Dmitri Rybolovlev
Dmitri Yevguénievich Rybolovlev (en russe : Дмитрий Евгеньевич Рыболовлев, transcription anglaise : Dmitry Yevgenyevich Rybolovlev), né le à Perm (Russie), est un homme d'affaires russo-chypriote.
Médecin de formation, Rybolovlev bâtit sa fortune au début des années 1990 en rachetant des parts d'entreprises étatiques, principalement dans la région de Perm, et en s'associant avec des figures locales de la politique et du crime organisé[2],[3].
Il possédait jusqu'en 2010, 65 % d'Uralkali, un des plus grands producteurs d'engrais potassique du monde.
Résident monégasque, Rybolovlev est l'actionnaire majoritaire et le président de l'AS Monaco dont il détient 66,67 % depuis décembre 2011[4].
En mai 2014, il est impliqué dans « le divorce du siècle »[5], qui se conclut par un accord amiable[6].
En 2019, il est classé 224e homme le plus riche du monde avec une fortune de 6,8 milliards de dollars[7].
Biographie
Études
Dmitri Rybolovlev est né en 1966. Fils de médecin[8], il est fasciné dès l'âge de 12 ans par Le Financier, une nouvelle de Theodore Dreiser qui décrit la vie d’un homme d’affaires ayant fait fortune à Philadelphie comme vendeur de savons bon marché, et qui utilise des fonds publics de la ville parfois illégalement[9],[10]. Il obtient son diplôme en cardiologie à l’Institut Médical de Perm en 1990 et fait ses débuts à l'hôpital comme urgentiste[11].
Débuts dans la médecine
De 1991 à 1993, Dmitri Rybolovlev est directeur de l'entreprise médicale « Magnetics », qu'il fonde avec son père et qui est spécialisée dans l'usage de la magnétothérapie selon la méthode développée par ce dernier. Il développe alors un intérêt pour les titres de marchés émergents[11]. Rybolovlev se rend à Moscou en 1992, où il suit une formation financière[12] et reçoit un certificat du ministère des Finances sur les transactions de valeurs mobilières. Puis il retourne à Perm pour organiser sa société d'investissements, montée avec un Vladimir Shevtsov, un ancien officier de renseignement[13]. Celle-ci rachète les coupons remis aux ouvriers dans le cadre de leur travail, et permet aux deux associés de créer une banque en 1994 à laquelle adhèrent les principales entreprises de la région. Ils deviennent ainsi propriétaires de plusieurs mines et usines et montent au capital de sociétés diverses[11].
Entrepreneuriat : le développement d'Uralkali
À partir de 1992, Rybolovlev participe à tous les tours de privatisation de la société Uralkali, qui est l'un des plus grands producteurs au monde d'engrais potassique. En 1995, à 29 ans, il en devient président du conseil d'administration. En outre, il achète des actions Uralkali sur le marché. Il essaie par la suite d'établir un contrôle sur l'autre producteur d'engrais de potasse en Russie, Silvinit, mais il n'arrive pas à acquérir plus de 20 % de la société. Uralkali, dont Rybolovlev possède 66 % en 1996 et dans laquelle il s'impose comme PDG[11], produit 10 % des engrais potassiques dans le monde : la majorité est exportée, principalement en Chine, en Inde et au Brésil[14]. Cette prise d'Uralkali aurait été menée « en s’attirant les bonnes grâces de hauts fonctionnaires et des gouverneurs de la région et en louvoyant avec la mafia locale »[15].
À la fin de l'année 1996, Rybolovlev est arrêté dans le cadre de l'affaire liée à l’assassinat d’Evgeny Panteleymonov, directeur général de l'AO Neftekhimik Perm (société dont Rybolovlev possédait 40 % des parts). L'acte d'accusation officiel le décrit comme le commanditaire de l'assassinat, s'étant lui-même procuré illégalement "2 pistolets [...] de calibre 7,62 mm" qu'il aurait ensuite livré aux tueurs[16]. Il passe onze mois en détention puis, défendu par l'avocat Andrey Pokhmelkin, frère du député Vladimir Pokhmelkin, représentant de la région de Perm à la Douma[17], il est finalement reconnu non coupable par le tribunal en 1998[18]. Echaudé par cet épisode, Dmitri Rybolovlev décide de quitter son pays natal pour gérer ses affaires ailleurs : en Suisse, aux États-Unis et à Monaco[19]. Rybolovlev reproche par ailleurs au gouverneur régional de l’avoir trahi et finance la campagne de son adversaire, Igor Trutnev, qui remporte l'élection. Il devient le ministre des Ressources naturelles en 2004[11],[20].
Au début des années 2000, il exige du gouvernement chinois, un client important d'Uralkali, qu'il paie son potassium plus cher. Il parvient à ses fins après plusieurs mois de blocage et de pressions[8].
En 2005, Uralkali et le biélorusse Belaruskali créent BPC (Belarusian Potash Co), une société mixte de commercialisation de la potasse[21].
Après son entrée en bourse à Londres, l’action de la société prend 300 % en huit mois avec l’explosion du cours de la potasse. Rybolovlev fait son entrée dans les 100 plus grosses fortunes du monde en 2007[22].
En 2006, une importante mine d’Uralkali à Berezniki s'effondre, consécutivement à l'écoulement d'une source d'eau douce dans la mine, ayant entraîné la dissolution des murs et piliers de sel[23]. 50 millions de tonnes de potassium sont perdues, et de nombreuses centrales électriques sont mises hors service.
Cet effondrement freine la croissance de l’entreprise et engendre un véritable désastre écologique ainsi que des milliers de déplacés[24]. La catastrophe aurait été en grande partie causée par le fait que la ville de Berezniki était bâtie directement sur la mine, héritage de la période soviétique[23]. Uralkali n'aurait pas non plus pris toutes les mesures nécessaires pour combler les gouffres formés lors de l'extraction de potasse, ce qui aurait à terme participé à l'effrondrement de la mine. Selon « Inaïa Gazeta », un journal local, Rybolovlev aurait ainsi pratiquement diminué de moitié le coefficient de remplissage des gouffres pour réaliser des économies[25].
