Famille de Fabiani
Il existe diverses familles Fabiani homonymes.
La Maison de Fabiani, de Palmento à Santa-Reparata-di-Balagna
Dans le même village[Lequel ?], on rencontre d'ailleurs plusieurs souches différentes. La tradition de la famille de Fabiani, appartenant à la noblesse française, reprise par Colonna de Cesari Rocca[1], situe son origine à Gubbio en Romagne, d'où Niccolo, fils cadet du comte Cesare Fabiani, serait parti en 1427 pour s'établir en Corse.
Si une famille comtale Fabiani a bien existé et fleuri à Gubbio[2], l'implantation d'une de ses branches en Corse à la date en question n'est pas documentée de manière irréfutable[3]. Il en va même des origines eugubines de Pascal Paoli évoquées par le Babbu avec autant de conviction que les Fabiani en ce qui les concerne. En revanche, l'Albergha Calvi de la république de Gênes comportait une famille du même nom ayant le même blason que les Fabiani de Santa-Reparata-di-Balagna[4]. Quoi qu'il en soit, la famille de Palmento à Santa-Reparata-di-Balagna, à la différence de beaucoup de familles corses, possédait déjà son patronyme au XVIe siècle.
Comme beaucoup de grandes familles de l'aire culturelle italienne, elle se veut l'héritière lointaine d'une des gens aristocratiques romaines, les Fabii, ou Gens Fabia, liés aux Fabianii, prêtres héréditaires qui célébraient les Lupercales[5]. Dans la notice consacrée à cette famille, Colonna de Cesari Rocca reprend sans autre commentaire cette présentation : « On fait descendre la famille Fabbiani de la gens Fabia »[6].
La famille dont il est question ici, l'une des plus influentes de la Balagne, appartient à la noblesse française de corse puisqu'elle figure parmi les quelque quatre-vingts familles corses qui ont obtenu de la Couronne de France une reconnaissance de noblesse prouvée au-delà de 200 ans. La généalogie des trois branches dont les représentants ont bénéficié de cette RNF est détaillée dans l'acte d'avril 1774 du Conseil souverain de la Corse, conservé aux Archives départementales de la Corse[7].
Cette généalogie a été reproduite sommairement dans l'Armorial corse de Colonna de Cesari Rocca, puis reprise plus précisément dans le Nouvel Armorial, livre d'or de la noblesse de J.C. Orticoni et, surtout, dans l'Armorial de la Corse de F. Demartini, malheureusement entaché de quelques erreurs. Toutes les branches remontent à Tiberio Fabiani, fils de Giovannone, messer et capitaine au service de Gênes, vivant au XVIe siècle à Algajola[8].
Ses membres les plus fameux ont tous porté le prénom de Simon:
- le général Simon Fabiani, né en 1698, assassiné en juillet 1736 par des Corses vendus aux Génois, héros de la rébellion contre Gênes, fait comte par le roi Théodore dont il était vice-président du conseil de guerre. On a de lui un Testament politique, conservé aux Archives des Affaires étrangères[9], manifeste qui fut publié aussitôt après son assassinat. Simon Fabiani fut père de deux officiers au service de la France, du côté français à Ponte-Novo (Ponte Novu en corse), bénéficiaires de la RNF de 1774; sa fille Laura épousa un fils du colonel;
- le colonel Simon de Fabiani, dit Simoncino, qui leva un régiment Corsica au service de la couronne de Naples où fut notamment formé le jeune Pascal Paoli, écuyer de la reine d'Espagne Élisabeth Farnèse en 1742 (cousin issu de germains du général);
- le sous-préfet de Calvi à la Restauration, Simon Bonaventure de Fabiani, petit-fils du aîné général, revenu en Corse après 20 ans d'émigration au service de l'Armée des Princes et l'un des chefs de la réaction royaliste en Balagne où il fut nommé sous-préfet de Calvi (Simon Bonaventure fut aussi le fondateur du rameau breton).
Comme bien souvent en Corse, les branches aînée et cadette d'une même famille furent en concurrence afin d'exercer l'influence dominante dans leur clan et dans leur province. L'alliance de Laure, fille du général, avec un fils du colonel Simone de Fabiani scella la réconciliation des deux branches issues du mariage, en 1669, de deux frères Fabiani avec les deux filles du colonel Pompilio Morazzani, capitaine à Rome sous Alexandre VII, commandant de l'artillerie corse. Le choix du parti français ou de la cause paoliste refléta cette césure, les cadets s'inscrivant dans la contestation des choix légitimistes des aînés.
