Diplomatie du panda

La diplomatie du panda est une pratique utilisée par la Chine consistant à offrir des pandas géants en cadeau afin d'entamer des relations diplomatiques avec un nouveau pays ou afin d'améliorer celles déjà existantes. Cette pratique, déjà utilisée sous la dynastie Tang (618907), a connu son apogée sous la Chine maoïste. C'est à la suite de la formation de la République populaire de Chine en 1949 que l'expression « diplomatie du panda » a commencé à être utilisée[1].

Le panda géant Ling Ling, donné par la Chine au Japon.

En Chine, le Panda est considéré comme un « trésor national » et lorsqu'il est offert, un tel cadeau ne peut se refuser. Cependant, sous la pression des environnementalistes, cette politique a officiellement cessé en 1984 et a été remplacée par des prêts à long terme accordés à des zoos étrangers[2],[3].

Historique

L'usage de Pandas géants afin d'améliorer les relations entre la Chine et divers pays remonte à plus de 2 000 ans av. J.-C.[réf. nécessaire] Des traces remontant à la dynastie Tang montrent que deux pandas géants ont été présentés à la cour du Japon par l'impératrice Wu Zetian[2].

Le don de Pandas géants a connu un renouveau dans les années 1950, à la suite de la création de la République populaire de Chine. Entre 1957 et 1982, la Chine a donné 23 pandas à neuf pays différents[3]. La diplomatie du Panda a atteint son sommet en 1972 lors de la visite de Richard Nixon en Chine. Ling-Ling et Hsing-Hsing avaient été offerts au zoo de Washington après cette visite qui avait mis fin à 25 ans de rupture des relations diplomatiques.

À partir de 1984, la Chine cesse officiellement cette pratique[3].

En 2016, la population de pandas survivants à l'état naturel est estimée à 1864[4], vivant principalement dans des réserves naturelles des provinces du Sichuan, Gansu et du Shaanxi[2]. Le don de Panda est donc remplacé par des prêts pour une durée de 10 ans, dans le but de conduire des études scientifiques ; ces prêts ne se font pas sans contrepartie et les zoos recevant les animaux doivent payer une somme qui dépend de plusieurs facteurs, dont le nombre de visiteurs. Pour certains zoos américains ou japonais, la somme peut atteindre un million de dollars par an et plus en cas de naissance[2].

Les évènements liés aux pandas sont décryptés et analysés du fait de cette « politique du panda ». Par exemple, en janvier 2006, le Secrétaire d'État adjoint américain, Robert Zoellick, a été photographié embrassant un bébé panda de 5 mois lors de sa visite à la province du Sichuan. L'image a été largement diffusée par les médias chinois et a été prétendument interprétée comme un signe que Zoellick soutenait de meilleures relations entre la Chine et les États-Unis[5].

Selon le protocole chinois, les Premières dames des pays concernés jouent le rôle de marraine de ces animaux prêtés par la Chine[6].

Prêts

Australie

Wang Wang et Funi.

Belgique

Hao Hao et Xing Hui, accueillis le par le Premier ministre belge Elio Di Rupo, et hébergés depuis au parc animalier Pairi Daiza. Le couple donne naissance à un jeune mâle en 2016, puis à deux nouveaux jeunes, un mâle et une femelle, en 2019[7],[8].

Canada

Er Shun et Ji Li sont hébergés aux zoos de Toronto et Calgary depuis 2013[9].

États-Unis

France

Panda géant mâle au ZooParc de Beauval à Saint-Aignan-sur-Cher, en France.

Durant le mandat du président Georges Pompidou, la France accueille un couple de pandas qui lui ont été offerts en cadeau en 1973[10]. Le dernier des deux, Yen Yen, meurt en 2000 au zoo de Vincennes[11].

Le zoo de Beauval accueille depuis le un couple de pandas, Yuan Zi (rondouillard) et Huan Huan (joyeuse)[12],[13]. Selon les mots de l'ambassadeur de Chine en France, il s'agit de deux « émissaires d'amitié »[13]. Cette fois-ci, ils seront prêtés moyennant un certain nombre de conditions. Le transfert a coûté 750 000 euros, et un don d'un million et demi d'euros a été fait à l'association chinoise des zoos[13],[14]. Débutées en 2006, les négociations avaient été perturbées par une rencontre entre Carla Bruni et le dalaï-lama en 2008[15].

« Vous n'imaginez pas ce que représentent les pandas pour le gouvernement et pour le peuple chinois. On leur réserve un tel accueil parce que c'est le trésor national chinois. Quand la Chine accepte de prêter des pandas à un pays, c'est une immense preuve de confiance et d'amitié. »

 Rodolphe Delord, directeur du zoo-parc de Beauval[16]

Deux pandas naissent au zoo en août 2017, dont un seul survit, puis deux autres en août 2021.

Pays-Bas

La femelle Wu Wen (Magnifique et puissant nuage) et de son compagnon Xing Ya (Étoile élégante).

Royaume-Uni

Chi Chi (1957-1972), panda femelle mascotte du zoo de Londres dans les années 1960-70.

Tian Tian et Yáng Guāng, pandas du zoo d'Édimbourg arrivés en décembre 2011.