Mais la commission d’enquête, supervisée par Yuri Trutnev, allié politique et partenaire de Rybolovlev[26], exonère Uralkali et conclut à une « catastrophe naturelle inévitable »[11]. Cette appréciation est néanmoins minimisé par les experts car il n'était pas directement impliqué dans l'enquête. Selon le journal russe d'opposition "Novaya Gazeta", le rapport de la commission d'enquête aurait été écrit en partie par OAO Galurgia, une structure affiliée à OAO Uralkali, et donc à Rybolovlev[27].
En 2008, le gouvernement russe, par la voix de Igor Setchine et sous la direction de son chef Vladimir Poutine, rouvre le dossier. Il réclame une amende très importante, susceptible de mettre en péril l'entreprise, ce qui aurait conduit Dmitri Rybolovlev a refuser, provoquant un effondrement du cours de l’action d’Uralkali à la Bourse de Londres. En décembre 2008, Uralkali s’engage à verser 218 millions de dollars au gouvernement russe à titre de compensation pour les coûts engendrés par l'effondrement de la mine[28]
En février 2009, la société signe un accord avec le ministère des Ressources naturelles et annonce le paiement de 71,8 millions de dollars à la région de Perm[29].
En avril 2010, Roman Poukalov, directeur de l'organisation écologique russe "la Patrouille verte", constatant au passage l'extrême pollution de la rivière Kama et des petites rivières dans la région de Berezniki, déclare lors d'une conférence de presse en avril 2010 qu'après avoir analyse des eaux de la Région de Perm, il apparaissait que les eaux usées d'Uralkali dépassaient de 1850 fois les concentrations maximales admises pour les substances organiques dans les réservoirs de pêche[30],[31],[32]. Les dépenses d'Uralkali pour la protection de l'environnement entre 2001 et 2009 auraient été particulièrement basses : en 2001, l'entreprise a versé à cet effet seulement 700 000 dollars, contre près de 40 millions en 2011, après le départ de Rybolovlev[33].
En 2010, en plein divorce, il vend 53 % du capital à un groupe d'investisseurs russes : Kaliha Finance Limited (détenu en partie par Suleyman Kerimov, un proche du Kremlin qui souhaite réunir les entreprises productrices de potassium pour rivaliser avec les États-Unis), Aerellia Investments (dont Alexandre Nesis détient 15 %) et Becounioco Holdings Limited (dont Filaret Gatchev est actionnaire). Les trois partenaires (auxquels des ambitions monopolitiques sont attribuées) se sont vu prêter 3 milliards de dollars par la banque étatique VTB. L'opération rapporte 5,3 milliards de dollars à Rybolovlev, sans compter la vente de 10 % des actions du groupe aurifère Polyus Gold et de 20 % de Silvinit[19].
Installation et investissements en Europe
L'essentiel de ces avoirs est placé dans des paradis fiscaux, dont au moins deux trusts chypriotes répondant aux noms de Aries et Virgo[12]. D'après L'Express, « le premier contrôle Odella Resources, une société enregistrée aux Îles Vierges britanniques. Par son intermédiaire, le patron de l'ASM [acquiert] en septembre 2010 9,7 % du capital de Bank of Cyprus [la plus grande banque chypriote], pour un montant de 223 millions d'euros »[12]. Cet investissement fait de lui l'investisseur russe le plus important dans le secteur bancaire chypriote[24]. Par ailleurs, il fait rénover la cathédrale orthodoxe de Limassol (pour 17,5 millions d’euros) ainsi que d’autres édifices religieux de l’île. L’année de la réouverture de la cathédrale, il obtient le passeport chypriote, faisant de lui un citoyen de l’Union européenne[34].
À la suite de la profonde récession du pays, le 25 mars 2013, l'Eurogroupe décide avec le gouvernement de Chypre que la Bank of Cyprus reprendra les restes de la Laiki Bank. Pour financer l'opération et sauver Bank of Cyprus de la faillite, il est également décidé que les comptes de plus de 100 000 € subiraient une décote sur leurs actifs d'environ 50 %, ce qui anéantit la majorité de la participation de Rybolovlev et met fin à son implication dans la banque avec une perte de 600 millions de dollars[35].
En septembre 2016, la presse russe a relaté que Rybolovlev aurait obtenu la libération à Monaco de George Bedjamov, un ressortissant russe détenu depuis mars 2016 à Monaco[36],[37]. Georgi Bedjamov, président du conseil d'administration de la banque Vneshprombank et de la Fédération de bobsleigh et de skeleton de Russie, avait été arrêté par la police monégasque sur la base d'un mandat d'arrêt international émis par la Russie, qui l'accuse d'être lié au scandale de la faillite de la banque Vneshprombank qui a laissé un trou de 210 milliards de roubles. En juillet 2016, le Prince Albert II refuse l'extradition de Bedjamov en Russie et ordonné sa libération, une décision confirmée par la Cour d'appel de Monaco[38]. En échange de son intervention pour la libération de Bedjamov, Rybolovlev aurait reçu de la part de ce dernier des informations compromettantes sur des fonds détenus par des membres de l'élite politique et économique russe[39]. Interrogé à ce sujet par la presse française, Rybolovlev nie tout lien avec cette affaire[40],[41].