Ainsi, le général Simon Fabiani est père de deux officiers au service de la France, du côté français à Pontenuovo (Ponte Novu en corse), qui figurent parmi les bénéficiaires de la RNF de 1774 :
- L'aîné, Giuseppe Maria de Fabiani, capitaine puis lieutenant-colonel, élu en 1756 membre du gouvernement de Balagne, membre du Conseil d'État Suprême[10], est désigné comme le petit Fabiani (Fabianino) par Paoli dans sa correspondance[11]. Sa descendance forma l'éphémère rameau breton.
- Le cadet, Giovan Andrea de Fabiani, lui aussi lieutenant-colonel, fut notamment associé aux équipées de Dumouriez en Corse. En 1792, le futur vainqueur de Valmy demanda pour lui la croix de St Louis, qu'il obtint comme plusieurs autres membres de la famille[12].
Très représentative du parti français, la famille de Fabiani eut en fait une attitude plus nuancée envers Pascal Paoli que ne le veut sa tradition, comme l'indique la correspondance de ce dernier. Ultime rebondissement et ironie de l'histoire, elle s'allia même avec la famille du Babbu : Felicina de Fabiani, arrière petite fille d'un frère du général Fabiani, épousa en effet le colonel Leonetti, neveu du grand homme de l'île. Leur descendance s'épanouit à Monticello, par les Pietri puis les Malaspina qui demeurent toujours dans l'une des maisons Fabiani, le Palazzo[13].
Le Rameau breton
Le rameau breton résulte des tribulations de Simon Bonaventure de Fabiani, officier au Royal corse en garnison à Dinand, qui épousa, le 4 décembre 1781 à Landéan (Ille-et-Vilaine), Maria-Anne Thérèse du Pontavice des Renardières (1762-1831), demoiselle du Mesnil, fille d'Olivier-Jean du Pontavice des Renardières et d'Anne Thérèse le Forestier. Leur fille, Thérèse Lucie de Fabiani (1782-1854), épousa un neveu de l'écrivain Chateaubriand, François Hippolyte Marie comte de Québriac (1782-1846), maire de Fougères, sous-préfet de Lannion et de divers lieux, chevalier de la Légion d'honneur, fils de Jean François Xavier comte de Québriac et de Bénigne Jeanne de Chateaubriand, sœur aînée de l'écrivain-diplomate[14]. Leur fils Ernest Lucien comte de Québriac (1808-1849) fut officier de marine et le dernier de son nom ; leur fille Lucie Thérèse Pauline de Québriac, née en 1817, épousa le 25 avril 1843 à Fougères le rejeton d'une des plus anciennes familles de la noblesse bretonne, Arthur Marie Jean Euzenou de Kersalaün[15], comte d'Euzenou. Ce dernier mourut quelques mois plus tard.
Ainsi s’éteignit le rameau breton de la famille de Fabiani.
Bibliographie
S'agissant des Fabiani nobles de Santa Reparata, les répertoires en ligne comportent diverses erreurs et ne peuvent être considérés comme des références scientifiques.
- Armoriaux corses
- Pierre-Paul Raoul Colonna de Cesari Rocca : Armorial corse, Henri Jouve éditeur, Paris, 1892; rééd. Laffitte reprints, Marseille, 1987 (notice Fabiani, p. 31-32 sur la base des indications fournies par le comte Alphonse de Fabiani, conservées dans sa descendance).
- François Demartini : Armorial de la Corse, éd Piazzola, Ajaccio 2003 (notice Fabiani, tome I, p. 273-274, avec des erreurs manifestes et de nombreuses lacunes). Blasons coloriés (aquarelles de l'auteur d'après des originaux).
- Jean-Christophe Orticoni : Nouvel Armorial corse, livre d'or de la noblesse, Éditions Jeanne Laffitte, 1992 (notice Fabiani: p. 73-78) [quelques erreurs]
- Ouvrages sur la noblesse française
- Jougla de Morena, Grand armorial de France. Catalogue général des armoiries des familles nobles de France, comprenant les blasons des familles ayant possédé des charges dans le royaume et de celles ayant fait enregistrer leurs armoiries en 1696, de la noblesse de l'Empire, des anoblissements de la Restauration, donnant les tableaux généalogiques de familles confirmées dans leur noblesse entre 1660 et 1830 : article Fabiani très succinct.
