Crématorium

Le crématorium est un bâtiment dans lequel on incinère les défunts. À côté de cela, ce bâtiment permet aussi aux familles de rendre un dernier hommage au proche, lors d'un moment de recueillement. La gestion d'un crématorium consiste donc d'une part à mener à bien l'acte technique de crémation, d'autre part à accueillir les familles et à les accompagner dans ce moment difficile.

Crématorium du Père-Lachaise à Paris, plus ancien crématorium de France.
Crématorium de Metz.
Crématorium de Cormeilles-en-Parisis (95)

Histoire

L'histoire de la crémation remonte sans doute à la préhistoire.

En Europe

En 2000, les pays qui la pratiquaient le plus (en termes de taux de crémations par rapport aux décès) sont (ordre décroissant) le Danemark avec 72 % des morts ; la Grande-Bretagne, 70 ; la Suède, 69 ; la Suisse, 65 ; les Pays-Bas, 49 ; la Norvège, 31 ; la Belgique, 28 ; la Finlande, 26 ; la France et Autriche, 18 ; l'Irlande, 5 ; l'Espagne, 4 ; l'Italie, 2 ; le Portugal, 1[1].
Elle est préférée en Europe du Nord dans les communautés à influence protestante, et plus rare en Europe du Sud et en Irlande (où l'influence catholique est plus marquée)[1].

On est passé[Où ?] de 5 000 crémations/an en 1980 (soit environ 1 % des morts) à 129 392 /an en 2005 (près du quart des morts[1]).

En France

En 1887, une loi sur les libertés funérailles est votée. Dès lors, toute personne majeure ou émancipée peut choisir son mode de sépulture (crémation ou inhumation).

Cependant, les crématoriums ont connu des débuts difficiles car ce n'est qu'en 1963 que l'Église catholique autorise la crémation (pendant près de 80 ans la crémation était condamnée par le Vatican).

Le privilège du monopole funéraire jusque ne favorisa pas la construction de crématorium ni la promotion de ce choix, une cérémonie avec crémation étant d'un coût moins élevé d'environ 30 % que celle d'obsèques avec inhumation en cimetière...

Le premier crématorium français a été créé en 1889 à Paris, dénommé aujourd'hui crématorium du Père-Lachaise. D'autres crématoriums sont rapidement mis en service : Rouen (1899), Reims (1903), Marseille (1907), Lyon (1914) et Strasbourg (1922). Il faudra attendre 1972 pour qu'un autre crématorium soit mis en fonction à Cornebarrieu près de Toulouse. En 1980, la France compte 9 crématoriums, 41 en 1990. En 1980 la France n'avait que 9 crématoriums contre 120 en 2006 (où une trentaine de projets étaient en outre en cours de réalisation ou d’étude)[1], et 147 à la fin 2012[2],[3]. Désormais, toutes les régions métropolitaines sont équipées de crématoriums. Le nombre de crémations est passé de 5 % des décès dans les années 1990 à 26 % en 2006.

Législation

Un projet de loi vise à instaurer un « schéma régional des crématoriums » pour garantir une bonne répartition géographique des établissements[4].

Depuis 1993, l'exploitation d'un crématorium peut se faire par le biais de la délégation de service public. Dans ce cas, la construction de l'établissement ne dépend que de la collectivité et le choix du délégataire se fait donc par appel d'offres.

Avec l'augmentation de l'utilisation de la crémation dans les pays occidentaux où l'amalgame dentaire a été très largement utilisé en dentisterie, le mercure, notamment, est depuis les années 1990[5] source de préoccupation croissante pour la qualité de l'air, dans le crématorium lui-même pour les employés (selon une étude récente (2017) en moyenne au moment de l'ouverture d'une porte de chambre de combustion, la teneur de l'air monte à 500 000 particules/cm³)[6], et en aval des rejets aériens de crématoriums[7],[8]. Autour des crématoriums la pollution mercurielle est plus élevée[9].

Des systèmes de filtration (filtre à manches) sont appliqués ou obligatoires aux crématoriums, plus ou moins utilisés selon les pays. L'adsorption sur charbon activé est envisagée, pour réduire la pollution mercurielle notamment. Ces technologies de filtration sont empruntées à l'industrie de l'incinération des déchets.

Contrairement aux autres pays européens, la France n'avait pas imposé de filtres limitant les rejets polluants dans l’atmosphère de mercure, plomb, dioxine et autres substances nocives. Un arrêté de oblige les crématoriums français à s'équiper avant le [3].

Les gaz de combustion sont généralement évacués vers l'atmosphère par un conduit de fumée réfractaire. Étant à très haute température, il est possible de récupérer leur énergie thermique, par exemple pour un réseau de chaleur, le chauffage du funérarium, ou d'autres installations ; les efforts pour ne pas gaspiller de chaleur fatale peuvent être vécus comme positif ou négatif, selon le public[10].

Au Luxembourg

Il n'existe qu'un seul crématorium au Luxembourg : le crématorium de Hamm (lb), ouvert en 1995.

Risques pour la santé

La crémation est souvent, à tort, assimilé à une solution "propre" d'élimination des cadavres. Elle permet d'économiser de la place dans les cimetières, mais est source de pollution de l'air, par le mercure notamment, avec des indices d'effets sur la santé des habitants vivant à proximité[11].

