Esquimaux

Esquimaux ou Eskimos (ou plus rarement Eskimaux[1]) est un exonyme, considéré comme péjoratif, utilisé pour nommer principalement les Inuits mais également les Yupiks. Ces peuples autochtones de l'Arctique vivent en Alaska, dans le Grand Nord canadien, au Groenland et en Sibérie orientale. Bien que les inuits représentent la majorité de la population désignée par le terme Eskimo, ce terme, popularisé par les explorateurs du XIXe siècle, ne distingue aucune ethnie particulière. Il n'est pas utilisé par les Inuits eux-mêmes et est de nos jours considéré comme discriminatoire voire insultant par ces derniers[2],[3]. L'ensemble des peuples couverts par le terme « esquimaux », y compris les Yupiks, est représenté au sein du conseil circumpolaire inuit.

Pour les articles homonymes, voir Esquimau (homonymie) et Eskimo (homonymie).
Esquimaux
Famille Iñupiat de King Island (Alaska), qualifiée d'Esquimaux en 1917.

Populations significatives par région
Autres
Régions d’origine Arctique
Langues Groupe eskimo de la famille des langues eskimo-aléoutes
Religions animisme, chamanisme, christianisme
Ethnies liées Inuits, Yupiks
Carte de répartition

Par extension, l'expression « langues eskimos » désigne aussi un groupe de la famille des langues eskimo-aléoutes qui comprend les langues inuites et les langues yupik.

Étymologie

Le terme français le plus commun, esquimau (féminin esquimau, parfois esquimaude, pluriel esquimaux) est attesté pour la première fois en 1691 dans la Nouvelle relation de la Gaspésie de Chrétien Le Clercq (sous l'orthographe eskimau, pluriel eskimaux), où il désigne les « habitants des régions arctiques de l'Amérique »[1].

La dénomination pourrait venir d'un terme algonquin du XVIIe siècle signifiant « mangeur de viande crue »[4],[5],[6]. Une autre hypothèse émanant de certains linguistes fait valoir que les premiers explorateurs européens ont obtenu le terme à partir d'un autre mot algonquin micmac ayant rapport avec les raquettes à neige[7]. D'autres encore ont proposé qu'il signifiait « les locuteurs d'une langue étrangère »[8],[9].

Le terme a été popularisé par les explorateurs polaires du XIXe siècle, notamment dans les revues de voyages telles que Le Tour du monde[note 1]. D'après Francis Barnum, le nom viendrait du missionnaire jésuite français Charlevoix établi au Canada au XVIIe siècle[10] ; ce qui est peu crédible, puisque Charlevoix arrive au Québec en 1705 alors que le terme est attesté en 1691.

Les eskimologues, aujourd'hui inuitologues, ont adopté au XXe siècle, le terme « eskimo », invariable dans l'orthographe danoise, pour désigner traditionnellement le groupe linguistique[11].

Perception

Au Canada, l'appellation « Inuits » est officielle depuis 1970 et remplace le terme « Esquimaux »[12]. Ce dernier pouvant être considéré comme péjoratif et offensant.

« La campagne qui vise à remplacer l'usage de "Esquimau" par celui de "Inuk" et "Inuit" dans les langues européennes s'appuie sur une théorie erronée. Il ressort de l'étude des termes des langues algonquiennes pour désigner les Inuit que l'algonquin et l'ojibwa sont les seules langues où on leur applique un terme signifiant "mangeur de viande crue". Mais ce terme n'est nullement à l'origine du mot "esquimau". Dans la presque totalité des autres langues, les Inuit sont désignés par un terme d'origine proto-algonquienne qui, dans une région qui a pour centre l'embouchure du Saguenay, désigne les Indiens micmacs de la Gaspésie. C'est de ce groupe de langues qu'aurait été emprunté le mot "esquimau" et son sens serait « parlant la langue d'une terre étrangère »[13].

«Avec le recul, on constate que rien ne justifiait le rejet du mot esquimau, victime d'un jugement dépréciatif non fondé[14]...»

Au Groenland, le terme « Eskimos » est aussi considéré comme une offense par les Inuits[2],[3]. Les indigènes se désignent comme Groenlandais (en groenlandais : Kalaallit).

En Alaska, le terme « Eskimos », rejeté par les inuits Iñupiat, est toléré par les populations yupiks qui ne veulent pas être assimilés au peuple des Iñupiat[15]. Les Yupiks préfèrent néanmoins simplement le terme « Yupik ». Le terme « Alaska Natives », littéralement « natifs de l'Alaska », est plus convenable qu'« Eskimo » pour désigner l'ensemble des populations yupiks et iñupiat d'Alaska.[réf. nécessaire]

Notes et références

Note

  1. voir par exemple l'édition du 2e semestre 1860.

Références

  1. CNRTL.
  2. Joëlle Robert-Lamblin, « ESQUIMAUX ou ESKIMO », sur http://universalis.fr, Encyclopædia Universalis (consulté le ).
  3. (en) « Setting the Record Straight: Does "Eskimo" mean "Raw Meat Eater" in Cree? » (consulté le ).
  4. Royot 2007, p. 78.
  5. Online Etymology Dictionary.
  6. (en) Judith R. Harper, Inuits, Makato, Minnesota, Smart Apple Media, , 32 p. (ISBN 1-887068-74-0).
  7. Sailer 2002.
  8. Mennecier 1995, p. 5.
  9. Dorais 1996, p. 8.
  10. Barnum 1901.
  11. Dorais 1996, p. 2.
  12. Office québécois de la langue française.
  13. « L'étymologie de «Esquimau» revue et corrigée »
  14. Steve Canac-Marquis, « Un peu de ménage… ethnique », Québec français, no 96, , p. 99–101 (ISSN 0316-2052 et 1923-5119, lire en ligne, consulté le )
  15. « Inuit or Eskimo: Which names to use? », sur uaf.edu (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Daniel Royot, Les Indiens d'Amérique du Nord, Paris, Armand Colin, , 288 p. (ISBN 978-2-200-26779-7 et 2-200-26779-7, présentation en ligne). 
  • (en) Francis Barnum, Grammar Fundamentals of the Eskimo Language, G. Olms, , 384 p. (présentation en ligne). 
  • Philippe Mennecier, Le Tunumiisut, Dialecte Inuit du Groenland Oriental : Description et Analyse, vol. 78 de Collection Linguistique, Paris, Peeters Publishers, , 605 p. (ISBN 2-252-03042-9 et 9782252030424, présentation en ligne, lire en ligne). 
  • L. J. Dorais, La parole inuit : langue, culture et société dans l'Arctique nord-américain, vol. 3 de Arctique (Peeters), Peeters Publishers, , 331 p. (ISBN 90-6831-741-5 et 9789068317411, présentation en ligne, lire en ligne). 

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (traduit par Maurice Métayer) Nuligak, Mémoires d'un Esquimau ; la vie de Nuligak, Les Éditions du Jour, 1972.

Filmographie

Articles connexes

Liens externes

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