Esteban de Gamarra y Contreras

Fils de Juan de Contreras y Gamarra, commissaire général de la Cavalerie des Pays-Bas, et d'Adriana de la Torre, il passa toute sa vie hors d'Espagne. Il étudia à Crémone, où son père avait été nommé gouverneur de la ville, puis à l'Université de Pavie. Il devint officier en Italie à la mort de son père en 1617, et en 1621 marcha en Flandres a la tête d'une compagnie d'infanterie. Il prit part au siège de Berg-op-Zoom (1622) et de Breda (1624). Élevé au rang de chevalier de l'Ordre de Santiago, écuyer tranchant du cardinal-infant en 1635, il poursuivit la carrière des armes aux Pays-Bas a la tête d'un tercio d'infanterie puis à partir de 1646 comme général d'artillerie sur la frontière française, avant d'obtenir en 1651 le commandement de la cavalerie sur la frontière néerlandaise. L'année suivante, il se lança dans une carrière diplomatique, comme émissaire spécial auprès de Christine de Suède[1].

Gouverneur militaire et châtelain de Gand, à la suite du traité de Münster, il fut appelé en 1654 à succéder à Antoine Brun comme ambassadeur permanent et ministre plénipotentiaire d'Espagne à La Haye, et premier ambassadeur d'Espagne auprès de la République des Provinces-Unies jusqu'à la reconnaissance effective de son indépendance.

La principale mission de Gamarra a la tête de l'ambassade de La Haye consistait à trouver une entente avec les États Généraux, voire à terme de renverser les alliances, car l'hégémonie française croissante en Flandre devenait une menace réelle pour les deux anciens ennemis. En second lieu, comme puissance maritime, la collaboration des Provinces-Unies était une condition essentielle pour la sécurité du commerce de l'Espagne avec les Amériques ; enfin, Gamarra négociait la construction et la réparation de vaisseaux espagnols dans les ports néerlandais[2], ce qui fit qu'en 1657 il fut nommé conseiller militaire au Conseil de Flandre sur proposition du président, Pablo Spinola, marquis de los Balbases, avec lequel Gamarra entretenait une correspondance suivie, étant donné l'importance vitale de son ambassade pour préserver ce que l'Espagne tenait encore des Pays-Bas[3].

Lorsqu'en 1661, à la suite d'un incident de préséance avec l'ambassadeur de France, le baron de Watteville, ambassadeur espagnol à Londres fut rappelé, la Couronne d'Espagne, jugeant que la situation était sur le point de provoquer une nouvelle guerre avec Louis XIV, proposa l’intérim de cette mission à Gamarra, confiante dans son expérience diplomatique pour donner satisfaction à la France et éviter ce conflit, bien que finalement et par des circonstances diverses l'Angleterre refusât de l'agréer[4].

La mission diplomatique de Gamarre restait axée, à la mort de Philippe IV, sur deux priorités. La guerre anglo-hollandaise de 1664 avait resserré les liens entre l'Espagne et les Provinces-Unies, depuis que la flotte néerlandaise du vice-amiral Ruyter avait couvert les cargaisons d'argent espagnoles jusqu'au port de Cadix, mais le réchauffement subit des relations entre Hollandais et Anglais allait donner de nouvelles raisons de préoccupation à Gamarra, inquiet du respect de l'embargo et du retard pris dans la réparation des vaisseaux espagnols dans les arsenaux néerlandais[5]. Au mois d'octobre 1667 il reçut des dépêches, en même temps que le comte de Molina, ambassadeur à Londres, les autorisant à négocier avec la Suède la signature d'un accord de protection mutuelle contre la France[6]. Finalement, et bien que les étapes précédentes n'aient pas abouti au résultat souhaité, l'Espagne, alliée à l'Angleterre, la Suède et la Hollande constituant la Triple-Alliance, appela à la Guerre de Dévolution pour contrer la menace française, et contraignit ainsi Louis XIV à réfréner son avance aux Pays-Bas espagnols et à négocier la paix avec l’Espagne à l'occasion du Traité d'Aix-la-Chapelle (1668), négociation dont les termes furent largement laissés à Gamarre.

En octobre de 1670, il fut remplacé à La Haye par Manuel Francisco de Lira, mais l'arrivée de son successeur fut retardée jusqu'en mai 1671 et Lira ne prit effectivement ses fonctions qu'en octobre, alors que Gamarre était mort au mois d'août[7]. Marié à sa cousine, Maria de Urquicia[8], il en eut six enfants mais dont seule une fille lui survécut : Magdalena, qui épousera le marquis de Melín[1] ; le seul de ses fils qui embrassa la carrière militaire fut tué[3] au siège de Valenciennes (1656).

• Janssens, P. «Esteban de Gamarra y Contreras», en Nationaal Biografisch Woordenboek.

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