Famille de Méhérenc de Saint-Pierre
La famille de Méhérenc de Saint-Pierre, olim Bouchard de Méhérenc, est une famille subsistante de la noblesse française et fait partie des familles de la noblesse bretonne subsistantes, d'extraction chevaleresque, originaire de Normandie, prouvée depuis l’an 1328, maintenue noble par arrêt du conseil du roi (sur rapport du ministre Colbert) en 1669 [2], et figure sur la liste des membres de la Société des Cincinnati de France. Elle a donné de nombreux officiers aux armées du roi, un gentilhomme ordinaire de la chambre du roi et a été plusieurs fois reçue aux honneurs de la cour[3]. Elle a aussi produit la femme de lettres et exploratrice française Vefa de Saint-Pierre.
Famille de Méhérenc de Saint-Pierre | |
Armes | |
Blasonnement | d’argent au chef d’azur à la bordure de gueules. |
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Devise | « Noli arma foedari vel non loqui » « Fais honneur à tes armes ou n’en parle jamais » |
Période | XIVe siècle - XXIe siècle |
Pays ou province d’origine | Normandie |
Demeures | Le Bois de la Salle à Pléguien, Château de Saint-Jean-de-Beauregard, Cunfiou |
Charges | Gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi |
Fonctions militaires | Officiers généraux |
Récompenses militaires | ordre de Saint-Louis, Croix de guerre 1914-1918 (France), Ordre de Cincinnatus |
Preuves de noblesse | |
Réformation de la noblesse | 1463, 1523, 1599, 1635, 1666 |
Admis aux honneurs de la Cour | 1737, 1785, 1786[1] |
Origine
Le nom Bouchard provient probablement d’un anthroponyme Bouchard issu du vieil allemand et devenu prénom, porté par de nombreux lignages prestigieux.
Bien que l’on cite un Bouchard sieur de Méhérenc dès l’an 1272, la filiation n’est prouvée sans discontinuité que depuis Raoul Bouchard sieur de Méhérenc qui servit le roi à la bataille de Cassel en Flandre en 1328 [4].
La seigneurie de Méhérenc, elle, est située dans la paroisse de Trévières dans le Bessin, dans l’ancienne vicomté de Bayeux, en Normandie. L’orthographe de son nom varie selon les occasions et selon les époques : Mesherenc, Mesherenq, Myharenc, Meharent, Méhérent et même Méhérencq. Il peut s’agir d’un toponyme d’origine scandinave mais on peut le rapprocher aussi d’un toponyme voisin, la Férie-Harent.
Godefroi de Meherenc était en procès devant l’Échiquier de Normandie [5] dès l’an 1216. Bien que l’auteur ait attaché ce Méhérenc à un lieu-dit Méhérenc d’Argentan, il s’agit bien du Méhérenc de Trévières.
Au XVe siècle, Méhérenc était fief de quart fief de haubert[6].
En 1390, les Bouchard de Méhérenc, et avec le soutien de témoins, s’affirmaient devant la justice[7] nobles de toute ancienneté, ce qui suppose au moins cinq générations antérieures, remontant au moins jusqu’au XIIe siècle et logiquement beaucoup plus loin.
Armoiries
La famille de Méhérenc de Saint-Pierre porte d’argent au chef d’azur à la bordure de gueules. Sa devise est Noli arma foedari vel non loqui / Fais honneur à tes armes ou n’en parle jamais.
Branches
Dès l’an 1372[8], la maison Bouchard de Méhérenc se divise en deux branches : celle de Méhérenc et celle des Londes, fief voisin. Elle abandonna à ce moment le vieux nom Bouchard. Les deux branches furent reconnues nobles lors de l’enquête de 1463 qui couvrit toute la Normandie[9]. La branche du nom de Méhérenc seul vite tombée en quenouille et transmise par mariage d’héritière à des lignages prestigieux, ne subsista que celle des Londes, d'ailleurs plus puissante, qui ne tarda pas à se ramifier à son tour en plusieurs branches, la plus ancienne étant dès 1484 celle de Flottemanville dont sont issus les Méhérenc de Saint-Pierre. La plus prolifique fut celle de Laubel[10], il y eut aussi celles de Montmirel, du Quesnay, de Saint-Christophe, de Varenne et surtout de la Conseillère qui donna un grand théologien protestant d’Alençon, Pierre de Méhérenc sieur de la Conseillère, ami du pasteur Pierre Jurieu. Ces branches se retrouvent dans les différentes enquêtes de noblesse qui ponctuent l’histoire de la Normandie : en 1523[11], en 1599[12], en 1635[13] et en 1666.[14].
