Dépôt de la foi
Le dépôt de la foi (en latin : Fidei depositum ou Depositum fidei) est, dans la Tradition du christianisme, l'ensemble des enseignements professés par Jésus-Christ et transmis par ses apôtres. Il réunit les vérités immuables contenues dans la Révélation et représente la quintessence de la foi chrétienne. Ses fondements sont l'Écriture et la Tradition.
Indissociable de la notion de succession apostolique, le dépôt de la foi est revendiqué par l'Église catholique comme par l'Église orthodoxe.
Origine de l'expression
La Première épître à Timothée[1] évoque ce dépôt : « Ô Timothée, garde le dépôt, en évitant les discours vains et profanes »[2].
Définition dans le catholicisme
Pour le catholicisme, le dépôt de la foi ne se limite pas à la Bible, mais il se situe tout entier sous son autorité, car l'Écriture requiert un développement vivant par la communion de l'Église, inspirée par le Saint-Esprit. Le dépôt de la foi est donc constitué par la synthèse de l'Écriture, de la Tradition, du Magistère de l'Église catholique, et de l'héritage spirituel des Pères de l'Église et des saints.
Ainsi le concile Vatican II réaffirme-t-il dans sa constitution dogmatique Dei Verbum que la Tradition explique les Écritures : « La sainte Tradition et la sainte Écriture constituent un unique dépôt sacré de la parole de Dieu, confié à l'Église. […] Il est donc clair que la sainte Tradition, la sainte Écriture et le magistère de l'Église, par une très sage disposition de Dieu, sont tellement reliés et solidaires entre eux qu'aucune de ces réalités ne subsiste sans les autres, et que toutes ensemble, chacune à sa façon, sous l'action du seul Esprit Saint, contribuent efficacement au salut des âmes »[3].
De même, en 1992, lorsqu'il rédige une constitution apostolique pour accompagner le Catéchisme de l'Église catholique, Jean-Paul II choisit de l'intituler Fidei depositum. Il décrit ce dépôt de la foi que doit transmettre le nouveau catéchisme : « l'enseignement de l'Écriture sainte, de la Tradition vivante dans l'Église et du Magistère authentique, de même que l'héritage spirituel des Pères, des saints et des saintes de l'Église, […] des explications de la doctrine que le Saint-Esprit a suggérées à l'Église au cours des temps […], la foi étant toujours la même »[4]. Le Catéchisme de l'Église catholique résume cette définition dans les mêmes termes que Dei Verbum : « La Sainte Tradition et la Sainte Écriture constituent un unique dépôt sacré de la parole de Dieu » (par. 97).
Rien ne saurait être ajouté ou retranché par rapport au dépôt de la foi, car le Christ « est la Parole unique, parfaite et indépassable du Père » : la Rédemption a eu lieu une fois pour toutes, et la Révélation est achevée, définitive[5]. Dieu a « tout dit en son Verbe » et la Révélation n'a pas à être complétée ni renouvelée : il appartient à la foi de l'expliciter et d'« en saisir graduellement toute la portée »[5].
A contrario, les révélations dites « privées » n'appartiennent pas au dépôt de la foi[5].
Notes et références
- Ce texte est attribué à Paul de Tarse, mais jugé ultérieur de quelques décennies par les spécialistes. Les pseudépigraphes du corpus paulinien sont néanmoins l'œuvre de disciples de Paul, se réclament de lui et « se situent aussi bien dans son sillage que sous son autorité » (François Vouga, « Le corpus paulinien », in Daniel Marguerat (dir.), Introduction au Nouveau Testament : Son histoire, son écriture, sa théologie, Labor et Fides, 2008 (ISBN 978-2-8309-1289-0), p. 164-165).
- 1 Tm 6:20. Traduction de Louis Segond (1910).
- Vatican II, constitution dogmatique Dei Verbum sur la révélation divine, par. 10, .
- Jean-Paul II, « Fidei depositum », sur vatican.va, (consulté le ), titre III.
- Catéchisme de l'Église catholique, par. 65-67.
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