Contrôle des capitaux

Les contrôles de capitaux sont des mesures légales ou réglementaires pour contrôler les entrées et les sorties de capitaux d'un périmètre donné, par exemple un pays. Ces mesures sont généralement mises en place afin d'éviter des fuites des capitaux, par souci de contrôler le taux de change d'une monnaie, ou encore dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d'argent.

Concept

Les contrôles de capitaux se basent sur des mesures législatives ou réglementaires fondées sur l'origine des flux visés, telles que les taxes sur les transactions, d'autres restrictions, voire des interdictions que le gouvernement d'une nation peut utiliser pour réglementer les flux de marchés de capitaux vers ou depuis le compte de capital du pays.

Ces mesures peuvent imposées à l'ensemble de l'économie, à un secteur spécifique (généralement le secteur financier), ou à une industrie spécifique (par exemple les opérateurs d'importance vitale). Elles peuvent s'appliquer à tous les flux, ou peuvent se différencier par le type ou la durée de l'écoulement (endettement, fonds propres, investissements directs ; court terme, moyen et long terme), ou encore par le montant de chaque mouvement.

Les types de contrôles de capitaux comprennent les contrôles des changes qui empêchent ou limitent l'achat et la vente d'une monnaie nationale au taux de marché, des plafonds sur le volume de vente internationale autorisé ou l'achat de divers actifs financiers, les taxes de transaction, telles que la proposition de taxe Tobin, la durée minimale du séjour, les exigences pour l'approbation obligatoire, ou même des limites sur la quantité d'argent qu'un citoyen privé est autorisé à retirer du pays. Il y a eu plusieurs changements d'avis sur si les contrôles de capitaux sont bénéfiques et dans quelles circonstances ils doivent être utilisés.

Histoire récente

Les contrôles de capitaux sont une partie intégrante du système de Bretton Woods qui émerge après la Seconde Guerre mondiale et qui dure jusqu'au début des années 1970. Cette période est la première durant laquelle les contrôles de capitaux reçoivent l’approbation des économistes classiques. Dans les années 1970, les économistes libéraux développent une critique croissante envers ces mécanismes, considérant qu'en dehors de périodes de crise les contrôles de capitaux sont plus nuisibles qu'utiles. Les États-Unis, d'autres gouvernements occidentaux et les institutions financières multilatérales, comme le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, recommandent - et convainquent de nombreux pays- de supprimer ces contrôles afin de faciliter la mondialisation financière[1].

La crise de la dette d'Amérique latine du début des années 1980, la crise financière en Asie de l'est de la fin des années 1990, la Crise du rouble russe de 1998-1999, et la crise financière mondiale de 2008, ont cependant mis en évidence les risques associés à la volatilité des flux de capitaux et ont conduit de nombreux pays, même ceux avec des comptes de capital relativement ouverts, à utiliser des contrôles de capitaux associés à des politiques macroéconomiques et prudentielles en tant que moyen d'atténuer les effets de la volatilité des flux sur leurs économies.

Dans le sillage de la crise financière mondiale de 2007-2008, au fur et à mesure que l'afflux de capitaux augmente dans les économies émergentes, un groupe d'économistes du FMI met en valeur les éléments d'une boîte à outils politique pour gérer les risques d'instabilité des politiques macroéconomiques et financières et ceux liés à la volatilité des flux de capitaux. Le projet de boite à outils a pour rôle le contrôle des capitaux[2]. Des études successives mettent l'accent sur la préoccupante instabilité financière découlant de la volatilité des flux de capitaux[3]. Bien que ne représentant pas les opinions officielles du FMI, elles suscitent des débats parmi les décideurs politiques et la communauté internationale et permettent d'impulser un changement dans la position institutionnelle du FMI.[4],[5],[6] Avec l'augmentation de l'utilisation de contrôles de capitaux au cours des dernières années, le FMI ne stigmatise plus l'utilisation des contrôles de capitaux aux côtés des politiques macroéconomiques et prudentielles pour gérer la volatilité des flux de capitaux. L'utilisation plus généralisée des contrôles de capitaux soulève cependant une multitude problèmes de coordination multilatérale, comme l'a par exemple énoncé le G-20, en écho aux préoccupations exprimées par John Maynard Keynes et Harry Dexter White il y a plus de 60 ans[7].