Acquisition de l’AS Monaco
Après avoir tenté d'investir dans les clubs du Dynamo Minsk[42] et de Manchester United[43], Rybolovlev, après une première approche infructueuse en avril 2011[12], devient actionnaire majoritaire de l'AS Monaco le avec 66 % du club (laissant les autres parts au Prince Albert II de Monaco[19]), président du conseil d'administration et président du club[44],[4]. L'opération est réalisée par le biais de la société Monaco Sport Invest (MSI), qui appartient à un trust établi à Chypre et est domicilié au siège de Rigmora holdings Ltd, le family office du propriétaire de l'ASM[12]. Elle lui coûte un euro symbolique et se trouve facilitée par Willy de Bruyn, qui intègre également le conseil d’administration du club[11], ainsi que Jean-Marc Goiran, agent sportif et ami du prince[12]. D'après Willy De Bruyn, « la Principauté ne souhaitait plus financer totalement le club »[12]. L'Équipe magazine et le Journal du dimanche ont suggéré que Rybolovlev cherchait, en échange de son investissement, à obtenir un passeport monégasque pour se prémunir juridiquement, et ce par l'entremise du Prince Albert II. Cette interprétation est corroborée par le journaliste John Elmer[11]. Clément Guillou, journaliste pour Rue89, émet l'hypothèse que Dmitri Rybolovlev cherche ainsi à « mieux protéger ses actifs dans l’éventualité où les verrous chypriotes ne résistaient pas à l’armée d’avocats de son ex-femme »[34]. Pour Pierre Demoux, journaliste aux Échos, davantage qu'une protection, ce passeport « revêtirait un caractère de prestige, une entrée dans un club fermé »[20]. Néanmoins, le prince Albert II refuserait de lui accorder le passeport monégasque afin de réhabiliter l'image de la principauté, accusée d'être un paradis fiscal[34] ; la réticence de « certains clans influents sur le Rocher » est également évoquée[20].
L'AS Monaco est alors au bord de la relégation en National ; sauvé dans un premier temps par des investissements effectués à l'inter-saison 2011-2012, le club devient champion de Ligue 2 en 2012-2013. Le nouveau propriétaire russe décide de réorganiser en intégralité l’équipe de Monaco autant sur le terrain que dans l’administration avec, notamment, l’arrivée de Tor-Kristian Karlsen au poste de Directeur Général du club[45] et le retour de Jean-Louis Campora pour le conseiller. Il investit dans le club plusieurs dizaines de millions d’euros et fait signer, entre autres, Claudio Ranieri au poste d’entraîneur et divers joueurs internationaux comme Carl Medjani, Lucas Ocampos pour environ 11 millions d’euros[46], ou encore Andrea Raggi[47].
Durant le mercato estival 2013, Monaco fait l'acquisition de deux nouveaux joueurs en provenance du FC Porto (James Rodríguez et João Moutinho) contre 70 millions d'euros (primes comprises). Peu de temps après, les signatures de Ricardo Carvalho en provenance du Real Madrid et Radamel Falcao, le joueur de l’Atletico Madrid, sont officialisées par le club de la principauté. Ce dernier devient le joueur le plus cher de l'histoire du championnat de France, avant d'être détrôné par Edinson Cavani, transféré au Paris Saint-Germain. L'ASM fait également revenir en Ligue 1 les deux internationaux français Éric Abidal et Jérémy Toulalan. Du côté de l'encadrement, Rybolovlev mène peu à peu une « campagne de russification » : au début de la saison 2013-2014, les directeurs exécutif, administratif et sportif sont désormais des compatriotes du président ; issus du monde des affaires, ils découvrent l'univers du football. Vadim Vasilyev est notamment promu vice-président du club, en remplacement de Jean-Louis Campora[12]. Le club termine finalement à la deuxième place du classement, se qualifiant ainsi pour la Ligue des champions. Dmitri Rybolovlev décide cependant de limiter ses investissements pour des raisons personnelles[48]. Selon la presse spécialisée « ce qui l’aurait décidé à arrêter les frais, c’est cette demande de passeport monégasque toujours pas satisfaite. Afin de se protéger d’éventuelles nouvelles poursuites judiciaires en Russie et d’une possible extradition que son passeport chypriote n’éviterait pas, Rybolovlev courait après ce sésame depuis trop longtemps à son goût pour continuer à jouer le jeu de la principauté »[49]. Les milieux professionnels considèrent que Dmitri Rybolovlev aurait désormais abandonné le projet monégasque[50]. Par ailleurs, l'AS Monaco est sous enquête de l'UEFA dans le cadre du fair-play financier[51].
En , après avoir dépensé 230 millions d'euros sur le marché des transferts depuis l'arrivée de Dmitri Rybolovlev, l'AS Monaco se sépare de cinq titulaires, dont Radamel Falcao et James Rodríguez, pour plus de 110 millions, et Claudio Ranieri est remplacé au poste d'entraîneur par Leonardo Jardim[20]. Depuis l'arrivée de Dmitri Rybolovlev, l'agent de joueurs portugais Jorge Mendes joue un rôle important dans les transferts du club, notamment du fait de sa proximité avec Luis Campos, conseiller à la vice-présidence puis directeur technique du club. Pour Libération, « Rybolovlev a obtenu grâce [à Jorge Mendes] ce qu’il voulait : une place à la table des puissants »[52].
En 2017, après avoir battu Saint-Étienne 2-0, l'AS Monaco est sacré champion de France de Ligue 1[53], et le club atteint également la demi-finale de la Ligue des Champions[54].
La même année, le club annonce un investissement de 50 millions d’euro pour lancer la construction d’un centre d’entraînement et de performances à la Turbie, prévu pour être l’un des plus modernes d’Europe[55]. La construction est approuvée par la mairie de La Turbie en juillet 2018[56].
En , Rybolovlev est présenté par la presse comme repreneur potentiel des parts de l’homme d’affaires Li Yonghong dans l’AC Milan, mais la transaction ne sera pas finalisée[57].
En , le club annonce le départ de Leonardo Jardim[58], et l’embauche de Thierry Henry comme entraîneur jusqu'en juin 2021[59]. Le , il décide de renvoyer Vadim Vasilyev de ses fonctions à l’AS Monaco.