Par exemple une étude anglaise publiée en 2003, ayant porté sur 3 234 cas de mortinaissances, 2 663 décès néonataux et 1569 anomalies congénitales létales pour un total de 244 758 naissances de mères vivant en Cumbria entre 1956 et 1993 a conclu « après ajustement pour la classe sociale, l'année de naissance, le rang de naissance et les naissances multiples » à « un risque accru d'anomalie congénitale mortelle, en particulier le spina bifida (odds ratio 1,17, IC 95%: 1,07 à 1,28) et les malformations cardiaques (odds ratio 1,12, IC 95%: 1,03 à 1,22) autour des incinérateurs avec un risque accru de mortinaissance (odds ratio 1,04, IC 95%: 1,01 à 1,07) et d'anencéphalie (odds ratio 1,05, IC 95%: 1,00 à 1,10) autour des crématoriums »[11].

Automatisation

Le temps de crémation varie de 70 à 210 minutes ; la fin de la crémation est généralement décidée par l'opérateur qui arrête le processus de crémation[12],[13]

Un contrôle de plus en plus informatisé associé à des capteurs de température et d'oxygène au sein de l'unité et l'utilisation d'algorithmes préprogrammés basés sur le poids du défunt permettent à l'unité de fonctionner avec moins d'intervention de l'utilisateur, en rationalisant la consommation de carburant et les tenues de registres à des fins de suivi, d'environnement et de maintenance.

Capacité

Elle est calculée en fonction de la population, de sa démographie et pyramide des âges et en fonction de la demande du public.

Lors des épidémies ou à la suite de catastrophes naturelles ou technologiques, il peut arriver que les crématoriums soient saturés ou débordés. Ainsi lors de la pandémie de Covid-19, début , la Catalogne a franchi le pic de 3 000 morts/jours et à Barcelone, des corps brûlaient 24 heures sur 24, sans que le crématorium puisse répondre à la demande (qui a augmenté de 80%)[14]. Le délai d'attente de crémation est passé à plus de 10 jours et pourrait atteindre un mois. Les corps sont aspergés d’eau de javel (un produit chloré qui est source de dioxines et de furanes lors de la combustion) ; et la municipalité a annoncé qu'elle comptait faire enterrer bon nombre de victimes pour éventuellement les déterrer plus tard et les incinérer si les familles le souhaitent[14]. La ville doit construire un second crématorium en urgence[14].

Notes et références

  1. Faure, P. (2007). [ https://www.cairn.info/revue-etudes-2007-2-page-185.htm Le choix de la crémation ?]. Études, 406(2), 185-196.
  2. http://www.cafe-geo.net/article.php3?id_article=423/
  3. « Association Française d'Information Funéraire »
  4. Sénat Proposition de loi visant à instaurer un schéma régional des crématoriums(texte no 252 / 2013-2014) de M. Jean-Pierre Sueur et plusieurs de ses collègues, déposé au Sénat le 18 décembre 2013
  5. Yoshida, M., Kishimoto, T., Yamamura, Y., Tabuse, M., Akama, Y., & Satoh, H. (1994) Amount of mercury from dental amalgam filling released into the atmosphere by cremation. [Nihon koshu eisei zasshi] Japanese journal of public health, 41(7), 618-624 (résumé).
  6. (en) Nobuyuki Kato, Yasuto Mastui, Masaki Takaoka et Minoru Yoneda, « Measurement of nanoparticle exposure in crematoriums and estimation of respiratory deposition of the nanoparticles by number and size distribution », Journal of Occupational Health, vol. 59, no 6, , p. 572–580 (ISSN 1348-9585, PMID 28993573, PMCID PMC5721279, DOI 10.1539/joh.17-0008-FS, lire en ligne, consulté le )
  7. Redaelli, M. (2005). Évaluation de l'impact sanitaire lié aux rejets atmosphériques des crématoriums en France (méthode d'extrapolation de deux sites à l'ensemble du parc) (Doctoral dissertation, thèse de doctorat en pharmacie, de l'Université de Paris-Sud, Faculté de pharmacie, Châtenay-Malabry, Hauts-de-Seine).
  8. Guttman, S., Watson, J., & Miller, V. (2011). Till death do we pollute, and beyond; The potential pollution of cemeteries and crematoriums. Trent University.
  9. Tibau, A. V., & Grube, B. D. (2019). Mercury contamination from dental amalgam. Journal of Health and Pollution, 9(22), 190612. Lire en ligne=https://www.journalhealthpollution.org/doi/pdf/10.5696/2156-9614-9.22.190612
  10. « Crematories' Waste Heat a New Energy Source? - Miller-McCune », sur web.archive.org, (consulté le )
  11. (en) T. J. B. Dummer, H. O. Dickinson et L. Parker, « Adverse pregnancy outcomes around incinerators and crematoriums in Cumbria, north west England, 1956–93 », Journal of Epidemiology & Community Health, vol. 57, no 6, , p. 456–461 (ISSN 0143-005X et 1470-2738, PMID 12775795, PMCID PMC1732475, DOI 10.1136/jech.57.6.456, lire en ligne, consulté le )
  12. Cremationprocess.co.uk « https://web.archive.org/web/20100725153407/http://www.cremationprocess.co.uk/cremation_process.html »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?),
  13. {Ashes to Ashes: The Cremation Process Explained  ; website=www.everlifememorials.com
  14. « Coronavirus : les crématoriums complètement saturés en Catalogne », sur France Bleu, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

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