L'histoire

Avant la Première Guerre mondiale

Avant le 19e siècle, il n'y a généralement que peu de nécessités de contrôle des capitaux en raison des faibles niveaux de commerce international et d'intégration financière. Dans le premier âge de la mondialisation, qui est communément situé entre 1870-1914, le contrôle des capitaux reste insignifiant[8],[9].

De 1914 à 1945 du début de la Première Guerre mondiale à la fin de la Seconde Guerre mondiale

Des contrôles de capitaux très restrictifs sont introduits avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale. Dans les années 1920, les contrôles sont plus détendus, pour être à nouveau renforcés dans le sillage du Grand krach de 1929. C'est plus une réponse ad hoc à des flux potentiellement dommageables plutôt que un changement dans la théorie économique normative. L'historien de l'économie Barry Eichengreen laisse entendre que l'utilisation de contrôles de capitaux atteint un sommet au cours de la Seconde Guerre mondiale, mais l'opinion majoritaire est que la majorité des contrôles se produit après Bretton Woods[10],[11],[12]. Un exemple de contrôle des capitaux dans l'entre-deux-guerres a été le Reichsfluchtsteuer, introduit en 1931 par le Chancelier Brüning. L'impôt limite la sortie de capitaux des résidents fortunés du pays. À cette époque, l'Allemagne est confrontée à des difficultés économiques en raison de la Grande Dépression et de la rudesse des réparations de guerre imposées à la suite de la Première Guerre mondiale. À la suite de la montée des Nazis au pouvoir en 1933, la taxe est redéfinie pour confisquer l'argent et les biens des Juifs fuyant l'antisémitisme d'état[13],[14],[15].

L'Époque de Bretton Woods : 1945-1971

En 1944, un vaste système de contrôles de capitaux est mis en place lors de la conférence internationale Bretton Woods

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le capital international est « piégé » par de vastes et forts contrôles de capitaux dans le cadre du nouveau système de Bretton Woods dans le but de protéger les intérêts des gens ordinaires et de l'économie au sens large. Ces mesures sont très populaires car l'opinion publique occidentale voit d'un très mauvais œil les banquiers internationaux, les accusant d'être à l'origine de la Grande Dépression[16],[17]. Keynes, l'un des principaux architectes du système de Bretton Woods, envisage les contrôles de capitaux comme une caractéristique permanente du système monétaire international[18], même s'il accepte que la convertibilité des comptes courants doit être adoptée dès que la situation internationale sera suffisamment stabilisée. Cela signifie que les monnaies sont librement convertibles dans le but de faciliter le commerce international des biens et services, mais pas les transactions de comptes de capitaux. Les pays industriels détendent pour la plupart leurs contrôles aux alentours de 1958 pour permettre cela[19]. L'autre grand architecte de Bretton Woods, l'américain Harry Dexter White, et son patron Henry Morgenthau, sont un peu moins radicaux que Keynes, mais sont d'accord sur la nécessité permanente du contrôle des capitaux. Dans son discours de clôture de la conférence de Bretton Woods, Morgenthau parle de la façon dont les mesures adoptées feront « sortir les usurier du temple de la finance internationale ».

À la suite de la Révolution keynésienne, les deux premières décennies après la Seconde Guerre mondiale voient peu d'arguments d'économistes contre les contrôles de capitaux, même Milton Friedman est une exception. Cependant, à partir de la fin des années 1950, l'efficacité des contrôles de capitaux commence à être remise en question, en partie à la suite d'innovations telles que le marché de l'Eurodollar. Selon Dani Rodrik, il est difficile de savoir dans quelle mesure cela est dû à un manque de volonté de la part des gouvernements de répondre de manière efficace, par rapport à une incapacité à le faire. Eric Helleiner fait valoir que la lourde pression de la part des banquiers de Wall Street réussit à convaincre les autorités américaines à ne pas soumettre le marché de l'Eurodollar à des contrôles de capitaux. À partir de la fin des années 1960, les économistes sont en majorité d'accord pour dire que les contrôles de capitaux sont dans l'ensemble plus nuisibles que bénéfiques[20],[21].