La branche de Flottemanville
Partagé en 1484 par son frère aîné sieur des Londes, Philippe de Méhérenc épousa Jeanne Besnard et fut père de Jean I. Jean I épousa Catherine de Cairon puis Catherine de Marguerye et fut père de Nicolas. Nicolas épousa Marguerite d’Escageul avant janvier 1541. Ils furent parents de Jean. Jean II épousa Barbe de Marguerye et fut père notamment de Pierre.
Les Méhérenc marquis de Saint-Pierre, chefs de nom et d’armes
Pierre de Méhérenc, sieur de Saint-Pierre, quitta la Normandie pour épouser une Bretonne, Jeanne du Fau, issue d’un vieux lignage d’ancienne extraction chevaleresque avec laquelle il acheta la terre de Cunfiou en Inguiniel. Ils furent parents de Gabriel.
Gabriel de Méhérenc, gentilhomme ordinaire de la Chambre du roi par provision de 1656[15], épousa en 1659 la fille du marquis de Tiercelin de Brosses, chevalier de Saint-Michel[16]. Dans son contrat de mariage il est qualifié de marquis de Saint-Pierre, fait que signala spécialement le ministre Colbert lorsqu’il fit rapport de sa maintenue de noblesse devant le conseil du roi Louis XIV en 1666, entendant manifestement consacrer ce titre, décision enregistrée par le Conseil d’État en 1669[17]. Gabriel de Méhérenc, marquis de Saint-Pierre, résidait alors en son hôtel en l’île Saint-Louis à Paris et possédait le château de Saint-Jean-de-Beauregard près de Versailles.
Hélas pour lui, le marquis de Saint-Pierre ne tarda pas à tomber victime d’un duel avec son voisin et suzerain local le marquis de Pontcallec en juin 1675. Sa famille lui fit alors ériger un monument à l’endroit de sa mort en Inguiniel. Par sa femme, Saint-Pierre était d’ailleurs proche parent du duc de Chaulnes qui réprima la Révolte des Bonnets Rouges la même année 1675.
Le fils de Gabriel, Michel-Henry, 2e marquis de Saint-Pierre, épousa Thérèse Le Chaponnier. Dans la corbeille de la mariée, il trouva le château du Bois de la Salle[18] en Pléguien, un manoir hérité par mariages successifs depuis au moins l’an 1350 par les Péan, puis les du Magoer ou Maugouer[19], les Le Chaponnier, et enfin les Méhérenc de Saint-Pierre qui le possèdent depuis plus de trois cents ans. De ce mariage sortirent deux rameaux.
Rameau aîné
Leur petit-fils aîné Jean Henry Rolland, 3e marquis de Saint-Pierre, (1740-1781) fut admis page de la Petite Écurie à 14 ans et se destina à une carrière militaire brillante. Mais il décéda jeune, sans enfant de son épouse Marie-Paule de Vienne.[20].
Son frère cadet Pierre-Auguste-Bonable, 4e marquis de Saint-Pierre, entra au service de la flotte royale à treize ans en décembre 1755[21] et, ayant gravi les échelons conformément à la législation en vigueur, était lieutenant des gardes du pavillon lorsqu’il fut fait chevalier de Saint-Louis en 1776. Il participa alors à plusieurs batailles décisives de la guerre d’Indépendance des États-Unis, en particulier au combat de la Grenade, juillet 1779, et au siège de Savannah[22], ce qui lui valut d’être admis à la société des Cincinnati de France par lettre du comte Charles Henri d’Estaing du 16 août 1784[23]. Retiré du service pour raison de santé en 1785 avec le haut grade de capitaine de vaisseau, il émigra en 1792. Il fit partie de l'état-major de 17 officiers supérieurs et généraux chargés de préparer le débarquement de Quiberon en 1795[24] et n’en réchappa que d’extrême justesse à la nage, y perdant un frère et un cousin[25]. Refusant de naviguer sous commandement anglais, il se réfugia à Jersey aux îles anglo-normandes où il vécut modestement comme jardinier jusqu’à l’amnistie de 1802 qui lui permit de rentrer en Bretagne. Retiré dans son château, il y secourut la population pendant la disette de 1816[26]. En 1823, la Restauration le fit contre-amiral. Il mourut en 1827. Il avait épousé à Pleyber-Christ le 27 février 1786 Anne Marie Louise Barbier de Lescoet[27], deux de leurs trois enfants périrent jeunes à Jersey, il ne resta qu’un fils, Auguste Roland, 5e marquis de Saint-Pierre, né à Jersey en 1800, mort en 1886, commandeur de l’ordre de Saint-Grégoire-le-Grand.
