Cour d'appel de Chambéry

La cour d'appel de Chambéry est une juridiction française qui siège au chef-lieu du département de la Savoie. Elle connaît des affaires jugées par les tribunaux de son ressort qui s'étend sur les départements de la Savoie et de la Haute-Savoie.

Siège

La cour siège dans le palais de justice de Chambéry, vaste quadrilatère qui s'élève entre la place du Palais de Justice et le parc du Verney, édifié entre 1850 et 1860 dans un style néo-classique. Le bâtiment abrite également d'autres juridictions, comme le tribunal de grande instance[1].

Histoire

En 1848, le Sénat de Savoie, dont l'origine remonte dans ses prémices à 1329, devient une cour d'appel qui est maintenue dans l'organisation judiciaire impériale lors de l'annexion de la Savoie à la France en 1860[2]. Le maintien de cette cour est lié aux conditions de l'annexion de la Savoie prévues dans les accords annexes du traité de Turin[3].

Le , la cour d'appel proclame les résultats du plébiscite par lequel 130 533 Savoyards contre 235 souhaitent la réunion de l'ancien duché de Savoie à la France impériale[4]. Le 23 juin, une loi est votée dont l'article 3 dispose que « les départements de la Savoie et la Haute-Savoie forment le ressort d'une cour d'appel, dont le siège est à Chambéry »[5],[6].

Le fonctionnement de la nouvelle cour impériale correspond plus ou moins à celle qui avait été mise en place sous le gouvernement sarde de 1848. Elle juge en appel les affaires traitées par les huit tribunaux de première instance, ceux de Chambéry, Albertville, Moûtiers et Saint-Jean-de-Maurienne pour la Savoie, et ceux d'Annecy, Bonneville, Saint-Julien-en-Genevois et Thonon pour la Haute-Savoie. Seul le bureau de l'Avocat des pauvres, institué par le duc Amédée VIII en 1477[7], est supprimé.

Joseph-Louis-Thomas Girod, président de la cour d'appel depuis 1859, est maintenu à son poste au lendemain de l'Annexion. Le passage du régime sarde au nouveau régime français ne se fait pas sans heurts et des tensions apparaissent. Ainsi, en 1864, les avocats de la cour se mettent en grève durant plusieurs semaines.

La cour d'appel, depuis la réunion de la Savoie à la France, a été remise en cause en 1870, 1882, 1901, 1920 puis en 2007 à la suite des différentes réformes de la carte judiciaire. À chacune de ces occasions, les élus locaux (le conseil municipal de Chambéry, les députés ou sénateurs) comme les avocats ou encore le procureur général font appel à l'inviolabilité du traité de Turin de 1860, validé par le plébiscite, sur l'existence de cette institution[8],[9],[10],[11].

Tribunaux du ressort

- 5 tribunaux de grande instance 6 tribunaux d'instance 3 conseils de prud'hommes 3 tribunaux de commerce
Savoie
  • Albertville
  • Chambéry
  • Chambéry
  • Chambéry
Haute-Savoie
  • Annecy
  • Annemasse
  • Bonneville
  • Thonon-les-Bains
  • Annecy
  • Thonon-les-Bains
  • Annecy
  • Thonon-les-Bains

Premiers présidents

1859-1866Joseph-Louis-Thomas Girod
1866-Amédée Greyfié de Bellecombe
...
1906-1912Albin Curet
...
1938-Eugène Penancier
1943René Dallant
...
1950-1957René Dallant
...
2005-2008Dominique Charvet[12]
2008-2015Jean-Yves Mc Kee[13]
Depuis 2015Michel Allaix[14]

Archives

Dans un premier temps, les greffes de la cour d'appel ont été les dépositaires des archives du Sénat de Savoie.

L'ensemble du fonds couvrant la période de 1740 à 1870 a été déposé aux Archives départementales de la Savoie (sous-série 6FS, art. 1 à 1886).

Une partie des procédures civiles et criminelles, directes ou en appel, de 1559 à 1792, sont consultables en ligne[15].

Voir aussi

Article connexe

Bibliographie

  • Denis Guillot, « Le statut particulier de la Cour d'appel de Chambéry », Les Cahiers de Savoie, n° 5, janvier-mars 1966, p. 93-99.
  • François Descostes, Comité de défense des droits acquis de la Savoie. L'Annexion de 1860 et la cour d'appel de Chambéry. Rapport de M. François Descostes, au nom de la commission d'études. Mémoire au Gouvernement et aux Chambres, Chambéry, F. Gentil, , 72 p. (lire en ligne).

Liens externes

Références

  1. Histoire et architecture de la cour d’appel de Chambéry sur le site officiel du ministère de la Justice.
  2. Anne Buttin, « Le souverain Sénat de Savoie », L'Histoire en Savoie, n°69, mars 1983.
  3. Paul Guichonnet, Nouvelle encyclopédie de la Haute-Savoie : Hier et aujourd'hui, Montmélian, La Fontaine de Siloé, , 399 p. (ISBN 978-2-84206-374-0, lire en ligne), p. 20.
  4. Viviane Seigneur, Socio-anthropologie de la haute montagne, Éditions L'Harmattan, , 312 p. (ISBN 978-2-296-16138-2, lire en ligne), p. 118.
  5. Descotes, p. 46.
  6. Extrait des Annales : Débats parlementaires (Volume 122), 1923, p.525.
  7. Charles Douxchamps, De la profession d'avocat et d'avoué, F. Larcier, 1907, 611 pages, p.110.
  8. Pour 1901, Jacqueline Lalouette et Jean-Pierre Machelon, Les congregations hors la loi ? autour de la loi du 1er juillet 1901, vol. 28, Letouzey et Ané, , 304 p. (ISBN 978-2-7063-0222-0), p. 187.
  9. Pour 1882 et 1901, Christian Sorrel, Histoire de Chambéry =, Éditions Privat, , 328 p. (ISBN 978-2-7089-8303-8), p. 181.
  10. Pour 2007, Brice Perrier, « La grève comme devoir de mémoire », La Voix des Allobroges, (lire en ligne), n°13.
  11. Rappel historique dans Jean-Pierre Lantaz, « On ne touche pas à la cour d’appel », La Voix des Allobroges, (lire en ligne).
  12. Décret du 1er août 2005 portant nomination (magistrature)
  13. Décret du 27 août 2008 portant nomination de premiers présidents de cours d'appel (magistrature)
  14. Décret du 8 juillet 2015 portant nomination (magistrature)
  15. Archives du Sénat de Savoie, « Procédures civiles et criminelles, directes ou en appel (1559 à 1792) : AD073 - B0 1 à B0 8171 » sur le site Archimaine - www.archinoe.net.
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