Si effectivement le nombre de contrôles de capitaux de cette époque sont adressés aux financiers et banquier internationaux, certains sont dirigés vers des citoyens individuels. Par exemple, dans les années 1960, des citoyens britanniques se voient pendant un moment interdits de partir à hors du pays avec plus 50 livres des vacances à l'étranger[22]. Dans leur livre Cette fois, ce sera différent, les économistes Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff, suggèrent que l'utilisation des contrôles de capitaux au cours de cette période, encore plus que la rapide croissance économique sont responsables du très faible niveau des crises bancaires qui ont lieu à l'époque de Bretton Woods[23].

Après l'époque de Bretton Woods: 1971-2009

À la fin des années 1970, dans le cadre du déplacement du Keynésianisme en faveur des théories des politiques de l'économie de marché, des pays commencent à abolir les contrôles de capitaux, en commençant entre 1973-1974 avec les États-Unis, le Canada, l'Allemagne, la Suisse suivis du Royaume-Uni en 1979[24]. La plupart des autres économies avancées et émergentes les suivent, principalement dans les années 1980 et au début des années 1990. Au cours de la période allant de 1980 à 2009, les économistes sont d'avis que les contrôles de capitaux doivent être évités, sauf peut-être dans une situation de crise. À cette époque il est largement admis que l'absence de contrôles de capitaux permet au capital de circuler librement vers les secteurs où il est le plus nécessaire, aidant non seulement les investisseurs à profiter d'un bon rendement, mais aussi aidant les gens ordinaires à profiter de la croissance économique[25]. Pendant les années 1980, de nombreuses économies émergentes décident ou sont contraintes à suivre les économies avancées en abandonnant leurs contrôles de capitaux, bien que plus de 50 économies émergentes conservent des contrôles de capitaux au moins partiellement[26]. L'opinion orthodoxe qui dénigre les contrôles de capitaux est remise en question à la suite de la Crise financière asiatique de 1997. Les nations asiatiques qui conservent leurs contrôles de capitaux, tels que l'Inde et la Chine survivent à la crise sans trop de dommages[27]. Le premier ministre de Malaisie Mahathir bin Mohamad, impose les contrôles de capitaux comme une mesure d'urgence en , à la fois un strict contrôle des changes et des limites sur les sorties des portefeuilles d'investissement ce sont révélés efficaces pour contenir les dégâts de la crise[28]. Au début des années 90, même certains économistes pro-mondialisation comme Jagdish Bhagwati [29] et certains auteurs dans des publications comme The Economist[30],[31], se prononcent en faveur d'un rôle limité des contrôles de capitaux. Mais alors que de nombreuses économies du tiers-monde perdent la foi en le libre marché, cette foi reste forte parmi les nations occidentales.

Après la crise mondiale de 2008

En 2009, la crise financière mondiale provoque une résurgence de la pensée Keynésienne qui remet en question l'école orthodoxe précédente[32]. Lors de la crise financière en Islande, le FMI propose à l'Islande le contrôle des capitaux sur les sorties. C'est pour le FMI "un élément essentiel de la stratégie de politique monétaire, compte tenu de l'ampleur du potentiel de sorties de capitaux."[33]

Dans la seconde moitié de 2009, l'économie mondiale commence à se remettre de la crise financière mondiale, les flux de capitaux vers les économies de marché émergentes, notamment en Asie et en Amérique latine explosent, augmentant les risques d'instabilité financière macroéconomique. Plusieurs économies de marché émergentes répondent à ces préoccupations en adoptant des contrôles de capitaux ou prennent des mesures macroprudentielles ; par exemple, le Brésil impose une taxe sur les achats d'actifs financiers par les étrangers et Taiwan restreint l'achat des dépôts à terme par les investisseurs étrangers[34].