Palmarès
- Ligue 1
- Vainqueur : 2017
- Vice-champion : 2014
- Ligue 2
- Vainqueur : 2013
- Coupe de la ligue
- Finaliste : 2017 et 2018
- Coupe de France
- Demi-finaliste : 2017
- Quart de finaliste : 2015
- Ligue des champions
- Demi-finaliste : 2017
- Quart de finaliste : 2015
Panama Papers
En avril 2016, le nom de Dmitri Rybolovlev est cité dans le cadre du scandale provoqué par les révélations issues des Panama Papers. Selon la presse française, Dmitri Rybolovlev aurait « utilisé une société écran établie aux îles Vierges Britannique pour dissimuler, notamment, des œuvres d’art afin de les mettre hors de portée de son ex-épouse au moment de leur divorce »[60]. Après avoir transféré la propriété des œuvres d'art à la société Xitrans Finance Ltd[61]. enregistrée aux Îles Vierges Britanniques, Dmitri Rybolovlev aurait ensuite acheminé les toiles à Londres ou Singapour pour les faire sortir de Suisse[62],[63]. Outre Xitrans Finance Ltd., les documents issus du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca ont révélé l'existence d'une autre société domiciliée aux Îles Vierges britanniques, Talasea Limited, créée en août 2006 et dont Dmitri Rybolovlev est le codirecteur avec Mikhail Sazonov, son conseiller financier réputé très proche du club de l'AS Monaco[64].
Football Leaks
Le 21 décembre 2016, dans le cadre de l'enquête des Football leaks, Mediapart révèle que Dmitry Rybolovlev, président de l'AS Monaco, disposait d'un fonds d'investissement qui achetait en secret des parts de joueurs, le tout avec l'agent portugais Jorge Mendes[65]. Ce fonds d'investissement (Browsefish Limited) immatriculé à Chypre mais dont l'adresse mène à Rybolovlev à Monaco « aurait acheté en juin 2014 des parts des droits économiques de six joueurs à Braga, à l'époque où l'achat de parts de joueurs par un tiers (TPO) était autorisé sauf dans certains pays comme la France et le Royaume-Uni »[66]. Ainsi, lorsque le joueur brésilien Fabinho est prêté à l'AS Monaco par Rio Ave, il était déjà détenu à 48,5 % par Browsefish Limited, l'offshore de Rybolovlev, ce qui signifie que ce dernier était déjà à moitié propriétaire d’un footballeur qui évoluait dans son club[67]. Pour contourner ce problème, Gestifute, la société de Jorge Mendes, a racheté les parts de Rybolovlev dans Fabinho pour les lui revendre ensuite pour une somme comprise entre 5 et 6 millions d’euros, mais officiellement pour 10 centimes d'euros seulement, selon le document enregistré par Monaco dans le Système de régulation des transferts de la FIFA. D'autre part, la société Gestifute, qui possédait 97 % de Fabinho au moment de l'achat, ne figure pas dans le document transmis à la FIFA. Une situation qui « ressemble fort à une opération de TPO déguisée au profit de Jorge Mendes, quinze jours après l'interdiction de cette pratique »[66].
L'enquête des Football Leaks a également révélé que le club de l’AS Monaco a été contraint de verser une somme « d’environ 11,7 millions d’euros » au fisc espagnol pour la vente de trois joueurs en Espagne, Carrasco, Abdennour et James Rodriguez[68].
Liens avec Donald Trump et la campagne présidentielle américaine de 2016
Les relations entre Dmitri Rybolovlev et Donald Trump ont fait l'objet d'enquêtes officielles aux Etats-Unis de la part du procureur spécial Robert Mueller, du FBI et du Sénat américain dans le cadre des accusations d'ingérences russes dans l'élection présidentielle américaine de 2016[69],[70].
Les enquêteurs se sont notamment intéressés de près à l'achat en 2008 de la villa "La Maison de l'Amitié" par Dmitri Rybololvev à Donald Trump pour 95 millions de dollars[71]. Cette transaction, survenant au plus fort de la crise des subprimes, aurait permis au futur président américain d'éviter la faillite en réalisant une plus-value de 54 millions de dollars[72]. Ce sauvetage inespéré pourrait supposer un arrangement entre le Kremlin et Donald Trump par l'intermédiaire de Dmitri Rybolovlev, comme le pense notamment le sénateur démocrate de l'Oregon Ron Wyden, qui a demandé au Trésor américain de rendre public tous les détails liés à cette transaction[73],[74].
Selon un témoignage de son ex-femme déposé lors de leur procédure de divorce, l'oligarche russe a acheté cette propriété sans aucune hésitation, mais n'y a jamais résidé[72]. Rybolovlev rase la villa en 2016 et divise la propriété en trois lots distincts[75].
Autre point sur lequel se sont penchés les enquêteurs: Wilbur Ross, l'actuel Secrétaire au Commerce du gouvernement américain, est devenu en 2014 l'actionnaire principal de la Bank of Cyprus, une institution financière chypriote ayant des liens étroits avec la Russie, et dont Rybolovlev était l'actionnaire principal depuis 2010[76],[77],[78].
Ces liens entre Rybolovlev et Trump ont refait surface lors de l'élection présidentielle américaine de 2016, après que leurs avions respectifs ont été identifiés en différents aéroports au même moment, notamment le 3 novembre 2016 à Charlotte[79] (Caroline du Nord), mais aussi à Las Vegas le 30 octobre[80], et Miami du 10 au 12 février 2017[81], laissant supposer la tenue de rencontres secrètes entre les deux hommes pendant la campagne et peu après[72], ce que les deux principaux intéressés ont formellement démenti[82],[83].
Certains commentateurs américains ont également fait mention d'un séjour de Rybolovlev en Croatie en 2016 au même moment qu'Ivanka Trump et Jared Kushner, juste après que son avion eut été identifié aux Hamptons, où séjournait alors l'avocat de Donald Trump Michael Cohen[84],[70].
