Crématorium-columbarium du Père-Lachaise

Le crématorium-columbarium du Père-Lachaise est un ensemble architectural composé du premier crématorium de France, et d'un columbarium. L'édifice du XIXe siècle construit par l'architecte Jean Camille Formigé est situé à l'intérieur du cimetière du Père-Lachaise. Il est inscrit au titre des monuments historiques depuis 1995.

Une des quatre ailes du columbarium.
Sous-sol du columbarium.
Cases du columbarium.

Localisation

Le crématorium et le columbarium sont situés dans la partie Est du cimetière du Père-Lachaise, près de la porte d'entrée Gambetta. Ils occupent toute la superficie de la division 87, soit environ 4 900 m2.

Description

Crématorium

L'ensemble crématorium-columbarium se compose d'une chapelle de style néo-byzantin et de quatre ailes. La chapelle composée d'une nef centrale flanquée de deux bas-côtés est construite en appareil polychrome constitué de pierres blanches et noires disposées successivement en bandes horizontales.

Le toit est composé d'un vaste dôme de briques et de grès, de trois petites demi-coupoles et de deux cheminées. À noter que le dôme du columbarium comporte un repère géodésique qui pour l'IGN fait partie du réseau de détail français[1].

Le dôme principal est décoré de vitraux de Carl Mauméjean installés dans les années 1920[2],[3].

Dans une salle[4], située en sous-sol, se trouve une œuvre de l'artiste français d'origine polonaise Paul Landowski. Commandée en 1943, Le Retour éternel n'est inaugurée qu'en 1954[5],[6]. Les plâtres originaux sont conservés dans le musée-jardin Landowski à Boulogne-Billancourt[7],[8].

Columbarium

Pour entreposer les urnes des premières incinérations, un columbarium a été installé provisoirement dans le sous-sol du crématorium. Une délibération du Conseil municipal du [9] autorise la construction d'un columbarium de 304 cases placé le long du mur d'enceinte du cimetière qui se trouve rue des Rondeaux[10].

Par la suite, le columbarium a trouvé son emplacement définitif, près du crématorium. Le monument dessiné par Formigé « se compose d'un portique double partagé par un mur longitudinal contenant les urnes funéraires »[11]. Il se développe « sur quatre faces, autour du crématorium »[11]. Cette version pouvait contenir 10 032 niches. Sa construction se fera successivement pour répondre à la demande : 600 cases en 1893[11], 850 cases en 1895[12]. Le columbarium définitif actuel se compose de quatre niveaux : deux en sous-sols et deux à l'extérieur et peut contenir 26 000 cases en 1992[13] et plus de 40 800 en 2010[14],[15].

Historique

Construction

Le , le cimetière alors situé sur le territoire de l'ancienne commune de Charonne est officiellement ouvert. Puis, en 1859, la commune de Charonne est intégrée à la ville de Paris pour former une partie du 20e arrondissement.

En 1883, le Conseil municipal de Paris demande à l'architecte Jean Camille Formigé d'édifier un crématorium. La construction de l'édifice s'étalera de 1887 à 1908. D'abord limité, par l'ordonnance du , à l'incinération des déchets provenant des hôpitaux, le bâtiment est ensuite destiné à la crémation des corps permise par la loi du . La première crémation en France a donc eu lieu le au crématorium du Père-Lachaise.

La crémation restera longtemps une pratique marginale. Bien qu'autorisée par la religion protestante depuis 1898, il faudra attendre 1963 à l'occasion du concile œcuménique Vatican II, pour que l'Église catholique lève l'interdit.

En 1889, l'unique crématorium de France réalise 49 crémations avec un seul appareil de crémation. Depuis lors, près de 200 crématoriums ont été construits en France mais le crématorium du Père-Lachaise est toujours resté le premier crématorium de France par le nombre de crémations et de cérémonies réalisées annuellement.

Grâce à ses cinq appareils de crémation (l'édifice a été rénové et de nouvelles salles ont été créées en 2001[16]), dans les années 2000, le crématorium réalise tous les ans environ 5 000 crémations à la demande des familles et 2 500 crémations administratives[17] (restes des corps exhumés des sépultures reprises, corps des donateurs à la science, fœtus et pièces anatomiques d'origine humaine destinée à l'abandon), soit près du tiers des crémations en Île-de-France[18].

Monument historique

Le , le columbarium et le crématorium sont inscrits aux monuments historiques[19], complétant la liste des éléments du cimetière protégés en 1983 et 1990.

Gestion du crématorium

Avec la fin du monopole communal des pompes funèbres, le crématorium est géré dans le cadre d'une délégation de service public à partir de par la société d'économie mixte dénommée Société anonyme d'économie mixte des pompes funèbres de la Ville de Paris (SAEMPF), qui utilise la dénomination Services funéraires - Ville de Paris (SFVP). Son capital est détenu majoritairement par la ville de Paris.

