Ferdinand Piëch
Ferdinand Karl Piëch (né le à Vienne (Autriche) et mort le à Rosenheim (Allemagne)[1],[2]) est un ingénieur autrichien.
Petit-fils de Ferdinand Porsche, fondateur du groupe Volkswagen, il détient 13,2 % des actions Porsche, dirige Porsche Salzburg et est président du directoire de 1993 à 2002 puis président du Conseil de surveillance du groupe Volkswagen AG de 2002 à 2015. Il se désengage totalement de Volkswagen en 2017 et revend ses actions[3].
Biographie
Enfance
Fils d'Anton Piëch et de Louise Porsche, petit-fils de Ferdinand Porsche, Ferdinand Piëch passe son enfance en Autriche, dans la petite ville de Zell am See.
Les années Porsche
En 1963, Ferdinand Piëch, âgé de 26 ans, est ingénieur et fait ses débuts chez Porsche, à Stuttgart, où il teste les nouveaux moteurs. Quatre ans plus tard, il devient directeur de ce service, avant d'accéder au poste de directeur de la recherche et du développement en 1969. Il est le créateur de la Porsche 911 et de son moteur 6 cylindres à plat de 2 litres. Il est aussi responsable du programme Compétition, menant à la victoire les Porsche 908 et 917. Son talent fait fureur, mais inquiète son oncle Ferry Porsche (car ce dernier le voyait comme un gaspilleur de fonds), concepteur de la fabuleuse 356, qui s'est distinguée aux 24 Heures du Mans en 1951. Il comprend alors qu'il ne pourra pas accéder aux postes névralgiques de Porsche, et se fait « remercier ». Quelques années plus tard, Ferdinand Piëch dit : « Je ne suis pas né dans la bonne branche de la famille ».
Les années Audi
En 1972, Ferdinand Piëch entre chez Audi (filiale de Volkswagen AG). Il est alors responsable du développement technique. Il instaure de nouvelles règles de travail et teste absolument tout lui-même. Trois ans plus tard, il accède au directoire dont il est président de 1988 à 1992. Il donne alors à la marque une image nouvelle, notamment en redessinant lui-même les voitures et en concevant de nouveaux moteurs. Il est à l'origine des transmissions intégrales Quattro et de la fameuse Audi Quattro. Audi devient deux fois champion du monde des rallyes et devient un concurrent important de BMW et Mercedes-Benz. Le cas d'Audi est un véritable cas d'école car aucune marque ne s'est hissée aussi vite de la catégorie moyenne gamme vers le haut de gamme.
Prise du directoire
En 1991, Volkswagen est en crise. Après son rachat de Seat et Škoda et son lancement au Brésil et en Chine, ses pertes s'élèvent à plus de deux milliards de francs. Pour redresser la situation, Ferdinand Piëch est appelé à prendre la direction de Volkswagen en remplacement de Carl Hahn le .
Pour arriver à ce poste, il a présenté un projet des plus audacieux : mettre en commun le plus d'éléments possible entre les voitures pour diminuer les coûts. Exactement l'inverse de ce qu'il avait fait chez Audi. Piëch prévoit ainsi d'économiser plus de trois milliards de marks par an. De plus, il acquiert le soutien de Gerhard Schröder, alors ministre-président de la Basse-Saxe. Ce soutien est important, car le Land détient 18,8 % du groupe.
Il nomme au poste de responsable des achats Jóse Ignacio López de Arriortúa, alors second homme de Jack Smith, président de General Motors. Pour le persuader de quitter GM, Piëch lui promet de construire une usine automobile dans son village natal, Amorebieta-Etxano, dans la Communauté autonome basque d'Espagne. Elle n'est jamais construite, et après quatre années de travail pour Volkswagen, López est remercié.
Lorsqu'il prend ses fonctions au directoire, l'ambiance dans les bureaux de Wolfsbourg est tendue. Et pour cause, Ferdinand Piëch inquiète : en trois ans, il se sépare de vingt-cinq membres du directoire. Il commente ainsi son arrivée : « À Wolfsbourg, ils m'attendaient avec un fusil, mais je ne leur ai pas laissé le temps de tirer [...] La productivité exigée des ouvriers doit s'appliquer aux dirigeants ». Ceux qui restent doivent renoncer à leurs chauffeurs, conduire eux-mêmes les différentes voitures du groupe afin de mieux les connaître. Soucieux de la qualité de fabrication, il n'hésite pas à se rendre lui-même chez les fournisseurs, pour des visites surprises. Il contrôle alors de manière très méticuleuse la qualité des pièces et se montre intransigeant face aux erreurs.