Dmitri Rybolovlev n'est pas officiellement poursuivi aux Etats-Unis pour ingérence, mais figure sur la liste rédigée par le Trésor américain des oligarches et politiciens proches du pouvoir russe susceptibles d'être frappés de sanctions et rendue public le 29 janvier 2018 dans le cadre du Countering America's Adversaries Through Sanctions Act adopté par le Congrès américain en juillet 2017[85],[86],[87],[88].
Tentative de corruption de juges genevois
Le 18 août 2018, le quotidien vaudois 24 Heures relate la clôture, au terme de trois ans d'enquête, d'une instruction pénale ouverte contre Dmitri Rybolovlev et Tetiana Bersheda pour corruption de magistrats[89]. Les deux individus étaient accusés d'avoir tenté de corrompre les juges responsables du divorce des époux Rybolovlev en 2014[90].
Selon l'ordonnance de classement rendue le 5 septembre suivant par le premier procureur de la République de Genève Stéphane Grodecki, la justice tenait pour véridique que Tetiana Bersheda avait envoyé par courriel à Yves Bouvier le 30 septembre 2014 une liste comprenant les magistrats à corrompre[91]. Peu après avoir refusé de se plier à cette injonction, Yves Bouvier sera arrêté à Monaco à la suite d'un piège que lui avait tendu Rybolovlev[92].
Tout en concluant que «les faits dénoncés par Yves Bouvier n’étaient pas faux», le parquet genevois a néanmoins dû classer la procédure. En effet, «si la tentative de contrainte ou de corruption est punissable, en revanche les simples actes préparatoires de contraintes ou de corruption actives ne sont pas punissables» explique le premier procureur, qui souligne que ces tentatives de corruption sont «moralement particulièrement critiquables et choquantes» et que la procédure serait reprise sans délai «si des éléments devaient apparaître, démontrant un début de l’exécution»[93]. De plus, la procédure ayant «mis à jour une jour une activité de Tetiana Bersheda qui semble incompatible avec les règles de la profession d’avocat, l'ordonnance de classement a été transmise à la Commission du barreau de Genève[91].
Affaire des tableaux
Pour développer sa collection d'art, Rybolovlev mandate en 2003 le marchand d'art Yves Bouvier. En une dizaine d'années, Bouvier achète pour Rybolovlev une collection estimée à environ deux milliards de dollars. En tant qu'intermédiaire, il recevait une commission de 2 % sur chaque transaction. Lors du dîner du Nouvel An 2014, un consultant d'art (Sandy Heller) apprend par hasard à Rybolovlev que le chef-d’œuvre de Modigliani qu'il vient d'acheter (Nu couché, de 1917) s'est vendu 93 millions de dollars, et non pas 118 millions comme le lui a facturé Yves Bouvier[94].
Le 26 février 2015, à la suite d'une plainte déposée par Rybolovlev, Yves Bouvier est arrêté et mis en examen à Monaco pour suspicion d'escroquerie dans le cadre de la vente de différents tableaux de maître[95]. Tania Rappo, qui a présenté Bouvier à Rybolovlev, est également placée en garde à vue pour « blanchiment d'argent ».
Rybolovlev accuse Bouvier de lui avoir vendu des tableaux à des prix exagérés et de l'avoir ainsi escroqué de près d'un milliard de dollars. Il accuse Tania Rappo d'avoir perçu pour près de 100 millions d'euros de commissions. L'enquête est toujours en cours.
En parallèle des plaintes pénales, une plainte civile est déposée à Singapour (lieu de résidence d'Yves Bouvier) en mars 2015. La Haute Cour de Singapour a dans un premier temps, à la suite de la requête de Rybolovlev, ordonné le gel mondial des avoirs d'Yves Bouvier, avant d’alléger ces mesures[96] pour demander au contraire des garanties bancaires au milliardaire russe[97],[98]. La Cour de Hong-Kong prononce, elle aussi, un gel des avoirs d'Yves Bouvier en 2015[99] tandis que la procédure civile se poursuit à Singapour[100].
En mars 2016, Rybolovlev dépose une demande auprès de la Cour fédérale de Manhattan pour accéder aux échanges entre Bouvier et la maison de vente aux enchères Sotheby's. La Cour fait droit à cette demande en 2017. Ces documents semblent montrer que Sotheby's a été complice de l'escroquerie pratiquée par Bouvier[101]. Cependant, Sotheby's tente d'empêcher Dimitri Rybolovlev d'utiliser ces documents devant la justice, et réfute toutes les accusations[102].
En novembre 2017, Rybolovlev procède à la vente du tableau Salvator Mundi de Léonard de Vinci, pour le prix record de 450,3 millions d'euros[103]. Malgré cette plus-value, Rybolovlev refuse de retirer sa plainte contre Bouvier, maintenant que les méthodes utilisées par ce dernier étaient délictueuses[104].
En février 2018, Yves Bouvier est auditionné par le procureur général Yves Bertossa, qui lui notifie l'ouverture d'une enquête « à titre de prévenu » (équivalent suisse d'une mise en examen)[105] et lui demande de fournir différents documents et factures.
En octobre 2018, Rybolovlev porte plainte contre Sotheby's et lui réclame 380 millions de dollars pour avoir « sciemment et intentionnellement » rendu la fraude possible. Dans sa plainte, Rybolovlev allègue que la maison de vente aux enchères connaissait les montants réellement payés par Bouvier aux vendeurs et la différence avec le prix qui lui était facturé[106]. Selon les avocats de Rybolovlev, Yves Bouvier était un proche de Samuel Valette, le vice-président de Sotheby's chargé des ventes privées, dont la police aurait retrouvé la trace de l'implication dans le cadre de son enquête sur Yves Bouvier[101]. L'affaire est toujours en cours.
