Concerto pour clarinette de Mozart
Le Concerto pour clarinette en la majeur K 622 est une œuvre composée par Wolfgang Amadeus Mozart en 1791, quelques mois avant sa mort. Des quarante-trois concertos pour soliste écrits par Mozart, celui-ci a été le dernier, et également le seul qu'il ait composé pour clarinette. Il se divise en trois mouvements qui suivent la forme traditionnelle du concerto (rapide-lent-rapide) : un allegro, un adagio et un rondo. Il s'agit de l'un des morceaux les plus écoutés de Mozart. Il est souvent considéré comme un incontournable de la clarinette avec les concertos des père et fils Stamitz, ceux de Carl-Maria von Weber et ceux de Louis Spohr.
Pour les articles homonymes, voir Concerto pour clarinette (homonymie).
Concerto pour clarinette en la majeur K. 622 | |
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Genre | Concerto |
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Nb. de mouvements | 3 |
Musique | Wolfgang Amadeus Mozart |
Effectif | Orchestre symphonique |
Durée approximative | Environ 28 minutes |
Dates de composition | Entre le 28 septembre et le |
Partition autographe |
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Création | Prague |
Interprètes | Anton Stadler |
Fichiers audio | |
1er mouvement : Allegro | |
2e mouvement : Adagio | |
3e mouvement : Rondo | |
Histoire de la partition
Le Concerto pour clarinette a été composé entre le 28 septembre et le , à l'attention de Anton Stadler, un cor de bassiste et clarinettiste virtuose que Mozart appréciait beaucoup et qui était dans la même loge maçonnique. En réalité, l'allegro avait été composé dès 1787, mais en sol majeur (K.584b/K.621b) et non en la, et pour cor de basset. Mozart a repris et transcrit ce mouvement pour l'ajouter à ce concerto, tout en y adjoignant deux mesures. Selon une lettre que Mozart a écrit à sa femme environ huit semaines avant sa mort, on sait que le rondo a été achevé le 7 octobre 1791. Mozart y précisait qu'il l'avait écrit pour la bass Klarinett de Stadler. Ce dernier avait inventé, trois ans auparavant, avec Theodore Lotz, la clarinette de basset en la, formée d'une extension à sa clarinette en la qui permettait de rapprocher cette dernière d'un cor de basset et donc de jouer dans un registre plus grave. Cet instrument avait alors été baptisé « clarinette de basset » (à ne pas confondre avec la clarinette basse moderne). Mozart a probablement composé son concerto en prenant en compte les particularités de cet instrument : la clarinette de basset en la peut descendre jusqu'au do tandis que la clarinette en la ordinaire ne peut aller que jusqu'au mi (ces notes correspondent respectivement au la et au do du piano).
Les éditeurs ont fait des modifications pour que le morceau puisse être joué sur les clarinettes en si bémol ou en la, et certains passages dans les graves ont donc été revus. Malheureusement, la version originale du concerto n'a jamais été publiée et la partition originale est perdue. La plus ancienne version que l'on possède de cette œuvre est la version publiée par Andrè en 1801 pour clarinette en la.
Bien que la plupart des interprétations soient faites de nos jours avec des clarinettes en la (ou en si bémol), il y a eu des tentatives de restauration de la partition originale de Mozart jouées avec des cors de basset ou des clarinettes de basset en la. Cette dernière n'est d'ailleurs plus utilisée (et même fabriquée) que pour l'exécution traditionnelle de ce concerto et de l'aria Non più di fiori de l'opéra La clemenza di Tito.
Première
Le Concerto a été représenté pour la première fois en public à Prague, le 16 octobre 1791, avec Stadler jouant la partie soliste. Les avis ont été très mitigés, bien que la critique ait été globalement bonne. Certains ont loué la performance de Stadler. Ainsi, le Berlin Musikalisches Wochenblatt a écrit, en janvier 1792 : « Herr Stadler, clarinettiste de Vienne. Un homme de grand talent et reconnu comme tel à la cour. Son jeu est merveilleux et porte témoignage de son assurance ». D'autres, en revanche, ont reproché à Mozart d'avoir composé une pièce pour une clarinette trafiquée dont Stadler était probablement le seul joueur.