Le retour partiel en faveur d'un contrôle des capitaux est lié à un plus large consensus parmi les décideurs politiques pour une plus grande utilisation de la politique macro-prudentielle. Selon le journaliste économique Paul Mason, un accord international pour l'adoption globale de politiques macro-prudentielles au sommet du G-20 de Pittsburgh semble impossible au sommet de Londres, qui a lieu seulement quelques mois avant[35].

Des déclarations en faveur des contrôles des capitaux par divers économistes éminents, ainsi que des économistes du FMI en (Jonathan D. Ostry et coll., 2010), puis en [2], ont été salués comme la « fin d'une époque » qui a finalement conduit à un changement de position du FMI qui a longtemps estimé que les contrôles de capitaux ne doivent être utilisés que de manière limitée et temporaire, en dernier recours[2],[4],[5],[6],[36],[37],[38],[39].

En , le Financial Times a publié plusieurs articles sur la tendance croissante de l'utilisation des contrôles de capitaux. Ils notent que des voix influentes de la Banque asiatique de développement et de la Banque mondiale signalent au FMI qu'il y a un rôle pour le contrôle des capitaux. Le FT rapporte un récent durcissement des contrôles en Indonésie, en Corée du Sud, à Taïwan, au Brésil et en Russie. Les mesures de contrôle récemment mises en œuvre en Indonésie comprennent une durée d'un mois minimale de détention pour certains titres. En Corée du Sud, des limites sont placées sur les positions à terme sur devises. À Taïwan, l'accès qu'ont des investisseurs étrangers à certains dépôts bancaires sont restreintes. Le FT avertit que les contrôles de capitaux ont des inconvénients, y compris des problèmes pour obtenir des fonds[réf. nécessaire].

En , les économies émergentes connaissent un afflux énorme de capitaux. Ils résultent de carry trades attrayants pour les participants au marché. Les carry trades proviennent des politiques monétaires expansionnistes que plusieurs grandes économies ont adoptées au cours des deux années précédentes, comme une réponse à la crise. Cela a conduit des pays tels que le Brésil, le Mexique, le Pérou, la Colombie, la Corée, Taïwan, l'Afrique du Sud, la Russie et la Pologne à examiner la possibilité d'une augmentation de leurs contrôles de capitaux comme une réponse[40],[41]. En , à la suite d'une inquiétude croissante par rapport aux flux de capitaux et l'éventuelle imminence d'une guerre des monnaies, le financier George Soros suggère que les contrôles de capitaux seront beaucoup plus largement utilisés au cours des prochaines années[42]. Mais plusieurs analystes se demandent si les contrôles seront en vigueur pour la plupart des pays, quand le ministre des finances du Chili, affirme que son pays n'a pas l'intention de les utiliser[43],[44],[45].

En , en citant des éléments tirés d'une nouvelle étude du FMI (Jonathan D. Ostry et coll., 2010) que le fait de limiter à court terme des apports de capitaux pourraient abaisser les risques d'instabilité financière[réf. nécessaire], plus de 250 économistes présidés par Joseph Stiglitz écrivent une lettre à l'administration Obama lui demandant de supprimer les clauses de divers accords commerciaux bilatéraux qui permettent de pénaliser l'utilisation de contrôles de capitaux. Des entreprises ont mené des mesures de contre-lobbying et jusqu'à présent, l'administration américaine n'a pas statué sur la demande, bien que certaines personnalités comme le secrétaire au Trésor, Tim Geithner, se sont prononcées en faveur d'un contrôle des capitaux, au moins dans certaines circonstances[réf. nécessaire].

Les analyses économétriques menées par le FMI, et d'autres économistes universitaires laissent penser qu'en général, les pays qui déploient des contrôles de capitaux résistent mieux à la crise de 2008 par rapport aux pays comparables qui ne contrôlent pas les capitaux. En , le FMI publie son tout premier ensemble de lignes directrices pour l'utilisation des contrôles de capitaux.