Des irrégularités ont été relevées dans l'instruction de la plainte de Dmitry Rybolovlev par les autorités monégasques. Un document produit par la banque HSBC, crucial pour justifier l'inculpation d'Yves Bouvier car établissant sa présence comme mandataire ou bénéficiaire de quatre sociétés civiles immobilières (SCI) à Monaco, s'est ainsi révélé être complètement faux. La banque a par la suite reconnu une erreur de "copier-coller"[107]. Quelque temps auparavant, Philippe Narmino, directeur des services judiciaires monégasques et Gerard Cohen, administrateur délégué de la banque HSBC à Monaco ont été vus en présence de Dmitry Rybolovlev à une soirée mondaine organisée à Gstaad par un joaillier suisse[108],[109].
À la suite de la révélation de cette réunion préparatoire, le juge monégasque Pierre Kuentz a été saisi d'une plainte visant « à éclaircir les soupçons de collusion judiciaire au bénéfice de Dmitri Rybolovlev dans le cadre de la procédure initiale » et a ouvert une enquête[110]. De plus, le 2 juin 2016, la Chambre du conseil de la Cour d'appel de Monaco ordonnait l'audition de sept employés de la filiale locale de la banque HSBC, et s'interrogeait sur l'ancien CEO de la banque (Gérard Cohen) et « ses fonctions et la nature des relations qu'il entretient avec la banque HSBC et Monsieur Rybolovlev »[111].
Dans cette affaire, Rybolovlev n'intervient officiellement pas en tant que plaignant, mais comme simple témoin, en sa qualité de consultant d'art d'Accent, une société offshore détenue par Domus Trust dont sa fille est la bénéficiaire[112] Cette situation peu commune est qualifiée de « grave irrégularité procédurale » par l'un des avocats d'Yves Bouvier, qui constate qu'étant donné que Dmitri Rybolovlev s'est lui-même qualifié de victime lors de son audition, il ne peut être entendu comme témoin, mais devrait l'être en tant que plaignant[112].
Le rôle joué par Tatiana Bersheda, avocate de Dmitri Rybolovlev[113] est questionné par de nombreux observateurs. C'est elle qui a fait venir Yves Bouvier à Monaco pour rencontrer Dmitri Rybolovlev, alors qu'en réalité il était attendu par huit policiers[114],[115]. Lors du dépôt de plainte de Rybolovlev à Monaco, au mépris des règles de procédure et d'impartialité, elle intervient à la fois comme avocate et interprète de ce dernier et des autres témoins et sociétés plaignantes, sans que la justice monégasque ne s'en émeuve[112]. De plus, selon Vanity Fair, « comble de la confusion, elle est elle-même interrogée en tant que témoin alors qu'elle représente le plaignant[116] ».
Tatiana Bersheda a depuis le déclenchement de l'affaire fait elle-même l'objet de deux inculpations à Monaco et d'une mise en examen à Nice. En février 2016, l'avocate est inculpée une première fois à Monaco par le juge d’instruction monégasque Pierre Kuentz pour violation de vie privée pour avoir enregistré à son insu lors d'un dîner Tania Rappo, une amie commune d'Yves Bouvier et de Dmitri Rybolovlev[117],[118]. À la suite de la plainte déposée par Tania Rappo, Rybolovlev et Bersheda avait été placés en garde à vue à Monaco en novembre 2015[119]. Au cours de cette garde à vue, Rybolovlev a déclaré ne pas avoir été mis au courant de cette écoute illicite, dont Bersheda reconnait par ailleurs l'illégalité. Cette affirmation est contredite par les propres déclarations de Rybolovlev lors de son dépôt de plainte, dans laquelle il avait reconnu avoir envisagé la possibilité d’enregistrer en secret une conversation avec Yves Bouvier[120]. Le 14 juillet 2016, Tetiana Bersheda est inculpée une seconde fois à Monaco d’injures et de diffamation publiques par le juge d’instruction monégasque Morgan Reymond à la suite de déclarations de l'avocate au Financial Times[121]. Tetiana Bersheda est également mise en examen le 21 septembre 2016 par le Tribunal de grande instance de Nice pour diffamation, après avoir comparé Yves Bouvier à Madoff dans un article publié par Nice Matin[122].
Le 6 novembre 2018, Dmitri Rybolovlev a été interrogé par la police monégasque. Ses avocats expliquent que « les faits pour lesquels il est entendu reposent sur l’exploitation du téléphone portable de son avocate [Tetiana Bersheda] qui fait l’objet d’un recours devant la cour de révision de Monaco »[123]. Il a été déclaré « suspect officiel » par le procureur de la principauté dans le cadre d’une enquête pour corruption. Il a été libéré et placé sous contrôle judiciaire[124].
Dans un entretien accordé au quotidien Nice Matin en décembre 2018[125], l’avocat de Dmitri Rybolovlev, Me Hervé Temime, dénonce des violations répétées du secret de l’instruction et « trouve déplorable que le dossier d’instruction se trouve dans les médias, probablement livré de manière intéressée ». Il considère également que l’« on oublie la gravité de l’escroquerie initiale en raison de la richesse de {son} client », y voyant « une forme d’ostracisme à l’égard de l’homme russe et riche ».
Le 12 décembre 2019, la cour d'appel de Monaco annule la procédure pour escroquerie lancée en 2015 contre Yves Bouvier[126].
Le 25 janvier 2021, le journal suisse Le Temps a révélé que le Ministère public genevois a pris la décision de classer la plainte pénale déposée par Dmitri Rybolovlev contre Yves Bouvier, son ancien homme de confiance dans le marché de d’art. « Le Ministère public constate un empêchement de procéder », détaille le document communiqué aux deux parties, pour motiver la décision de classement[127].
En février 2021, les litiges entre Rybolovlev et Bouvier sont toujours en cours dans plusieurs juridictions, notamment aux États-Unis, à Londres et à Paris[128].
