Fontaine Saint-Michel de Paris

La fontaine Saint-Michel est une fontaine conçue par Gabriel Davioud et inaugurée en 1860 dans le 6e arrondissement de Paris sur la place Saint-Michel, au croisement du boulevard Saint-Michel et de la rue Danton.

Pour les articles homonymes, voir Fontaine Saint-Michel de Forcalquier.

Elle a la particularité d'occuper à elle seule tout un mur pignon.

Histoire

La fontaine Saint-Michel, vers 1880.

La fontaine Saint-Michel fait partie du plan d'aération de la ville prévu par Haussmann sous Napoléon III. Le percement du boulevard Saint-Michel dans l'axe de la Sainte-Chapelle entraînait la création d'une place au débouché du pont Saint-Michel, Haussmann a ordonné la mise en place de cette fontaine afin de combler l'angle entre le boulevard Saint-Michel et la place Saint-André-des-Arts et donner un débouché visuel à la perspective du boulevard du Palais[2]. La première idée était d'ériger une énorme statue de Napoléon Ier mais elle fut abandonnée, et devant l'insistance de la commission municipale — qui voulait rappeler le souvenir de la vieille « chapelle Saint-Michel en la Cité » —, ce fut finalement la lutte du Bien contre le Mal qui fut retenue comme programme : l'archange Michel terrassant le Diable dans un arc de triomphe entouré de chimères (ou dragons) ailées[2].

Elle a été conçue par l'architecte Gabriel Davioud, aidé de Flament, Simonet et Halo. Elle fut fondue par la fonderie d'art Thiébaut Frères[3],[4],[5],[6]. Elle est haute de 26 mètres et large de 15 mètres. Elle est composée à la manière d'un arc de triomphe antique, d'une travée rythmique marquée par des colonnes corinthiennes en marbre rouge du Languedoc amortie par quatre statues de bronze représentant les vertus cardinales.

L'emplacement de la fontaine Saint-Michel était ingrat[2] : en contrebas du pont Saint-Michel, contre un pignon très haut et mal éclairé — plein nord. La composition avec une niche centrale encadrée de quatre colonnes et d'un fronton est une référence à la fontaine Médicis du jardin du Luxembourg. La polychromie a pour but d'équilibrer le manque d'éclairement[2]. Cette fontaine, dont le chantier a commencé en , fut inaugurée le [7]. Elle fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le [1].

Programme iconographique

Saint Michel terrassant le démon, de Francisque Duret, dans la niche centrale.

Neuf sculpteurs ont contribué à la fontaine :

La fontaine Saint-Michel se différencie des autres fontaines parisiennes par le recours à la polychromie : marbre rouge du Languedoc (colonnes), marbre vert, pierre bleue de Soignies, calcaire jaune de Saint-Yllie[8].

Réception critique

Chimère ailée de Henri-Alfred Jacquemart.

La critique a été globalement négative[2] à l'inauguration de la fontaine en 1860.

Bien que certains tentent de défendre la fontaine en comparant la polychromie à celle des fontaines italiennes du XVIIIe siècle[9], le style éclectique est attaqué pour son incohérence et la trop grande profusion de statues de sculpteurs différents qui annule leur talent individuel[10].

L'emplacement de la statue devant un mur a également été critiqué[11], on aurait préféré la voir au centre de la place. En fait, la fontaine Saint-Michel est la dernière fontaine-mur construite à Paris dans la tradition renaissante ouverte par la fontaine Médicis au XVIIe siècle et poursuivie au XVIIIe siècle avec la fontaine des Quatre-Saisons. Les fontaines monumentales postérieures à la fontaine Saint-Michel sont isolées au centre de places ou de squares.

« Dans ce monument exécrable,
On ne voit ni talent ni goût,
Le Diable ne vaut rien du tout ;
Saint Michel ne vaut pas le Diable. »

 anonyme, quatrain consacré aux sculptures de la fontaine Saint-Michel[12]

Desserte

Vue de la place.

Ce site est desservi par la station de métro Saint-Michel.
RATP212427388596OpenTour
NoctilienN12N13N14N21N122N145
RER

Références

  1. « Fontaine Saint-Michel », notice no PA00088520, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. Georges Poisson, Nouvelle Histoire de Paris : Histoire de l’architecture à Paris, Paris, Bibliothèque historique de la ville de Paris, Association pour la publication d'une histoire de Paris, , 765 p. (ISBN 2-85962-019-2), p. 498-499.
  3. « La fontaine Saint-Michel », sur paris1900.lartnouveau.com (consulté le ).
  4. « Recherche-GLOSSAIRE DES FONDEURS-EDITEURS FRANCAIS DE SCULPTURES EN BRONZE: THIEBAUT FRERES », sur artcult.fr (consulté le ).
  5. « Thiebaut Freres (Fondeurs) », sur hemthieb.free.fr (consulté le ).
  6. « "THIEBAUT FRÈRES" | Une des plus grandes fonderies françaises d'art », sur thiebautfreres.com (consulté le ).
  7. Dominique Jarassé, « La fontaine Saint-Michel, Le classicisme controversé », Archives d'architecture moderne, no 22, , p. 80-87.
  8. Béatrice Lamoitier, « Le règne de Davioud », dans Massounie, Prévost-Marcilhacy et Rabreau 1995, p. 184.
  9. François Lacour, « Fontaine Saint-Michel », Le Monde illustré, vol. 2, no 56, , p. 295 (lire en ligne).
  10. Alfred Darcel et Charles Blanc, « La Fontaine Saint-Michel », Gazette des beaux-arts, vol. VIII, , p. 44-45 (lire en ligne).
  11. A. J. du Pays, « Fontaine Saint-Michel », L'Illustration, vol. XXXVI, , p. 110.
  12. Roland Villeneuve, Dictionnaire du Diable, Paris, Bordas, , 418 p. (ISBN 2-86311-184-1).

Annexes

Bibliographie

  • Marie-Hélène Levadé (photogr. Hughes Marcouyeau), Les Fontaines de Paris : L'eau pour le plaisir, Paris et Bruxelles, Éditions Chapitre Douze, , 592 p. (ISBN 978-2-915345-05-6).
  • Dominique Massounie (dir.), Pauline Prévost-Marcilhacy (dir.) et Daniel Rabreau (dir.), Paris et ses fontaines : De la Renaissance à nos jours, Paris, Délégation à l'action artistique de la ville de Paris, coll. « Paris et son patrimoine », , 318 p. (ISBN 2-905-118-80-6).

Articles connexes

Liens externes

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