- Maurice Albert Léo d'Armagnac del Cer de Puymège : Les Vieux noms de France (dans l'un des ouvrages, simple référence à la notice de Colonna de Cesari Rocca)
- Régis Valette : Catalogue de la noblesse française (omission de la famille bien que d'autres familles éteintes soient mentionnées).
- Branche bretonne
- Théodore Courtaux, Histoire généalogique de la maison du Pontavice et de ses alliances, Bretagne, Normandie et Maine, Paris, cabinet de l'historiographe, 1901 (p. 86 : alliances du Pontavice puis Québriac) [quelques inexactitudes].
- Vte Paul du Pontavice, Maison du Pontavice, Bretagne, Normandie et Maine, son histoire, sa généalogie et ses alliances, Rennes, imp. Eugène Prost, 1903 (p. 115-116 : alliances du Pontavice puis Québriac).
Notes et références
- Armorial corse, article Fabiani
- Ville où existe toujours une Via Fabiani, là où se dressait le Palazzo Fabiani.
- En dépit de l'implantation d'une branche de ladite famille en Corse, mais un siècle plus tard.
- Cf. Angelo Scorza, Libro d'Oro della Nobiltà di Genova, Genova, 1920, tableau XVI.
- « Sodalitas » et gentilité dans l'ensemble lupercal in : Marinella Corsano, Revue de l'histoire des religions, 1977, Volume 191-2, p. 137-158, consultable en ligne sur Persée. Résumé en tête du livre : « La fête des Lupercales, célébrée à Rome le 15 février, voyait engagées deux sections de Luperques, les Fabiani et les Quinctiales. Les titres gentilices, qu'avaient pris les prêtres du dieu Faunus, indiquent, à notre avis, les fonctions opposées et complémentaires attribuées aux membres de la sodalitas. En effet, dans l'analyse de l'ensemble mythico-rituel se rapportant à la fête, alors que les Fabiani sont les représentants du « désordre » rituel mis en œuvre pendant les Lupercales, les Quinctiales, au contraire, représentent cet ordre qui durant le temps rituel est vaincu et remplacé ». Dans le même ouvrage, p. 143, l'auteur est plus précis : quelle était la fonction que remplissaient la « fabianité » et la « quinctialité » à l'intérieur des Lupercales et en rapport avec toute la structure du calendrier romain. (Rom. Forsch., Berlin, 1873, I, 17, et Rom. Gesch., Berlin, 1854, T. 52), car le praenomen Kaeso, qui ne paraît que dans les génies patriciennes des Fabii et des Quinctii, il faut le relier à caedere, qui renvoie à l'action de battre avec des bandes de peaux, propre aux Luperques
- Op. cit. p. 32. NB : sur le redoublement du b : voir note infra.
- Deux observations sur la manière dont le nom s'est orthographié au cours des siècles: (1) le "b" est souvent redoublé et les premiers intéressés signent indifféremment Fabiani ou Fabbiani; (2) l'introduction de la particule se fit naturellement à partir de la RNF de 1774, avec parfois des omissions. Le service dans les régiments français - Royal Corse, Légion corse, etc - a accentué ce mimétisme alors que, suivant la tradition italienne, les patronymes ne requéraient pas de particule. À l'époque génoise et un peu au-delà, on attachait plus d'importance à certaines appellations telles qu'illustrissimo ou magnifico
- L'une des présides génoises sur la côte de Balagne, non loin de Palmento.
- Fonds Corse
- Correspondance de Paoli, éditée par Alain Piazzola, traduction d'Antoine-Marie Graziani: volumes II p. 45, note 91, IV p. 75
- Cf. Trois Prêtres balanins au cœur de la Révolution corse, p. 242
- C'est sa descendance qui se perpétua jusqu'à la fin du XXe siècle et dont le nom fut repris par transmission féminine chez les Zipper devenus Zipper de Fabiani
- Cf. l'ouvrage consacré à Marie Mattei : Lettres de Marie Mattei à Théophile Gautier et à Louis de Cormenin, Eldon Kaye, université de Carleton, Ottawa, Literary Criticism, édité pat Librairie Droz, Genève, 1972 - ouvrage désormais disponible en ligne :
- Voir les deux ouvrages relatifs à la maison du Pontavice dans la bibliographie de cet article, ainsi que l'Annuaire de la Noblesse, 1905
- Qui se trouve être un arrière petit fils du fameux philosophe des Lumières, le baron d'Holbach
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