Crotalus horridus

Crotale des bois

Crotalus horridus
Crotale des bois.
Classification selon ReptileDB
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Classe Reptilia
Sous-classe Lepidosauria
Ordre Squamata
Sous-ordre Serpentes
Infra-ordre Alethinophidia
Famille Viperidae
Sous-famille Crotalinae
Genre Crotalus

Espèce

Crotalus horridus
Linnaeus, 1758

Synonymes

  • Crotalus atricaudatus Latreille, 1802
  • Crotalus horridus atricaudatus Latreille, 1802

Statut de conservation UICN


LC  : Préoccupation mineure

Crotalus horridus, le Crotale des bois, est une espèce de serpents de la famille des Viperidae[1].

C'est un reptile venimeux qui se rencontre dans l'est des États-Unis et l'extrême-sud du Canada, et mesure de 91 à 152 cm − généralement moins de 100 cm − pour un poids de 500 g à 1,5 kg. Il présente des motifs de lignes transversales brun sombre ou noires sur une base brun clair à grise. Les lignes présentent une bordure irrégulière, en zigzag, en forme de « M » ou de « V », avec une face ventrale jaunâtre − toutefois des individus mélaniques, intégralement noirs, sont assez fréquents. Il est potentiellement l'un des serpents les plus dangereux de son aire de répartition de par ses grands crochets à venin et la forte quantité qu'il en injecte, mais son caractère plutôt placide et sa période d'activité restreinte dans l'année font qu'il est rarement impliqué dans des morsures mortelles sur l'Homme. Par ailleurs la composition de son venin varie fortement entre les différentes populations, certains étant principalement neurotoxiques, d'autres hémorragiques (ou une combinaison des deux), et d'autres enfin n'ayant aucune de ces caractéristiques et considérés comme peu actifs. Bien que non classée comme espèce menacée par l'UICN dans sa globalité elle est toutefois considérée comme « en danger » par plusieurs États d'Amérique − et même considérée comme éteinte dans le Maine et dans le Rhode Island.

Description

Ce serpent atteint une longueur de 91 à 152 cm[2], même si la plupart mesurent moins de 100 cm, pour un poids de 500 g à 1,5 kg[3],[4],[5],[6]. Le plus grand spécimen référencé mesure 182,2 cm et le plus gros faisait un poids de 4,5 kg[7],[8].

Les écailles dorsales sont carénées[9] et celles de la tête assez petites sauf vers l'avant et au-dessus des yeux, dont la pupille est fendue verticalement. La tête se découpe nettement du corps, avec un museau plutôt arrondi.

Il est de couleur de base grise ou marron clair avec des bandes transversales brun sombre à noires, qui ont une forme de « M » ou de « V » avec une bordure irrégulière, en zigzag. Souvent une bande de couleur rouille est présente vers le cou. Le ventre est jaunâtre, parfois marqué de noir[10]. Les individus mélaniques − intégralement noirs − sont assez communs[11].

Diagnose

Les écailles du dos sont disposées en 21 à 26 rangées − plutôt 25 rangées dans les populations du sud et 23 dans les populations du nord. Les femelles ont de 158 à 177 écailles ventrales et les mâles de 163 à 183. Les mâles ont de 20 à 30 écailles sous-caudales, de 15 à 26 pour les femelles. L'écaille rostrale est en général plus haute que large. Dans la zone entre les narines et le front il y a de 4 à 22 écailles incluant 2 grandes écailles triangulaires, suivies par 2 grandes et rectangulaires écailles pré-frontales. Entre les écailles supra-oculaires et inter-nasales il ne se trouve qu'une écaille. Il y a de 5 à 7 écailles inter-orbitales. En général la première écaille supra-labiale touche l'écaille pré-nasale[7].

Répartition

Aire de répartition de l'espèce Crotalus horridus selon l'UICN (consulté le ).

Cette espèce se rencontre[1] :

C'est la seule espèce de crotale présente dans le nord-est des États-Unis et elle était la seule espèce de reptile venimeux au Québec[2], mais elle est maintenant considérée comme éteinte au Canada depuis 2001 par le Species at Risk Act (en)[12], et elle a également disparu du Maine et de Rhode Island, et est quasiment éteinte au New Hampshire.

Biologie et mœurs

Crotalus horridus avalant une proie.

Ce serpent est venimeux. Durant l'hiver, il hiberne dans les trous ou crevasses de rochers, souvent avec d'autres serpents comme Agkistrodon contortrix et Pantherophis obsoletus[11]. Il est actif de mi-mai à mi-octobre (dans le Massachusetts)[13].