Orchestration
Instrumentation du Concerto pour clarinette |
Soliste |
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1 clarinette en La jouant en soliste (ou 1 clarinette de basset en La) |
Bois |
2 flûtes 2 bassons |
Cuivres |
2 cors en La |
Cordes |
Premiers violons, seconds violons, altos, violoncelles et contrebasses |
Analyse de l'œuvre
Allegro
Initialement écrit en sol majeur pour cor de basset, ce mouvement est le plus long du Concerto (environ douze minutes). Sommairement, il est divisé en trois parties, elles-mêmes divisées en deux sous-parties. Le morceau s'ouvre sur l'orchestre jouant le thème principal. Celui-ci est ensuite repris par le soliste. Le morceau évolue jusqu'à une pause de tout l'orchestre permettant un passage purement soliste de la clarinette. Le thème principal réapparaît alors, mais transposé, puis débouche sur le soliste accompagnant l'orchestre en battements, ce qui est un développement assez inhabituel. L'évolution du morceau devient spectaculaire et un tutti s'ensuit, qui débouche sur une nouvelle exposition du thème principal. De nouveaux passages en battements et arpégés sont joués par le soliste, puis le mouvement s'achève joyeusement en la majeur.
Adagio
Souvent utilisé comme musique de fond dans les films, ce mouvement est probablement le plus connu du Concerto et son timbre mélancolique et son lyrisme est l'un des principaux facteurs qui ont valu au concerto le qualificatif d'« automnal » par lequel il est souvent dépeint. Il est écrit en forme aria (autrement dit, en A-B-A) et s'ouvre sur le soliste jouant le thème principal, repris alors par l'orchestre. S'ensuit un jeu entre le soliste qui joue des notes descendantes et l'orchestre qui les reprend. Le développement du morceau alterne alors entre le registre du chalumeau (grave) et du clairon (aigu) de la clarinette. Ce passage s'achève souvent sur une cadence (la plupart du temps, on reprend une section du Larghetto du Quintette avec clarinette) avant que le thème principal ne soit repris avant d'arriver à la coda.
Rondo Allegro
- Rondo Allegro, en la majeur, à
, 353 mesures.
Le rondo est un mouvement plus léger, enthousiaste qui conclut le concerto par un thème aérien.
Dans la culture
Cinéma
- Le concerto est au centre d'une des dernières scènes du film À bout de souffle de Jean-Luc Godard (1960).
- Des extraits du concerto apparaissent dans le film Masculin féminin de Jean-Luc Godard (1966).
- Cette pièce est reprise dans des films tels que Padre padrone des frères Taviani (1978) et Préparez vos mouchoirs de Bertrand Blier (1978).
- Le thème du mouvement lent est utilisé pour la musique du film Out of Africa de Sydney Pollack sorti en 1985. L'adaptation musicale est signée John Barry.
- Le second mouvement est également présent à la fin du film Dialogue avec mon jardinier de Jean Becker en 2007.
- Un extrait du concerto est utilisé dans le film Le Discours d'un Roi en 2010.
- Le concerto est utilisé dans le film français L'amour est une fête de Cédric Anger (2018).
Télévision
- Quelques mesures du second mouvement sont jouées à la clarinette seule dans le téléfilm Jaune Iris en 2015.
Littérature
- K. 622 est le titre d'un roman de Christian Gailly (1989).
Notes et références
Voir aussi
Liens externes
- Ressources relatives à la musique :
- (de) Partition (reconstitution), discographie et 2 enregistrements pour cor de basset en la et appareil critique dans la Neue Mozart-Ausgabe.
- (de) Partition, discographie et 3 enregistrements pour clarinette en la dans la Neue Mozart-Ausgabe.
- Fac-similé du mouvement de concerto pour cor de basset, K.584b/K.621b
- The 1802 AMZ review of the Mozart Clarinet Concerto (German Original text with English Translation)
Bibliographie
- Jean Massin et Brigitte Massin, Mozart, Paris, Fayard, coll. « Les indispensables de la musique », (1re éd. 1959), 1270 p. (ISBN 2-213-00309-2, OCLC 492707144, notice BnF no FRBNF43141365), p. 1160.
- (en) Neal Zaslaw et William Cowdery, The compleat Mozart : A guide to the musical works of Wolfgang Amadeus Mozart, New York, W. W. Norton & Company, , 350 p. (ISBN 0-393-02886-0), p. 158
- François-René Tranchefort (direction), Guide de la Musique Symphonique, Paris, Fayard, coll. « Les indispensables de la musique », (1re éd. 1986), 896 p. (ISBN 2-213-01638-0), p. 559
- Bertrand Dermoncourt (direction), Tout Mozart : Encyclopédie de A à Z, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1093 p. (ISBN 2-221-10669-5), p. 175
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