Fernand Baldensperger

Fernand Baldensperger, né le à Saint-Dié et mort le à Suresnes, est un universitaire français qui compte parmi les fondateurs de la littérature comparée.

Biographie

Après des études au lycée Louis-le-Grand en 1888-1889 puis aux universités de Nancy, Heidelberg, Berlin et Bonn jusqu'en 1891, il est reçu deuxième à l'agrégation d'allemand en 1892. Il obtient par la suite une licence d'anglais à Lyon et devient docteur ès lettres en 1899[1].

Il enseigne à Nancy de 1898 à 1900, à Lyon de 1900 à 1902 en tant que chargé de cours de littérature comparée puis en tant que professeur de 1902 à 1910, à la Faculté des lettres de Paris en tant que chargé de cours de littérature comparée de 1910 à 1919, chargé de cours de littératures modernes de 1923 à 1925 puis en tant que professeur en 1925. Il a aussi été professeur de littérature comparée à la Faculté des lettres de Strasbourg de 1919 à 1923[1]. Il dispense également des cours en Amérique, à Harvard notamment. Il participe en 1928 au premier cours universitaire de Davos, avec de nombreux autres intellectuels français et allemands.

À partir de 1903 et jusqu'en 1912, il collabore à la Revue musicale de Lyon de Léon Vallas.

En 1921, il fonde avec Paul Hazard la Revue de littérature comparée. « Le champ est immense et la moisson s'étend à perte d'horizon », écrit-il dans son éditorial originel. Il assurera la direction de la revue durant quinze ans, en animera l'esprit jusqu'à la fin.

En 1923, il reçoit le prix Archon-Despérouses[2].

Auteur d'une œuvre consacrée aux patiences de l'érudition (une thèse sur l'écrivain zurichois Gottfried Keller), auteur d'importantes bibliographies, il utilise le pseudonyme de Fernand Baldenne[3].

La médiathèque de Saint-Dié-des-Vosges conserve sa bibliothèque personnelle, léguée à sa mort, composée d'environ 5000 volumes[4].

Marié et père de 4 enfants, dont une fille de 17 ans qui s'est suicidée, la relation entre son épouse Marguerite et Georges Clemenceau est racontée dans l'ouvrage de Nathalie Saint-Cricq Je vous aiderai à vivre, vous m'aiderez à mourir (L’Observatoire, 2021)[5].

Élèves

Fernand Baldensperger est le directeur de la thèse de doctorat que présente en 1925 Marietta Martin (1902-1944), écrivain et résistante à l’occupation nazie, qui a contribué au journal La France continue. Sur la proposition de Baldensperger, elle a consacré ses travaux à la vie et l'œuvre du docteur Koreff, médecin allemand qui a eu Stendhal pour patient[6]. Le professeur rendra hommage à son ancienne élève après sa disparition[7]. Il contribuera à la publication de deux de ses œuvres en fournissant une interprétation pour Adieu temps[8] et une préface aux Lettres de Leysin[9]. La jeune femme de lettres Irène Némirovsky étudia la littérature comparée sous la houlette de Baldensperger, qui se souviendra d'elle dans son tableau de la littérature moderne[10], ouvrage dans lequel il mentionne David Golder, cet « âpre petit Juif de Russie devenant manieur d'argent aux États-Unis » (La Littérature française entre les deux guerres (1919-1939), p. 67).