Il vit dans les forêts de feuillus. Il se nourrit principalement de petits mammifères mais peut également chasser de petits oiseaux, des grenouilles, ou de petits serpents. Même s'il peut attaquer de petits Crotalus il s'attaque plutôt à des Thamnophis[14]. Comme la plupart des crotales, ce serpent utilise son odorat pour trouver les lieux de passage de ses proies et pour s'embusquer et les mordre à leur passage, les suivant jusqu'à ce qu'elles meurent et puissent être mangées[15],[16]. Ils se postent dans les branches basses pour attaquer leurs proies qui sont généralement terrestres (les proies arboricoles sont capturées lorsqu'elles sont au sol)[16],[17]. Leurs proies se répartissent statistiquement comme suit :

Les juvéniles ont un régime alimentaire différent, chassant principalement des proies plus petites comme des musaraignes ou des Peromyscus (consommés aussi par les adultes)[18].

Reproduction

C'est un serpent ovipare. Les plus petites femelles produisant des œufs viables mesurent 72,2 cm[19]. Durant l'été les femelles gravides semblent préférer les milieux ouverts, rocheux, et plus chauds, surtout avant de pondre[14],[20].

Venin

Ce serpent est potentiellement l'un des plus dangereux d'Amérique du Nord à cause de ses grands crochets à venin et de la grande quantité de venin qu'il injecte.

Cette dangerosité est tempérée par le comportement peu agressif de ce serpent et sa longue période de dormance[21]. Même en des endroits où ce serpent est très présent, on ne relève que peu de cas de morsures fatales[22].

La toxicité de son venin varie énormément en fonction de la localisation géographique des populations. Au moins 4 types de venins ont été décrits pour cette espèce : le type A est principalement neurotoxique et se rencontre dans les populations du sud de sa répartition ; le type B génère principalement des hémorragies et se rencontre dans les populations du nord et quelques-unes au sud-est ; le type C est relativement peu actif ; des populations A+B existent également aux zones de contact entre les types A et B[21].

Sous-espèces

Aucune sous-espèce n'est reconnue par Reptile Database[23]. La sous-espèce Crotalus horridus atricaudatus (Latreille in Sonnini and Latreille, 1802) est considérée comme invalide[24]. Des études génétiques indiqueraient qu'il pourrait exister deux sous-espèces (Brown & Ernst, 1986) mais qu'elles ne peuvent pas être distinguées par des critères morphologiques[7].

Menaces

Cette espèce est classée comme « Préoccupation mineure » (LC) sur la liste rouge de l'UICN. Ce classement vient de sa larges distribution, sa population (supposée) élevée, et parce qu'il n'y a pas de menace connue mettant en cause sa population[25].

Elle est toutefois classée comme « En danger » dans les États du New Jersey, du Vermont et du Massachusetts[26], Virginie, New Hampshire, Indiana[27] et Ohio, et comme « Menacée » dans les états de New York, du Connecticut, de l'Illinois, du Minnesota et du Texas.

Ce serpent est éteint dans le Maine et dans le Rhode Island, et il est protégé dans la plupart des États des Appalaches. Malgré tout leur population décline toujours à cet endroit[28].

Dans la culture

Ce serpent a été très utilisé comme emblème d'abord de la Révolution américaine[29] puis des États-Unis eux-mêmes[30], notamment lors de la guerre d'indépendance, et comme symbole de la marine continentale, sur son pavillon (le First navy jack (en)), de 1975 à 1976 et de 2002 à 2019. Parmi les raisons de ce choix, le caractère réputé doux du serpent, qui n'attaquerait que pour se défendre et qui symboliserait donc l'idée de défense de ses droits[31].

Il a également été désigné comme State reptile (en) par l'État de Virginie-Occidentale en 2008[32].