Un amour insensé des voitures
Ferdinand Piëch concrétise son rêve d'enfance en rachetant en quelques mois Bentley, Bugatti et Lamborghini pour le compte de Volkswagen. Il demande alors aux ingénieurs de Volkswagen de concevoir un nouveau moteur W16 pour Bugatti. Il atteint ainsi son but par la constitution d'un empire automobile[non neutre].
Un conducteur passionné
Connu pour sa poigne de fer, Ferdinand Piëch est aussi reconnu pour ses talents de pilotage. D'après son entourage, même ses gardes du corps n'arrivent pas à le suivre lorsqu'il prend le volant. Deux fois par an, il emmène certains de ses salariés (ingénieurs, techniciens ou autres) pour ce qu'ils appellent l'opération Turquie. Le but est de tester les voitures (du groupe et des marques concurrentes) dans des conditions extrêmes : dans un froid sibérien ou par une chaleur saharienne. Le but n'est pas seulement de tester les voitures, mais aussi les hommes.
Le conseil de surveillance
En 2002, Ferdinand Piëch quitte la direction opérationnelle de Volkswagen. Il devient cependant président du conseil de surveillance du groupe. Il en démissionne le [4].
Sa veuve se voit soumise à une « clause de célibat ». Elle ne pourra conserver la fortune héritée de son mari que si elle renonce à se remarier[5].
Décès
Ferdinand Piëch meurt « subitement et de manière inattendue » le à l’âge de 82 ans[6].
Voitures mises au point par Ferdinand Piëch
OPA de Porsche sur Volkswagen
Dépassant le seuil de 30 % des droits de vote chez Volkswagen et ayant un bénéfice qui se chiffre en milliards, Porsche lance une OPA sur Volkswagen le . Pour Ferdinand Piëch, il est hors de question de voir cette offensive réussir. Wolfgang Porsche, benjamin des fils de Ferry Porsche et donc cousin de Ferdinand, alors à la tête du Conseil de surveillance de l'entreprise familiale (et épaulé par Wendelin Wiedeking, présidant le directoire), emprunte à tour de bras pour pouvoir enfin soumettre son cousin et l'empire Volkswagen. Toutefois, il néglige l'importance de la « loi Volkswagen » qui mentionne entre autres qu'un investisseur ne peut avoir plus de 20 % des voix au conseil de surveillance quel que soit le nombre d'actions qu'il possède. Wolfgang pense alors pouvoir abroger le texte comme le demande l'Union européenne mais c'est sans compter sur les ressources et les compétences de son cousin qui parvient avec ses contacts politiques à sauvegarder la loi. Finalement, c'est Volkswagen qui se retrouve en position de force et qui rachète Porsche[7].
Notes et références
- (de) « Langjähriger VW-Chef Ferdinand Piëch ist gestorben », sur welt.de
- (de) « Ferdinand Piëch ist tot », sur handelsblatt.com
- « L'ancien "patriarche" Piëch tire un trait sur Volkswagen », LExpansion.com, (lire en ligne, consulté le )
- « Fin d'une ère à Volkswagen avec la démission de Ferdinand Piëch », sur fr.news.yahoo.com
- « La veuve du patron de Volkswagen soumise à une “clause de célibat” », Valeurs actuelles, (lire en ligne)
- Pascal Galinier, « Ferdinand Piëch, ancien patron de Volkswagen, est mort », Le Monde, 26 août 2019.
- « Porsche rachète 50 % de VW », Le Parisien, 6 janvier 2009
Annexes
Sources
- « Ferdinand Piëch, seigneur de Volkswagen : le sang des Porsche », Emmanuelle Belohradsky, Challenges, janvier 2000
- Volkswagen contre Porsche : le duel fratricide, Arte Documentaire, 2011
Articles connexes
Liens externes
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