Son petit-fils Yves, 7e marquis de Saint-Pierre (1890-1959), officier de cavalerie, se distingua au combat et fut l’un des membres de cette famille à recevoir la croix de guerre 1914-1918 (France)[28].
L’un des frères d’Auguste Bonable, Auguste-Henry (1742-1795), officier, fut admis aux honneurs de la cour en 1786, émigra, commanda une vaste troupe chouanne[29], mais périt fusillé à Auray[30] au moment du débarquement de Quiberon en 1795.
Rameau cadet des Méhérenc de Saint-Pierre
Henry Joseph de Méhérenc de Saint-Pierre (1717-1785), fils cadet de Michel Henry et de Thérèse Le Chaponnier, fut capitaine général du bataillon des garde-côtes de Landerneau[31]. Il épousa Marie Guillemette de Kerengar et leur fils aîné René Auguste Anicet, officier, fut admis aux honneurs de la cour en 1786. Il participa à la défense de Maestricht contre les armées républicaines en 1792[32].
Alliances anciennes
D’Escrammeville, de Thaon, Suhard du Chastellier, de la Haye, de Malherbe, de Mauny, Besnard, de Grosparmy, de Marguerye, d’Escageul, de Bricqueville, du Bosc, d’Aigneaux, de Gournay, de Hacquetot, de Cabazac, du Mesnil et autres en Normandie.
Du Fau, de Tiercelin de Brosses, le Chaponnier, de Kerangar, de Kersauzon, de Marsilly, Desclos de la Fonchais, Chauchart du Mottay, de Roscollin, de Cacqueray et autres en Bretagne et à Paris.
Alliances modernes
XIXe siècle : Robien, de Lespinay, de Montigny, de Montbret, de la Noue, de Tinguy, de Quelen, de Lestapis, Espivent de La Villesboisnet, Catuelan, du Breil de Pontbriand, Cauvel de Beauvillé[33], entre autres.
XXe siècle : Bazin, de Vial, Brillat-Savarin, de Menou, de Beauregard, de la Fonchais, Blanchet de la Sablière, de Silguy, Poulpiquet, de Viry, Maillard, Hingant de Saint-Maur, de Vitton de Peyruis, de Villedieu, de Waziers, Brincard, de Gastines, Hentsch, de Panevinon de Marsat, Monjaret de Kerjégu de Keranflec'h-Kernezne, Gilart de Keranflec'h, de la Guerrande, de Chavagnac, de la Motte, de la Berrutière de Saint-Laon, de Rougé, Géliot, de Lantivy de Trédion, de Lausanne, de Fraguier, de Nicolaÿ, de Lanversin entres autres. Le 9e marquis de Saint-Pierre, Paul (1922-2017) avait épousé Anne de Malliard (1925-2007). Le 10e marquis, Yann, né en 1950, est époux de Dominique Hentsch née en 1952.
L’épouse de Marc Guillaume est née Guenola de Méhérenc de Saint-Pierre.
Autres illustrations
Joseph-Marie de Méhérenc de Saint-Pierre, vicaire général du diocèse de Chartres[34] avant la Révolution, que l'on retrouve aumônier général des Écoles militaires sous l'empire.
La brillante femme de lettres et exploratrice Vefa de Saint-Pierre.
Fiefs, châteaux et manoirs
Aux époques anciennes[35] : fief et manoir des Londes à Trévières, devenu les Tourailles, château de Varreville à Maisy (14), manoir de Flottemanville à Trévières, manoir fortifié de Montmirel (14), château de Saint-Christophe de Chaulieu (61), manoir et fief de Cunfiou (56), château de Kerviden (56), château du Bois de la Salle à Pléguien (22), château de Saint-Jean-de-Beauregard (91). Aux XIXe et XXe siècles : manoir de l'Aumosne (35), château de Beaumanoir (22), château de Javercy (28). Encore possédés par les Méhérenc de Saint-Pierre ou leurs proches descendants[36] : château de Mondomaine (37), château du Pally (85), manoir de Menez Kamp (29), château de Kerandraon-Gournois (56), château de Quelennec (22), manoir de Kertugal (22), château de Baisnat (80).
Bibliographie
- Catalogue des gentilshommes de France, Laroque et Barthélémy, Bretagne, p. 16, Paris, 1864
- Grand armorial de France, Raoul de Warren, tome V, réimpression de 1975, reprenant Jougla de Morenas
- Catalogue de la noblesse française, Régis Valette, Robert Laffont, 2001 pp. 137-138.
