Ex-libris

Un ex-libris ou exlibris[1] (du latin ex libris meis, « faisant partie de mes livres ») est une inscription ou une vignette ajoutée à l'intérieur d'un livre, par laquelle le propriétaire marque nommément sa possession[2]. L'ex-libris peut prendre la forme d'une mention manuscrite, d'un tampon, d'un cachet, etc[3], auxquels cas on parle plutôt de marque de possession, mais il s'agit le plus souvent d'une vignette artistique collée à l'intérieur d'un livre.

Pour les articles homonymes, voir Ex-libris (homonymie).

Ex-libris du peintre américain Francis Davis Millet.

Celle-ci, traditionnellement gravée, peut mentionner éventuellement le nom du propriétaire, ses armes, sa devise[2] ou divers symboles et motifs de son choix. Il s'agit donc d'une gravure personnalisée qu'un collectionneur colle sur le contre-plat (l'intérieur de la couverture) ou sur la page de garde de ses livres, comme marque d'appartenance.

Une mention du nom du propriétaire en queue du dos d'un livre peut également être considérée comme un ex-libris mais c'est plus souvent l'endroit réservé à la signature du relieur.

En bande dessinée, un ex-libris est une image imprimée accompagnant la vente d'un ouvrage.

Historique

Le British Museum de Londres conserve une des tablettes bleues en argile vernissée qui habillaient les boîtes de cèdre dans lesquelles le pharaon Aménophis III conservait ses papyrus. Cette tablette constitue l'une des premières formes d'ex-libris et remonte à environ 1400 av. J.-C.[réf. nécessaire]

Les manuscrits enluminés du Moyen Âge portaient aussi la liste de leurs propriétaires successifs. Il s'agissait d'ex-libris rédigés à la main, très souvent richement ornés et armoriés. Les anciens talmuds portent parfois sur le plat intérieur de la reliure la liste des propriétaires successifs, permettant ainsi d'inscrire le livre dans la transmission.[réf. nécessaire]

La naissance de l'imprimerie permet de fabriquer l'ex-libris à un certain nombre d'exemplaires. Le format vignette apparaît à Nuremberg aux environs de 1511, gravé sur bois et souvent enluminé. Dürer aurait gravé la marque du célèbre humaniste Willibald Pirckheimer. La technique de l'ex-libris passe alors en Suisse et arrive en France au début du XVIe siècle. Le plus ancien ex-libris gravé en français est celui de Jean Bertaud, de La Tour-Blanche en Périgord : Encomium trium Mariarum cum earundem cultus defensione adversus Lutheranos, solennique missa et officio canonico, Parisiis, 1529 (lire en ligne sur Gallica).

Les ex-libris ont connu un nouvel essor au XIXe siècle, alors que la diffusion du livre s'amplifie fortement avec l'industrialisation de la production de papier et le développement de la bibliophilie.

Vignette artistique

Ex-libris de Louise-Adélaïde de Bourbon (1696-1750), reprenant les armoiries de la personne.

L'élément graphique principal en est généralement un dessin allégorique ou symbolique, ou encore un blason. L'ex-libris comporte aussi, le plus souvent, le nom ou, parfois, les initiales du propriétaire ; il peut aussi être signé par l'auteur du dessin et/ou de la gravure.

Un ex-libris peut comporter une devise ou une citation chère au propriétaire du livre, ou sa fonction, ou ses titres. On trouve par exemple :

  • Bordier, avocat en parlement ;
  • Séminaire de Lisieux ;
  • De la bibliothèque de François Valentin ;
  • Ce livre appartient à Jean Dupont ;
  • Ex-libris Frédéric Dufal ;
  • Félix Ayat ;
  • Mente libera (devise d'Ernest Stroehlin) ;
  • Never failing friends ;
  • Du Cabinet de Monsieur le Président des Orgeries Escuier, Chevalier Seigneur des Courtillotes, St Rigomer, Monlieu, Vaubezon, &c.

Depuis le XVIe siècle, la technique la plus traditionnellement utilisée pour la gravure d'ex-libris est la gravure au burin.

Collections

Les ex-libris sous forme de vignette peuvent faire l'objet de collections. Ils sont recherchés aussi bien collés dans le livre que séparément. Certains bibliophiles attachent plus de valeur à un livre porteur d'un ex-libris rare, tout particulièrement si celui-ci désigne un ancien propriétaire célèbre ou ayant eu une collection remarquable de livres, soit pris isolément, détachés des livres : dans ce cas, c'est plus leur qualité esthétique qui est valorisée, comme l'auteur de la gravure. Au XXe, de nombreux graveurs s'exercent à cet art, produisant des centaines d'ex-libris parfois très recherchés. L'un des plus grands collectionneurs modernes est l'entomologiste belge Albert Collart (1899-1993). Il possédait deux cents ex-libris à son nom :

  • 1° celui à la libellule ;
  • 2° celui à l'insecte volant posé sur un petit tronc mal ébranché ;
  • 3° celui aux deux idoles posées sur une planche et au livre avec abeille posée sur la tranche d'un livre épais intitulé Ex-libris ;
  • 4° celui à la femme noire, chasseuse de papillons, etc.

En France, l'association française des collectionneurs d'ex-libris a déposé sa documentation et ses riches collections à la bibliothèque bénédictine et municipale de Saint-Mihiel.

Graveurs d'ex-libris célèbres

Galerie

Notes et références

  1. Selon les rectifications orthographiques du français en 1990, la graphie soudée exlibris, c'est-à-dire sans trait d'union ni espace, doit être privilégiée.
  2. « Ex-libris », définition sur cnrtl.fr.
  3. Christian Galantaris, Manuel de bibliophilie, préf. de Michel Déon, Paris, Éd. des Cendres, 1997.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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