En novembre au sommet du G20 de 2011 à Cannes, le G20 se met d'accord sur l'idée que les pays en développement devraient avoir encore plus de liberté en ce qui concerne l'utilisation des contrôles de capitaux par rapport aux directives du FMI[réf. nécessaire]. Quelques semaines plus tard, la Banque d'Angleterre publie un article où ils accueillent favorablement la décision des membres du G20 concernant une plus grande utilisation des contrôles des capitaux, mais rappellent que par rapport aux pays en développement, les économies avancées peuvent avoir plus de difficultés à mettre en œuvre des contrôles efficaces.

En , la Chine a partiellement relâché son contrôle sur les flux de capitaux entrants. Le Financial Times décrit cela comme la volonté des autorités Chinoises à poursuivre la libéralisation de leur économie.

Au début de , l'Inde relâche aussi certains contrôles sur les capitaux entrants, ce qui suscite la critique de l'économiste Arvind Subramanian qui considère que la détente des contrôles de capitaux est une bonne politique pour la Chine, mais pas pour l'Inde, compte tenu de la différence des circonstances économiques[réf. nécessaire].

En , Michael W. Klein, de l'Université Tufts conteste l'émergent consensus qui perçoit les contrôles de capitaux de courte durée de manière favorable, en publiant une étude préliminaire qui met en évidence que les mesures utilisées par des pays comme le Brésil sont inefficaces (au moins jusqu'en 2010). Klein affirme que seuls les pays avec des contrôles de capitaux à long terme, tels que la Chine et l'Inde, jouissent d'une protection mesurable des flux de capitaux. Dans le même mois, Ila Patnaik et Ajay Shah de NIPFP publie un article sur le contrôle des capitaux permanent et global en Inde, qui semble être inefficace dans la réalisation des objectifs de la politique macroéconomique. Cependant, d'autres études constatent que les contrôles de capitaux peuvent réduire les risques d'instabilité financière, car les contrôles que les autorités brésiliennes adoptent après la crise financière de 2008 ont un effet bénéfique sur le Brésil lui-même.

Les contrôles de capitaux peuvent avoir des externalités : certaines études empiriques mettent en évidence que les flux de capitaux sont détournés vers d'autres pays au fur et à mesure que les contrôles de capitaux sont renforcés au Brésil. Une note du FMI (Jonathan D. Ostry et coll., 2012) explore les conséquences multilatérales des contrôles des capitaux, ainsi que de la nécessité de la coopération internationale pour atteindre des résultats efficaces de manière globale. Trois choses les préoccupent. La première est la possibilité que les contrôles de capitaux peuvent être utilisés comme un substitut pour garantir l'ajustement externe (par exemple, lorsque les contrôles sont utilisés pour soutenir une monnaie sous-évaluée). Deuxièmement, l'imposition de contrôles des capitaux d'un pays peut détourner certains capitaux vers d'autres pays bénéficiaires, ce qui aggrave leur problème d'entrée de capitaux. Troisièmement, les politiques dans les pays d'origine (y compris la politique monétaire) peuvent exacerber les problèmes rencontrés par les pays recevant du capital si ces politiques permettent d'accroître le volume ou le niveau de risque des flux de capitaux.

Le document fait valoir, cependant, que si les contrôles de capitaux sont justifiés d'un point de vue national (en termes de réduction des distorsions internes), alors, dans une série de circonstances, ils doivent être poursuivis, même si elles donnent lieu à des retombées internationales. Mais si les politiques dans un pays aggravent les distorsions existantes dans d'autres pays, et cela coûte cher pour les autres pays d'y répondre, alors la coordination multilatérale des politiques unilatérales est susceptible d'être bénéfique. La Coordination peut exiger des emprunteurs la réduction des contrôles de l'entrée des capitaux ou un accord avec les bailleurs de fonds afin de partiellement internaliser les risques résultant de sorties de capital trop grandes ou risquées.

Le , le FMI publie un document qui soutient une utilisation limitée des contrôles de capitaux[réf. nécessaire].

Le « trilemme » de l'impossible trinité

L'histoire du contrôle des capitaux est parfois discutée par rapport à l'impossible trinité l'idée qu'il est impossible pour la politique économique d'une nation de fournir simultanément plus de deux des trois objectifs macroéconomiques souhaitables : 1) Un taux de change fixe 2) Une politique monétaire indépendante, 3) la libre circulation du capital (l'absence du contrôle des capitaux).