- Filiations bretonnes, Henri Frotier de La Messelière, Saint-Brieuc, 1914, pp. 204-208
- Armorial des Cincinnati de France, Hubert Lamant et F. de Saint-Simon, Paris, 1980, pp. 450-451
- Dictionnaire de la noblesse française, E. de Séréville et F. de Saint-Simon, Paris, 1983, p. 210
- Dictionnaire de la noblesse de France, François-Alexandre Aubert de La Chesnaye-Desbois
- Trévières, Edmond de Laheudrie, réimpression de 1990
- Notes historiques sur le Bessin, Société historique du canton de Trévières, 1921-1934, réimpression de 2015.
- Nobiliaire et armorial de Bretagne, Pol Potier de Courcy, 3e éd. 1890.
Références
- François Bluche, Les honneurs de la cour, L'intermédiaire des chercheurs et des curieux, 1958 rééd. 2000, p. 70.
- Nouveau d’Hozier 232 art. 5272.
- Régis Valette, Catalogue de la noblesse française, Robert Laffont, 2007, p. 137
- Edmond de Laheudrie, Trévières, réimpr. de 1990, p. 48, le qualifie de « héros de Cassel »
- Léopold Delisle : Recueil des jugements de l’échiquier de Normandie au XIIIe siècle, Paris, 1864, p. 32, n°122, au sujet d’événements qui paraissent liés à l’année 1189.
- cote AN, aveu de 1453
- Carré d’Hozier 425 f° 172 cité par Laheudrie, Trévières, op. cit. p. 49 : ils « étaient nobles, procréés de noble lignée, de père et de mère, portans armes anciennes et écuyers ».
- La Chesnaye-Desbois art. Méhérenc.
- Recherche dite de Montfault. Cote AD14 6G16.
- Le Nouveau d’Hozier 232 conserve les preuves émises par le sieur de Méhérenc de Manneville, issu de la branche de Laubel, pour être admis page de la reine en 1740 et le certificat émis par Pierre d’Hozier.
- Cote AD14 6G17.
- Cote AD14 6G18
- Les AD14 conservent une copie intégrale de l’arrêt de maintenue des Méhérenc normands.
- Cote AD14 6G16.
- Cote AN O/1/7 f° 139 v°.
- La Chesnaye-Desbois, éd. de 1868, col. 586
- Nouveau d’Hozier 232 art. 5272.
- Site du château :http://chateau-boisdelasalle.com/en/
- Magoer signifie Mur en langue bretonne.
- Elle se remaria à Louis François Elie Camus de Pontcarré. Cote AN T//*/483/2.
- Dossier militaire MV CC7 ALPHA 1735.
- Armorial des Cincinnati par H. Lamant.
- Reconnaissance transmise ensuite à l’aîné de la branche aînée, à ce jour le 10e marquis de Saint-Pierre.
- Patrick Huchet, Quiberon ou le destin de la France, éd. Ouest-France, p. 57 cite les Mémoires de Louis-Gabriel de Villeneuve-Laroche-Barnaud qui énumère les membres de cet état-major et, parmi eux, "le marquis de Saint-Pierre".
- P. Huchet, op. cit. p. 213 cite les noms des condamnés à mort de la commission Druilhe en thermidor an III : Auguste-Marie-Henri de Méhérenc de Saint-Pierre.
- Armorial des Cincinnati.
- Livre de L. Le Guennec Les Barbier de Lescoet.
- Un autre, Hervé, s’illustra dans l’aviation, alors celle des pionniers.
- P. Huchet, op. cit. p. 119 cite les Mémoires du comte de Contades : "Suivaient plusieurs colonnes de chouans commandées par le chevalier de Saint-Pierre."
- Il y a une incertitude sur l'identité du membre de la famille de Méhérenc de Saint-Pierre, il doit plutôt s'agir du troisième d'entre eux. Jacques-Philippe Champagnac, Quiberon, la répression et la vengeance, Perrin, 1989, p. 285, cite parmi les condamnés exécutés à Auray André de Méhérenc de Saint-Pierre, prénom inconnu dans cette famille.
- Cote AN MC/ET/XXI/534.
- Le dossier d’émigrée de sa veuve est conservé sous la cote AN F/7/5094.
- Notice et pièces d'Antoine Marie Ernest de Méhérenc de Saint-Pierre, chevalier de la Légion d'Honneur, n°c-248338 de la base Léonore, cote 19800035/1204/39077 des Archives Nationales
- Cahiers généalogiques costarmoricains, n° 9, 1er trimestre 2001, p. 32.
- D'après les arrêts de maintenues de noblesse et les différents documents déjà cités.
- Bottin Mondain
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