Vie privée : famille et divorce
Il a été marié avec Elena Rybolovleva, épousée en troisième année d'études de médecine[12] et avec qui il a eu deux filles, Ekaterina née en 1989 et Anna née en 2001. Son divorce en 2010 fut médiatisé en raison des exigences de son ex-femme : exaspérée par ses supposées infidélités répétées avec des jeunes mannequins sur son yacht, elle a réclamé pas moins de 7 milliards d’euros, soit le divorce le plus cher de l’Histoire[19],[129] jusqu'à celui de Jeff Bezos[130].
Dès décembre 2008, Elena Rybolovleva écrit au Procureur général de Genève faisant état de ses craintes et des pressions dont elle fait l’objet[131].
D'après L'Express, « Rybolovlev avait demandé à son épouse de signer [en 2005] un document la privant d'une partie de ses droits. Au même moment, Dmitry Rybolovlev avait constitué les deux trusts chypriotes [Aries et Virgo] sans l'en informer »[12], ce dont il se défend[10] (cf. supra). Rybolovlev déclare dans le journal L'Équipe, le : « J’ai tout fait pour assurer le futur de nos deux filles et je ne fais que défendre leurs intérêts. J’ai toute confiance en la justice. Mais je ne serais pas surpris si quelques fausses informations apparaissaient dans la presse. Aucun chantage n’est acceptable pour moi »[132]. Dmitri Rybolovlev est cependant soupçonné d'utiliser la fille aînée du couple, Ekaterina, pour mettre des biens matrimoniaux hors de portée de sa femme dans le cadre du divorce[133].
D'après Ouest-France, il s'agit pour Rybolovlev de protéger sa fortune à cause de la loi suisse qui, dans le cadre de l'instance de divorce, en accorde la moitié à sa femme : elle est désormais hors de portée de celle-ci[19]. Selon Rybolovlev, ces trusts sont « des structures financières qui ont été créées bien avant le divorce pour assurer l’avenir de nos enfants. Il s’agit d’une planification successorale »[10]. Les tribunaux suisses ont toutefois retenu que la fille aînée du couple, Ekaterina Rybolovleva, a prêté sa signature pour certains des achats immobiliers de son père dans le but de sortir ces biens de la procédure de divorce[134]. Toutefois, ce jugement a confirmé la validité des fiducies créés par M. Rybolovlev et la validité de la cession d'actifs à eux qui s'est produite bien avant que son épouse n'engage une procédure de divorce. En conséquence, la décision suggère que le transfert de la propriété aux héritiers à travers les structures de fiducie, notamment pour les enfants du couple, est donc à l'abri de contestation judiciaire et est assurée[135].
En 2013, Dmitri Rybolovlev, a admis, dans le cadre d'une audition ordonnée par un tribunal de Floride, avoir apporté les fonds pour l'acquisition de La Maison de l'Amitié" à Palm Beach et avoir payé les frais d'entretien et les impôts, alors que cette propriété est supposée appartenir à un trust en faveur de ses filles[136].
Il s'installe par ailleurs à Monaco, où résident ses parents[8] et dont il intègre le milieu grâce à Willy De Bruyn, homme d’affaires belge et administrateur de la Société des bains de mer[11],[19]. Il indique au sujet de ce déménagement : « J’ai toujours voulu m’y installer, mais ma femme n’était pas d’accord. Quand elle a demandé le divorce, j’ai enfin pu réaliser ce rêve. J’aime le climat, la qualité de vie, mais aussi les infrastructures et la position géographique, pratique pour moi qui voyage beaucoup »[10]. L'autre explication retenue pour l'installation à Monaco est l'absence complète d'intégration de Dmitri Rybolovlev en Suisse et une décision stratégique dans le cadre du divorce qui l'oppose à sa femme Elena Rybolovleva[137].
Le 25 février 2014, Elena Rybolovleva est arrêtée par la police chypriote à Larnaca (Chypre) dès sa descente d'avion, alors qu'elle venait de Suisse sur demande de Dmitri Rybolovlev pour conclure un accord sur leur séparation[138],[139]. Cette interpellation fait suite à un ordre d'arrestation signé en urgence un dimanche après-midi par le procureur adjkoint Erotokritou à la demande de Dmitri Rybolovlev, au motif que Mme Rybolovleva lui aurait volé une bague d'une valeur de 25 millions d'euros qu'il lui avait en réalité offerte[140]. Dépêché sur place, son avocat Marc Bonnant obtient sa libération dès le lendemain en apportant la preuve écrite que cette bague appartenait bien à Elena Rybolovleva, qui encourait 12 ans de prison[138].
En mai 2014, le tribunal chargé de la gestion de son divorce statue en faveur de son ancienne femme qui obtient 3,295 milliards d'euros, ce qui en fait l'un des divorces les plus coûteux du monde. Le tribunal a jugé que les actifs que Dmitri Rybolovlev avait placé dans des trusts chypriotes faisaient partie des biens du couple à partager pour moitié, en conformité avec la loi suisse[141]. Dmitri Rybolovlev avait refusé, une année avant ce jugement, de faire un accord pour quelques centaines de millions d'euros[142]. Dmitri Rybolovlev a fait appel de ce jugement[143],[144].
Toutefois, les deux parties dans l'affaire ont reconnu que la décision suisse est loin d'une décision définitive et que l'affaire devrait se poursuivre pendant une période prolongée, dans plusieurs juridictions[145].
En , Dmitri Rybolovlev est opéré d’une tumeur à Saint-Domingue[34].
Selon un jugement de divorce en appel rendu par la Cour de justice de Genève en juin 2015, Rybolovlev devra verser beaucoup moins que prévu à son ex-épouse Elena. Au lieu des 4 milliards de francs suisses initialement réclamés, soit la moitié de sa fortune, l'oligarque russe lui donnera maintenant seulement 564 millions[146].
L'avocate de Rybolovlev, Tetiana Bersheda, s'est déclarée très satisfaite du jugement. Le principal point d'achoppement de ce divorce est un problème de date pour chiffrer la valeur d'une partie du patrimoine. Des titres ont été transférés dans un trust en 2005, et ont été vendus en 2008 avec une énorme plus-value. La valeur du trust a été calculée en 2005 pour le partage, et non pas en 2008, comme le réclamait Rybolovleva[6].
