Didier Reynders
Didier Reynders, né le à Liège, est un homme politique belge. Membre du Parti réformateur libéral (PRL), il est président du Mouvement réformateur (MR) de 2004 à 2011, un cartel politique formé par plusieurs partis belges francophones de droite et centre droit.
Pour les articles homonymes, voir Reynders.
Reynders exerce diverses fonctions dans des institutions publiques avant d'entrer à la Chambre des représentants en 1992. Depuis 1999, il est chargé de fonctions ministérielles : ministre fédéral des Finances de 1999 à 2011 dans six gouvernements différents — du premier gouvernement de Guy Verhofstadt au second gouvernement d'Yves Leterme — et ministre fédéral des Affaires étrangères et européennes depuis 2011, dans le gouvernement d'Elio Di Rupo et les gouvernements de Charles Michel. À la suite de la crise gouvernementale de décembre 2018, il hérite en plus du poste de ministre de la Défense.
Après les élections législatives fédérales de 2019, il est désigné informateur par le Roi Philippe le 30 mai, un rôle qu'il assure conjointement avec Johan Vande Lanotte.
Il est désigné au poste de Commissaire européen chargé de la Justice dans la Commission Von der Leyen le 10 septembre 2019.
Biographie
Jeunesse et études
Didier Reynders fait ses études classiques à l'Institut Saint-Jean Berchmans de Liège et est licencié en droit de l'université de Liège (1981)[1].
Premiers engagements politiques
Il entre en politique à la suite de sa rencontre avec Jean Gol. Directeur général au département des pouvoirs locaux du ministère de la Région wallonne de 1985 à 1988, il devient président de la Société nationale des chemins de fer belges (SNCB) en 1986, puis président de la Société nationale des voies aériennes (1991-1993). Dans le même temps, il est élu conseiller communal à Liège. En 1992, il est élu à la Chambre des représentants et devient président du groupe PRL-FDF à la Chambre en 1995.
Parallèlement à sa carrière politique, il exerce plusieurs mandats dans le monde des affaires. De 1992 à 1999, il préside le conseil d'administration de la banque SEFB (Record Bank aujourd'hui). Il est aussi administrateur du centre de coordination du groupe Carmeuse et de la Compagnie des wagons-lits.
Fonctions ministérielles
À la suite des élections fédérales de 1999, il entre au gouvernement fédéral comme ministre des Finances, poste qu'il occupe sans discontinuer jusqu'en 2011. Il a en plus été chargé de la Régie des Bâtiments dans le gouvernement Verhofstadt II, puis, considéré comme le lieutenant en politique de Louis Michel, il succède à celui-ci comme vice-Premier ministre le , ensuite comme président du MR à compter du . Il a également été le ministre francophone chargé des Réformes institutionnelles dans le Gouvernement Leterme II, ce qui fait de lui l'une des principales personnalités politiques de Belgique.
En tant que ministre des Finances, il a conçu un dispositif accordant d'importants allégements fiscaux aux multinationales[2]. Favorable aux recommandations du Fonds monétaire international (FMI), il plaide pour la suppression de l’indexation des salaires et des allocations sociales à l’évolution du coût de la vie[3].
Pour le scrutin législatif du , Didier Reynders était en tête de la liste du MR pour la Chambre des représentants à Liège.
À la suite des élections législatives du 10 juin 2007, la famille libérale belge (MR + Open VLD) devient la première famille politique de Belgique, grâce essentiellement au succès du MR qui, avec 12,52 % des suffrages et 23 sièges sur 150 à la Chambre des représentants (soit 1,12 point de mieux mais tout de même 1 siège de moins qu'en 2003), ainsi que 12,31 % des voix aux élections sénatoriales et 6 sièges, représente désormais la deuxième force politique de Belgique derrière le CD&V et le premier parti francophone.
Fort de ce succès, Didier Reynders a été désigné par le roi Albert II comme informateur[4]. Il démissionne le , Yves Leterme étant nommé une première fois par le roi formateur du gouvernement.
Après plusieurs échecs, un gouvernement intérimaire est formé le sous la direction du Premier ministre sortant Guy Verhofstadt, et dans lequel il reste vice-Premier ministre toujours chargé des Finances et des Réformes institutionnelles (conjointement pour ce dossier avec Yves Leterme) ainsi que des Réformes socioéconomiques. Il est reconduit dans les gouvernements Leterme à partir du et Van Rompuy à partir du , où il est, selon l'ordre protocolaire, le numéro 2 du gouvernement.
Aux élections législatives fédérales belges de 2010, les libéraux subissent un double revers face aux socialistes en Wallonie et face aux nationalistes de la N-VA en Flandre. Durant la longue crise politique qui s'ensuit, Didier Reynders finit cependant par se voir confier une brève mission d'informateur qui dure un mois, en février 2011. C'est à cette même époque que Charles Michel lui succède à la présidence du MR, à la suite des élections internes qui ont été la conséquence de la contestation qui a agité le MR[5].