À compter du , la gestion déléguée du crématorium du Père-Lachaise a été confiée pour 30 ans à la Société des crématoriums de France, une filiale du groupe Funecap.

Au titre de ce nouveau contrat de délégation, une rénovation en profondeur du Père-Lachaise sera effectuée dans les années à venir afin de préserver et réparer le bâtiment, d'améliorer l'accueil du public et de moderniser les installations techniques. Un second crématorium parisien sera également construit dans le 19e arrondissement de Paris, square Forceval, et devrait ouvrir en 2024[20].

Cette délégation de service public ne concerne que l'activité du crématorium.

Gestion du columbarium

Le Columbarium fait partie intégrante du cimetière du Père Lachaise et est géré par l'administration du cimetière.

Notes et références

  1. Site no 75056AY : Paris AY, IGN.
  2. « Vitraux Mauméjean au Crématorium du Père Lachaise à Paris 20 (75) », sur petit-patrimoine.com.
  3. Colomb 2007.
  4. « Espace de convivialité Landowski », sur crematorium-perelachaise.fr.
  5. « Le Retour éternel », sur paul-landowski.com, Association des Amis du Musée Landowski.
  6. Pierre Wittmer, Paul Landowski à Paris : une promenade de sculpture de 1897 à 1960, Grâne, Créaphis, , 234 p. (ISBN 2-913610-13-7), p. 26–29.
  7. Notice no 1988.9.1, sur boulognebillancourt.com, Ville de Boulogne-Billancourt.
  8. Notice no 1991.7.2, sur boulognebillancourt.com, Ville de Boulogne-Billancourt.
  9. « Établissement d'un columbarium municipal au cimetière de l'Est (arrêté préfectoral) », Recueil des actes administratifs de la Préfecture du département de la Seine, Préfecture du département de la Seine, vol. 6, , p. 192-194 (lire en ligne).
  10. Jourdan 1892, p. 398.
  11. Normand 1893, p. 34-35.
  12. « Échos et nouvelles », Le Petit Parisien, no 6859, , p. 2 (lire en ligne).
  13. Beauvis et de Langlade 1992, p. 41 et 63.
  14. « Le columbarium du Père Lachaise : présentation générale », sur landrucimetieres.fr, .
  15. « Dossier de presse - Toussaint 2010 », Ville de Paris (consulté le ).
  16. Marie Ottavi, « Le crématorium du Père-Lachaise se modernise », Le Parisien, (lire en ligne).
  17. « Le Crématorium du Père-Lachaise : Un système de filtration sur-mesure et unique en Europe », sur Résonance funéraire, .
  18. Christophe Magdelaine, « Premières mesures des concentrations de mercure dans l’air francilien », sur notre-planete.info, .
  19. « Cimetière de l'Est dit cimetière du Père Lachaise », notice no PA00086780, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  20. Julien Duffé, « Paris : le futur crématorium de la porte de la Villette sera confié au privé », Le Parisien, .

Voir aussi

Bibliographie

  • Bernard Colomb, « Le premier crématorium de Paris », sur L'histoire par l'image, Réunion des musées nationaux, .
  • Gustave Jourdan, « L'assainissement de Paris de 1885 à 1891 », Revue générale d'administration, Ministère de l'Intérieur, , p. 385–403, IX. Cimetières, dépôts mortuaires, crémation. III. Crémation, p. 395–400 [lire en ligne].
  • Charles Normand, « Quatrième chronique des monuments parisiens, premier semestre 1893 », Bulletin de la Société des amis des monuments parisiens, Société des amis des monuments parisiens, vol. 7, no 25, , p. 23–45, « Père-Lachaise : Un columbarium au Père-Lachaise », p. 34–35 [lire en ligne].
  • Charlette Beauvis et Vincent de Langlade, Le columbarium du Père-Lachaise : La crémation, son histoire, sa pratique, son avenir, Paris, Vermet, , 99 p. (ISBN 2-86514-022-9).
  • Bénédicte Colas-Bouyx, « Le crématorium et le colombarium de Formigé », dans Catherine Healey (dir.), Karen Bowie (dir.) et Agnès Bos (dir.), Le Père-Lachaise, Paris, Action artistique de la Ville de Paris, coll. « Paris et son patrimoine », , 219 p. (ISBN 2-913246-00-1), p. 131–135.

Articles connexes

Lien externe

  • Portail des monuments historiques français
  • Portail de Paris
  • Portail de l’architecture et de l’urbanisme
  • Portail de la mort
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.