Fortune et propriétés
En 2018, Dmitri Rybolovlev est classé 242e personne la plus riche du monde (classement Forbes), avec une fortune estimée à 6,8 milliards de dollars.
Il possède deux avions : un jet Dassault Falcon 7X (30 millions d'euros) et un Airbus A319 (55 millions d'euros)[42], ainsi que le yacht "My Anna" (du nom de sa fille cadette) acquis pour 85 millions d'euros via le trust Virgo[12],[147].
Il collectionne des œuvres de grands maîtres (Picasso, Van Gogh, Gauguin, Monet, Degas, Chagall, etc.) et des meubles d'époque. Ce patrimoine artistique, abrité par le trust Virgo via une société immatriculée aux Îles Vierges britanniques, est estimé au total à 500 millions d'euros[12].
Dmitri Rybolovlev est également propriétaire du bateau Le Skorpios, renommé le Sparti, un yacht à voile de course ClubSwan 50[148],[149]. En octobre 2019, Dmitri Rybolovlev participe au Nations Trophy 2019, une compétition nautique internationale qui s’est déroulée dans la baie de Palma. L’équipe qu’il mène, les Skorpios, dont le skipper est le champion olympique Fernando Echavarri, remporte la compétition dans la catégorie ClubSwan 50[150]. En 2020, Dmitri Rybolovlev remporte des médailles de bronze lors des championnats du monde en 2020 à Scarlino. L’équipe est la seule à avoir été deux années de suite sur podium du mondial de ClubSwan 50[151].
En juillet 2021, Dmitri Rybolovlev achète un yacht à voile de course dont il est le barreur, le Skorpios, de 43 mètres. Le bateau est un ClubSwan 125 dont la coque, le pont et une partie des pièces sont en fibre de carbone a été conçu par la société finlandaise Nautor's Swan. Très léger, le bateau dispose d’un fort potentiel de vitesse. Le chantier de construction a duré 4 ans[151].
États-Unis
En 2008, il achète la villa "La Maison de l'Amitié" appartenant au célèbre milliardaire et ancien président américain : Donald Trump pour 95 millions de dollars. Elle est située à Palm Beach, en Floride[152].
En 2011, sa fille Ekaterina Rybolovleva achète un appartement de luxe new-yorkais d'une valeur de 88 millions de dollars, soit l'appartement le plus cher jamais vendu à Manhattan (NY)[153]. L'appartement était jusqu'alors la propriété de Sandy Weill, l'ancien président de Citigroup. Il semble toutefois qu'Ekaterina ait servi de prête-nom à son père dans cette opération, ce qui a conduit un tribunal new yorkais à ordonner l'audition de Dmitri Rybolovlev[154].
Europe
Dmitri Rybolovlev achète en 2010 le penthouse monégasque de 2 000 m2 "La Belle Époque" en versant la somme de 235 millions d'euros, via le trust chypriote Domus[12]. C'est sa résidence principale actuelle, il y vit avec ses parents retraités et sa fille Ekaterina. Anciennement, elle appartenait au banquier Edmond Safra.
En , le trust Aries permet à Ekaterina Rybolovleva de racheter certaines sociétés appartenant à Athina Onassis[12]. Parmi les propriétés incluses dans la transaction se trouvent les îles de Skorpios et Sparti, pour un coût de 117 millions d'euros[12]. Ekaterina Ryboblovleva a déclaré que ces îles ont à la fois un intérêt personnel et un potentiel financier. Elle espère en améliorer l'attrait à long terme en utilisant, entre autres, des technologies respectueuses de l'environnement[155]. Le lancement d’un projet d’hôtellerie de luxe est annoncé en 2018.
En 2012, Ekaterina a racheté une hypothèque de 56 millions d’euros sur un complexe hôtelier à Gstaad dont ses parents se disputent le contrôle. Les tribunaux suisses ont retenu que Dmitri Rybolovlev avait créé une situation de dettes, avec l’aide de sa fille, pour pouvoir lui transférer l’immeuble dans le cadre d’une procédure d’exécution forcée[156].
Rybolovlev possède deux chalets de grand luxe en Suisse, à Gstaad[12], une villa à Hawaï, un appartement situé dans l'Hôtel Moscou et un hôtel particulier rue de l'Élysée, avec vue sur le palais présidentiel, sous couvert de la SCI Ankatel[12]. Il est poursuivi à hauteur de 12 millions de francs suisses par la société américaine à laquelle il a commandé un hammam à 31 millions pour son chalet de Gstaad[157]. L'affaire s'est soldée par un arbitrage privé[158].
Il est également propriétaire du centre commercial Voentorg à Moscou.
Prix et distinctions
En 2010, le patriarche Cyrille de Moscou accorde à Rybolovlev le premier degré de l'ordre de Saint Séraphin de Sarov pour avoir financé la restauration de la cathédrale de la Nativité de la très sainte mère de Dieu au monastère de la Conception de Moscou[159].
Actions d'intérêt public
Rybolovlev a affecté une partie de sa fortune à des projets publics importants pour l’État russe[réf. nécessaire]:
- reconstruction du Palais d'Oranienbaum à Saint-Pétersbourg;
- restauration de la cathédrale de la Nativité-de-la-Vierge[159];
- restauration de l'iconostase de la cathédrale de l'Exaltation-de-la-Croix, recréée au monastère Saint-Nicolas de Belogorsk.
En 2008 il est le cofondateur de la Fondation pour les Athlètes Olympiques russes[160].
Notes et références
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Voir aussi
Bibliographie
- Renaud Revel, Le mystérieux monsieur Rybolovlev : enquête sur l'oligarque le plus puissant du monde, First éditions, , 279 p. (ISBN 978-2-412-03036-3, lire en ligne)
Liens externes
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