Le , il devient ministre fédéral des Affaires étrangères, du Commerce extérieur et des Affaires européennes dans le gouvernement Di Rupo, poste qu'il s'est à nouveau vu attribuer en 2014 dans le gouvernement de Charles Michel[6]. Il est critiqué en décembre 2012 pour avoir rencontré, dans le cadre de son voyage en Arabie saoudite, un prince condamné par un tribunal français pour trafic de drogue et recherché par Interpol[7].
À la suite des élections législatives fédérales de 2019, Didier Reynders est nommé par le Roi pour mener une mission d'information avec Johan Vande Lanotte en vue de former un nouveau gouvernement[8]. Prolongée à plusieurs reprises au point de devenir la plus longue mission d'information de l'histoire du pays (plus de 100 jours), la nature de la mission évolue cependant au cours de l'été et tend à devenir une mission de préformation dans laquelle les deux hommes essaient de poser les bases d'une coalition qui rassemblerait la N-VA et le PS[9].
Commissaire européen
Le gouvernement Michel II propose le 24 août 2019 le nom de Didier Reynders comme candidat à un poste de commissaire au sein de la nouvelle commission européenne dirigée par Ursula von der Leyen. Si l'opposition conteste la légitimité d'un gouvernement minoritaire à prendre une telle décision[10], le candidat en lui-même fait cependant consensus à l'exception du PTB[11]. Le 10 septembre, il est annoncé que Didier Reynders sera Commissaire à la Justice et veillera notamment au respect de l'état de droit au sein de l'Union[12].
Controverses
En fin de mandat comme ministre des finances, en 2011, il a contribué à mettre sur place une loi élargissant le recours à la transaction pénale qui soulageait trois hommes d'affaires kazakhs soupçonnés de corruption et un groupe de diamantaires anversois cités dans de plusieurs fraudes[13].
En 2012, Didier Reynders a rendu visite au prince saoudien Nayef Al Shaalan, condamné depuis 2007 par la France à dix années de prison par contumace pour trafic de cocaïne, et suspecté de liens avec des organisations terroristes en Syrie. Didier Reynders a refusé de répondre aux questions des journalistes de la RTBF concernant cette affaire[14].
En avril 2017, la Belgique vote en faveur de l’entrée de l’Arabie saoudite, pourtant considéré comme l'un des pays les plus rétrogrades sur la question des droits des femmes, dans la Commission du droit des femmes de l’ONU. Cette décision soulève une polémique et des questionnements quant au rôle de Didier Reynders[15].
En septembre 2019, Nicolas Ullens de Schooten, ex-agent de la Sûreté de l’État — le service de renseignement belge — accuse Didier Reynders d’avoir touché des pots de vin dans des affaires de marchés publics[16]. Avec l'aide de son bras droit, il aurait blanchi l’argent reçu en vendant à un prix surcoté des œuvres d’art ou en effectuant des transactions immobilières, mais aussi en utilisant des sociétés écrans[17], Il cite également des corrupteurs, comme des marchands d'armes, et un candidat à l'élection présidentielle congolaise[18]. L'enquête est classée sans suite quelques jours plus tard[19].
Carrière politique
Activités
- Président du MR du 11 octobre 2004 au 14 février 2011
- Vice-président du MR de 1992 à 2004
- Président de la Fédération provinciale du MR depuis 1995
- Chef du groupe MR au conseil communal d'Uccle depuis les élections d'octobre 2012
- Chef du groupe MR au Conseil communal de la Ville de Liège de 1995 à 2012
- Président d'Arrondissement de Liège du MR (de 1995 à 2004)
- Président du groupe PRL-FDF à la Chambre (1995-1999)
- Député fédéral (depuis le 22 décembre 1992 jusqu’en 2019)
- Conseiller communal à Liège (octobre 1988 à 2012)
- Commissaire européen à la Justice à la Commission européenne (10 septembre 2019)
Mandats au gouvernement
- : Ministre fédéral des Affaires étrangères, du Commerce extérieur et des Affaires européennes dans le gouvernement Di Rupo
- : vice-Premier ministre, ministre des Finances et des Réformes institutionnelles au sein du gouvernement Leterme II.
- : vice-Premier ministre, ministre des Finances et des Réformes institutionnelles au sein du gouvernement Van Rompuy.
- : vice-Premier ministre, ministre des Finances et des Réformes institutionnelles au sein du gouvernement Leterme I.
- : vice-Premier ministre et ministre des Finances et de la Réforme socio-économique au sein du gouvernement Verhofstadt III.
- Vice-Premier ministre (depuis le 18 juillet 2004) et ministre des Réformes institutionnelles.
- Ministre des Finances chargé de la Régie des Bâtiments (depuis le 12 juillet 2003).
- Ministre des Finances à partir de 1999[20].
- Président de l'Eurogroupe (réunion des Ministres des Finances de la zone euro) du 1er janvier au 31 décembre 2001 et de l'Ecofin (réunion des ministres des Finances de l'Union européenne) du 1er juillet au 31 décembre 2010.
- Membre du G7 durant l'année 2001.