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Crotalus horridus » (voir la liste des auteurs).
  1. (en) Référence Reptarium Reptile Database : Crotalus horridus 
  2. R. Conant, A Field Guide to Reptiles and Amphibians of Eastern and Central North America, Houghton Mifflin Company Boston, (1re éd. 1958), 429 p. (ISBN 0-395-19979-4)
  3. Timber Rattlesnake (Crotalus horridus). Tpwd.state.tx.us. Retrieved on 2013-01-05.
  4. H.S. Fitch, G.R. Pisani & H.W. Greene, 2004 : A FIELD STUDY OF THE TIMBER RATTLESNAKE lN LEAVENWORTH COUNTY, KANSAS. Journal of Kansas Herpetology
  5. W.S. Brown, M. Kéry & J.E. Hines, 2007 : Survival of timber rattlesnakes (Crotalus horridus) estimated by capture-recapture models in relation to age, sex, color morph, time, and birthplace. Copeia, 2007, no 3, p. 656-671
  6. R.W. Clark, 2006 : Fixed videography to study predation behavior of an ambush foraging snake, Crotalus horridus. Copeia, 2006, no 2, p. 181-187
  7. J.A. Campbell & W.W. Lamar : The Venomous Reptiles of the Western Hemisphere (2 volumes). Comstock Publishing associates, 2004. (ISBN 0-8014-4141-2)
  8. ANIMAL BYTES – Canebrake Rattlesnake. Seaworld.org. Consulté le 5 janvier 2013
  9. J.L. Behler & F.W. King : The Audubon Society Field Guide to North American Reptiles and Amphibians. Alfred A. Knopf, New York, 1979, p. 743. (ISBN 0-394-50824-6)
  10. G.A. Boulenger, 1896 : Catalogue of the Snakes in the British Museum (Natural History), Volume III. Trustees of the British Museum (Natural History). Taylor and Francis, Printers. Londre. p. 727
  11. K.P. Schmidt & D.D. Davis., 1941 : Field Book of Snakes of the United States and Canada. G.P. Putnam's Sons. New York. p. 365
  12. Crotalus horridus sur le site du Species at Risk Public Registry. Consulté le 26 octobre 2015.
  13. http://www.mass.gov/eea/docs/dfg/nhesp/species-and-conservation/nhfacts/crotalus-horridus.pdf
  14. Timber Rattlesnake Fact Sheet at NY State Dept. of Environmental Conservation. Accessed 8 February 2007.
  15. R.W. Clark, 2004 : Timber rattlesnakes (Crotalus horridus) use chemical cues to select ambush sites. Journal of chemical ecology, vol. 30, no 3, p. 607-617
  16. H.K. Reinert, D. Cundall & L.M. Bushar, 1984 : Foraging behavior of the timber rattlesnake, Crotalus horridus. Copeia, p. 976-981
  17. S.G. Platt, A.W. Hawkes & T.R. Rainwater, 2001 : Diet of the canebrake rattlesnake (Crotalus horridus atricaudatus): An additional record and review. Texas Journal of Science, vol. 53, no 2, p. 115-120
  18. R.W. Clark, 2002 : Diet of the timber rattlesnake, Crotalus horridus. Journal of Herpetology, vol. 36, no 3, p. 494-499
  19. J.H. Galligan & W.A. Dunson, 1979 : Biology and status of timber rattlesnake (Crotalus horridus) populations in Pennsylvania. Biological Conservation, vol. 15, no 1, p. 13-58
  20. (en) Furman, Jon, Timber Rattlesnakes in Vermont & New York : Biology, History, and the Fate of an Endangered Species, UPNE, , 228 p. (ISBN 978-1-58465-656-2, lire en ligne), p. 133
  21. Norris R. 2004. Venom Poisoning in North American Reptiles. In Campbell JA, Lamar WW. 2004. The Venomous Reptiles of the Western Hemisphere. Comstock Publishing Associates. Ithaca and London. 870 pp. 1500 plates. (ISBN 0-8014-4141-2).
  22. A.H. Wright & A.A. Wright, 1957 : Handbook of Snakes of the United States and Canada. Comstock Publishing Associates. Ithaca and London. (7e édition, 1985). (ISBN 0-8014-0463-0)
  23. Reptarium Reptile Database, consulté lors d'une mise à jour du lien externe
  24. (fr+en) Référence ITIS : TSN {{{1}}} (+ version anglaise)
  25. UICN, consulté lors d'une mise à jour du lien externe
  26. « Massachusetts List of Endangered, Threatened and Special Concern Speci », Mass.gov (consulté le )
  27. Législation de l'Indiana, « 312 IAC 9-5-4: Endangered species of reptiles and amphibians », 2011. Consulté le 28 avril 2012
  28. Timber Rattlesnake sur Orianne Society. Consulté le 6 août 2015.
  29. (en) Frederick C. Hicks, The Flag of the United States, an Address in the House of Representatives, June 14, 1917 [« Le drapeau des États-Unis, discours à la Chambre des représentants le 14 juin 1917 »], Washington, , p. 12.
  30. (en) Thomas Waser, « The Symbolism of the Timber Rattlesnake in Early America », sur Herpetology Guy (Thomas Waser) on Steemit (consulté le ) : « Le drapeau de Gadsden est en fait considéré comme l'un des premiers drapeaux de l'Amérique avant qu'il soit remplacé par Old Glory, la bannière étoilée. »
  31. (en) Thomas Waser, « The Symbolism of the Timber Rattlesnake in Early America », sur Herpetology Guy (Thomas Waser) on Steemit (consulté le )
  32. « Senate concurrent resolution 28 (bill status 2008 regular session) », West Virginia Legislature (consulté le )

Voir aussi

Publication originale

  • Linnaeus, 1758 : Systema naturae per regna tria naturae, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis, ed. 10 (texte intégral).

Articles connexes

Liens externes

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