Japon

Ling Ling (décédé) fut le dernier panda offert en cadeau au Japon. Les autres pandas présents au Japon sont désormais des prêts (moyennant compensation financière).

Une polémique a été déclenchée après que Shintaro Ishihara, le gouverneur de Tokyo, a proposé le 28 juin 2012 de nommer du nom des îles Senkaku, au cœur d'une dispute entre les deux pays, un bébé panda à naître de Zhen Zhen et Li Li. Il retourne ainsi la tradition chinoise de jouer sur les noms des pandas prêtés pour y inclure une charge symbolique et nationaliste. Le gouvernement chinois a émis des protestations officielles[17].

Taïwan

Tuan Tuan et Yuan Yuan sont deux pandas géants qui furent offerts par la République populaire de Chine (Chine continentale) à la République de Chine (Taïwan) en 2008. Les pandas ont été proposés en 2005, mais l'administration précédente à Taïwan avait refusé de les accepter. Après les élections qui eurent pour résultat un changement de président en 2008, Taipei accepta les pandas, qui arrivèrent à Taïwan le 23 décembre 2008[18].

Thaïlande

Chuang Chuang et Lin Hui.

Notes et références

  1. (en) China's panda ambassadors, BBC News, .
  2. (en) 1,300 years of global diplomacy ends for China's giant pandas, The Guardian, .
  3. « Entre Paris et Pékin, la diplomatie passe par le panda », Le Point, .
  4. « Le sort du panda géant s'améliore », sur wwf.fr, (consulté le )
  5. « U.S. Envoy Engages In Panda Diplomacy », sur The Washington Post (consulté le ).
  6. Marcelo Wesfreid, « Brigitte Macron se prépare à jouer le rôle de marraine », Le Figaro, samedi 5 / dimanche 6 août 2017, page 8.
  7. « Belgique. Naissance exceptionnelle de deux bébés pandas géants au zoo de Pairi Daiza », (consulté le )
  8. « Le Panda géant : Le symbole des animaux en péril », sur Pairi Daiza, (consulté le ).
  9. « Harper et la diplomatie des pandas », La Presse, (lire en ligne, consulté le ).
  10. Chine-France : la diplomatie du panda, au prix fort, Rue89, publié le 7 décembre 2011.
  11. « La France accueille en grande pompe deux pandas chinois, un “trésor national” », France Info, 14 janvier 2012.
  12. « La diplomatie du panda », LaMontagne.fr, publié le 14 janvier 2012.
  13. « Des pandas stars d'un jour », Metro, lundi 16 janvier 2012, page 4.
  14. « La diplomatie du panda », ledauphine.com, 14 janvier 2012.
  15. Simon Leplâtre (Shanghaï correspondance), « Le panda, ambassadeur du « soft power » chinois », Le Monde.fr, (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
  16. « Les “Very Important Panda” sont en France ! », lci.tf1.fr
  17. Philippe Mesmer, Couac japonais dans la diplomatie du panda avec la Chine, Le Monde, 7 juillet 2012.
  18. (en) http://www.dailymail.co.uk/news/article-1100559/Panda-diplomacy-charms-Taiwan-Tuan-Tuan-Yuan-Yuan-jet-Taipei.html

Voir aussi

Bibliographie complémentaire

Ouvrages et articles académiques
  • (en) Elena E. Songster, Panda Nation : The Construction and Conservation of China's Modern Icon, , 336 p. (ISBN 978-0-19-939368-8, 0199393680 et 9780199393701, lire en ligne)
  • (en) Kathleen Carmel Buckingham, Jonathan Neil William David et Paul Jepson, « Environmental Reviews and Case Studies: Diplomats and Refugees: Panda Diplomacy, Soft “Cuddly” Power, and the New Trajectory in Panda Conservation », Environmental Practice, vol. 15, no 3, , p. 262–270 (ISSN 1466-0466 et 1466-0474, DOI 10.1017/S1466046613000185, lire en ligne).
  • (en) Jonathan Harrington, « Panda Diplomacy’: State Environmentalism, International Relations and Chinese Foreign Policy », dans Paul G. Harris, dir., Confronting Environmental Change in East and Southeast Asia: Eco-politics, Foreign Policy, and Sustainable Development, Londres, Earthscan / United Nation University Press, (ISBN 9280811134 et 9789280811131), p. 102-118.
  • (en) Zhao Alexandre Huang et Rui Wang, « The New ‘Cat’ of the Internet: China’s Panda Diplomacy on Twitter », dans Big Ideas in Public Relations Research and Practice, Emerald Publishing, (ISBN 9781838675080, DOI 10.1108/s2398-391420190000004006), p. 69–85.
    Texte de la communication présentée en congrès en septembre 2018, à l'origine de la publication.
  • (en) Zhao Alexandre Huang et Rui Wang, « ‘Panda engagement’ in China’s digital public diplomacy », dans Asian Journal of Communication (Journal Article), , 118-140 p. (lire en ligne).
  • Gauthier Mouton, « La "diplomatie du panda" : des ursidés au service du soft power chinois », Les Grands dossiers de diplomatie, Areion, no 45 « Géopolitique de la Chine », , p. 59-61 (ISSN 2115-256X, lire en ligne).
Vulgarisation grand public

Articles connexes

Lien externe

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