Dans le premier âge de la mondialisation, les gouvernements choisissent majoritairement un taux de change stable tout en permettant la liberté de circulation des capitaux. Ce qui rend leur politique monétaire en grande partie dictée par la situation internationale, et non pas par les besoins de l'économie nationale. Pendant la période de Bretton woods, les gouvernements sont libres d'avoir à la fois des taux de change stables et des politiques monétaires indépendantes au prix d'un contrôle des capitaux. Le concept de l'impossible trinité est particulièrement influents au cours de cette époque, pour justifier le contrôle des capitaux. Dans la période du Washington consensus, les économies avancées choisissent généralement de permettre la liberté de capital et de continuer à maintenir une politique monétaire indépendante, tout en acceptant un taux de change flottant ou semi-flottant[réf. nécessaire].

Le contrôle des capitaux dans l'Union Européenne et l'AELE

Depuis 2008, il y existe trois études de cas des contrôles des capitaux dans l'Union Européenne et l'Association européenne de Libre Echange (AELE) qui sont toutes à l'origine de crises bancaires.

L'Islande (2008-2017)

Pendant la crise financière de 2008 en Islande (qui est un membre de la Zone européenne de Libre échange, mais pas de l'Union Européenne), l'Islande impose des contrôles de capitaux en raison de l'effondrement de son système bancaire. En , le gouvernement islandais déclare qu'ils prévoient d'enlever le contrôle des capitaux, cependant, puisque les plans incluent une taxe sur la sortie du capital en dehors du pays, ils ont en fait conservé le contrôle de capitaux. Le , le gouvernement islandais annonce l'arrêt des contrôles de capitaux[réf. nécessaire].

La République de Chypre (2013-2015)

Chypre, une état membre de la zone Euro, qui est étroitement liée à la Grèce, impose des contrôles de capitaux temporaire en 2013 dans le cadre de sa réponse la crise bancaire chypriote de 2012. En , les contrôles de capitaux sont supprimés.

La Grèce en 2015 (–)

Voir le contrôle des capitaux en Grèce.

L'Adoption de mesures prudentielles

Les mesures de contrôles de capitaux prudentiels se distinguent des contrôles de capitaux tels que résumés ci-dessus car les règles prudentielles visent à atténuer le risque financier systémique, de réduire la volatilité liée au cycle économique, l'augmentation de la stabilité macroéconomique, augmenter le bien-être social. Généralement, il s'agit de seulement réglementer les entrées de capitaux et prendre des politiques d'intervention ex-ante. L’exigence de « prudence » de cette réglementation devrait réduire les risques excessifs des processus d'accumulation grâce à une pensée responsable pour éviter l'émergence d'une crise financière et l'effondrement économique. Ex-ante signifie que la réglementation doit être menée avant une éventuelle crise contrairement à réglementation à la suite d'une crise.

La libre circulation des capitaux et des paiements

Le Centre financier International de Hong Kong serait susceptible de s'opposer à des contrôles de capitaux, et de tenter de faire valoir qu'ils ne fonctionnent pas.

La liberté totale de circulation des capitaux et des paiements n'est jusqu'à présent abordée qu'entre les paires d'états qui ont des accords de libre-échange et une relative liberté de contrôles de capitaux, tels que le Canada et les États-Unis, ou des régions de liberté totale comme l'Union Européenne, avec ses "Quatre Libertés" ainsi que la zone Euro. Pendant le premier âge de la mondialisation qui se termine avec première Guerre Mondiale, il n'y a que très peu de restrictions sur les mouvements de capitaux, mais toutes les grandes économies, sauf le Royaume-Uni et les Pays-Bas, limitent le paiement de la marchandise par l'utilisation de contrôles des comptes courant, tels que les tariffs et duties[réf. nécessaire].