- Président du G10 réunissant les principaux États créanciers (Allemagne, Belgique, Canada, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Japon, Pays-Bas, Suède et Suisse) durant l'année 2002.
- Chef de Cabinet du vice-Premier ministre, ministre de la Justice et des Réformes institutionnelles (Jean Gol) (1987-1988)
- Didier Reynders est consul honoraire de Tunisie (remplacé pendant la durée de son mandat ministériel par un consul honoraire faisant fonction : M. Laurent Burton).
Vie privée
Il est marié avec Bernadette Prignon, Présidente de chambre à la Cour d'appel de Liège[21]. Il a quatre enfants et une sœur, Danièle (ancienne Procureure du Roi de Liège).
Distinctions
- 2013 : Commandeur de la Légion d'Honneur [22]
- 2014 : Grand officier de l'Ordre de Léopold[23]
- 2014 : Grand-Croix de l'ordre du mérite de la République Fédérale d'Allemagne[24]
- 2016 : Chevalier Grand-Croix de l'Ordre d'Orange-Nassau
- 2016 : Grand-Croix de l'Ordre de Mérite du Grand-Duché de Luxembourg[25]
Publications
- Parlons-en, éditions Luc Pire, 2007
- Bruxelles pour tous. Vaincre la fracture, éditions La Muette, 2014
Biographies
- André Gilain, Didier Reynders : La face cachée de l'iceberg, éditions Luc Pire, 2007 (ISBN 9782874157448)
- Marco Van Hees, Didier Reynders L'homme qui parle à l'oreille des riches, 2008 (ISBN 9782930402451)[26]
- Martin Buxant et Francis Van de Woestyne, Didier Reynders sans tabou, Racine, 2014
Notes et références
- http://www.didier-reynders.be/qui-suis-je/index.php
- (en-US) « Meet the commissioners », sur POLITICO,
- http://www.cadtm.org/spip.php?page=imprimer&id_article=4247
- Fonction exploratoire traditionnellement confiée à un parti vainqueur, qui consiste à rencontrer les partis vainqueurs de ces élections, afin de cerner les différentes coalitions possibles et en faire rapport au Roi qui nomme alors un formateur, souvent l'informateur lui-même
- Gouvernement Di Rupo: biographie de Didier Reynders (MR), RTBF.be, 5 décembre 2011
- Le Soir, 10 octobre 2014
- « Didier Reynders rencontre un prince saoudien condamné pour trafic de drogue », RTBF Info, (lire en ligne)
- « Didier Reynders et Johan Vande Lanotte désignés informateurs par le Roi », sur RTBF Info, (consulté le )
- « Informateurs royaux prolongés jusque début octobre : "la formation n'est pas encore envisageable" », sur RTBF Info, (consulté le )
- « Le gouvernement fédéral propose le nom de Didier Reynders comme candidat commissaire européen », sur RTBF Info, (consulté le )
- « Désignation de Didier Reynders à l'Europe: le gouvernement a suivi la procédure en vigueur, répète Charles Michel », sur RTBF Info, (consulté le )
- « Didier Reynders (MR) désigné commissaire européen à la Justice », sur RTBF Info, (consulté le )
- (en) « Episode 2 : Le ministre qui n'aimait pas l'impôt », sur Médor magazine (consulté le )
- « Didier Reynders rencontre un prince saoudien condamné pour trafic de drogue », sur RTBF Info, (consulté le ).
- « Arabie saoudite et droit des femmes à l’ONU: Charles Michel regrette le «oui» belge », Le Soir, (lire en ligne)
- La Libre.be, « L'ex-agent secret qui accuse Didier Reynders de corruption sort de l'ombre », sur LaLibre.be, (consulté le )
- Lars Bové, « Le parquet enquête sur des allégations de corruption visant Didier Reynders », L'Écho, (lire en ligne)
- Flandreinfo be-L'Actu de Flandre, « Le parquet enquête sur des allégations de corruption à l’encontre de Didier Reynders », sur vrtnws.be, (consulté le )
- La Libre.be, « Allégations de corruption à l'encontre de Didier Reynders: le procureur du Roi décide de classer sans suite », sur LaLibre.be, (consulté le )
- est remplacé pendant la durée de son mandat ministériel par un consul honoraire faisant fonction : M. Laurent Burton.
- Soraya Ghali, ; Laurence van Ruymbeke. Le pouvoir, une histoire de couple. In : Le Vif/L'Express, no 3255, 22-28 novembre 2013.
- « Nicolas Sarkozy a remis la Légion d'honneur à Didier Reynders », sur RTBF Info, (consulté le ).
- arrêtés royaux du 21 mai 2014
- (de) « Didier Reynders mit Bundesverdienstkreuz ausgezeichnet », sur belgieninfo.net (consulté le ).
- https://www.dekamer.be/kvvcr/showpage.cfm?section=/depute&language=fr&rightmenu=right_depute&cfm=cvview.cfm?key=00742&lactivity=54
- « Didier Reynders, L’homme qui parle à l’oreille des riches – Les éditeurs singuliers » (consulté le )
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