors dirigé par le lieutenant de vaisseau René de Forton. Le , la batterie est investie par des chars, malgré la destruction à bout portant d'un char léger et de deux auto-mitrailleuses. Le combat se poursuit alors avec des mitrailleuses et ce n'est qu'après deux heures de combat que les marins de la batterie, à court de munitions, se rendent.

    . Le contre-torpilleur Chacal est coulé au large du Portel alors qu'il tentait de stopper l'avancée allemande.

    Le Mur de l'Atlantique : les batteries Crèche I, II et III

    La batterie "Crèche I"

    Après avoir pris le fort, la Kriegsmarine prend possession des lieux et répare les 4 canons de 19,4 cm, endommagés par les combats de mai 1940. De plus, elle camoufle les pièces pour éviter qu'elles ne soient ciblées par l'aviation alliée. 4 canons de DCA de 7,5 cm sont aussi remis en fonction en arrière du fort. Le fort est désormais appelé "Marine Küsten Batterie Crèche I" (batterie côtière de marine Crèche I). En arrière de chaque pièce, elle construit, dès l'été 1940, 4 abris type FK 648 pouvant loger 45 soldats. L'abréviation "FK" signifie Festungbau-stab der Kanalküste" (Personnel de construction de forteresse de la côte du canal). En effet, "Kanalküste" désigne, pour la marine allemande, la Manche. La batterie est protégée par une pièce de 4 cm Flak Bofors et quelques pièces de 3,7 cm et 2 cm Flak. En 1942, le fort est intégré au Mur de l’Atlantique. L'année suivante sont construits 6 casemates aux extrémités du site (voir la définition de Regelbau : 3 casemates type R630 ainsi qu'un R 105b pouvant chacun abriter 2 mitrailleuses MG, un R 626 pour un canon antichar de 5 cm Pak 38 et un R 634 (bunker possédant sur son toit une cloche blindée à créneaux pour des mitrailleuses MG). Les bombardements deviennent de plus en plus importants et de plus en plus destructeurs et la menace d'un débarquement alliée est imminente. C'est pour cela que de février à avril 1944, les encuvements 1,2 et 3 vont être détruits pour laisser place à 3 casemates type SK/KM spécialement conçues pour le site. Elles englobent les anciennes soutes à munitions françaises et abritent désormais un canon de 10,5 cm SK/C 32. Une quatrième casemate est également construite sur un talus au sud du fort.

    La batterie "Crèche II"

    Au nord de la pointe, les Anglais ont abandonné une batterie de 4 pièces de 9,4 cm Vickers M 39 (e). L'occupant allemand les réutilise pour la défense du fort et crée des encuvements en béton. Il y construit aussi, comme à la Crèche I, des abris "FK" : un à la place du poste de télémétrie (ce bunker est aussi équipé d'une annexe sur son toit pour accueillir le même dispositif) ; 2 FK 647  ; un FK 628 muni d'une pièce de 2 cm Flak sur son toit ; un FK 629 au sud également ; quelques abris légers ainsi que quelques Tobruk. Le tout est protégé par une batterie de 4 cm et de 2 cm Flak et est relié par un réseau de tranchées. En 1944, comme à la Crèche I, les pièces vont être protégées par 4 casemates R671.

    La batterie "Crèche III"

    Cette batterie est située sur la pointe même. En août 1940, le poste de direction de tir français est remis en fonction. Pour abriter son personnel, on construit derrière un FK 647 et un FK 628 ainsi que des abris légers pour le personnel de la batterie de 3,7 cm et 4 cm Flak protégeant le point d'appui. Par ailleurs, le poste photo-électrique situé sur la pointe abrite le groupe électrogène pour le projecteur, en allemand Scheinwerfer, dont quelques abris légers sont construits sur le poste ainsi qu'un garage pour le projecteur juste derrière sa plateforme. En 1943, l'on décide de construire une batterie sur la partie sud de la pointe pour défendre le port de Boulogne. Ainsi, 3 ouvrages sont construits : un R 634, il est installé derrière le garage du projecteur ; un R 669 pour un canon de 7,62 cm FK295 et un R 611 pour une pièce de 15 cm S.FH 414. Ces 2 derniers ouvrages ont la même conception que les R 671 de la Crèche II, le R 611 est juste muni d'un Tobrouk à son entrée. Par ailleurs, toutes ces constructions sont reliées par un souterrain. Un ouvrage pour protéger le projecteur et loger son personnel est aussi construit à quelques mètres en face du poste de tir français.


    Même si l'effectif de chacune des batteries est inconnu, celui des 3 réunies est de 430 hommes des 2 et 3èmes détachement du 240e groupe d'artillerie de marine ainsi que 25 hommes du Fest. Stam. Abt. LXXXII de l'Armée de terre (Heer) pour la défense du site. Le commandant est cette année-là l'Oberleutnant MA Theodor Behrends. Le point d'appui est d'abord codé Stutzpünkt 01 La Crèche puis Stutzpünkt 221 Arnika en 1944.

    Le FK 648 derrière la casemate no 3, appelé "Blücher" par l'occupant.
    La casemate no 3.

    Le fort est finalement pris lors des combats du 21 et par les Queen's Own Rifles, un régiment canadien.

    Après-guerre, le site est laissé à la lassitude du temps, plusieurs ouvrages sont habités par des sans domicile fixe ou des ermites et le fort, bien qu'appartenant toujours à la marine, servira à la ferme proche et la plupart des ouvrages seront abandonnés, laissés à la nature qui reprend ses droits et au vandalisme. Mais depuis 2002 l'Association du Fort de la Crèche restaure au fur et à mesure les différents ouvrages du site et propose désormais des visites guidées avec illustrations et photos d'époque. Cependant, les Crèche II et III sont aussi victimes de la nature et de l'homme, puisque plusieurs ouvrages sont tagués ou sont tombés ces dernières décennies suite aux éboulements fréquents de la falaise. La plupart des ouvrages de ces 2 positions ont été fermés par le Conservatoire du Littoral, propriétaire des lieux, pour éviter tout accident.

      Voir aussi

      Articles connexes

      Lien externe

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