Les arguments en faveur de la libre circulation des capitaux

  • Cela améliore la croissance économique globale en permettant aux épargnes d'être canalisées sur les secteurs les plus productifs[46].
  • En encourageant l'investissement étranger direct, cela aide les pays en développement à bénéficier de l'expertise étrangère[46].
  • Cela permet aux états de lever des fonds auprès des marchés extérieurs pour les aider à atténuer les effets d'une récession temporaire[46].
  • Cela permet d'obtenir les meilleurs taux du marché à la fois aux épargnants et aux emprunteurs[47].
  • Lorsque des contrôles incluent des taxes, les fonds levés sont parfois détournés par des fonctionnaires corrompus pour leur usage personnel[47].
  • Les traders de type Hawala sont toujours en mesure d'échapper aux contrôles du mouvement de la monnaie
  • L'ordinateur et des technologies de la communication rendent le libre transfert électronique de fonds une commodité pour un nombre croissant de clients des banques.

Les arguments en faveur d'un contrôle des capitaux

  • Les contrôles de capitaux représentent une politique macro-prudentielle optimale, qui réduit le risque de crises financières et empêche les externalités qui leur sont associées[48],[49],[50],[51].
  • La croissance économique mondiale est en moyenne nettement plus élevée pendant l'époque de Bretton Woods quand des contrôles de capitaux sont largement utilisés. En utilisant l'analyse par régression, des économistes tels que Dani Rodrik ne trouvent pas de corrélation positive entre la croissance et la libre circulation des capitaux[52].
  • Des contrôles de capitaux en limitant les résidents d'une nation de détenir des actifs à l'étranger peut permettre de s'assurer que le crédit intérieur est disponible à un coût moindre que ce ne serait autrement le cas. Ce genre de contrôle du capital est toujours en vigueur en Inde et en Chine. En Inde, les contrôles peuvent inciter les résidents à fournir à bas prix des fonds directement pour le gouvernement, tandis qu'en Chine cela signifie que les entreprises Chinoises ont une source peu coûteuse de prêts[53].
  • Les crises économiques sont beaucoup plus fréquentes depuis que les accords de Bretton Woods sont abolis. Même les historiens de l'économie qui classent les contrôles des capitaux comme répressifs concluent que les contrôles de capitaux, plus que la période de forte croissance, sont responsables de la rareté des crises[54]. Les grandes entrées de capitaux endommagent souvent le développement économique d'une nation en provoquant l'appréciation de sa monnaie, en contribuant à l'inflation et en causant des boom économiques insoutenable qui précèdent souvent les crises financières provoquées par la sortie massive des capitaux en dehors du pays. Le risque de crise est particulièrement élevé dans les économies en développement où les flux entrants deviennent des prêts libellés en devises étrangères, ce qui rend les remboursements considérablement plus chers au fur et à mesure que la monnaie des pays en développement se déprécie. C'est connu sous le nom de péché originel[55],[56],[57].

Voir aussi

Notes et références

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  3. Jonathan Ostry (en), Atish R. Ghosh, Karl Habermeier, Luc Laeven, Marcos Chamon, Mahvash S. Qureshi, and Annamaria Kokenyne (April 2011), “Managing Capital Inflows: What Tools to Use?, IMF Staff Discussion Notes No. 11/06.” Fonds monétaire international.
  4. The Economist (Février 2010), "The IMF changes its mind on controls on capital inflows."
  5. Financial Times (Février 2010), "IMF reconsiders capital controls opposition."
  6. The Economist (Avril 2011), "The Reformation: A disjointed attempt by the IMF to refine its thinking on capital controls."
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  9. Some of the few pre WWI capital controls had political rather than economic motivations, e.g. between Germany and France after the 1871 Franco Prussian war, but there were a few controls implemented with economic justifications, although not endorsed by mainstream economists.
  10. Barry Eichengreen, Globalizing capital : a history of the international monetary system, Princeton University Press, , 280 p. (ISBN 978-0-691-13937-1 et 0-691-13937-7), « "chp 1" »
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Further reading

  • States and the Reemergence of Global Finance (1994) by Eric Helleiner - Chapter 2 is excellent for the pre World War II history of capital controls and their stenghening with Bretton Woods. Remaining chapters cover their decline from the 60s through to early 90s. Helleiner offers extensive additional reading for those with a deep interest in the history of capital controls.

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