Œuvres

  • Mezza voce, Paris, L. Chailley, 1895 (publiée sous le nom de Fernand Baldenne)
  • Gottfried Keller, sa vie et ses oeuvres, Paris, Hachette, 1899, thèse de doctorat
  • César Franck, l'artiste et son oeuvre, 1901
  • En marge de la vie, Paris, Bibliothèque de "la Plume", 1901 (publiée sous le nom de Fernand Baldenne)
  • Goethe en France : essai de littérature comparée, Hachette, Paris, 1904
  • Bibliographie critique de Goethe en France, Paris, Hachette, 1907
  • Études d'histoire littéraire, Paris, Hachette, 1907
  • Études d'histoire littéraire, Paris, Hachette, 1910 (deuxième série)
  • Alfred de Vigny, contribution à sa biographie intellectuelle, Paris, Hachette , 1912
  • La Littérature : création, succès, durée, Flammarion, coll. « Bibliothèque de philosophie scientifique », 1913
  • Contes et récits vosgiens, Paris, les Marches de l'Est, 1913 (publiée sous le nom de Fernand Baldenne)
  • L'Avant-guerre dans la littérature française, 1900-1914, Paris, Payot, 1920
  • La Croisée des routes, Poitiers, impr. Marc Texier, 1922 (publiée sous le nom de Fernand Baldenne)
  • Le Mouvement des idées dans l'émigration française, Plon-Nourrit, Paris, 2 vol., 1925, prix Thérouanne de l'Académie française.
  • Orientations étrangères chez Honoré de Balzac, Paris, H. Champion, 1927
  • Alfred De Vigny, Paris, éditions de la "Nouvelle Revue critique", 1929
  • Alfred De Vigny : nouvelle contribution à sa biographie intellectuelle, Paris : Société d'édition "les Belles Lettres", 1933
  • La Littérature française entre les deux guerres (1919-1939), Marseille, 1943
  • La Vie et l'oeuvre de William Shakespeare, Montréal, les Éditions de l'Arbre, 1945
  • La Critique et l'histoire littéraire en France aux XIXe et XXe siècles, New York, Brentano's (impr. de Martin), 1945
  • Œuvres complètes d'Alfred de Vigny, t. II, Paris, Gallimard, (ISBN 2070105806).
  • (en) Bibliography of Comparative Literature, Fernand Baldensperger et Friedrich P. Werner, Russell & Russell, New York, 1960

Annexes

Bibliographie

  • Patrick Cabanel, « Philippe Jules Fernand Baldensperger », in Patrick Cabanel et André Encrevé (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours, tome 1 : A-C, Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, 2015, p. 133-134 (ISBN 978-2846211901)
  • Mélanges d'histoire littéraire générale et comparée offerts à Fernand Baldensperger, Paris, 1930, 2 tomes
  • Albert Ronsin, « Fernand Baldensperger », in Les Vosgiens célèbres. Dictionnaire biographique illustré, Éditions Gérard Louis, Vagney, 1990, p. 30 (ISBN 2-907016-09-1)

Liens externes

Notes et références

  1. Christophe Charle, « 2. Baldensperger (Fernand, Philippe, Jules) », Publications de l'Institut national de recherche pédagogique, vol. 2, no 2, , p. 19–21 (lire en ligne, consulté le )
  2. http://www.academie-francaise.fr/prix-archon-desperouses.
  3. Jean-Claude Richez, « Baldensperger, Fernand », dans Roland Recht et Jean-Claude Richez (dir.), Dictionnaire culturel de Strasbourg : 1880-1930, Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, (ISBN 978-2-8682-0988-7), p. 72
  4. Ronsin, Albert. Les Vosgiens célèbres. 1990.
  5. https://www.francebleu.fr/emissions/les-rencontres-de-vianney-huguenot/sud-lorraine/la-balade-de-vianney-huguenot-31
  6. Marietta Martin : Un aventurier intellectuel sous la restauration et la monarchie de juillet, le docteur Koreff (1783-1851), E. Champion, Paris, 1925 ; réédition chez Slatkine, Paris, 1977
  7. Fernand Baldensperger : Marietta Martin, inoubliable héroïne, article in The French Review, American Association of Teachers of French, Carbondale, Vol. 22, No. 4, février 1949
  8. Marietta Martin : Adieu temps, Éd. de la Baconnière, Neuchâtel, 1947
  9. Marietta Martin : Lettres de Leysin, Éd. de la Baconnière, Neuchâtel, 1948
  10. Olivier Philipponnat & Patrick Lienhardt, La vie d'Irène Némirovsky, Livre de poche, 668 p. (ISBN 978-2-253-12488-7), p. 151
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